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    François Menant, L'Italie des communes (1100-1350)

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    François - François Menant, L'Italie des communes (1100-1350) Empty François Menant, L'Italie des communes (1100-1350)

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 13 Fév - 18:43

    "Avec ses trois villes de 100 000 habitants et une soixantaine qui s'échelonnent entre 10 000 et 80 000, l'Italie de ce temps présente un taux d'urbanisation plus proche de ceux du XIXe siècle que du reste de l'Occident médiéval. Dans ces villes se concentre une partie des richesses de l'Europe et du pourtour méditerranéen ; les Italiens ont en effet tissé un réseau commercial et bancaire qui draine produits et revenus financiers depuis l'Angleterre jusqu'à la mer Noire, et qui leur sert aussi à exporter la production de leurs entreprises: draps de laine, cotonnades, armes et quincaillerie... Les disponibilités financières procurées par ces activités permettent aux citadins d'acquérir et de remodeler une bonne partie de la campagne environnante, dont la société est bouleversée par l'expropriation et par l'émigration vers la ville.
    La créativité politique des villes italiennes n'est pas moins remarquable que leur essor économique: c'est ici que la République urbaine, mode de gouvernement que quelques autres régions d'Europe -la Flandre et l'Allemagne pour l'essentiel- ont expérimenté au cours du Moyen Age, a atteint sa plénitude institutionnelle, fondée sur l'indépendance de fait envers tout autre pouvoir. Ce système politique repose sur une culture qui associe l'art oratoire, le droit, et des outils administratifs nouveaux, combinant la comptabilité et la tenue de listes et registres de toutes sortes.
    La société qui manifeste une telle créativité et opère de telles transformations dans tous les domaines ne peut qu'être ouverte à la mobilité et faire une large place dans ses critères de reconnaissance à la richesse et à la culture: les milieux dirigeants des villes se renouvellent profondément entre les débuts de la commune et la grande peste de 1348 qui, ici comme ailleurs, marque la fin d'une époque." (p.5)

    [Chapitre 1: Le temps des consulats (vers 1100 - vers 1190).

    "Conquis par Charlemagne en 774, le royaume lombard a dès lors partagé les destinées de son empire sous le nom de royaume d'Italie. Il comprend l'Italie du Nord et la Toscane, et tend périodiquement à empiéter sur l'Etat pontifical. Il est conquis en 951-962 par Otton Ier, qui relève aussi le titre impérial. Le royaume n'aura désormais d'autres souverains que ceux qui auront été d'abord choisis par les princes allemands: une fois élus rois de Germanie, ils sont acclamés par la noblesse italienne et couronnés rois d'Italie à Pavie, puis empereurs à Rome. Le "voyage de Rome" est pour bien des souverains leur seul séjour dans la péninsule, et c'est toujours un test important des dispositions de leurs sujets italiens à leur égard. Les contingents des princes et des prélats allemands, mobilisés pour ce voyage selon un rituel bien établi, sont rejoints par ceux de leurs homologues italiens. [...]
    Cette situation pose de graves problèmes de contrôle politique et d'administration: le souverain ne gouverne réellement l'Italie que lorsqu'il y séjourne, et le pays peut rester pendant des dizaines d'années livré à peu près à lui-même. Les détenteurs de l'autorité en l'absence du roi sont les évêques: ils ont presque tous reçu au Xe siècle délégation de la puissance régalienne, avec les ressources domaniales et fiscales qui l'accompagnent, et l'exercent à partir des villes où se trouve le siège des évêchés
    ." (pp.7-8 )

    "Si Rome n'est plus que l'ombre de ce qu'elle était, elle demeure, malgré ses ruines, une des très grandes villes d'Occident. Palerme et quelques autres villes du Sud restent également des agglomérations de première importance. La Toscane et surtout la pleine du Pô sont la seule région d'Occident où s'est maintenu un réseau urbain dense, conservant sa centralité politique et économique, et où persiste une élite laïque cultivée. [...]

    Depuis 754, les rois des Francs puis les empereurs ont garanti aux papes une large bande de territoires qui coupe la péninsule en diagonale. La réforme de l'Église leur confère une indépendance et un prestige qui vont leur permettre d'affirmer leur domination sur les territoires les plus proches de Rome (ce que l'on appelle le Patrimoine ou le Vieux Patrimoine de l'Église romaine) et de revendiquer des provinces plus éloignées. Mais leur action est entravée par les autonomies locales et souvent par les empereurs eux-mêmes. A Rome même l'exercice du pouvoir est hérissé de difficultés: pendant une bonne partie du XIIe siècle, les papes y séjournent moins souvent que dans des villes comme Orvieto ou Viterbe. Innocent III, profitant de l'éclipse impériale après la mort d'Henri VI (1197), étend son autorité au déché de Spolète (qui correspond à peu près à l'Ombrie) et à la Marche (autour d'Ancône) ; après 1250 la Romagne (Ferrare, Ravenne) entre également dans l'Etat pontifical, qui atteint ainsi les frontières qu'il conservera à peu près jusqu'au XIXe siècle, et s'organise en cinq provinces." (p.8 )

