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    Gaëtan Demulier, Quelques réflexions sur la guerre et la paix

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Gaëtan Demulier, Quelques réflexions sur la guerre et la paix Empty Gaëtan Demulier, Quelques réflexions sur la guerre et la paix

    Message par Johnathan R. Razorback Mar 17 Nov - 22:41

    http://www.philosophie.ac-versailles.fr/enseignement/Demulier.Guerre-Paix.pdf

    "La guerre repose donc, comme le rappelle Clausewitz dans De la guerre sur l’intention d’hostilité, c’est-à-dire la désignation de l’autre comme ennemi, désignation qui lui est explicitement déclarée."

    "Si l’agressé refuse de livrer bataille, s’il ne riposte pas à l’attaque dont il a été victime, il n’y a pas de guerre. Se défendre consiste aussi bien à parer le coup de l’adversaire qu’à lui en rendre un, actes sans lesquels il n’y a pas combat mais acte unilatéral de violence. Seule la défense possède donc le pouvoir de transformer une agression en guerre effective, comme le rappelle Clausewitz. De même, si seul l’un des deux camps possède des armes et s’en prend à des individus incapables de résister, cela s’appelle un massacre ou un meurtre (lequel peut être de masse) et non une guerre."

    "Toute guerre comporte des trêves, c’est-à-dire des moments plus ou moins longs de suspension des combats, ce qui ne l’annule pas comme guerre. Nul ne peut combattre de manière ininterrompue sans se condamner à une extinction rapide de ses forces : toute guerre comporte des accalmies nécessaires à leur reconstitution afin de leur conférer une opérativité optimale. Il y a donc guerre aussi longtemps que les adversaires supposent l’ennemi capable de frapper, qu’il frappe actuellement ou non : c’est l’éventualité d’une reprise imminente du combat, due à ce qu’aucun camp ne possède l’assurance que l’autre aura changé de volonté, qui définit la guerre."

    "La paix se définit en premier lieu négativement comme l’absence de guerre, l’arrêt des hostilités. Toutefois, à l’image de la guerre, elle prend la forme d’un état prolongé dans le temps. Etre en paix suppose l’assurance que la menace de guerre se trouve mise à l’écart, que les motifs d’hostilité aient suffisamment été anéantis pour que la tranquillité soit solide et durable. Elle se comprend donc non comme la disparition de tout conflit (car les individus peuvent s’opposer, manifester des désaccords) mais comme la situation dans laquelle aucun trouble n’est suffisamment aigu pour qu’il entraîne la destruction des hommes les uns par les autres. Guerre et paix constituent donc deux termes exclusifs l’un de l’autre : ils s’opposent comme l’insécurité et la sûreté, la menace absolue et la protection entière. Aussi, la guerre apparaît-elle comme l’état normal des rapports entre les hommes, que leurs passions inclinent à la malveillance réciproque, et la paix comme l’œuvre d’une volonté."

    "L’état de nature ne désigne pas la nature humaine mais le résultat d’une hypothèse soustractive : il s’agit de peindre ce que serait la condition des hommes si l’on ôtait toute instance politique et juridique. Il ne constitue pas un âge historique réel de l’humanité, mais une fiction méthodologique destinée à montrer la nature de ce qui manquerait aux hommes en l’absence de toute société civile."

    "On appelle Etat une unité politique indépendante, inscrite dans un territoire aux frontières définies et dont les membres se regardent comme dotés d’une volonté commune, symbolisée par des lois et une Constitution."

    "La paix [...] consistera à entretenir des relations exemptes de toute violence avec les nations voisines. Cela ne signifie pas qu’il n’y existera aucun antagonisme, mais qu’il sera réglé par des négociations, des discussions visant à dégager un compromis. La paix se caractérise par la prédominance de la diplomatie, c’est-à-dire la recherche par la parole argumentée d’une solution appuyée sur la coopération volontaire."

    "La paix ne se comprend pas comme l’existence de relations entre les Etats et la guerre comme leur rupture ou leur absence."

    "Le chef d’Etat ne peut éviter de se préparer au conflit armé, quand bien même il désirerait le règne de la paix. Le maintien de celle-ci ne dépend pas de son unique volonté dans la mesure où son pays n’est jamais seul au monde. Il suffit qu’un Etat voisin le menace et l’attaque pour qu’elle soit rompue. Dans ce cas, avoir négligé les moyens d’une riposte efficace serait payé de l’asservissement au joug du vainqueur. C’est la signification profonde de ce que l’on appelle le réalisme politique pour lequel la prudence commande de ne pas surestimer les bonnes intentions d’autrui. Le réalisme repose sur une anthropologie pessimiste pour laquelle les hommes sont naturellement méchants et plus encore inconstants."

    "Refuser absolument la guerre, c’est courir le risque d’être réduit en esclavage par ceux qui l’acceptent. La volonté de paix, purement morale, reste impuissante devant le déchaînement de la force, lequel ne peut être arrêté que par une autre force. La non-résistance conduite au nom de la paix en vient à rendre son objectif impossible car l’agresseur, ne rencontrant aucun obstacle, profite de la faiblesse de l’Etat attaqué pour lui imposer sa volonté. La politique relève de l’ordre de la pratique, de l’action, lequel est soumis au critère de l’efficacité."
    -Gaëtan Demulier, Quelques réflexions sur la guerre et la paix.


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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

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    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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