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    Herbert Marcuse, oeuvres

    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Mer 14 Jan - 16:39

    https://books.google.fr/books?id=2KMIkcicAowC&printsec=frontcover&dq=herbert+marcuse&hl=fr&sa=X&ei=xpq2VJ-TOJL0ariEgIAI&ved=0CDYQ6AEwBDgU#v=onepage&q=herbert%20marcuse&f=false

    https://books.google.fr/books?id=RY8DAQAAQBAJ&printsec=frontcover&dq=herbert+marcuse&hl=fr&sa=X&ei=hpq2VI3rG5fsaJrlAQ&ved=0CDgQ6AEwAw#v=onepage&q=herbert%20marcuse&f=false

    https://books.google.fr/books?id=1tZpsoCx0mIC&printsec=frontcover&dq=herbert+marcuse&hl=fr&sa=X&ei=hpq2VI3rG5fsaJrlAQ&ved=0CE4Q6AEwBg#v=onepage&q=herbert%20marcuse&f=false

    https://monoskop.org/images/3/3e/Marcuse_Herbert_Reason_and_Revolution_Hegel_and_the_Rise_of_Social_Theory_2nd_ed.pdf

    https://monoskop.org/images/e/ec/Marcuse_Herbert_Soviet_Marxism_A_Critical_Analysis.pdf

    https://monoskop.org/images/2/27/Marcuse_Herbert_Essay_on_Liberation.pdf

    https://monoskop.org/images/5/59/Marcuse_Herbert_Studies_in_Critical_Philosophy_1973.pdf




    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".

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    Message par Johnathan R. Razorback Sam 3 Déc - 0:20

    https://monoskop.org/images/9/9e/Marcuse_Herbert_Hegels_Ontology_and_Theory_of_Historicity.pdf

    -Herbert Marcuse, L'ontologie de Hegel et la théorie de l'historicité, trans. G. Raulet and H.A. Baatsch, Paris: Minuit, 1972, 342 pages. trans. Seyla Benhabib, MIT Press, 1987.


    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

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    Message par Johnathan R. Razorback Dim 11 Déc - 23:28



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

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    Message par Johnathan R. Razorback Ven 19 Mai - 16:26

    "
    -Herbert Marcuse, Philosophie et Révolution, Éditions Denoël, bibliothèque Médiations, 1969 (1967 pour la première édition allemande), 156 pages.


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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

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    Message par Johnathan R. Razorback Dim 14 Jan - 14:07


    "Assimilation des forces et des intérêts oppositionnels dans un système auquel ils s'opposaient dans les étapes antérieures du capitalisme, et l'administration et la mobilisation méthodiques des instincts humains, ce qui rend ainsi socialement dirigeables et utilisables des éléments explosifs et "anti-sociaux" de l'inconscient. La puissance du négatif, largement incontrôlée aux stades du développement antérieur de la société, est maîtrisée et devient un facteur de cohésion et d'affirmation. Mieux que jamais auparavant les individus et les classes reproduisent la répression subie. Car le processus d'intégration se déroule, pour l'essentiel, sans terreur ouverte: la démocratie consolide la domination plus fermement que l'absolutisme ; liberté administrée et répression instinctuelle deviennent des sources sans cesse renouvelées de la productivité. Sur un tel fondement la productivité devient destruction, destruction que le système pratique "vers l'extérieur" à l'échelle de la planète. A la destruction démesurée, du Viet-Nam, de l'homme et de la nature, de l'habitat et de la nourriture, correspondent le gaspillage à profit des matières premières, des matériaux et forces de travail, l'empoisonnement, également à profit, de l’atmosphère et de l'eau dans la métropole riche du capitalisme." (p.7)

