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    Daniel Colson, Petit lexique philosophique de l'anarchisme. De Proudhon à Deleuze

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Messages : 19726
    Date d'inscription : 12/08/2013
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    Daniel Colson, Petit lexique philosophique de l'anarchisme. De Proudhon à Deleuze Empty Daniel Colson, Petit lexique philosophique de l'anarchisme. De Proudhon à Deleuze

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 12 Aoû - 21:08

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Colson

    https://fr.1lib.fr/book/2029161/b4bb68?dsource=recommend

    "Affinités secrètes qui, du point de vue de ce mouvement, unissent des philosophes et des théoriciens apparemment aussi différents que Spinoza, Leibniz, Stimer, Proudhon, Bakounine, Tarde, Nietzsche, Bergson, Foucault, Simondon, Deleuze et quelques autres." (p.11)

    "Reprise dans la pensée moderne, en particulier par Gilbert Simondon, la notion d' apeiron est très proche de la notion d'anarchie qu'elle contribue à penser." (p.38)

    "Pour l'anarchisme l'ouverture à l'autre passe au contraire par la volonté d'aller jusqu'au bout de ce qui nous constitue, de nos désirs, de la puissance dont nous sommes porteurs, de cette altérité que nous portons en nous et qui seule peut nous ouvrir aux autres, rendre nécessaire, par accroissement de puissance, la relation avec eux, une relation intime, totalement impliquée dans la réalité des êtres collectifs. Cette découverte effective de l'autre en nous-même passe le plus souvent par « une situation exceptionnelle » (voir arrêt et événement), « l' éclair d'un événement exceptionnel », « présentant extérieurement les aspects d'une révélation » comme l'explique Simondon et comme le montre le Zarathoustra de Nietzsche face au corps mort du funambule tombé de son fil, et dont la foule se détourne puisqu'il vient de perdre les seules fonction et raison d'être que lui reconnaissait l'ordre existant." (p.49)

    "Charge de nature (voir indétermination). Notion utilisée par Gilbert Simondon pour désigner la puissance du dehors (voir ce mot) dont tout être collectif est porteur [...] Avec Gilbert Simondon, l'anarchisme considère que l'expression de la spécificité humaine et son plein épanouissement ne consistent pas à se distinguer de la nature, mais au contraire dans la capacité des humains à retrouver en eux et en dehors d'eux - puisque leur « dedans » n'est qu'un pli du dehors (voir ce mot) - la nature dont ils sont issus et que leur individuation provisoire et réductrice pousse à considérer comme un milieu extérieur qu'il convient d'exploiter et de dominer." (pp.55-56)

    "Cette éternité des choses et des êtres - que ce soit le « geste désespéré, inconnu, de l'esclave révolté » ou le génie d'un « livre d'Horace » -,Gilbert Simondon la rapporte, d'une façon très proche de Bakounine, au fait que tout individu est toujours plus que ce qu'il est, dans ce qui le constitue comme sujet (voir apeiron), mais aussi dans le tissu du« milieu[ ... ] associé» à son individualité, ce pli ou cette configuration de l'être où s'est exprimé le monde intérieur de Nicolas Stankévitch, cette marque ou ce symbole (voir ce mot) de la « solution » singulière que cet individu a constitué à un moment donné pour le devenir de l'être dans sa totalité. C'est en ce sens que l'on peut dire également, avec Simondon cette fois, que tout individu est éternel, « non en tant que substance, sujet ou substance corps, conscience ou matière active », mais « en tant qu'être transductif »." (pp.111-112)

    "En sélectionnant, à l'intérieur de ce qu'elles vivent, des formes et des raisons de lutte perçues par elles comme plus radicales ou plus révolutionnaires, les minorités agissantes prétendent agir par contagion ou par imitation, entraîner les autres en manifestant à l'intérieur de leurs propres pratiques un rapport au monde et aux autres potentiellement présent dans une infinité d'autres situations et susceptible d'être répétées à une puissance supérieure. En ce sens, et sur le modèle de la cristallisation proposé par Simondon, les minorités agissantes, au sens libertaire de cette notion, ne peuvent apparaître que dans un contexte« pré-révolutionnaire », « un état de sursaturation » « où un événement est tout prêt à se produire», un événement capable« de traverser, d'animer et de structurer un domaine varié, des domaines de plus en plus variés et hétérogènes»,« de se propager » à travers eux." (pp.188-189)

