http://www.persee.fr/doc/mcm_1146-1225_1992_num_10_1_1056
"Comment [...] escamoter ou amoindrir le rôle décisif que Proudhon a joué dans la formation des idées anarchistes au XIXe siècle ? Comment lui contester le titre de "père de l'anarchie" que tout son œuvre semble devoir confirmer, ne fusse qu'à cause de son caractère "chaotique" et contradictoire ?
Comment en douter, enfin, quand c'est Pierre Kropotkine lui-même qui, en 1883, au procès des anarchistes de Lyon, dira: "On m'a reproché encore d'être le père de l'anarchie. C'est trop d'honneurs qu'on veut me faire. Le père de l'anarchie est l'immortel Proudhon qui l'a exposée, pour la première fois, en 1848"." (p.30)
"Les éloges s'accompagnent souvent de critiques qui sont loin d'être marginales, en commençant par celles de son principal disciple: Bakounine." (p.31)
"Kropotkine n'a rien d'un "adepte de Stirner". [...] familier de Proudhon qu'il cite pratiquement dans tous ses livres et toujours d'une manière positive ou élogieuse." (p.35)
"Si Bakounine et Stirner sont à peu près inconnus avant 1900, tel n'est tout de même pas le cas de Proudhon." (p.37)
"Fernand Pelloutier [...] tout en n'étant peut-être pas un disciple inconditionnel de Proudhon, n'a pas moins lu et apprécié son œuvre." (p.39)
"Le mouvement libertaire apparaît même singulièrement absent des réflexions ou des débats que suscite Proudhon dans les milieux les plus divers tels que le syndicalisme, le traditionalisme, le régionalisme, voire le nationalisme: les compagnons ne prennent pas même la peine (à quelque rare exception près) de combattre des interprétations abusives ou de se réapproprier un héritage qui leur revenait de droit. [...] Rien de comparable, en tout cas, aux efforts menés au même moment par les Sorel, Halévy, Guieysse et autres Berth pour sortir la pensée proudhonienne de l'oubli." (p.42-43)
-Gaetano Manfredonia, Lignées proudhoniennes dans l'anarchisme français, Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle (Cahiers Georges Sorel), Année 1992, 10, pp.30-45.
"Comment [...] escamoter ou amoindrir le rôle décisif que Proudhon a joué dans la formation des idées anarchistes au XIXe siècle ? Comment lui contester le titre de "père de l'anarchie" que tout son œuvre semble devoir confirmer, ne fusse qu'à cause de son caractère "chaotique" et contradictoire ?
Comment en douter, enfin, quand c'est Pierre Kropotkine lui-même qui, en 1883, au procès des anarchistes de Lyon, dira: "On m'a reproché encore d'être le père de l'anarchie. C'est trop d'honneurs qu'on veut me faire. Le père de l'anarchie est l'immortel Proudhon qui l'a exposée, pour la première fois, en 1848"." (p.30)
"Les éloges s'accompagnent souvent de critiques qui sont loin d'être marginales, en commençant par celles de son principal disciple: Bakounine." (p.31)
"Kropotkine n'a rien d'un "adepte de Stirner". [...] familier de Proudhon qu'il cite pratiquement dans tous ses livres et toujours d'une manière positive ou élogieuse." (p.35)
"Si Bakounine et Stirner sont à peu près inconnus avant 1900, tel n'est tout de même pas le cas de Proudhon." (p.37)
"Fernand Pelloutier [...] tout en n'étant peut-être pas un disciple inconditionnel de Proudhon, n'a pas moins lu et apprécié son œuvre." (p.39)
"Le mouvement libertaire apparaît même singulièrement absent des réflexions ou des débats que suscite Proudhon dans les milieux les plus divers tels que le syndicalisme, le traditionalisme, le régionalisme, voire le nationalisme: les compagnons ne prennent pas même la peine (à quelque rare exception près) de combattre des interprétations abusives ou de se réapproprier un héritage qui leur revenait de droit. [...] Rien de comparable, en tout cas, aux efforts menés au même moment par les Sorel, Halévy, Guieysse et autres Berth pour sortir la pensée proudhonienne de l'oubli." (p.42-43)
-Gaetano Manfredonia, Lignées proudhoniennes dans l'anarchisme français, Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle (Cahiers Georges Sorel), Année 1992, 10, pp.30-45.