    "Des siècles de répression instinctuelle ont recouvert cet élément politique de Eros: la concentration de l'énergie érotique dans la sensualité génitale barre la transcendance de l'Eros vers les autres "zones" du corps et vers son milieu ambiant, elle barre sa force sociale révolutionnaire et formatrice. [...] C'est pourquoi il est d'une importance qui dépasse de loin les effets immédiats que l'opposition de la jeunesse contre la "société d'abondance" lie rébellion instinctuelle et rébellion politique. La lutte contre le système, qui n'est portée par aucun mouvement de masse, qui n'est impulsée par aucune organisation effective, qui n'est guidée par aucune théorie positive, gagne dans cette liaison une dimension profonde qui compensera peut-être un jour le caractère diffus et la faiblesse numérique de cette opposition.." (p.9)
    -Herbert Marcuse, préface de l'édition française, L'Homme unidimensionnel. Essai sur l'idéologie de la société industrielle avancée, Les Éditions de Minuit, coll. Argument, 1968 (1964 pour la première édition américaine), 281 pages, pp.7-13.

    "J'aimerais souligner l'importance des travaux de C. Wright Mills." (p.23)

    "Si l'appareil productif pouvait être organisé et dirigé en fonction des besoins vitaux, son contrôle pourrait être facilement centralisé et ce contrôle favoriserait l'autonomie individuelle au lieu de lui porter atteinte." (p.28)

    "Avoir une liberté économique devrait signifier être libéré de l'économie, de la contrainte exercée par les forces et les rapports économiques, être libéré de la lutte quotidienne pour l'existence, ne plus être obligé de gagner sa vie." (p.30)

    "La société de mobilisation totale qui prend forme dans les secteurs les plus avancés de la civilisation industrielle est la combinaison productive d'une société de bien-être et d'une société de guerre. [...] Les éléments de perturbation traditionnels ont été ou supprimés ou isolés, les éléments menaçants ont été pris en main. Ses caractères principaux sont bien connus: les intérêts du grand capital concentrent l'économie nationale, le gouvernement joue le rôle de stimulant, de soutien et quelquefois de force de contrôle ; cette économie s'imbrique dans un système mondial d'alliances militaires, d'accords monétaires, d'assistance technique et de plans de développement ; les "cols bleus" s'assimilent aux "cols blancs", les syndicalistes s'assimilent aux dirigeants des usines ; les loisirs et les aspirations des diverses classes deviennent uniformes ; il existe une harmonie pré-établie entre les recherches scientifiques et les objectifs nationaux ; enfin, la maison est envahie par l'opinion publique, et la chambre à coucher est ouverte aux communications de masse." (p.45)

    "Le Parti travailliste anglais, dont les leaders rivalisent d'ardeur avec leurs collègues du Parti conservateur pour faire avancer les intérêts nationaux, a de la peine à sauver un modeste programme de nationalisation partielle. En Allemagne de l'Ouest où le Parti communiste est mis hors la loi, le Parti social démocrate a officiellement rejeté ses programmes marxistes pour prouver sa respectabilité de façon convaincante. Telle est la situation dans les premiers pays industriels du monde occidental. A l'Est la réduction graduelle des contrôles politiques directs prouve la confiance progressive accordée aux contrôles technologiques pour exercer la domination. Quant aux partis communistes puissants de France et d'Italie, ils ne font que confirmer la tendance générale des événements, avec leur programme restreint qui écarte la prise de pouvoir par la révolution et qui se plie aux règles du jeu parlementaire." (p.46)

