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    Alain Larcan, De Gaulle inventaire. La culture, l'esprit, la foi

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    alain - Alain Larcan, De Gaulle inventaire. La culture, l'esprit, la foi Empty Re: Alain Larcan, De Gaulle inventaire. La culture, l'esprit, la foi

    Message par Johnathan R. Razorback Mar 8 Déc - 16:08

    "C'est en 1940, qu'il va exalter le mythe de l'épée brisée et patiemment reforgée. Il retrouve, en effet, la célèbre expression des Frères Marguerite les tronçons du glaive (1901) et nous savons que de Gaulle admirait par dessus tout l'héroïsme des combattants de 1870 et les efforts désespérés du gouvernement de la Défense nationale et de ses généraux, ceux en particulier de Gambetta et de Chanzy qui surent frapper encore après Sedan avec le "tronçon du glaive". Il est conscient de s'être levé seul après le désastre pour ramasser le tronçon du glaive, "puisque ceux qui avaient le devoir de manier l'épée de la France l'ont laissé tomber, brisée, moi j'ai ramassé le tronçon du glaive (13 juillet 1940)." (p.23)

    "On ne peut comprendre de Gaulle sans évoquer sa dévotion à l'archange saint Michel, prince des milices célestes et l'esprit de croisade qui l'anime à Londres, sans rappeler que l'ordre des Compagnons de la Libération aurait dû s'appeler Croisés de la Libération. De Gaulle a beaucoup de révérence pour l'esprit de croisade et sait que ce sont les Français qui furent les plus nombreux dans les expéditions en Terre Sainte, jalonnées par les fiers châteaux qu'il a admirés en Syrie et au Liban." (p.25)

    "Il admire surtout ceux qui furent de grands maîtres de l'action comme ils l'étaient par la pensée. Il faut, dit, des maîtres ayant une âme de maître (influence probable de Nietzsche), des maîtres qui sachent maîtriser ou susciter l'évènement -créer l'événement, le saisir ou le forcer- ce qui, de tous temps, fut le critère des capitaines." (p.25)

    "En 1926 il note aussi: "Louvois que personne n'aimait et que tout le monde regrette" en ajoutant: "voilà la belle épitaphe d'un homme d'Etat"." (p.26)

    "Trois essais fondamentaux pour comprendre la pensée gaullienne ont paru avant-guerre ; La Discorde chez l'ennemi (1924) dont le sous-titre aurait pu être celui d'une conférence intitulée: La défaite, question morale ; Le Fil de l'épée (1932) qui, écrit à partir des conférences faites à l'École de guerre à la demande du maréchal Pétain, contient les textes fondamentaux sur l'action de guerre, le prestige, le caractère du chef, les rapports du politique et du soldat ; Vers l'armée de métier (1934) enfin, ce titre qui lui fut reproché mais qui est, plus encore qu'un simple plaidoyer pour l'emploi d'unités blindées endivisionnées, servies par des troupes professionnelles, un exposé de ce qu'aurait dû être la politique militaire de la France. […]
    Puis c'est l'admirable volume consacré à La France et son armée [Plon, 1938]. […] L'auteur y tenait beaucoup et nul doute qu'il le considérait comme son meilleur ouvrage." (p.29)

    "Ses maîtres à penser sont Barrès, Péguy, Psichari, Boutroux et Bergson." (p.32)

    "Il appartient à la génération de la revanche qui veut venger Sedan et dont les goûts littéraires et surtout les sentiments transparaissent dans l'enquête d' "Agathon" due à Massis et Tarde qui précède directement la guerre de 1914." (p.32-33)

    "On connaît bien les ascendants des De Gaulle et des Maillot: petite noblesse de robe, bourgeoisie du Nord avec quelques rameaux irlandais et allemands. […]
    L'influence de son père, Henri de Gaulle, professeur ou préfet des études dans différents établissements religieux (collège jésuite de la rue Vaugirard, école Fontanes, collège Stanislas dont la devise était: "Honneur, religion et patrie"), est certainement la plus marquante pour l'éveil et le développement de la culture de Charles de Gaulle. […] Sa culture était très éclectique, il enseignait diverses matières, la philosophie, les mathématiques (il avait été admissible à l'École polytechnique) et la littérature. Il aimait faire des exercices latins. Les lettres reflètent un amour filial respectueux et profond. Tout ce qui a trait à son père le touche infiniment." (p.43)

    "L'influence maternelle s'exerce surtout dans le domaine de la piété religieuse. […]
    Du côté de Gaulle comme du côté Maillot, plus encore du côté Maillot semble-t-il, on est catholique pratiquant de génération en génération." (p.44)

