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    Sofia Kovalevskaïa, Une nihiliste

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Sofia Kovalevskaïa, Une nihiliste Empty Sofia Kovalevskaïa, Une nihiliste

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 2 Déc - 10:05

    "Ce qui me frappa dans Véra, dès notre première rencontre, fut son indifférence absolue pour toutes les choses extérieures.

    Elle ressemblait à ces somnambules, dont la vue frappée par un objet qui n’est visible que pour elles, devient insensible à toute autre impression.

    Je lui demandai si elle habitait Saint-Pétersbourg depuis longtemps, si elle se trouvait bien à son hôtel. À toutes ces questions banales Véra répondit d’un air distrait et même mécontent. Les détails de la vie, évidemment, ne la touchaient pas. Venue à Saint-Pétersbourg pour la première fois, elle n’était ni intéressée ni éblouie par le mouvement de la capitale.

    Elle n’avait qu’une idée : trouver un but à sa vie. J’étais fortement attirée vers cette jeune fille, ressemblant si peu à toutes celles que j’avais connues. Je voulais mériter sa confiance et pénétrer dans ses pensées les plus intimes. Je dis qu’il m’était impossible de lui donner de conseils avant de la connaître davantage, et lui demandai de venir me voir aussi souvent que possible et de me parler de son passé. Véra elle-même avait grand besoin de s’épancher, et me raconta sa vie avec une excessive franchise. Après quelques semaines, je pénétrai dans son cœur et sus y lire aussi clairement qu’une femme peut lire dans le cœur d’une autre femme."
    -Sofia Kovalevskaïa, Une nihiliste, 1890, Traduction de Nadine Kontchewsky parue dans La Société nouvelle, vol. I, 1893.



    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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