    « Le terme « projet » souligne les éléments de liberté et de responsabilité inhérents à la détermination historique : il fait apparaître ce lien entre autonomie et contingence. Jean-Paul Sartre a utilisé ce terme dans ce sens. »
    « L’originalité de notre société réside dans l’utilisation de la technologie, plutôt que de la terreur, pour obtenir la cohésion des forces sociales. »
    « Les concepts théoriques trouvent leur fin dans le changement social. »
    « Dans le monde capitaliste, la bourgeoisie et le prolétariat sont toujours les classes principales. Mais le dévellopement de ce monde a altéré leur structure et leur fonction au point que désormais elles ne semblent plus être historiquement des agents de transformation sociale. » [Passage à discuter]
    « Le fait que la majorité partie de la population qui est conditionnée dans ce sens accepte cette société ne la rend pas plus rationnelle et moins critiquable. La distinction entre vrai et fausse conscience, intérêt réel et intérêt immédiat, n’a rien perdu de sa signification. Mais elle doit être démontrée. Tout homme doit la découvrir et chercher le chemin de son intérêt immédiat à son intérêt réel. Il ne peut le faire que s’il éprouve le besoin de changer son monde de vie, de nier le positif, de refuser. C’est justement ce besoin que la société établie cherche à réprimer. »
    « Si l’homme n’est pas bouleversé dans son comportement en prenant conscience de ce qui est fait et de ce qui est empêché, lême une catastrophe n’apportera pas de changement qualitatif. »
    « Le confort, l’efficacité, la raison, le manque de liberté dans un cadre démocratique, voilà ce qui caractérise la civilisation industrielle avancée et témoigne pour le progrès technique. »
    « Seules des termes négatifs peuvent exprimer ces formes nouvelles parce qu’elles constituent une négation des formes dominantes. Ainsi avoir une liberté économique devrait signifier être libéré de l’économie, de la contrainte exercée par les forces et les rapports économiques, être libéré de la lutte quotidienne pour l’existence, ne plus être obligé de gagner sa vie. Avoir la liberté politique devrait signifier pour les individus qu’ils sont libérés de la politique sur laquelle ils n’ont pas de contrôle effectif. Avoir la liberté intellectuelle devrait signifier qu’on a restauré la pensé individuelle, actuellement noyée dans les communications de masses, victime d’endoctrinement, signifier qu’il n’y a plus de faiseurs d’ « opinion publique » et plus d’opinion publique. Si ces propositions ont un ton irréalistes, ce n’est pas parce qu’elles sont utopiques, c’est que les forces qui s’opposent à leur réalisation sont puissantes. »
    « Le fait de pouvoir élire librement des maîtres ne supprime ni les maîtres ni les esclaves. Choisir librement parmi une grande variété de marchandises et de services, ce n’est pas être libre si pour cela des contrôles sociaux doivent peser sur une vie de labeur et d’angoisse –si pour cela on doit être aliéné. Et si l’individu renouvelle spontanément des besoins imposés, cela ne veut dire qu’il soit autonome, cela prouve seulement que les contrôles sont efficaces. »
    « Ce qu’on appelle l’égalisation des classes révèle ici sa fonction idéologique. Si l’ouvrier et son patron regarde le même programme de télévision, si la secrétaire s’habille aussi bien que la fille de son employeur, si le Noir possède une Cadillac, s’ils lisent tous le même journal, cette assimilation n’indique pas la disparition des classes. Elle indique au contraire à quel point les classes dominées participent aux besoins et aux satisfactions qui garantissent le maintien des classes dirigeantes. »
    « Le point de vue opérationnel est bien illustré par l’analyse que fait P. W. Bridgman du concept de longueur :
    « […] En général un concept ne veut rien dire de plus qu’un ensemble d’opérations ; le concept est synonyme de l’ensemble de ses opérations correspondantes. »
    Bridgman a vu toute les implications qu’entraîne cette forme de pensée pour la société dans son ensemble :
    « Adopter un point de vue opérationnel va beaucoup plus loin qu’une simple restriction du sens du mot « concept », cela signifie une transformation radicale de toutes nos habitudes de pensée : nous ne pourrons plus utiliser désormais comme instruments de pensée des concepts dont nous ne pouvons pas rendre compte en terme d’opérations. »
