L'Académie nouvelle

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
L'Académie nouvelle

Forum d'archivage politique et scientifique

-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
69.99 € 139.99 €
Voir le deal

    Rémi Brague, Le Règne de l'homme. Genèse et échec du projet moderne

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
    Admin


    Messages : 19726
    Date d'inscription : 12/08/2013
    Localisation : France

    Rémi Brague, Le Règne de l'homme. Genèse et échec du projet moderne Empty Rémi Brague, Le Règne de l'homme. Genèse et échec du projet moderne

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 21 Oct - 20:11

    https://books.google.fr/books?id=VtSUBwAAQBAJ&pg=PP289&lpg=PP289&dq=convertibilit%C3%A9+des+transcendantaux&source=bl&ots=Iov_BH0coN&sig=oVAzjN7h85vvvl_xd-bYdT6cYPM&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjZgOzzwILXAhXCPRoKHf25AXEQ6AEIVTAI#v=onepage&q=convertibilit%C3%A9%20des%20transcendantaux&f=false

    "Ce que j'entends par "projet moderne" ne se confond pas avec le contenu de la période moderne, ni même avec son apport spécifique. Tout ce qui s'y est passé, et tout ce qui s'y produit de nouveau, en bien comme en mal, n'appartient pas de soi au projet moderne. En revanche, y appartient tout ce par quoi on prétend s'arracher à ce qui précède, dont on se sépare en l'expulsant. Le projet entraîne un rejet. Il déverse ce qu'il expulse dans la catégorie de "Moyen Age", vide et voulue comme telle, poubelle universelle, toujours ouverte à de nouveaux contenus qui, même apparus pendant la modernité, seront dénoncés comme marquant le pas par rapport au projet, et donc comme des rémanences "médiévales"."

    "C'est d'abord le projet de soumettre la nature. Il inverse la prise en compte du contexte cosmologique de l'anthropologie: au lieu que ce soit le cosmos qui donne sa mesure à l'homme, c'est l'homme qui doit se créer un habitat à sa mesure. Le sens de l'idée d'ordre change alors radicalement, ainsi que le lieu où il doit attester sa réalité: pour l'âge prémoderne, l'ordre est avant tout, sinon presque exclusivement, celui des réalités célestes, inaccessibles à l'homme, qui légitime qu'on nomme le monde kosmos, le caractère ordonné du sublunaire étant douteux. Selon le projet moderne, en revanche, ce qui environne l'homme est en soi un chaos ; il n'y a d'ordre que là où il est créé par le travail humain. Du coup, il devient oiseux de chercher de l'ordre ailleurs que dans ce qui est accessible à l'homme, domaine qui n'est pas délimité d'emblée, mais peut s'accroître indéfiniment.
    Le projet moderne apparaît en second lieu comme émancipation par rapport à tout ce qui se présente, au-dessus de l'homme, comme son origine inaccessible: un dieu créateur et/ou législateur, ou une nature que son caractère actif rend divine. Il inverse la prise en compte du contexte théologique de l'anthropologie. Au lieu que ce soit l'homme qui doive recevoir sa norme d'une autorité extérieure, c'est lui qui détermine ce qui pourra revendiquer une autorité sur lui. La relation entre l'homme et le divin prend la figure d'un "c'est lui ou moi". L'humanisme devra alors tendre à se réaliser comme un athéisme.
    "


    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


      La date/heure actuelle est Mer 8 Mai - 23:45