    "L'autre, nous le portons en nous-même, non à la façon d'un double, d'un frère, d'un ange gardien ou d'une âme, mais comme anarchie, comme totalité indéterminée de l'être, comme réserve d'être, disait Gilbert Simondon, comme illimité dans la limite, dit le même et avant lui l'immense tradition taoïste ; un illimité dans la limite qui autorise les êtres humains à s'ouvrir à tous les possibles dont le réel est porteur, à découvrir, en s'associant aux autres, la puissance qu'ils portent en eux et à permettre ainsi l'expression émancipée de la totalité de ce qui est." (p.242)

    "La puissance dominatrice est doublement infirme et limitée, d'une part dans ce qu'elle interdit aux autres forces, d'autre part dans ce qu'elle s'empêche de produire elle-même par cette interdiction. À l'inverse, la puissance émancipatrice d'un être est celle qui, parvenant à briser le joug des contraintes qui s'imposent à elle, est à même, en s'associant librement à d'autres forces libres, de dépasser ses propres limites et de permettre le développement d'une puissance et donc d'une liberté toujours plus étendues." (p.255)

    "Pour Simondon « la Nature n'est pas le contraire de l'homme », puisque la spécificité de l'être humain réside justement dans la possibilité de faire retour à elle, à l'être dans sa totalité, de remobiliser la totalité des forces du dehors." (p.258)

    "Puissance du dehors [...] Parmi les philosophes contemporains, c'est sans doute Gilbert Simondon, en particulier avec les notions d'apeiron, de préindividuel ou d'indéterminé [...] qui s'efforce le plus nettement mais aussi de la façon la plus positive de sortir du cercle à la fois enchanté et vicieux de l'ordre existant, de la prison de l'humanisme, en refusant l'opposition entre culture et nature, entre humain et non-humain. C'est ainsi qu'on a pu, non sans raisons, lui reprocher, avec plus ou moins de virulence, son refus de l'« anthropologie » ; s'inquiéter de voir ses analyses déboucher sur « l'anarchie absolue des singularités et des ruptures que la pensée [ ... ] ne peut plus lier sérieusement », promouvoir un « sens éclaté en monades et en instants », « un univers éclaté, merveilleux et terrible, sans principe et sans foi, ou à l'infinité de principes et de fois », « un univers de l'infinitude des possibles - où rien n'est impossible ».

    Pour Simondon, comme pour la pensée libertaire et contre l'humanisme dominant, il s'agit bien en effet d'affirmer une spécificité de l'existence humaine qui réside justement dans sa capacité à s'ouvrir à l'autre, à ce qui n'est pas elle et donc ce qui n'est pas humain, à s'ouvrir sur le dehors qu'elle porte en elle, sur la puissance polymorphe de la nature ou de l'être, et à pouvoir ainsi créer sans cesse de nouvelles formes d'individuations ou de subjectivités [...] C'est pourquoi Simondon refuse l'anthropologie classique, là où, à l'inverse, il s'agit d'enfermer l'humanité dans les « limites immuables » d'une forteresse ou d'une « île », pour reprendre la formule de Kant, et de fonder la spécificité de l'être humain sur la lutte contre la nature qui l'entoure et qu'il porte en lui-même, contre le non-humain (ou le sauvage), et sur sa maîtrise. Pour Simondon « la Nature n'est pas le contraire de l'homme », puisque la spécificité de l'être humain réside justement dans la possibilité de faire retour à elle, à l'être dans sa totalité, de remobiliser la totalité des forces du dehors, les forces (« terribles », dirait Gilbert Hottois) de l'être comme réserve d'être, comme illimité dans la limite [...]