    "[Venise] est née du repli de populations et de cadres byzantins fuyant l'invasion lombarde (568), qui ont peuplé les îles de la lagune, parmi lesquelles Rialto -le futur centre de Venise- va s'affirmer aux dépens de Torcello. La conquête de franque de 774 s'arrête elle aussi à la lagune. Le chef de la communauté conserve un titre de fonctionnaire byzantin (doge, dux) mais il est élu depuis 726 et devient indépendant, traitant d'égal à égal avec les souverains: un traité avec l'empereur Lothaire en 840 et un privilège du basileus reconnaissant l'autonomie en 993 sont les fondements de ce statut exceptionnel. La création d'un évêché (776) et l'arrivée des reliques de saint Marc, rapportées d'Alexandrie en 828, confortent l'identité vénitienne. Dès le IXe siècle se configure une aristocratie qui s'adonne à l'armement maritime et au grand commerce, particulièrement avec Byzance." (p.10)

    "La réforme dite grégorienne, du nom de son principal acteur Grégoire VII (1073-1085), qui transforme profondément l'Église dans la seconde moitié du XIe siècle, a dans les villes italiennes des conséquences politiques de grande portée: d'abord parce qu'elle fait du pape un partenaire politique de premier plan ; ensuite parce qu'elle s'accompagne dans certaines villes, Milan en premier lieu, d'un mouvement populaire (pataria) conte les clercs concubinaires ou trop mêlés aux profits que l'aristocratie féodale tire des biens ecclésiastiques ; enfin parce qu'elle place en position de vaincus une bonne partie des évêques et de leurs capitanei, qui ont refusé la réforme et embrassé le schisme déclenché par l'empereur Henri IV (1056-1108) contre les prétentions de Grégoire VII et de son successeur Urbain II (1085-1099).
    Durant les 40 années qui précèdent le règlement du conflit (concordat de Worms, 1122), les communautés de cives s'organisent de façon autonome, à la faveur des vacances de sièges épiscopaux et en opposition à Henri IV. La genèse de la commune se déroule ainsi hors de l'encadrement de toute autorité supérieure. Les privilèges que multiplie Henri V (1106-1125) facilitent l'évolution dans certaines villes ; quant à Lothaire III (1125-1137) et Conrad III (1138-1152), ils sont presque toujours absents de la péninsule. [...] Cette situation facilite le développement des premières prérogatives temporelles de l'évêque et transforment leurs innovations institutionnelles en usages irréversibles. [...]

    Le régime communal sanctionne l'ascension des citadins, enrichis par le commerce, le prêt à intérêt, le monnayage et les affaires avec les établissements ecclésiastiques, et qui commencent à investir leurs bénéfices dans la propriété foncière, voire déjà dans l'achat de seigneuries rurales. A Pise, Gênes et Venise, ils profitent des débuts de l'expansion maritime, qui combine la guerre contre les musulmans, le commerce et l'exploitation de la Sardaigne, de la Corse et du littoral adriatique. Cultivés, peuplant de plus en plus les milieux juridiques (notaires, juges, avocats) qui sont déjà influents dans les villes italiennes, ces hommes s'insèrent dans l'entourage des évêques. Autour de 1100, ils s'imposent à la tête des cités, en alliance avec une partie des féodaux (en Lombardie, à Plaisance, à Pise) ou sans eux (dans la majorité des villes de Piémont et de Toscane): c'est l'origine des communes." (p.12)

    "Le terme de commune [...] est utilisé à la fin du XIe siècle comme adjectif [...] et le substantif est courant à partir de 1120 environ, souvent sous la forme comune civitatis, "commune de la cité". La documentation politique de ce temps étant sommaire, le critère le plus usuel que retiennent les historiens pour déceler l'apparition des institutions communales est la première mention du consulat, magistrature suprême et caractéristique de ce régime: dès 1081-1085 à Pise, 1095 à Asti, 1097 à Milan, 1098 à Azezzo, 1099 à Gênes, 1105 à Ferrare et Pistoia, 1115 à Lucques, et avant 1130 dans presque toutes les villes. [...]
    Même une fois le consulat bien en place -il l'est partout au milieu du siècle- la rupture avec les anciens pouvoirs n'est pas complète: les consuls siègent pendant longtemps dans le palais épiscopal, et jusqu'à la paix de Constance qui transfère officiellement les pouvoirs régaliens aux communes, voire encore ensuite, l'évêque continue parfois de représenter la ville, notamment dans les rapports avec le souverain et autres occasions solennelles. Certaines prérogatives (péages, contrôle des marchés et des mesures) restent entre ses mains ou sont exercées par ses vassaux, et encore au temps de Frédéric Ier le noyau de l'armée communale, au moins dans les villes lombardes, reste constitué par la cavalerie féodale de l'évêché. La commune ne finit de s'approprier l'ensemble de la sphère des pouvoirs et des revenus publics qu'au XIIIe siècle." (p.13)

