L'Académie nouvelle

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
L'Académie nouvelle

Forum d'archivage politique et scientifique

-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% Récupérateur à eau mural 300 litres (Anthracite)
79 € 99 €
Voir le deal

    Justice spatiale

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
    Admin


    Messages : 19611
    Date d'inscription : 12/08/2013
    Localisation : France

    Justice spatiale Empty Justice spatiale

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 2 Nov - 18:18

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Justice_spatiale

    "Pour expliquer la notion de « restes », on peut recourir brièvement à l’arithmétique. Par exemple, si l’on divise 100 par 11, le reste est 1. Il s’agit alors de problématiser le statut de ce « reste ». Je m’appuie sur la définition de « reste » (remainder) par Honig (1993). Celle-ci suppose que le reste de 1 n’existe pas avant et en-dehors du processus de division: c’est l’opération qui en fait un reste. La notion rappelle donc utilement l’importance des processus qui produisent les restes. Pour Honig, en théorie politique, ce sont les processus de fermeture qui produisent les restes : on peut donc, par exemple, considérer comme « restes » les résultantes de tout processus de fermeture, de l’ordre du discours, de la théorie, ou du projet hégémonique. Ce qui est important, c’est de se concentrer sur le processus, et non simplement sur la forme, et de déterminer si le discours, la théorie ou le projet hégémonique en question instrumentalisent les restes qu’ils produisent comme source de légitimité.

    J’utilise la notion de « restes » à la fois littéralement et métaphoriquement pour parler à la fois de « ceux qui restent » et de « ceux qui sont mis au rebut ». On peut illustrer le premier sens à partir d’un rapport de l’OCDE sur « l’intégration des zones urbaines en difficulté ». D’après ce rapport, le marché du logement, par le biais de dynamiques de distribution et redistribution, produit de la concentration. Le développement massif d’habitat social au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, en réponse à la pénurie de logement liée à l’accroissement démographique et à l’immigration, a été suivi de l’émergence d’un marché de logements privés destinés aux ménages à revenus faibles ou moyens, qui a conduit beaucoup de ces derniers à quitter leur logement social. « Ceux qui restent dans les logements sociaux sont, dans la plupart des cas, ceux qui sont les moins compétitifs sur les marchés du travail, et de ce fait, ceux qui ont les plus grandes chances de subir le chômage » (OCDE, 1998, les italiques sont de moi). Ceci conduit à un déclin des prélèvements fiscaux, donc des investissements, et une spirale de paupérisation, ressentie d’abord dans l’environnement matériel, s’enclenche :

    Lorsque les acteurs locaux (notamment les propriétaires, les chefs d’entreprises, les entrepreneurs potentiels, les assureurs, les banquiers et les fonctionnaires locaux) perçoivent ce processus, ils réagissent de façon à protéger leurs investissements et minimiser leur prise de risque, et beaucoup choisissent de partir [ OECD, 1998 : 51 ]

    Ce processus mène finalement à un « cercle vicieux » :

    Premièrement […] une fois que les problèmes commencent à s’accumuler les résidants les plus aisés commencent à partir. Les plus pauvres, qui n’ont pas le choix, restent […]. Deuxièmement, la situation qui se dégrade dans le quartier, particulièrement en termes de sécurité, décourage les entreprises plus encore qu’avant […]. Troisièmement, la résignation et l’échec tendent à s’enraciner dans les écoles. L’échec scolaire tend à devenir la norme et sans échappatoire via l’éducation, le « piège de la pauvreté » dans l’espace se transmet alors d’une génération à la suivante (OECD, 1998: 58 ; les italiques sont de moi).

    Les grands absents sont les « restes » eux-mêmes, ceux qui n’ont d’autre choix que de rester : ils ne figurent même pas parmi les « acteurs locaux ». Ces citations avaient pour but d’illustrer la notion littérale de « restes » : ceux qui sont « pris au piège de l’espace » (Harvey, 1989), ou « enchaînés à un lieu » (Bourdieu, 1999), dont le devenir illustre bien la spatialité de l’injustice."
    -Mustafa Dikeç, « L’espace, le politique et l’injustice » [archive], justice spatiale - spatial justice, no 01, septembre 2009.

    http://www.jssj.org/article/lespace-le-politique-et-linjustice/


    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


      La date/heure actuelle est Sam 27 Avr - 1:47