"Chercher le postmodernisme dans la seule philosophie serait une erreur: il est un mouvement culturel d'ensemble, bien au-delà d'une simple position philosophique. Le postmodernisme est présent dans les arts, la critique littéraire et même la théologie. Peut-être convient-il pourtant de commencer par la philosophie.
Sous cet angle, la "modernité" d'ensemble assez couramment l'ensemble de la pensée philosophique depuis Kant (ou, pour certains, depuis Descartes). Or le postmodernisme la rejette en tant qu'associée à une recherche désespérée, vaine, du "fondement" de la connaissance et à une quête illusoire de l' "identité" humaine -l'homme comme cogito, comme sujet, alors qu'il n'est que liberté finie, sujet "ébauché"." (p.367)
"La philosophie post-moderniste suppose, insistons-y, que toute théorie est éliste: que la théorie joue de ce fait en politique le rôle d'un instrument de pouvoir. Il s'ensuit une bonne dose de scepticisme, une grande insistance sur la contingence -finitude et imperfection- du langage et sur l'existence de conflits à l'intérieur même de tout discours (conflits entre ce qu'on dit et la manière de le dire). De même une insistance sur la contingence et la finitude des cultures (la philosophie est elle aussi un artefact culturel) et sur la faible validité des règles morales." (p.368)
"Aux yeux des postmodernes, l'honnêteté et l'idéalisme évident de libéraux modernes [...] ne changent rien à la dure situation du monde." (p.370)
"Rorty représente un excellent compagnon pour ceux qui vivent la foi religieuse au sein d'un monde postmoderne." (p.372)
-John Verhaar, "Visées du postmodernisme", Études, 1994/3 (Tome 380), p. 367-376. DOI : 10.3917/etu.803.0367. URL : https://www.cairn-int.info/revue-etudes-1994-3-page-367.htm