    "Les premiers combats entre les armées citadines ont commencé avant même le début du XIIe siècle, prenant sans transition le relais des guerres féodales ; leurs motifs principaux sont les rivalités pour le contrôle du territoire et pour celui des voies commerciales. Milan détruit ses petites voisines Côme et Lodi qui gênaient son expansion, Rome en fait autant avec Albano et Tusculum, et les Pisans mettent à sac leur rivale commerciale Amalfi. Les flottes de Venise, de Pise, de Gênes dominent la Méditerranée." (p.14)

    "En juillet 1183, la paix de Constance établit le modus vivendi entre l'empereur et les communes: les ragalia définis à Roncaglia leur sont concédés, et elles les exerceront aussi dans leur contado. La libre élection des consuls est reconnue, ainsi que le droit des communes à s'allier entre elles. L'empereur ne conserve qu'une juridiction éminente, comportant lors de ses séjours l'investiture des consuls et le fodrum. Frédéric a donc perdu tout ce qu'il avait imposé en 1158. [...]
    On comprend que le texte de la paix de Constance ait été précieusement conservé dans les archives de chaque commune, et copié en tête de leurs
    libri iurium."
    (p.21)

    [Chapitre 8: Les fondements de la culture communale]

    "Les différentes formes d'expression culturelle, qu'elles passent par la parole ou par l'écrit, ne sont en aucune façon une forme de luxe que se seraient offerte des marchands enrichis et des aristocrates oisifs, mais bien le fondement même de la réussite politique et économique des communes. Si les Italiens ont pu s'imposer à l'économie internationale et fonder des Etats capables de rivaliser avec les monarchies, c'est grâce à la maîtrise qu'ils avaient acquise du raisonnement et de la communication, grâce à la maîtrise du droit, à la pratique de la comptabilité et de techniques d'écriture formalisées à grande échelle -actes notariés, documents administratifs- grâce aussi à la conscience d'eux-mêmes que leur donnaient la mise par écrit de leur propre histoire et le modèle des anciens Romains puisé dans une précoce connaissance des textes antiques.
    La culture laïque qui fait la force des communes recouvre ainsi un ensemble de champs qui vont depuis ce qu'on est convenu d'appeler "culture pratique de l'écrit" ou "écriture documentaire" (notariat, comptabilité, tenue de registres, inventaires) jusqu'à l'historiographie, l'éloquence, la poésie et la peinture. Toutes ces formes d'expression culturelle se développent dans un même milieu, celui des élites urbaines, et s'étendent à une partie assez importante de la population grâce à la large diffusion de l'instruction élémentaire." (p.215)

    "Au XIIIe siècle, les écoles élémentaires sont nombreuses dans toutes les villes. Il s'agit d'écoles privées, tenues par des maîtres laïcs. Les communes des petites villes et des bourgs ruraux interviennent parfois pour salarier le maître et garantir ainsi une possibilité d'instruction: témoignage indiscutable de l'importance attachée à celle-ci, même en dehors des élites urbaines. Gênes et la Riviera ligure en offrent dès le XIIIe siècle un exemple régional bien documenté, grâce aux contrats que concluent les maîtres avec les communes ou les parents, sur le modèle des contrats d'apprentissage.
    A Milan, Bonvesin de la Riva -lui-même maître d'école- recense en 1288 "plus de 70 maîtres qui enseignent les premières notions de lettres", 8 professeurs de grammaires, "chacun avec un grand nombre d'élèves", "sans compter les enseignants qui viennent d'autres villes" [...] Les 40 copistes recensés par Bonvesin, qui "gagnent leur vie... bien qu'il n'y ait pas dans la ville de studium generale", c'est-à-dire d'établissements universitaire, travaillent certainement en bonne partie pour ces écoles.

    Dans la fameuse description de Florence en 1338 par Villani, le passage le plus souvent cité, parce qu'il décrit la réalité la plus inhabituelle dans l'Europe de ce temps, est celui qui vante la qualité et la densité des écoles où par milliers les enfants qui seront marchands, artisans et administrateurs communaux apprennent les rudiments: "Les petits garçons et les petites filles qui apprennent à lire sont 8000 à 10 000 ; les garçons qui apprennent l'abaque dans 6 écoles, 1000 à 1200 ; et ceux qui apprennent la grammaire et la logique dans 4 grandes écoles, 550 à 600."
    On voit ici, comme à Milan, que l'enseignement comprend deux niveaux. Le premier comporte l'apprentissage de la lecture, qui peut s'effectuer en quelques mois, et peut être immédiatement suivi de celui, plus long, de l'écriture ; en tout deux ou trois ans sans doute. En cherchant qui sont exactement ces 8 à 10 000 élèves, Ch. Klapisch-Zuber conclut que le taux de scolarisation doit atteindre beaucoup plus de la moitié pour les petits garçons, mais rester très inférieur pour les filles." (pp.216-217)