    "L'ambiance familiale telle qu'on peut l'imaginer devait être très "intellectuelle": commentaires littéraires et historiques sur les faits politiques, l'histoire de France, les livres récemment parus, les articles de revues comme la Revue des deux mondes, Les Cahiers de la Quinzaine, ou de journaux comme Le Correspondant." (p.45)

    "Toute l'inspiration sociale ne vient-elle pas du catholicisme social si répandu par le clergé du Nord, par des prêtres comme l'abbé Lemire, par des personnalités comme Eugène Duthoit que connaissait bien Charles Kolb-Bernard. De Gaulle et sa famille ont été sensibles à l'encyclique Rerum Novarum de Léon XIII (1891) et toute sa vie le Général sera hanté par la question sociale. Il ne veut pas que la société ne soit qu'une exploitation des pauvres par les riches. Sensible probablement à l'esprit des semaines sociales, il sera selon l'expression de Bazire, social parce que catholique." (p.47-48)

    "Lors de la captivité, il travaille Foch et pressent l'évolution du combat. Connaissant bien la langue allemande et la parlant parfaitement, il approfondit également la pensée militaire allemande, en particulier von der Goltz et von Bernardhi. […]
    Il a sorti son premier ouvrage, La Discorde chez l'ennemi (1924)." (p.50)

    "[Dans les années 30] Il est invité à faire une conférence [d'histoire militaire] au cercle Fustel de Coulanges, classé à droite, et aussi au club Léon Poldes, classé à gauche…" (p.51)

    "La troisième période [des Lettres, notes et carnets] est celle qui succède au second conflit mondial. Les notes sont prises soit après 46 (et avant 58) soit après 69. […] Elles reflètent surtout la (re)lecture des Mémoires d'outre-tombe […] et celle des Cahiers de Maurice Barrès." (p.62)

    "Il cite volontiers Goethe et Nietzsche." (p.75)

    "On retrouve aussi un parallèle dans les idées sociales et le mépris de l'argent. On a beaucoup glosé sur le socialisme de Péguy (la République socialiste universelle !). Il s'agit d'un idéal socialiste, généreux et utopique exprimé dans cinq pages de la Cité socialiste où l'on trouve à la fois un programme "planifié" de socialisme d'Etat et l'image d'une société harmonieuse où personne ne commande et où sont exaltés le travail désintéressé, l'art, la science, la philosophie, etc. [...]
    [Péguy] n'approuve pas les idées collectivistes et marxistes: lutte des classes, révolte du prolétariat, grèves. [...] Chez de Gaulle [...] Le peuple français, peuple harmonieux et laborieux doit "vivre et travailler dans la dignité et la sécurité sociale" annonce-t-il dès le 14 juillet 1943
    ." (pp.387-388)

    "De Gaulle comme Lamartine et Barrès et à la différence de ses parents, considère l'Histoire de France comme un tout et la Révolution Française comme non obligatoirement satanique." (p.232)

    "De Gaulle défendra toujours l'idée de la continuité de l'histoire de France et de la nécessité d'assumer l'héritage de tous les régimes qui se sont succédé. Cette position qui est celle de Renan puis de Barrès s'oppose à celle de Maurras." (p.303)

    "intérêt personnel pour Nietzsche." (p.318)

    "De Gaulle […] est un des multiples descendants de Michelet [qu'il a lu, comme Hugo]." (p.355)

    "Le Général dirait probablement comme Lyautey: il faut être national et non nationaliste." (p.357)

    "On a parfois défini Charles de Gaulle comme un "chrétien nietzschéen" (Pierre Lance)." (p.398)

    "Il est imprégné du nietzschéisme diffus en vogue dans les milieux intellectuels français avant 1914." (p.399)

    "C'est en 1924 que l'on trouve dans les Carnets une première citation de Nietzsche: "Partout où la canaille vient boire, les sources sont empoisonnées" [Zarathoustra, qui a pu être lu durant la captivité p.836].