    La prédiction de Bridgman. La nouvelle forme de pensée est aujourd’hui la principale tendance, en philosophie, en psychologie, en sociologie et dans d’autres domaines. Si on montre qu’ils ne peuvent pas recevoir une définition adéquate en terme d’opération ou de fonctionnement, on peut dès lors éliminer bien des concepts auparavant très embarassants. […] il s’agit d’un positivisme qui, dans son refus des éléments transcendants de la Raison, forme la contrepartie académique du comportement socialement acquis.
    En dehors des notabilités académiques, « le changement profond de nos habitudes de pensée » est plus sérieux. Il est dans la façon dont le système dominant coordonne toutes les idées et tous les objectifs avec ceux qu’il produit, dont il enferme et dont il rejette ceux qui sont inconciliables. L’instauration d’une pareille réalité unidimensionnelle ne signifie pas que le matérialisme règne et que les préocuppations spirituelles, métaphyisiques et que les activités de bohèmes ont disparus. […] Mais ces formes de protestations et de transcendance n’entrent plus désormais en contradiction avec le statu quo, elles ne sont plus négatives. Elles constituent plutôt la partie cérémonielle d’un béhaviorisme pratique, sa négation inoffensive, elles sont rapidement assimilées par le statut quo, elles font partie de son régime de santé. »
    « La société de mobilisation totale qui prend forme dans les secteurs les plus avancées de la civilisation industrielle est la combinaison productive d’une société de bien-être et d’une société de guerre. »
    « La forme pure de la servitude : exister comme instrument, comme chose. »
    « S’il y avait une automation complète dans le domaine de la neccesité, l’homme bénéficierait d’un temps libre tel qu’il pourrait enfin donner forme à sa vie privée et sociale. Ce serait la transcendence historique vers une nouvelle civilisation. »
    « L’État de Bien-Etre n’est pas un État où règne la liberté parce qu’il restreint systématiquement : a) le temps libre « techniquement » utilisable ; b) la quantité et la qualité des marchandises et des services « techniquement » accessibles aux besoins vitaux des individus ; c) l’intelligence (consciente ou inconsciente) qui pourrait concevoir et réaliser les possibilités de l’autodétermination. »
    « Le culte de la personnalité, de l’autonomie, de l’humanisme, de l’amour tragique et romantique, c’est l’idéal d’une époque révolue. […] S’il elle [la culture révolue] est pervertie c’est que la société industrielle avancée a maintenant la possibilité de matérialiser ses idéaux.[…] Elle est représentée par des caractères déchirés, par exemple, l’artiste, la prostituée, la femme adultère, le grand criminel, le proscrit, le guerrier, le poète maudit, Satan, le fou –par ceux qui ne gagnent pas leur vie ou qui du moins ne la gagnent pas d’une manière normale et régulière. »
    « Si on veut établir une distinction décisive, il ne s’agit pas d’établir une distinction psychologique entre l’art crée dans la joie et l’art crée dans la peine, entre la santé et la névrose, il faut établir la distinction qui sépare la réalité artistique de la réalité sociale. La rupture avec la réalité sociale, la transgression rationelle ou magique est une qualité essentielle de l’art, fût-il le plus positif ; lui aussi se tient à distance du public auquel il s’adresse.
    […] Ritualisé ou non, l’art contient la rationnalité de la négation. Dans ses positions extrêmes, il est le grand Refus –la protestation contre ce qui est. Les manières dont il fait apparaître, chanter et parler l’homme, dont il fait résonner les choses sont des modes de refus, de rupture, de recréation de leur existence factuelle. Mais ces formes de négation paient leur tribut à la société antagonique à laquelle elles sont liées. Séparé du monde du travail où la société se reproduit et renouvelle sa misère, le monde de l’art crée par ces formes de négation, reste avec toute sa vérité, un privilège et une illusion. »
    « La domination a sa propre esthétique et la domination démocratique a une esthétique démocratique. »
    « Manifestement quand les villes, les autoroutes, les parcs nationaux remplacent les villages, les vallées et les forêts, quand les hors-bords sillonnent les lacs, quand les avions traversent les nuages, ces espaces perdent alors leur caractère de réalité qualitativement différent, ce ne sont plus des espaces de contradictions. »
