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    Nelson Goodman, Manières de faire des mondes

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Nelson Goodman, Manières de faire des mondes Empty Nelson Goodman, Manières de faire des mondes

    Message par Johnathan R. Razorback Mer 11 Jan - 17:08

    "Un livre qui se brouille autant avec le rationalisme qu'avec l'empirisme, avec le matérialisme, l'idéalisme et le dualisme, avec essentialisme et existentialisme, avec mécanisme et vitalisme, avec mysticisme et scientisme, aussi bien qu'avec la plupart des autres ardentes doctrines. Ce qui en ressort pourrait éventuellement être qualifié de relativisme radical sous contraintes de rigueur, lequel débouche sur quelque chose d'apparenté à de l'irréalisme.
    Néanmoins, je pense que ce livre appartient à ce courant majeur de la philosophie moderne qui commence lorsque Kant échange la structure du monde pour la structure de l'esprit, qui continue quand C. I. Lewis échange la structure de l'esprit [mind] pour la structure des concepts, et qui se poursuit maintenant avec l'échange de la structure des concepts pour la structure des différents systèmes de symboles dans les sciences, en philosophie, dans les arts, la perception, et le langage quotidien. Le mouvement va d'une unique vérité et d'un monde établi et "trouvé" aux diverses versions correctes, parfois en conflit, ou à la diversité des mondes en construction." (pp.12-13)

    " [I. Mots, œuvres et mondes]

    "En quel sens important et souvent négligé existe-t-il plusieurs mondes ?" (p.16)

    "Considérons pour commencer les énoncés "Le Soleil se meut toujours" et "Le Soleil ne se meut jamais". Bien qu'également vrais, ils vont difficilement l'un avec l'autre. Dirons-nous alors qu'ils décrivent des mondes différents et qu'il y a véritablement autant de mondes différents que de vérités mutuellement exclusives ? Ou bien plutôt sommes-nous enclins à considérer les deux chaînes de mots comme des énoncés complets possédants en propre une valeur de vérité, mais à caractère elliptique et valant pour les énoncés suivants qui peuvent être tout deux vrais du même monde : "Dans le cadre de référence A, le Soleil se meut toujours" et "Dans le cadre de référence B, le Soleil ne se meut jamais" ?

    Cependant, les cadres de référence semblent appartenir moins à ce qui est décrit qu'aux systèmes de description: chacun des deux énoncés renvoie ce qu'il décrit à un tel système. Si je veux me renseigner sur le monde, vous pouvez proposer de me raconter comment il est selon un ou plusieurs cadres de référence ; mais si j'insiste pour que vous me racontiez comment est le monde indépendamment de tout cadre, que pourrez-vous dire alors ? Quoi qu'on ait à décrire, on est limité par les manières de décrire. A proprement parler, notre univers consiste en ces manières plutôt qu'en un monde ou des mondes." (p.17)
    -Nelson Goodman, Manières de faire des mondes, Gallimard, 2020 (1992 pour la première traduction française, 1978 pour la première édition états-unienne), 228 pages.




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    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

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