    "L'éducation des enfants préoccupe suffisamment les élites urbaines pour susciter des ouvrages spécialisés." (p.218)

    "Philippe de Novare (vers 1195-après 1265), juriste renommé, a vécu à Chypre où il a été mêlé aux luttes politiques, et a écrit plusieurs ouvrages, tous perdus sauf Les quatre âges de l'homme, rédigé en français vers 1265. C'est un traité de morale qui ouvre des aperçus sur les modèles que se donnent les élites urbaines, puisqu'il trace le portait du parfait chevalier et de la dame accomplie, aux différents âges de la vie, en les illustrant d'anecdotes et de souvenirs personnels et en dispensant des conseils d'éducation fondés sur la modération.
    Ces traités, avec leur intérêt pour l'enfant et les conseils de modération et d'affection qu'ils prodiguent, ouvrent la voie à la pédagogie humaniste, soucieuse de former de bons citoyens et des hommes équilibrés, en puisant des modèles de vertu dans les textes antiques." (p.218)

    "Les écoles ecclésiastiques restent une part non négligeable de l'équipement scolaire urbain: les écoles cathédrales conservent un certain rôle dans la formation du clergé, tout en étant sans aucun doute en déclin face à la concurrence des écoles laïques et des universités, dont la fréquentation est désormais indispensable pour atteindre un poste élevé dans la hiérarchie ecclésiastique aussi bien que dans l'administration. En revanche à partir du XIIIe siècle les écoles (studia) des ordres mendiants prospèrent ; en principe réservées aux religieux qui doivent y acquérir les connaissances nécessaires à la prédication, elles peuvent aussi accueillir de jeunes laïcs: c'est au studium dominicain de S. Maria Novella de Florence, puis surtout à celui des Franciscains de S. Croce, auprès du célèbre Pierre de Jean Olieu, que vers 1293 Dante acquerra des connaissances théologiques, à près de trente ans, alors qu'il est déjà marié, père de famille et poète reconnu.
    Ce genre de formation reste cependant marginal pour un laïc. A partir du XIIe siècle et surtout du XIIIe, l'enseignement supérieur, qui fait désormais partie intégrante de la formation des élites laïques, est dispensé dans des établissements qui, dans les faits, échappent à l'Église [...] Dans cette formation, le droit occupe une place privilégiée, et Bologne en est le grand pôle européen." (p.219)

    "Sur le fond de la diversité des droits coutumiers, l'idée s'impose à partir du XIIIe siècle que le droit romain constitue un "droit commun" (ius commune), qui s'applique à tous et en tous lieux dans les cas où les droits particuliers, ius propium, ne prévoient rien." (p.220)

    "Vers 1140, est rédigé à Bologne le "Décret de Gratien" (Concordia discordantium canonum, "Harmonisation des canons discordants"), œuvre du moine camaldule Gratien. C'est une collection de 3500 canons classés logiquement. Sa qualité va en faire la collection officielle de l'Église. S'y ajouteront les décrétales (réponses des papes à des questions particulières), multipliées depuis le XIIe siècle: en 1234 Grégoire IX fait composer par Raymond de Penafort une collection officielle des décrétales, qui devient l'objet essentielle de l'enseignement avec le Décret de Gratien. Les successeurs de Grégoire IX continuent naturellement à émettre des décrétales, ainsi l'excellent canoniste qu'est Innocent IV [1243-1254]. [...] L'institution ecclésiale se dote ainsi d'une vaste littérature juridique qui réglemente son fonctionnement et la vie des fidèles, et la connaissance du droit devient une ressource presque aussi indispensable à une belle carrière pour un clerc que pour un laïc." (p.221)

    "Les étudiants en droit sont de jeunes adultes, issus des élites urbaines dans leur grande majorité (les Italiens du moins), venus étudier à Bologne pour préparer une belle carrière dans l'administration ou la vie publique. Ils commencent normalement par fréquenter la faculté des arts, où ils complètent leur formation générale, avant de se spécialiser." (p.222)

    "A partir du XIIIe siècle, l'autre grande université de droit est Padoue, née en 1222 d'une sécession de celle de Bologne. Le studium de Florence n'est créé qu'en 1348, en concurrence avec celui de Pise, fondé l'année précédente. [...]
    La cour pontificale, rassemblement de clercs dont beaucoup sont des universitaires, en tout cas des hommes de culture, et s'entourent de savants, constitue en elle-même un milieu de transmission culturelle intense, stimulée par la présence de la bibliothèque des papes (443 ouvrages en 1295) et de celles des cardinaux. On y pratique la théologie, mais aussi le droit, la médecine, les mathématiques, le grec... Innocent IV institue en 1244 un studium curiae, qui suit la cour dans ses déplacements ; il est transformé au début de la papauté d'Avignon (1305) en studium generale, doté des privilèges universitaires." (p.223)