    Le projet philosophique de Simondon fait ainsi directement écho à la tâche que s'assignait Nietzsche quelque soixante-dix ans plus tôt : « Ma tâche : la déshumanisation de la nature et ensuite la naturalisation de l'homme, une fois acquis le pur concept de nature » ; cette nature que l'on croit extérieure à nous alors que nous la portons en nous-mêmes Simondon fait écho à la volonté de Nietzsche de libérer l'homme de sa propre prison, dans laquelle il prétend également enfermer le monde, sans le moindre « reste », en le capturant lui aussi dans les rets et la grossièreté de ses codes. Comme Simondon, Nietzsche prétend inventer d'autres perspectives, non plus les perspectives d'une « espèce d'homme bien déterminée » et « plus précisément : un instinct bien déterminé, l'instinct grégaire » (souligné par Nietzsche), à partir duquel l'homme « tente de parvenir à la domination », mais « les perspectives [ ... ] d'un être plus grand » ; les perspectives d'un être retrouvant en lui la puissance de l'indéterminé, la puissance du chaos : « Je vous le dis : il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir engendrer une étoile dansante. Je vous le dis : vous avez encore du chaos en vous. » [...]

    Qu'on la nomme chaos, indéterminé, apeiron, anarchie, ou d'un tout autre nom, la puissance du dehors est certes au centre de la pensée et du désir libertaires, de sa volonté de faire naître un autre monde, d'engendrer de nouvelles étoiles, mais elle est également un pari ou un défi qui n'est pas sans susciter beaucoup de doutes et d'angoisse." (pp.257-260)

    "En effet, contrairement aux images d'Épinal que l'on dresse trop souvent de lui - le bon sauvage, l'homme « naturellement » bon, corrompu par les artifices de la société, l'optimisme rousseauiste, la volonté de s'abandonner naïvement ou béatement aux désirs et autres impératifs de la Nature -, l'anarchisme n'est pas un naturalisme [...] et il n'est pas indifférent que son appel aux forces du « dehors » soit si souvent référé au désespoir et à l'anéantissement, aux « horizons lointains et terribles » dont parle Cœuderoy, au chaos et à la mort que symbolise de façon explicite la couleur de son drapeau [...] Le « dehors » auquel l'anarchisme fait appel est effectivement porteur à ses yeux d'une infinité d'autres possibles, d'agencements collectifs libérateurs et de subjectivités émancipatrices, mais tout autant de forces et d'identités oppressives et mortifères, et, plus encore, comme Guy Hottois craint de le percevoir chez Simondon, de forces aveugles et destructrices, « merveilleuses et terribles », « sans principe et sans foi », indifférentes aux effets de leur puissance.

    En aucun cas, et comme l'ensemble de ce lexique permet de le comprendre, l'anarchisme ne fait appel à une puissance originaire « naturellement » bénéfique, un élan vital, un sens de l'histoire (fût-il dialectique), une puissance créatrice ou déterminante (fût-elle rapportée, avec Marx, aux forces productives), qui, au contraire, pour la pensée libertaire, s'identifie forcément, sous toutes ces formes, au vieux mythe trompeur de la providence divine, aux illusions oppressives d'un principe premier et divin [...] Avant de correspondre, peut-être, un jour, à l'anarchie positive que les mouvements libertaires prétendent possible [...] à l'expression et à l'agencement émancipés de la totalité des forces dont le réel est porteur [...] le « dehors » auquel l'anarchisme fait appel relève d'abord du chaos, de l'indéterminé, de l'anarchie au sens premier ou originaire du terme, d'une puissance anarchique effectivement terrifiante ; comme chacun peut parfois l'éprouver et comme le souligne Gilbert Simondon dans un très beau texte sur l'angoisse, cette expérience où chacun découvre au fond de lui ce plus que soi-même dont il est porteur." (pp.261-262)

