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    Romain Karsenty, Le germe grec de la démocratie. Castoriadis et Arendt en dialogue

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    castoriadis - Romain Karsenty, Le germe grec de la démocratie. Castoriadis et Arendt en dialogue Empty Romain Karsenty, Le germe grec de la démocratie. Castoriadis et Arendt en dialogue

    Message par Johnathan R. Razorback Mar 3 Jan - 20:39



    "Témoins directs, adversaires résolus et penseurs essentiels des deux grands totalitarismes modernes ; philosophes de l'agir instituant, de créativité historique et de la pluralité humaine ; théoriciens de la démocratie directe et de ses conditions de possibilité matérielles, politiques et anthropologiques ; acteurs ou spectacteurs enthousiastes des révoltes antibureaucratiques et des mouvements de contestation des années 60 : les parcours d'Arendt et de Castoriadis, sans pourtant jamais se croiser, se font indéniablement écho." (p.9-10)

    "La catastrophe totalitaire [...] achève (dans tous les sens du terme) notre tradition en dévoilant la face monstrueuse du monde moderne." (p.10)

    "(Création d'un véritable espace public, principes d'isonomie et d'autogouvernement direct, éducation permanente à la citoyenneté)." (p.13)

    "Condamnation et refoulement, par Platon puis par tous ses successeurs, de l'expérience politique des Athéniens et plus généralement de l'imaginaire grec classique, au profit d'un discours théorique surplombant qui nie la créativité humaine et condamne d'avance tout projet d'autonomie collective -puisqu'il n'y aurait prétendument de liberté et de bonheur que dans la vita contemplativa du philosophe solitaire." (p.13)

    "Pour Castoriadis comme pour Arendt, cette reconnaissance par les Grecs de ce que l'institution de la société relève, au moins en partie, du nomos (de la loi / convention humaine) et non pas de la phusis (de la nature) -et qu'en conséquence il ne saurait y avoir ultimement d'épistémè (de science) des affaires humaines mais seulement des doxai (opinions)- est absolument décisive. C'est grâce et à partir de cette reconnaissance première du caractère "contingent" (à la fois arbitraire et éphémère) des lois et plus généralement des "actions" humaines, que les Grecs en sont venus à instituer un espace, un lieu, une sphère spécifique (la sphère proprement politique) dans laquelle les membres de la communauté peuvent mettre temporairement de côté leurs différences naturelles et sociales (force, âge, richesse, aptitudes techniques, etc.) et se rencontrer, discuter, agir, se rapporter les uns aux autres sur un pied d'égalité, afin de déployer (via le débat et l'action, le lexis -la parole et la praxis- l'agir) leur faculté politique, leur aptitude à "juger et choisir", autrement dit leur liberté proprement humaine." (p.16)

    "L'invention de la polis démocratique [...] ne découle pas de la "découverte" d'une égalité et d'une liberté "naturelle". C'est au contraire, explique Arendt, parce que les Grecs savaient qu'ils étaient, la plupart du temps, inégaux et soumis à la nécessité [...] qu'ils ont éprouvé le besoin d'instituer une sphère d'égalité et de liberté." (p.17)

    "Arendt et Castoriadis s'opposent à toute une tradition philosophique: celle qui, de Hegel à Leo Strauss, fait de la cité grecque le modèle idéalisé d'une "belle totalité" harmonieuse dont les membres auraient été unis selon des liens "organiques" fondés sur la reconnaissance d'une hiérarchie immuable inscrite dans l'ordre naturel des choses (la phusis). Selon cette tradition, la modernité se caractériserait, à l'inverse, par la pleine reconnaissance de l'historicité et du caractère conventionnel de la loi. Arendt et Castoriadis prennent littéralement à rebours cette conception dominante qui oppose trompeusement Anciens et Modernes, en montrant non seulement que l'expérience politique grecque ancienne témoigne d'une pleine conscience de l' "historicité" (du fait que la cité relève du nomos et non de la phusis) mais, en outre, que c'est plutôt la pensée politique moderne, culminant dans l'hégélo-marxisme, qui, via l'idée délétère de "lois de l'histoire", tend à réintroduire une norme transcendante (rationnelle ou naturelle), extra-sociale et extra-historique, présidant ou devant idéalement présider aux affaires humaines -occultant par là même l'historicité fondamentale des sociétés, niant la créativité humaine et interdisant finalement toute expérience authentiquement "politique"." (p.19)

    "
    (pp.21-22)

    "
    (pp.23-24)