    "Leur travail consiste en effet à rédiger (toujours en latin) les contrats et actes privés de toutes sortes: le notaire est en somme un technicien de l'écriture et du droit privé. Investi de sa charge par une autorité publique -un représentant de l'empereur, puis la commune ou le collège des notaires- le notaire jouit de la fides publica, c'est-à-dire que tous les actes qu'il rédige selon les formes peuvent être produits comme preuves, notamment en justice. Leur authenticité est garantie par le seing manuel du notaire, un signe qui lui est propre et qu'il trace en bas de l'acte. L'Italie est par excellence le pays du notariat public [...] A partir du XIe siècle le notariat public se répand dans la moitié Sud de la France et en Espagne. [...]
    En moyenne, calcule O. Redon, il y a dans les grandes villes 8 à 10 notaires sur 1000 habitants, c'est-à-dire qu'environ un homme adulte sur 20 est notaire [...]
    La croissance numérique de la profession a été énorme au cours du XIIIe siècle: la matricule des notaires de Bologne ne recence que 300 notaires lors de son uverture en 1219, mais quatre fois plus à la fin du siècle, et 50 à 100 nouveaux praticiens sont reçus chaque année dans l'art à cette époque. [...] Ce pullulement de notaires signifie en tout cas que le recours à leurs services est un geste simple, quotidien et bon marché." (pp.223-224)

    "Le métier de notaire situe au XIIIe siècle la plupart de ceux qui en font leur gagne-pain, exclusif ou complété par d'autres activités, dans les classes moyennes des villes ; l'adhésion majoritaire des notaires au Popolo -encore récemment relevée à Milan par P. Grillo- exprime cette position sociale. Le notaire rural est quant à lui un petit notable. [...]
    Différenciation qui se produit au cours du XIIIe siècle entre la très grande majorité des notaires, simplement capables de rédiger les contrats courants, et ceux auxquels une formation complémentaire, de type académique, permet d'écrire des textes plus élaborés (les lettres diplomatiques par exemple) et par là d'occuper les emplois de direction dans les bureaux de la commune ; leurs études peuvent aussi leur ouvrir les portes de la culture littéraire, voire de la politique. Un bel exemple en est Rolandino de Padoue, qui après une formation notariale de base se rend à Bologne vers 1220 pour étudier l'ars dictaminis auprès du grand maître Boncompagno de Signa. Revenu à Padoue, il devient dictator communis, chancelier, ce qui lui donne la supervision de l'activité de rédaction de la commune ; il enseigne également à la faculté des arts de l'université de Padoue, et rédige une remarquable chronique qui acquiert une valeur officielle." (p.225)

    "Jusqu'au milieu du XIIe siècle, les notaires rédigent les actes sur des feuillets de parchemin dont ils remettent un exemplaire à chacun des contractants. [...]
    Se diffuse l'usage du registre que la documentation notariale devient incomparable ; dans ces minutiers (dits aussi protocole, et parfois en italien cartolari, cartulaires) le notaire couche une version abrégée de l'acte ("minute, "brève") qui ne comporte que les détails concrets. [...] Les premiers minutiers conservés sont ceux de notaires génois du milieu di XIIe siècle [...]
    Hors de Gênes, le registre de minutes s'est sans doute diffusé vers la même époque dans certaines villes. Mais il faut attendre le début du XIIIe siècle pour que quelques-uns soient conservés, et la seconde moitié du siècle pour qu'ils forment des séries: à cette époque, la plupart des registres ne sont plus faits de parchemins, mais de papier, plus économique et commode. Ils ont souffert d'énormes destructions." (p.226)

    "Le notaire devient indispensable dans tous les champs de l'activité des villes italiennes, et cela montre bien l'importance qu'y ont prise la culture et la maîtrise de l'écriture dans les relations sociales et dans l'exercice du pouvoir." (p.227)

    "Les chroniqueurs appartiennent à l'élite notariale, proche du groupe dirigeant, mêlée à l'administration communale, et de ce fait très bien informée ; certains, comme Otto Morena, sont eux-mêmes acteurs de premier plan des événements qu'ils racontent. Le travail de mémoire des notaires peut, dans quelques cas, revêtir un caractère tout à fait officiel: à Gênes, ce sont les notaires de la commune qui sont chargés de rédiger la suite des annales commencées par Caffaro. [...] A Venise, c'est le doge Andrea Dandolo lui-même -qui n'est certes pas notaire, mais juriste- qui se charge de ce travail après avoir fait compiler le liber iurium (1343). [...] Odile Redon conclut: les notaires dépassent leur strict rôle professionnel en inventant des formes d'écriture -chronique ou récit de miracle." (pp.228-229)

    "Albertino Mussati, notaire de Padoue [...] fait représenter en 1315 -avec grand succès- une tragédie sur la tyrannie d'Ezzelino da Romano, faisant ainsi renaître un genre littéraire disparu depuis longtemps.
    Le plus célèbre notaire humaniste est le florentin Brunetto Latini (1220-1294), chancelier de la commune de Florence, maître du jeune Dante, à l'extrême fin de sa vie, pour la connaissance du latin et pour la réflexion philosophique et historique. Traducteur de Cicéron en toscan, il est surtout l'auteur du
    Trésor, encyclopédie des connaissances humaines au sommet desquelles est placée la politique, et qui comprend un traité de gouvernement." (p.230)