    "Le 18 juin 1949, inaugurant l'avenue du général Leclerc (avenue d'Orléans), de Gaulle évoque les obstacles rencontrés par la France libre, dus en partie aux alliés, non en tant que peuples, mais en tant que gouvernements, dressant devant nous les intérêts des Etats qui sont, comme le dit Nietzsche "les plus froids des monstres froids".
    Enfin le 23 février 1961 à l'inauguration de l'aérogare d'Orly, de Gaulle exalte "l'ambition nationale plus que jamais nécessaire ! Je dis bien: une ambition quoi qu'en puissent penser ceux qui toujours doutent, nient et, comme disait Nietzsche "clignotent".
    Dans ses Antimémoires, André Malraux rapporte que de Gaulle reconnaissait que Nietzsche avait été prophète lorsqu'il avait écrit: "Le XXe siècle sera le siècle des guerres nationales." " (pp.399-400)

    [Cite Nietzsche en Irlande, en 1940, avec P.L. Blanc. Il avait lu Le Gai savoir]

    "Ce qui frappe dans les citations qu'il fait de Nietzsche, en particulier à la fin de sa vie, c'est le sentiment de sérénité amère de l'éternel retour des choses et de leur insignifiance." (p.401)

    [On notera que Larcan consacre 4 pages entières à la relation Nietzsche / De Gaulle, soit davantage que sur l'influence de toute l'Action française…]

    "Il a souvent dit été dit que de Gaulle avait été influencé par L'Action Française. […]
    Il est également certain qu'on ne donnait pas dans l'antisémitisme de principe chez les de Gaulle. Son père Henri de Gaulle était convaincu de l'innocence de Dreyfus." (p.555)

    "Peut-être lecteur régulier ou occasionnel de l'A. F. […] On ne peut cependant que constater que de Gaulle, même avant-guerre [la Deuxième], où Maurras pouvait être considéré comme un patriote, ne le cite jamais dans ses notes ou écrits. Il faut remarquer également que le maître à penser de Charles de Gaulle, le lieutenant-colonel Mayer, était la "bête noire" de l'A. F." (p.557)

    "De même que Maurras n'est pas cité […] il n'y a pas trace du brillant historien […] Jacques Bainville." (p.558)

    "En 1934, année de parution de Vers l'armée de métier, Daniel Halévy écrit, sur l'ouvrage que de Gaulle lui a fait parvenir, un magnifique article dans la Revue des Deux Mondes. Le lieutenant-colonel (2 octobre 1934) y trouve un témoignage qui le comble et un encouragement dont il rêve de se montrer digne. […]
    Dans une lettre du 5 juin 1935, il lui exprime sa vive admiration pour sa Visite aux paysans du centre." (p.576)

    "De Gaulle a l'occasion de parler à D. Halévy de son travail en préparation sur le soldat qui va devenir on le sait La France et son armée. Il soumet à D. Halévy en 1936 l'avant-dernier chapitre de l'ouvrage, consacré à l'armée française entre 1871 et 1914, en nourrissant l'ambition de le voir publié dans la prestigieuse Revue des Deux Mondes." (p.577)

    "Lors de la mort de l'historien, de Gaulle écrivit à Mme D. Halévy en lui exprimant sa profonde émotion. Il déclare avoir lu tous ses livres et s'en être souvent pénétré. […]
    Il s'est retrouvé en terrain familier avec La Vie de Frédéric Nietzsche." (p.578)

    "La culture philosophique de De Gaulle est assez éclectique." (p.638)

    "De Gaulle, en dépit des divergences de conception, estime à sa juste valeur et à sa juste place, l'auteur de L'Armée nouvelle, en le plaçant parmi les penseurs militaires qui comptent. [...] Rendant visite à Carmaux, le 25 février 1960, face à une foule nombreuse, il évoquera le souvenir de Jean Jaurès [...] Il ajoute avant d'aller visiter le musée Jaurès et de s'arrêter devant la statue du tribun: "Je le salue, je salue sa mémoire"." (note 47 p.656)

    "Odile Rudelle parle de national œcuménisme. Le génie de la France, son rayonnement entraînant la reconnaissance des autres, du droit des autres: droit de disposer d'eux-mêmes, qu'ils aient ce droit à l'intérieur d'eux-mêmes et qu'ils aient ce droit en dehors (San Francisco) et dans l'unité de l'univers, il n'y a qu'une seule cause: celle de l'homme (Mexico).
    La médiation spirituelle de la France est d'être au service de la liberté, "l'évangile de la liberté", "pour nos frères les hommes"." (p.668)

    "Probablement plus marqué par le style de Nietzsche que par ses idées." (p.809)

    "Il fait sienne la formule de Péguy considérant la "République comme notre royaume de France"." (p.859)
    -Alain Larcan, De Gaulle inventaire. La culture, l'esprit, la foi, Éditions Bartillat, Paris, 2010, 979 pages.

    "Kant, Fichte, Nietzsche enseignent en Sorbonne par personnes interposées."
    (à propos de l'enseignement français du début des années 1900, in La France et son armée, pp.214-216, in Larcan, p.316)



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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