    "Ce risque et cette angoisse du dehors dont la pensée et l'action anarchiste sont porteuses, on les retrouve, et même si c'est d'une tout autre façon, dans le livre que Gilles Deleuze a écrit sur Foucault, là où la notion de puissance du dehors occupe la place d'un concept majeur. Dans le dernier chapitre, Deleuze, citant un texte célèbre de Foucault, s'interroge tout d'abord, et, apparemment, à l'inverse de Simondon, sur l'impuissance des êtres humains à sortir de la prison de leur humanité, à briser les murs enchantés et trompeurs de leur cachot ; comme s'ils se heurtaient à une sorte d'impossibilité : « [N]ous voilà bien, avec toujours la même incapacité à franchir la ligne, à passer de l'autre côté, à écouter et à faire entendre le langage qui vient d'ailleurs ou d'en bas; toujours le même choix, du côté du pouvoir, de ce qu'il dit ou fait dire ». Sans doute Foucault, comme le souligne Deleuze, pouvait-il au moins se dire à lui-même « que le pouvoir ne prend pas pour objectif la vie, sans révéler, sans susciter une vie qui résiste au pouvoir » ; ou encore « que la force du dehors ne cesse de bouleverser et de renverser les diagrammes ». « Mais que se passe-t-il, inversement [et comme le montre si souvent la moindre des expériences à volonté émancipatrice], si les rapports transversaux de résistance ne cessent de se re-stratifier, de rencontrer ou même de fabriquer des nœuds de pouvoir ? »" (p.263)

    "La violence de l'arrachement aux limites familières et rassurantes des rôles et des fonctions qui nous constituent présentement (comme mère de famille, comme informaticien, comme propriétaire et comme citoyen garantis par le droit, les préfectures et l'ordre social) n'est-elle pas pire que la prison dont nous voudrions sortir, dont nous pressentons pourtant tout ce qu'elle nous empêche de vivre ? « [ ... ] Comment franchir la ligne sans mourir ? Comment sortir de l'humain trop humain qui nous entrave et nous opprime sans se perdre définitivement ? Comment donner corps à une puissance du dehors qui ne soit pas une puissance de mort mais au contraire une puissance de vie ? Telles sont les questions auxquelles, chacun à sa façon, Simondon, Nietzsche, Foucault, et Deleuze à travers lui, se sont efforcés de répondre. Tel est le défi que la pensée et le mouvement libertaires, dans leurs moments les plus intenses - des événements insurrectionnels de 1848 aux journées de mai 1968, de la Commune de Paris à la Commune de Shanghai, des tragiques passages à l'acte des insurrections allemande et hongroise aux horizons meurtriers des révolutions russe et espagnole, en Ukraine, à Munich, à Cronstadt, à Budapest et à Barcelone-, n'ont jamais cessé de se lancer à eux-mêmes." (pp.264-265)

    "« Révolutionnaires anarchistes, disons-le hautement : nous n'avons d'espoir que dans le déluge humain ; nous n'avons d'avenir que dans le chaos ; nous n'avons de ressource que dans une guerre générale qui, mêlant toutes les races et brisant tous les rapports établis, retirera des mains des classes dominantes les instruments d'oppression avec lesquels elles violent les libertés acquises au prix du sang [...] quand chacun combattra pour sa propre cause, personne n'aura plus besoin d'être représenté ; au milieu de la confusion des langues, les avocats, les journalistes, les dictateurs de l'opinion perdront leurs discours. [...] De même pour le langage [...]. Les rapports plus intimes entre les nations amèneront l'échange des idiomes divers. On conversera dans des termes imparfaits, inachevés; on fera subir à la prononciation, à l'orthographe, à la grammaire d'innombrables altérations. Ainsi les langues actuelles seront envahies dans le sanctuaire de leurs règles absolues ; ainsi la confusion des peuples amènera la confusion des langues, l'anarchie dans la parole comme dans la pensée. »

    Sans doute, au sombre appel de Cœuderoy, écrit au lendemain de l'écrasement de l'insurrection de juin 1848, peut-on opposer l'ivresse euphorique des souvenirs de Bakounine sur les semaines révolutionnaires qui ont précédé le massacre des ouvriers parisiens ; mais dans une même perception de l'abolition de l'espace et du temps, de l'ordre existant, une perception non plus imaginaire et prospective mais positive et réelle.