    « Le divertissement est peut-être le moyen d’apprendre le plus efficace. »
    « L’œuvre de Bertolt Brecht préserve la « promesse de bonheur » que contiennent la romance, le Kitsch (le clair de lune, la mer bleu, la mélodie, le sweet home, la loyauté, l’amour) en la transformant en un ferment politique. Ses personnages chantent des paradis perdus et des espoirs inoubliables. C’est un chant qui parle de cruauté, d’avarice, d’exploitation, de fraudes, de mensonges. C’est le chant déçu de leur déception ; mais ils apprennent (ou ils ont appris) les causes de leur déception et c’est en apprenant ces causes (et comment les combattre)[…] qu’ils découvrent la réalité de leur rêve. »
    « La distanciation artistique est sublimation. Elle crée les images de situations qui sont inconciliables avec le principe de réalité établi ; mais en tant qu’images culturelles elles deviennent tolérables, instructives même, et utiles. »
    « Les employées de bureau sexy, les vendeuses sexy, les « managers », jeunes et virils sont des marchandises qui ont une grande valeur commerciale ; quand à la compagnie d’une maîtresse agréable –jadis prérogative des rois, des princes, des lords- elle facilite dans le monde des affaires, les carrières, fût-ce de personnes qui n’occupent qu’un poste fort modeste.
    Le fonctionnalisme, qui se veut artistique, favorise cette tendance générale. Les magasins et les bureaux s’ouvrent sur des grandes baies vitrées, le personnel est exposé à tous les regards, à l’intérieur, il n’y a plus de hauts comptoirs et les cloisons opaques ont disparu. Dans les grands ensembles et les faubourgs bourgeois, la barrière qui séparait autrefois la vie privée de la vie publique s’est brisée. Ainsi les qualités attractives d’une femme et d’un mari sont facilement exposées à un public d’autres femmes et d’autres maris. »
    « Cette mobilisation et cette manipulation de la libido expliquent en grande partie la soumission volontaire des individus, l’absence de terreur, l’harmonie pré-établie entre les besoins individuels et les désirs, les buts et les aspirations exigès par la société. […]
    La satisfaction autorisée par la société est souhaitable à un champ beaucoup plus grand ; mais à travers cette satisfaction le principe de plaisir a subi une réduction –privé qu’il est des revendications qui sont inconciliables avec la société établie. Le plaisir sous cette forme engendre la soumission.
    La désublimation ainsi structurée procure des plaisirs ; mais la sublimation, elle, préserve la conscience des renonciations que la société représsive impose aux individus et elle préserve ainsi le besoin de libération. Certes c’est toujours la puissance de la société qui impose la sublimation, mais c’est la conscience malheureuse de cette puissance qui déjà transparaît dans l’aliénation. Certes toute sublimation accepte les interdits que la société impose à la satisfaction instinctuelle, mais elle transgresse aussi ces interdits. »
    « Que la désublimation contrôlée puisse affaiblir la révolte contre des instincts contre le principe de réalité établi, c’est un fait dont on se rendra compte si l’on compare le rôle que la sexualité joue, d’une part, dans la littérature classique et romantique et, de l’autre, dans la littérature contemporaine. Prenons des exemples parmi des œuvres qui sont déterminées dans leur substance même par leur rapport avec l’érotisme, par exemple Phèdre de Racine, Wahlverwandtschagten de Goethe, Les Fleurs du Mal de Baudelaire, Anna Karénine de Tolstoï, qui sont des œuvres essentiellement différentes ; la sexualité se manifeste sous une forme très sublimée, « médiatisée » où elle se réfléchit elle-même –et sous cette forme, elle est absolue, sans compromission, inconditionnelle. Dès le début le règne d’Eros est aussi celui de Thanatos. L’accomplissement de l’amour est en même temps destruction non pas dans un sens moral ou sociologique, mais dans un sens ontologique. Elle est au-delà du bien et du mal, au-delà de la morale de la société et de cette façon le principe de réalité ne peut pas la concerner, ce principe qu’Eros refuse et rejette.
