« L’assimilation a pendant longtemps servi d’horizon à la politique française d’immigration. À la fin des années quatre-vingt, on aurait pu croire que l’avènement du « modèle français d’intégration » signait la fin de l’assimilationnisme, mais la direction prise par les politiques d’intégrations successives et les discours publics sur l’immigration contredisent cette hypothèse.
Alors qu’à la fin des années quatre-vingt le « droit à la différence » et l’aggiornamento accompli sur l’histoire nationale commençaient à attaquer l’intransigeance de la norme majoritaire (le plus souvent habillée de frais par un discours universaliste de bon ton), la montée du Front national et la politisation du débat sur l’immigration allaient engager, simultanément, une crise de l’identité nationale et le relookage de l’assimilation en « intégration à la française ». Au fond, la politique française à l’égard des immigrés n’a jamais vraiment rompu avec son ancrage assimilationniste. Les accusations de communautarisme lancées ces derniers mois à tout propos, notamment autour de l’islam – port du foulard, revendication d’ouverture de mosquée –, renouent avec une tradition d’affirmation de la prééminence des valeurs et normes majoritaires. Derrière les « valeurs républicaines » érigées en balise intangible se développe un culturalisme exclusif, d’autant plus actif qu’il ne se dévoile pas ouvertement. »
« Les conflits autour de l’islam mettent en scène un clivage entre « eux » et « nous » qui tire ses références moins de la laïcité que d’une culture nationale. »
« L’intégration permettait de prolonger en les actualisant les principaux objectifs de l’assimilation : invisibilisation des allogènes, diffusion des valeurs et normes du groupe dominant alors même que celles-ci étaient contestées de l’intérieur, érosion rapide des cultures minoritaires et en particulier des langues et religions absentes du grand compromis national. »
« La France assimilationniste distribuait généreusement ses ancêtres, sur les bancs de l’école, aux sujets de son empire colonial. »
« Les étrangers restent soumis à une juridiction d’exception, dont la double-peine représente l’expression la plus rétrograde et injuste. »
-Patrick Simon, Sylvia Zappi, « La lutte contre les discriminations : la fin de l'assimilation à la française ? », Mouvements, 2003/3 (no27-28), p. 171-176. DOI : 10.3917/mouv.027.0171. URL : https://www.cairn-int.info/revue-mouvements-2003-3-page-171.htm
Alors qu’à la fin des années quatre-vingt le « droit à la différence » et l’aggiornamento accompli sur l’histoire nationale commençaient à attaquer l’intransigeance de la norme majoritaire (le plus souvent habillée de frais par un discours universaliste de bon ton), la montée du Front national et la politisation du débat sur l’immigration allaient engager, simultanément, une crise de l’identité nationale et le relookage de l’assimilation en « intégration à la française ». Au fond, la politique française à l’égard des immigrés n’a jamais vraiment rompu avec son ancrage assimilationniste. Les accusations de communautarisme lancées ces derniers mois à tout propos, notamment autour de l’islam – port du foulard, revendication d’ouverture de mosquée –, renouent avec une tradition d’affirmation de la prééminence des valeurs et normes majoritaires. Derrière les « valeurs républicaines » érigées en balise intangible se développe un culturalisme exclusif, d’autant plus actif qu’il ne se dévoile pas ouvertement. »
« Les conflits autour de l’islam mettent en scène un clivage entre « eux » et « nous » qui tire ses références moins de la laïcité que d’une culture nationale. »
« L’intégration permettait de prolonger en les actualisant les principaux objectifs de l’assimilation : invisibilisation des allogènes, diffusion des valeurs et normes du groupe dominant alors même que celles-ci étaient contestées de l’intérieur, érosion rapide des cultures minoritaires et en particulier des langues et religions absentes du grand compromis national. »
« La France assimilationniste distribuait généreusement ses ancêtres, sur les bancs de l’école, aux sujets de son empire colonial. »
« Les étrangers restent soumis à une juridiction d’exception, dont la double-peine représente l’expression la plus rétrograde et injuste. »
-Patrick Simon, Sylvia Zappi, « La lutte contre les discriminations : la fin de l'assimilation à la française ? », Mouvements, 2003/3 (no27-28), p. 171-176. DOI : 10.3917/mouv.027.0171. URL : https://www.cairn-int.info/revue-mouvements-2003-3-page-171.htm