    « Et au milieu de cette joie sans bornes, de cette ivresse, tous étaient [...] doux, humains, compatissants, honnêtes, modestes, polis, aimables et spirituels [...] ce fut un mois de griserie pour l'âme. Non seulement j'étais grisé mais tous l'étaient : les uns de leur peur folle, les autres de folle extase, d'espoirs insensés [...] j'aspirais par tous mes sens et par tous mes pores l'ivresse de l'atmosphère révoluti9nnaire. C'était une fête sans commencement et sans fin ; je voyais tout le monde et je ne voyais personne, car chaque individu se perdait dans la même foule innombrable et errante ; je parlais à tout le monde sans me rappeler ni mes paroles ni celles des autres, car l'attention était absorbée à chaque pas par des événements et des objets nouveaux, par des nouvelles inattendues. [...] Il semblait que l'univers entier fût renversé ; l'incroyable était devenu habituel, l'impossible possible, et le possible et l'habituel insensés. »" (pp.266-267)

    "Telles sont les questions auxquelles l'anarchisme n'a jamais cessé d'essayer de répondre : théoriquement, et non sans difficultés, en particulier à travers ce que Proudhon appellera l'anarchie positive ; pratiquement surtout, pendant une cinquantaine d'années et à une grande échelle, à travers les différentes expériences d'émancipation ouvrière qu'il est convenu de regrouper sous les termes de syndicalisme révolutionnaire et d' anarcho-syndicalisme, là où de nouvelles formes de subjectivité [...] se sont efforcées d'exprimer la puissance du réel." (p.272)

    "Comme le montre Simondon, les relations et la communication entre groupes et individus se limitent le plus souvent à dire et faire fonctionner les liens de soumission et d'extériorité qui les unissent dans le cadre des ordres dominants, à rendre opérants les rôles et les fonctions nécessaires à ces ordres ; comme ce devait être si longtemps le cas au sein de la troisième internationale. A ces relations fonctionnelles qu'il nomme « interindividuelles », Simondon oppose des relations qu'il appelle transindividuelles, parce qu'elles traversent les individus et les groupes en faisant appel à ce qui, dans ces individus et ces groupes, n'est pas réductible à ce qui les définit présentement comme individus et comme groupes, mais à ce qu'ils contiennent en eux comme plus qu'eux-mêmes, comme apeiron, et donc comme nouveauté, comme possibles révolutionnaires." (pp.304-305)

    "Pour Simondon, le « sujet est plus qu'individu ». En d'autres termes, il ne s'identifie pas aux fonctions, identités, dénominations et rôles (familiaux, professionnels, ethniques, religieux, personnels, etc.) constitutifs des individus dans un cadre donné et en fonction de ce seul cadre. Il est porteur de la totalité de la puissance de ce qui est, cette puissance que tout ordre social tente de réduire, de fixer et de dominer. Il est porteur de l'autre de cet ordre (voir autre et analogie), de son dehors [...] Comme l''écrit Simondon, « le sujet est l'ensemble formé par l'individu individué et l' apeiron qu'il porte en lui. » (pp.313-314)

    "Vital (vitalisme, élan vital, vitalisme politique) (voir nature, vie et puissance du dehors). Parce que l'anarchisme se réclame très souvent de la vie, en particulier chez Bakounine, et que son expression ouvrière a pu, avec beaucoup de raisons, être rapprochée de Bergson et de Nietzsche, on pourrait être tenté, beaucoup trop rapidement, de l'assimiler à une forme particulièrement évidente de vitalisme politique. L'anarchisme n'a pourtant rien à voir avec le vitalisme et ce que l'on entend généralement par ce mot. La vie dont il se veut l'expression n'est en rien réductible à une vision biologique ou organique de la réalité. Elle renvoie d'abord à la puissance de l'être dont le vivant proprement dit n'est qu'une des manifestations particulières [...] Synonyme de force et de différences entre forces, la vie anarchiste peut, de ce point de vue, être rapportée à la notion d'« énergie potentielle» telle que l'entend Gilbert Simondon, ou encore, au plus près du vocabulaire libertaire, de « l'énergie » telle que la conçoit Gabriel Tarde, là où sous la forme d'un « élan » « irrésistible », « anarchique, démiurge, protéiforme », la vie déborde sans cesse tout ordre, fût-il celui des êtres vivants, tous « types » ordonnés et stables." (p.350)
    -Daniel Colson, Petit lexique philosophique de l'anarchisme. De Proudhon à Deleuze, Librairie Générale Française, 2001, 378 pages.

    Simondon est cité 111 fois.

    p.257: puissance du dehors.




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