    C’est au contraire, une forme de sexualité désublimée que l’on trouve chez les alcooliques de O’Neill, chez les personnages furieux de Faulkner, dans le Tramway nommé désir, dans Une Chatte sur un toi brûlant, dans Lolita, dans toutes les histoires où il y a les orgies d’Hollywood et de New York, dans les aventures des ménagères de banlieu. Ici la sexualité s’exprime de façon plus réaliste, plus audacieuse, elle est moins inhibée. Elle est un élément essentiel de la société dans laquelle elle apparaît, elle n’en est jamais la négation. Il est vrai qu’elle apparaît de façon sauvage et obscène, virile et truculente –c’est justement à cause de cela pourtant qu’elle est tout à fait inoffensive.
    Débarrassé de la forme sublimée qui portait et exprimait ses rêves irréconciliables –cette forme c’était le style, le langage du conteur- cette forme c’était le style, le langage du conteur- la sexualité devient le thème courant des best-sellers de l’oppression. Il serait impossible de dire d’une femme « sexy » dans la littérature contemporaine ce que Balzac dit de la courtisane Esther : qu’elle seule elle avait cette tendresse qui ne fleurit que dans l’infini. »
    « On pourrait définir le concept de la désublimation contrôlée comme une libération simultanée de la sexualité et de l’agressivité. »
    « La Conscience Heureuse n’a pas de limites –elle organise des jeux où on joue avec la mort et la défiguration, où le travail en équipe, le divertissement et l’importance stratégique. »
    « La conscience heureuse se masque le rapport que ces deux faits peuvent avoir –la guerre et la prospérité. »
    « Le langage, en devenant fonctionnel, rejette de la structure et du mouvement de la parole les éléments non conformes. »
    « C’est le mot qui ordonne et qui organise. »
    « Dans l’univers du discours public, pour ses points névralgiques, apparaissent des propositions analytiques qui se justifient par elles-mêmes et qui fonctionnent comme des formules rituelles, quasi magiques. Imposées sans cesse à l’esprit de celui qui les reçoit, elles vont bientôt l’enfermer dans le cercle des conditions prescrites par la formule. »
    « La contradiction était autrefois la pire ennemie de la logique, elle est maintenant un principe de la logique du conditionnement –c’est la caricature grossière de la dialectique.[…] C’est une base très solide qui permet un univers du discours où les opposés se réconcilient. »
    « Pour quelqu’un qui n’est pas assez conditionné, la majeure partie de l’écriture et de la parole publiques est complètement surréaliste. »
    « « L’homme fort de Georgie, le gouverneur aux sourcils bas…avait gardé son temps pour un de ses fougeux rallyes politiques, la semaine dernière. »
    Le gouverneur, sa fonction, ses traits physiques et ses pratiques politiques se fondent dans une structure immuable et indivisible qui, dans son innocence et son immédiateté naturelles, s’impose à l’esprit du lecteur. Cette structure ne laisse aucune place à la séparation, au développement, à la différenciation des sens : elle se meut et elle se vit comme un tout. »
    « Ce langage qui impose constamment des images, empêche le développement et l’expression des concepts. Dans son immédiateté et son univocité, il empêche la pensée conceptuelle. Il empêche la pensée. Car le concept n’inentifie pas la chose avec sa fonction. »
    « Selon Wilhelm von Humboldt : le nom comme sujet grammatical « peut entrer dans certaines relations » mais il n’est pas identique à ces relations. »
    « Le faux devient vrai. »
    « En se souvenant du passé on peut retenir des notions dangereuses et la société établie semble redouter les contenus subversifs de la mémoire. »
    « B., un ouvrier, fait une déclaration générale selon laquelle pour son travail le taux de la pièce est trop bas. L’interview révèle que « sa femme est à l’hôpital et qu’il s’inquiète de n’avoir pas pu payer encore les honoraires du médecin. Dans ce cas, le contenu latent de la revendication réside dans le fait que les gains actuels de B., en fonction de la maladie de sa femme, sont insuffisants pour couvrir ses obligations financières. »
    Une semblable traduction « traduction » change profondément le sens premier de la proposition. L’énoncé de la revendication avant qu’il soit interprété, exprime une condition générale dans sa généralité (« le salaire est trop bas »). Il désigne plus qu’une condition particulière dans une usine particulière, il désigne plus que la situation particulière de l’ouvrier B. […] Cet état de choses ne peut pas être changé tant qu’on améliore seulement la condition particulière.
