-Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, Éditions Payot et Rivages, 1995 (1916 pour la première édition), 520 pages.
""La parole, union d'une phonie concrète et d'un sens concret, est substance, tandis que ce qui s'actualise dans la parole et sert à classer la parole, c'est-à-dire l'ensemble des signifiants et des signifiés, la langue, est nommé et défini par Saussure comme forme." (p.VIII)
"Les distinctions que signifiants et signifiés introduisent dans les réalisations phoniques et les significations sont indépendantes des caractéristiques intrinsèques de la substance phonique et psychologique. C'est-à-dire qu'elles sont arbitraires." (p.VIII)
"Le signe, en tant que constitué par l'union de deux classes abstraites formées arbitrairement, est radicalement arbitraire." (p.VIII)
"L'organisation de la langue provient avant tout du croisement des deux principes. L'arbitraire est à l'origine du caractère oppositif des entités signifiantes et signifiées: celles-ci, n'ayant pas une base absolue, sont ce qu'elles sont parce qu'elles sont délimitées par les autres entités avec lesquelles elles coexistent. La linéarité est au contraire à l'origine du caractère syntagmatique des entités: celles-ci, dans la mesure où elles se déroulent linéairement, le long de l'axe des successions, peuvent se décomposer en segments sémantico-signifiants de moindre extension. Oppositivité et syntagmaticité sont la double racine de ce que Saussure appelait l' "équilibre" et que les éditeurs, suivis ensuite par Martinet, ont appelé l' "économie" de la langue. La langue est, et peut être considérée comme, plus que l'ensemble de tous les signes, l'ensemble de tous les signes possibles. C'est-à-dire qu'elle est constituée des segments signifiants et signifiés les plus petits (les unités concrètes de Saussure, les monèmes de Frei et de Martinet) et des schémas fondamentaux (que Saussure appelle "abstraits") de leurs combinaisons possibles. Autrement dit: la langue est le système des structures possibles de signes minimums. Saussure insiste avec force sur le caractère potentiel, sur la "productivité" et, comme il dit, sur la "créativité" de la langue: le fait qu'une combinaison syntagmatique déterminée existe a une importance nettement moindre que le fait qu'elle puisse exister. La modalité de production de nouveaux signes complexes est l'analogie, qui est la force créative de la langue." (P.IX)
"Il faut toujours, si l'on veut que l'étude soit complète, considérer la partie en rapport à cette totalité qui lui donne sa valeur, ou bien en rapport à tout le système linguistique." (p.X)
"Les langues n'ont devant elles d'autres limites que celles, uniquement et vraiment universelles (universelles, bien sûr, pour l'espèce humaine), de la structure de l'appareil perceptif et conscient de l'homme, et de son appareil phonatoire et acoustique: à l'intérieur de celles-ci, les possibilités de regrouper en signifiants et en signifiés l'infinie série des différentes phonies et des différents sens sont infinies." (p.XII)
"Saussure, en approfondissant l'analyse des aspects universels de la réalité linguistique, en élaborant sa propre version de la vieille grammaire générale, a cerné le caractère radicalement arbitraire et par là radicalement social de toutes les langues: il a ainsi ratifié leur caractère radicalement historique." (p.XIV)
-Tullio de Mauro, introduction à Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, Éditions Payot et Rivages, 1995 (1916 pour la première édition), 520 pages.