    "Un certain nombre de notaires franchissent le pas et entrent en politique. C'est à Bologne que cette vocation s'exprime le plus fortement: Rolandino Passaggeri gouverne la ville pendant quelques années d'hégémonie du parti populaire, à la fin des années 1270. Autre cas remarquable: Cola di Rienzo, dictateur éphémère de Rome en 1347, est un notaire d'origine très modeste.
    En-dehors de ces personnalités exceptionnelles, on distingue une tendance politique d'ensemble: à partir des années 1260, avec la montée du Popolo au sein des communes, éclatent des conflits entre l'art des notaires et celui des juges, qui font des choix politiques opposés. Les notaires adhèrent plutôt au Popolo ; le cas de Bologne, le plus remarquable, montre aussi qu'il y a des divergences entre eux, dont les deux plus fameux théoriciens de l'ars notariae donnent l'exemple: Rolandino est chef du Popolo, Salatiele fait partie des milites. Ils deviennent les idéologues des partis, des "intellectuels de régime", selon une formule de J.-C. Maire-Vigueur emprunté à Gramsci.
    La culture raffinée de certains notaires trouve alors des applications politiques, par exemple dans les prologues des textes législatifs communaux. Le préambule des statuts de Bologne de 1288 cherche ainsi les fondements du droit dans une réflexion sur la nature humaine." (pp.230-231)

    "Écrits qui sont exclusivement destinés à une fonction pratique: administration privée et publique, rédaction de contrats, comptabilité, mise par écrit de coutumes, de sentences judiciaires... L'Italie des communes est en tête du développement de ce genre à partir du milieu du XIIe siècle. [...] La production documentaire, sans cesse améliorée dans ses techniques et croissant très rapidement en quantité, est indispensable pour faire fonctionner une machine administrative toujours plus complexe. Elle est aussi le seul moyen de conserver la mémoire d'institutions et de services dont les responsables changent tous les ans, voire tous les six mois ou tous les deux mois, et ne sont pas pour la plupart de véritables professionnels de l'administration." (p.232)

    "Les listes nominatives dressées à toutes sortes d'occasions: la levée de l'impôt, mais aussi listes de citoyens qui prêtent serment de respecter les traités conclus par la commune, d'hommes aptes au service militaire, de membres de sociétés (le Popolo, les Arts...), de ceux qui ont été mis à l'amende pour des manquements divers à leurs obligations, de bannis... G. Milani a pu parler de "gouvernement par les listes" à propos des communes du XIIIe siècle. Citons parmi les plus célèbres le Libro du Montaperti, liste des combattants de l'armée florentine présents à la bataille de Montaperti, étudié notamment pour sa richesse anthroponymique."  (p.233)

    "Au lieu de saisir lui-même les biens de son débiteur comme l'y autorisait primitivement la coutume, le créancier le fait inscrire au livre des bannis. On a conservé les registres bolonais des bannissements pour dettes, plus ou moins intégralement, pour quatre années entre 1250 et 1270 [...] Ces registres étaient rédigés par les employés de l'officium bannitorum, bureau des bannis, en double exemplaire, au jour le jour: le créancier demendait l'inscription de son débiteur en prouvant sa créance par un acte notarié ; un employé sommait alors à deux reprises le débiteur de payer sa dette (la seconde fois à son de trompe, pour qu'un ami puisse éventuellement payer pour lui) ; il était finalement inscrit sur le registre et on proclamait publiquement qu'il était mis au ban." (p.234)

    "Toutes les communes constituent ainsi leur propre législation: les statuts. L'accumulation des textes et des additifs rendant la consultation de plus en plus difficile, on établit à partir de 1225 des classements par matières ; ces classements deviennent assez vite obsolètes, à mesure que de nouveaux matériaux s'ajoutent et que certaines dispositions sont abandonnées. Jusqu'à la fin du XIIIe siècle on fait donc des copies successives, en remettant chaque fois l'ensemble en ordre, à mesure que le nombre de lois augmente ou qu'une alternance politique en modifie certaines. Les études des chercheurs de Münster, sous la direction de H. Keller, ont montré comment ces remises en ordre permettaient périodiquement de rendre à nouveau aisée et courante la consultation des statuts. Ce travail de réorganisation du texte, qui comprend aussi des aides à la consultation (table des matières), doit être replacé dans une recherche générale de méthodes d'utilisation des documents écrits qui touche aussi les registres communaux de toutes sortes (indices, systèmes de renvois...) et les fonds d'archives (classement, cotation, résumés), et que l'on retrouve dans d'autres domaines comme les textes universitaires (élaboration de systèmes pour repérer un sujet...). [...]
    La volonté de proportionner l'impôt direct à la capacité contributive de chacun suppose une procédure d'évaluation des patrimoines individuels, l'estimo [...] La plupart des registres d'estimo ont disparu, au moins pour les plus anciens: pour des raisons de confidentialité des déclarations, on les détruisait après la levée de l'impôt." (p.236)