    L’énoncé de la revendication avant qu’il ne soit « traduit », établissait ainsi une relation concrète entre le cas particulier et l’ensemble dans lequel il est un cas –et dans cet ensemble il faut inclure les conditions qui dépassent chaque emploi, chaque usine, chaque situation personnelle. Dans l’interprétation opérationelle l’ensemble a été élimininé : c’est grâce à cette opération qu’on peut trouver un remède à la revendication. »
    « Si on a défini le terme « démocratique » en utilisant les critères du processus actuel de l’élection, qui sont limitatifs mais réalistes, il n’est pas nécessaire d’attendre les résultats de la recherche pour déclarer que le processus de l’élection est démocratique. »
    « Le Logos et l’Éros réunissent le positif et le négatif, la création et la destruction. Dans les exigences de la pensée, dans la folie de l’amour, il y a le refus destructeur des formes de vie établie. La vérité transforme les formes de pensée et d’existence. Raison et liberté convergent. »
    « Pour que la proposition se vérifie, il faut qu’un processus s’accomplisse dans le fait au même titre que la pensée : (S) doit devenir ce qu’il est. L’énoncé catégorique devient ainsi un impératif catégorique. […] Le mouvement de la pensée a un contenu politique. C’est ainsi que le discours socratique est un discours politique qui contredit les institutions politiques établies. Tenter de trouver la bonne définition du « concept » de vertu, de justice, de piété, de connaissance, devient une entreprise subversive à partir du moment où le concept exige une nouvelle polis.
    La pensée ne peut pas réaliser un tel changement, à moins qu’elle se transcende elle-même dans la pratique »
    « Si la logique dialectique appréhende la contradiction comme une « nécessité » qui appartient à la « nature même de la pensée » (zur Natur der Denkbestimmungen), c’est parce que la contradiction fait partie de la nature même de l’objet de pensée. »
    « L’effort qui est fait de nos jours pour réduite l’étendue et la portée de la philosophie est demesuré : les philosophes eux-mêmes proclament que la philosophie n’a pas de prétention et qu’elle est inefficace. Elle ne touche pas à la réalité établie ; elle craint de la transgresser.
    Austin méprise tout ce qui n’est pas usage courant des mots, il diffame ce que « nous inventons un après-midi dans nos fauteils. » ; Wittgenstein assure que la philosophie « laisse toute chose comme elle est ». Ces déclarations sont à mes yeux, la preuve du sado-masochisme académique, de l’auto-humiliation, de l’auto-dénonciation des intellectuels dont le travail ne débouche pas sur des réalisations scientifiques, techniques (ou autres de cette sorte). »
    « Les mots […] sont les termes que la société impose au discours et au comportement. »
    « Selon Freud, la maladie du patient est, dans un certain cas, encore une réaction de protestation contre le monde malade dans lequel il vit. Mais le médecin ne doit pas tenir compte du problème « moral ». Il doit faire en sorte que son patient recouvre la santé, il doit le rendre capable d’un fonctionnement normal dans son monde.
    Le philosophe n’est pas un médecin ; il n’a pas pour tâche de soigner des individus mais de comprendre le monde dans lequel ils vivent –dans le sens de comprendre ce qui a été fait de l’homme et ce que peut faire l’homme. Car la philosophie est (historiquement, et son histoire est encore valable) le contraire de ce que Wittgenstein veut en faire, quand il déclare qu’elle doit renoncer à toute théorie, qu’elle doit être une entreprise qui « laisse toute chose telle qu’elle est ». »
    « Le concept de liberté, chez Hegel, présuppose la conscience. »
    « Un nouveau standart de vie, adapté à la pacification de l’existence, implique aussi une réduction de la population future. »
    « Seule la pratique peut réaliser la théorie et actuellement il n’y a pas de pratique qui la réalise. »
    « Il ne suffit pas de comprendre qu’un changement est nécessaire pour rendre possible une évolution différente. »
    « C’est la réalité établie qui est devenu avant tout utopique. »

    -Herbert Marcuse, L'Homme unidimensionnel. Essai sur l'idéologie de la société industrielle avancée, Les Éditions de Minuit, coll. Argument, 1968 (1964 pour la première édition américaine), 281 pages.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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