    "La définition audacieuse qu'Arendt propose du concept de "pouvoir", laquelle
    (note 1 p.26)

    " [Comme pour Arendt] La révolution hongroise et sa forme conseilliste revêtent également une importance capitale et même une "signification universelle"." (p.30)

    "Platon apparaît [dans l'ouvrage de Castoriadis sur Le Politique de Platon] comme l'inventeur d'une pratique philosophique "démocratique" (la forme-dialogue rompant décisivement avec le dogmatisme des traités présocratiques)." (note 2 p.34)

    "Tout citoyen athénien
    (p.39)

    "Périclès apparaît donc bel et bien, chez Castoriadis comme chez Arendt, comme le grand penseur politique de la démocratie." (pp.41-42)

    "Ce qu'Arendt
    (pp.53-54)

    "Si nos auteurs ont en commun
    (note 1 p.54)

    "
    (pp.55-56)

    "
    (pp.57-60)

    "Quel est donc ce "contenu substantif" de l'action politique
    (pp.64-67)

    "
    (pp.79-82)

    " "splendide lever de soleil" (Hegel) que fut la Révolution française." (p.82)

    "
    (note 1 pp.84-85)

    "
    (note 1 p.85)

    "
    (pp.94-100)

    "
    (note 1 p.100)

    "
    (note 1 p.101)

    "
    (pp.102-104)

    "
    (pp.113-115)

    "L'extension progressive du domaine "social", la transformation
    (p.117)

    "
    (pp.118-119)

    "Cette opposition
    (p.120)

    "S'il est donc vrai
    (p.123)

    "
    (pp.126-127)

    "
    (pp.128-129)

    "
    (p.137)

    "
    -Romain Karsenty, Le germe grec de la démocratie. Castoriadis et Arendt en dialogue, Éditions Kimé, 2022, 139 pages.

    "Les Grecs savent très tôt que l'être humain sera ce qu'en feront les nomoï de la polis [...] Ils savent donc qu'il n'y a pas d'être humain qui vaille sans une polis qui vaille."
    -C. Castoriadis, "Pouvoir, politique, autonomie", in Le monde morcelé. Les Carrefours du labyrinthe 3, Seuil, Paris, 2000, p.157.

    "
    (p.42)
    -C. Castoriadis, "Les intellectuels et l'histoire", in Les Carrefours du labyrinthe 3, pp.130-131.

    "Tout homme a sa propre doxa, sa propre ouverture au monde, et Socrate par conséquent doit toujours commencer par interroger ; il ne peut pas savoir à l'avance quelle sorte de dokei moi, c'est-à-dire quelle sorte de ce-qui-m'apparaît, l'autre détient. Il doit s'assurer de la position de l'autre dans le monde commun. Toutefois, de même que personne ne peut savoir à l'avance la doxa, de même personne ne peut-il savoir par soi-même et sans un surcroît d'effort la vérité inhérente à sa propre opinion. Socrate voulait faire ressortir cette vérité que chacun détient potentiellement. Pour filer sa propre métaphore de la maïeutique, nous pourrions dire : Socrate voulait rendre la cité plus véridique en accouchant chacune de ses vérités. La méthode pour y parvenir est dialegsthai, discuter d'une question en allant au fond des choses, mais cette dialectique produisait la vérité non pas en détruisant la doxa ou opinion, mais au contraire en révélant la doxa dans sa propre véracité. Le rôle du philosophe alors n'est pas d'être roi dans la cité, mais d'être son "taon", pas plus qu'il ne consiste à dire des vérités philosophiques aux citoyens, mais bien plutôt à faire en sorte de rendre les citoyens plus véridiques. La différence avec Platon est décisive: Socrate eut moins la volonté d'éduquer les citoyens que celle d'améliorer leurs doxai, qui constituaient la vie politique à laquelle il prenait part lui aussi. Pour Socrate, la maïeutique était une activité politique, une recherche de concessions mutuelles, fondées sur un principe de stricte égalité, mais dont les fruits ne pouvaient être mesurés à l'aune du résultat consistant à aboutir à telle ou telle vérité générale. Et c'est donc de toute évidence toujours dans la tradition socratique que les premiers dialogues de Platon s'achèvent souvent de manière aporétique, sans résultat net. Le fait d'avoir discuté de quelque chose de fond en comble, d'avoir parlé de quelque chose, soit de la doxa de quelque citoyen, semblait constituer en soi un résultat suffisant." (p.45)
    -H. Arendt, "Socrate", in Qu'est-ce que la politique ?, pp.64-65.





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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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