    [Chapitre 9: Langages et mémoire de la communauté]

    "Naît un genre littéraire particulier, celui des traités de gouvernement, intitulés génériquement [liber] de regimine civitatum ("traité du gouvernement des villes"), et qu'on appelle parfois "littérature des podestats" puisqu'ils sont conçus comme des manuels destinés à aider les podestats dans leur tâche. Les principaux sont l'Oculus pastoralis ("Oeil du Pasteur"), recueil de discours pour podestats des années 1220, et le Liber de regimine civitatum du juge Jean de Viterbe (1260)." (p.239)

    "Un grand colloque organisé en 1993 par P. Cammarosano a réuni les divers modes de la communication politique sous le titre "Les formes de la propagande politique aux XIIIe et XIVe siècles". [...] Les exemples de la politique monumentale des Visconti et de celle des Angevins de Naples, de l'histoire des Visconti écrite par Galvano Fiamma et des sermons politiques de Robert d'Anjou, montrent comment textes et constructions participent à la célébration de l'idéologie royale ou seigneuriale ; la poésie elle-même, activité de prédilections des cours, est mobilisée." (p.242)

    "Les cités italiennes sont peuplées d'hommes cultivés, très conscients de leur identité, et d'artistes et d'artisans capables de transformer les représentations mentales de leurs concitoyens en représentations visuelles. Elles débordent donc d'édifices, d'images et de textes chargés de sens et offerts à la réflexion d'autrui: palais avec leurs particularités architecturales significatives, inscriptions en tous genres, armoiries, images pieuses et moins pieuses, statues de saints et de chefs, enseignes de boutiques ou tombeaux." (p.243)

    "Les réalisations de Frédéric II, expert en art comme en propagande, marquent une étape important dans l'élargissement du répertoire des thèmes séculiers, dans l'inspiration antique, et dans l'utilisation d'inscriptions pour préciser la signification politique des images. Ainsi la monnaie d'or émises par Frédéric en 1231, l'augustalis, offre une innovation importante du point de vue de l'image, puisqu'elle porte son buste, représenté à l'antique, drapé et couronné de lauriers, tandis que l'autre face porte l'aigle impériale. Mais le plus majestueux témoignage de l'art impérial, et celui qui annonce le plus directement l'art politique communal, est la porte de Capoue, "véritable manifeste du pouvoir impérial", construite en 1234-1239 pour contrôler un accès de la ville. On n'en conserve que la base et des débris des statues antiquisantes qui surmontaient la porte: l'empereur assis sur son trône, en toge, deux conseillers, dont l'un serait Pierre de la Vigne, et une statue féminine personnifiant la ville de Capoue. Des inscriptions exprimaient des propos que tenaient l'empereur et ses conseillers, invitant à entrer "ceux qui cherchent à vivre purs" et menaçant les rebelles. On a déjà là, traduit dans des formes d'une remarquable élégance, un répertoire où puisera l'art communal." (p.244)

    "Cette nouvelle capacité d'expression est aussitôt utilisée pour créer un "lexique... capable de... célébrer les succès, stigmatiser les délits, indiquer des modèles, consacrer des symboles et des valeurs dans lesquels la cité puisse de reconnaître". La propagande politique est en fait mêlée si intimement à la rénovation des formes artistiques qu'il est impossible de les séparer: les grands programmes peints et sculptés sont des commandes des commandes et des seigneurs, ils célèbrent la cité et ceux qui la dirigent." (p.245)

    "Ambrogio Lorenzetti (1285-1348)
    (p.246)

    "La littérature hagiographique reste bien vivante, et se mêle se façon inextricable à la mémoire collective: le produit le plus célèbre en est la Légende dorée, gros recueil de vies de saints anciens et récents que le Dominicain Jacques de Voragine, devenu archevêque de Gênes, compile à la fin du XIIIe siècle." (p.249)

    "La chronique de Salimbene de Adam (1221-1288) se classe à part, en raison de son caractère très personnel et parfois franchement autobiographique. Salimbene est un Franciscain issu d'une noble famille parmesane, dont il intègre l'histoire à sa chronique. Il a passé la majeure partie de sa vie dans différentes villes padanes, et son récit, qui va de 1168 à 1287, mêle l'histoire de ordre, l'histoire politique, et des excursus sur toutes sortes de sujets. Il comporte beaucoup de "choses vues", d'autant plus passionnantes que Salimbene a un vrai talent d'observation et de narration (dans un latin savant et aisé, mais qui évoque souvent la langue parlée), et qu'il a traversé certaines des circonstances les plus dramatiques de son temps. Salimbene entrecoupe son récit de longues disgressions théologiques et moralisatrices, dans le goût de l'historiographie ecclésiastique, et particulièrement mendiante. Au demeurant, c'est une très forte personnalité, qui a du mal à couler ses jugements dans le moule franciscain. Incorrigiblement aristocrate, il trouve la guerre joli, manifeste une indifférence choquante envers les malheurs qu'elle cause au peuple, et compare le Popolo à un petit roquet qui agace sans cesse un molosse." (p.253)

