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    Émile Meyerson + Jacques Solomon, Marx et Meyerson

    Johnathan R. Razorback
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    Émile Meyerson + Jacques Solomon, Marx et Meyerson Empty Émile Meyerson + Jacques Solomon, Marx et Meyerson

    Message par Johnathan R. Razorback Mar 4 Oct 2016 - 14:59

    https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:%C3%89mile_Meyerson

    https://www.cairn.info/revue-la-pensee-2013-2-page-153.htm

    "Pendant les années de la montée du nazi-fascisme, les réactions à la crise dans le champ philosophique s’articulaient sur le couple rationalisme/irrationalisme, et c’est là, sur ces catégories complémentaires, que le travail de définition du matérialisme dialectique s’est joué en France – travail débouchant en 1939 sur la fondation, grâce entre autres à Solomon lui-même, de la « revue du rationalisme moderne », La Pensée, dont la lutte contre toute forme d’obscurantisme se poursuit encore aujourd’hui. L’essai que nous présentons s’inscrit en effet dans un projet cherchant à définir les limites du marxisme, par le biais de ce qu’on pourrait appeler une « analyse différentielle » avec diverses figures de « la pensée moderne », ainsi que par une réappropriation des nouvelles acquisitions de la science. Un parcours tout d’abord d’autoclarification, mené, à partir de 1932, par un groupe d’universitaires, au début de simples « sympathisants », puis de plus en plus liés au PCF, réunis autour de la commission scientifique du Cercle de la Russie neuve, dont Solomon sera membre actif depuis son inscription au Parti (1934). Il a ainsi partagé avec d’autres intellectuels de sa génération, faisant partie du groupe fondateur de La Pensée, une conception encyclopédique de la connaissance, liée à une pratique totalisante de l’engagement politique, dans un combat sans compromis contre les fascismes, combat qu’ils ont mené parfois jusqu’à la mort.

    Le parcours scientifique de Solomon, apparemment éclaté, trouve alors son unité dans une interrogation épistémologique et une prise de position idéologique précise dans le champ théorique international, dont les enjeux étaient entièrement politiques. Qu’il s’agisse de l’électrodynamique quantique, ou des rayons cosmiques, ou encore de la physique du noyau, il conduit ses recherches, poussé par un souci de synthèse, au carrefour des courants les plus novateurs ; il contribua alors, comme d’autres physiciens gravitant autour de Paul Langevin, à ouvrir en France les portes de la nouvelle physique, tout en défendant la réalité des phénomènes et la notion de cause. La redéfinition réaliste des nouvelles théories fait ainsi partie d’un combat plus général contre l’exploitation irrationaliste des nouveaux concepts, ce qui comporte un investissement à plusieurs niveaux  contre les idéologies obscurantistes dont se servaient les régimes fascistes.

    C’est dans cet esprit militant que le jeune physicien théoricien propose sa lecture du rapport entre « Marx et Meyerson », le 18 décembre 1935, dans le cadre du deuxième cycle de conférences (1934-1935) de la commission scientifique, portant sur « Marx et la pensée moderne ». En mai de la même année, les éditions sociales internationales publient le premier volume de A la lumière du marxisme, qui recueille, sous la direction de Henri Wallon, des textes issus du cycle de conférences données au Cercle de la Russie neuve entre 1933 et 1934, consacrées à deux thèmes, « Science et technique » et « Méthode dialectique et matérialisme »."

    "L’épistémologie meyersonienne y est envisagée comme le terrain privilégié pour aborder le matérialisme dialectique au carrefour entre hégélianisme, marxisme et matérialisme rationaliste et, à partir de ces courants exclus par la culture universitaire, pour dégager les éléments critiques susceptibles de rompre avec une tradition qui ne paraît plus en mesure de répondre aux défis de l’histoire et du développement des sciences. L’enthousiasme pour cette entreprise est, semble-t-il, lié surtout à la volonté, bien sûr politique, de soustraire les nouvelles théories aux courants irrationalistes. En abordant le rationalisme de Meyerson, Solomon semble viser à pénétrer dans l’inconscient de l’épistémologue au fond encore idéaliste, dans sa philosophie spontanée, pour en dégager les éléments matérialistes qui l’avaient pourtant conduit à critiquer l’irrationalisme positiviste. L’intervention de Solomon prend en charge l’excentricité de la position de Meyerson pour se placer à son tour de manière singulière dans le champ philosophique des années trente, contre Comte et Bergson en même temps que contre Bachelard et ceux des savants qui risquaient de nier la notion de réalité."
    -Fabrizio Carlino, « Présentation du texte « Marx et Meyerson » », La Pensée, 2013/2 (N° 374), p. 153-156.

    https://www.cairn.info/revue-la-pensee-2013-2-page-157.htm




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