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    Paul Mattick, La gestion ouvrière

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Paul Mattick, La gestion ouvrière Empty Paul Mattick, La gestion ouvrière

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 20 Fév - 15:20

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Mattick

    https://www.marxists.org/francais/mattick/works/1967/mattick_1967.htm

    « De tout temps, les socialistes se sont fixés comme but l’abolition du salariat, donc la fin du capitalisme. Cette transformation sociale, le mouvement ouvrier né au cours de la seconde moitié du siècle dernier se donna la tâche de la réaliser au moyen de la socialisation des moyens de production. Il s’agissait de remplacer un mode de production fondé sur la recherche du profit par un autre, qui tendrait à satisfaire les besoins et les aspirations des producteurs associés. A l’économie de marché succèderait ainsi une économie planifiée. Dès lors, l’existence des hommes et le développement de la société seraient régis non plus par l’expansion et la contradiction du capital, élevé au rang de fétiche, mais par les décisions collectives que les producteurs prendraient en toute connaissance de cause dans le cadre d’une société sans classes. »

    « Toutefois, lors de la première révolution du XX° siècle, ce fut la masse inorganisée des travailleurs qui détermina le caractère du mouvement et engendra sa forme d’organisation propre : les conseils ouvriers. Les conseils russes, ou soviets, de la révolution de 1905 surgirent dans le cadre d’une vague de grèves spontanées, alors que la nécessité s’imposait de constituer des comités chargés de coordonner l’action et de représenter les grévistes auprès du patronat et des autorités tsaristes. Il s’agissait de grèves spontanées en ce sens que, loin d’avoir éclatées sur l’ordre de formations politiques ou de syndicats, elles furent déclenchées par les ouvriers inorganisés qui n’avaient d’autre base d’organisation possible que leur lieu de travail. En ce temps-là, les partis politiques n’exerçaient en effet aucune influence digne de ce nom sur la masse des travailleurs russes et les syndicats n’existaient encore qu’à l’état embryonnaire. »
    « Les souffrances et les misères inhérentes au capitalisme du laissez-faire ne provoquèrent pas seulement la création d’un mouvement socialiste, elles poussèrent aussi les travailleurs à tenter d’amender leur sort par des moyens apolitiques. Au nombre de ces derniers figuraient, outre les diverses formations syndicales, ces coopératives ouvrières par le biais desquelles on espérait — mais en vain — échapper tant à la condition salariée qu’au principe de la concurrence généralisée qui régit la société bourgeoise. Ce mouvement tira son origine de petites collectivités communistes, qui virent le jour en France, en Angleterre et en Amérique, et qui puisaient leur inspiration dans les idées des socialistes utopistes, Owen et Fourier notamment.
    Les coopératives de production étaient des associations fondées sur le principe de l’adhésion volontaire et de la gestion autonome. Certaines d’entre elles se constituèrent en dehors du mouvement ouvrier, d’autres en liaison avec lui. Après avoir mis leurs ressources en commun, leurs membres seraient à même — pensait-on — de s’installer à leur compte et de produire sans intervention des capitalistes. Mais c’était là faire abstraction des conditions générales et des tendances évolutives de la société capitaliste, lesquelles devaient d’emblée les réduire à un rôle purement marginal. En effet, le développement capitaliste a pour base la concentration et la centralisation du capital sous le fouet de la concurrence : les capitaux les plus importants dévorent les plus restreints. Les sociétés coopératives ne purent donc se constituer que dans de petites industries ne nécessitant que de faibles apports en capital. Et, l’emprise du capitalisme s’accentuant sans cesse dans toutes les branches d’industrie, ces coopératives perdirent bientôt toute capacité de faire face à la concurrence et disparurent du circuit de la production. »
    « D’une certaine façon, la division du mouvement « collectiviste » en coopératives de consommation et en coopératives de production reflétait l’antagonisme du syndicalisme révolutionnaire et des partis socialistes. Les premières réunissaient des membres de toutes les classes sociales et visaient tous les genres de clientèle. Elles n’hésitaient pas à se prononcer pour une centralisation à l’échelon national, et même international. En revanche, les secondes avaient un marché aussi restreint que leur production et ne pouvaient fusionner, pour constituer des unités plus importantes, sans perdre cette possibilité de se gérer elles-mêmes qui était leur raison d’être. »
    « Manquant de discernement, les soviets ne se laisseraient-ils pas séduire par les promesses de la bourgeoisie libérale et de ses alliés, les social-réformistes, et dessaisir ainsi de leurs pouvoirs ? La révolution ne garderait donc son caractère « socialiste » que si les soviets restaient aux mains des bolcheviks et, pour cela, il fallait en finir avec tous les éléments d’opposition au sein et en dehors des soviets. En peu de temps, le régime soviétique se transforma en dictature de parti. Les soviets, ainsi vidés de substance, ne furent maintenus que sur un plan formel pour camoufler la réalité. »
    «Une révolution sociale ne saurait aboutir à la gestion ouvrière, dès lors que les travailleurs n’arrivent pas à assurer leur emprise sur les moyens de production et délèguent au gouvernement le pouvoir d’organiser à lui seul, souverainement, le processus de transformation sociale. »
    « Parlant des coopératives de production, Rosa Luxemburg notait déjà « la nécessité contradictoire, pour des ouvriers, de se gouverner avec tout l’absolutisme indispensable et de jouer vis-à-vis d’eux-mêmes le rôle d’entrepreneurs capitalistes ». Et elle pouvait conclure à bon droit : « De cette contradiction, la coopérative de production meurt, en ce sens qu’elle redevient une entreprise capitaliste ou bien qu’elle se dissout, au cas où les intérêts des ouvriers l’emportent » »

    « Le socialisme ne va pas sans la gestion ouvrière et réciproquement. »

    « Partout la lutte pour l’émancipation ouvrière attend encore de commencer, et elle ne se terminera qu’avec la socialisation de la production et la disparition des classes consécutive à l’abolition du salariat. »
    -Paul Mattick, La gestion ouvrière, (1967).



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