    "A Venise, le principal texte -en-dehors d'une Chronique des doges de Venise qui s'arrête en 1178- est le célèbre récit de Martin da Canal, Les Estoires de Venise, qui entreprend de raconter l'histoire de la ville depuis ses origines mais s'attarde en fait surtout sur les années pendant lesquelles il écrit, de 1267 à 1275. Martin, dont nous ne savons rien, doit être un maître d'école ou un notaire, et écrit en français." (p.254)

    "C'est essentiellement à Florence que s'est développé à partir du XIIIe siècle un courant narratif original, aujourd'hui bien connu en France grâce aux travaux de Ch. Klapisch, Ch. de la Roncière, Ch. Bec: les livres de ricordanze ("mémoires"), ou livres de raison (expression qui à l'origine signifie livres de compte: ratio), livres de famille. Le livre de raison ne fait que compléter la série de registres comptables que tient à jour toute société de commerce florentine. Le marchand y note ses affaires patrimoniales, les événements familiaux, et peut adopter un ton plus personnel en ajoutant ses commentaires. [...] Un autre filon voisin des mémoires de famille est l'expression proprement autobiographique, qui affleure ici et là: les troubadours racontent volontiers leur vie souvent agitée [...] Quant aux grands chroniqueurs, ils n'hésitent jamais à se mettre en scène dans l'histoire de leur ville, comme acteurs ou comme témoins privilégiés.
    On a conservé environ 330 livres de ricordanze. La grande floraison de ce genre littéraire est postérieure à 1350 [...] Elles insistent sur le développement des affaires de la famille, sa cohésion, les fonctions publiques auxquelles ont accédé ses membres." (p.257)

    "[Récit de voyage] L'Extrême-Orient et l'Asie centrale traverse une période exceptionnellement favorable entre 1245 (après la dernière grande invasion des Mongols en Occident) et 1368 (lorsque la Chine leur échappe) grâce à la présence de l'empire mongol. Celui-ci crée un espace unifié et des conditions propices aux déplacements depuis les frontières de la chrétienté jusqu'au Pacifique." (p.258)

    "Les Histoires d'Oderic de Pordenone (1330), plus connues sous le titre de Relation ou Itinéraire. Ce franciscain originaire de Vénétie est parti pour la Chine en 1318 par la route maritime et en est revenu douze ans après la voie de terre, après avoir passé trois ans à Pékin et avoir visité le Tibet et la Chine de l'Est." (p.260)

    "Les manuels de commerce [...] Il s'agit dans ces ouvrages de recenser les places marchandes d'Europe et d'Asie, les types de produits, les routes commerciales, d'indiquer des équivalences entre les systèmes de mesures et de monnaies, et autres renseignements pratiques." (p.260)

    "A la fin du XIIe siècle: la carte marine et le portulan qui la commente en indiquant les distances entre les ports et les directions à suivre pour les atteindre. [...] C'est aussi de cette époque que datent les premiers plans de villes conservés: Paolino da Venezia, un chroniqueur franciscain (1270-1344), dessine ceux de Rome (vers 1323) et de Venise (vers 1330)."
    (p.261)

    "Renaît le genre antique du traité d'agriculture [...]
    Le genre du "manuel de santé" (regimen sanitatis), quant à lui, diffuse des conseils d'hygiène et de diététique, des pratiques médicales simples, issues notamment de l'école de Salerne [...] Ils ont un très grand succès dans toute l'Italie et ailleurs, à partir du moment surtout où ils sont écrits en langue vulgaire. Le premier à avoir franchi ce pas est Aldebrandin de Sienne, un médecin qui vivait en Champagne au milieu du XIIIe siècle: il a rédigé en français un Livre de physique (connu aussi comme Régime du corps), traduit en italien dans la première moitié du XIVe. Son succès est attesté par le nombre de manuscrits existants: 78 en français, 50 en italien." (pp.261-262)

    "Toute l'écriture documentaire [...] est en latin encore au XIVe siècle [...]
    Dante dénombre 14 langues vulgaires différentes en Italie dans son traité De l'éloquence en langue vulgaire (1305), écrit en... latin [...]
    La prose s'épanouit au XIVe siècle, toujours sous la plume des élites urbaines florentines, avec la littérature de divertissement constituée par les nouvelles. Le Décaméron de Boccace (1351) se place d'emblée au plus haut de la littérature italienne." (pp.264-265)
    -François Menant, L'Italie des communes (1100-1350), Paris, Éditions Belin, 2005, 398 pages.

    carte p.9, p.11, p.15,



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    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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