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    Anna Trespeuch, L' Internationale situationniste : d'autres horizons de révolte

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Anna Trespeuch, L' Internationale situationniste : d'autres horizons de révolte Empty Anna Trespeuch, L' Internationale situationniste : d'autres horizons de révolte

    Message par Johnathan R. Razorback Lun 27 Déc - 23:27

    https://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-temps-2009-2-page-10.htm

    "Au début des années soixante, Guy Debord, le chef de file de l’Internationale situationniste, cherche à l’extraire du milieu artistique européen dans lequel elle est née en 1957. Organisation internationale, l’IS est tournée vers l’étranger. D’une part, les situationnistes y cherchent les signes d’une révolution qui, dans leur perspective marxiste, doit prendre une dimension mondiale. D’autre part, ils sont en quête de contacts avec des groupes radicaux pour diffuser leurs idées, voire établir des collaborations. Toutefois leur réseau stricto sensu demeure volontairement étroit, et, à Paris, en mai 1968, le poids numérique de ces théoriciens est faible."

    "On trouve la trace de contacts entre la France, l’Angleterre et les États-Unis dans une revue new-yorkaise de décembre 1966. Le groupe Black Mask à la revue éponyme se présente comme un gang de rue anarchiste, héritier de Dada. Son leader, Ben Morea, rapproche leur action de celle des Rebel Workers de Chicago et du Resurgence Youth Movement new-yorkais mais aussi de celle des situationnistes parisiens et du groupe Heatwave de Londres.

    Les Rebel Workers sont de jeunes « drop-out », qui se revendiquent à la fois de l’anarcho-syndicalisme des Industrial Workers of the World et du surréalisme. Ils sont en contact avec des groupes étrangers : Solidarity de Londres, les Zengakuren au Japon, les Provos hollandais, les Écossais Against War. En 1965-1966, deux de ses représentants, Penelope et Franklin Rosemont, viennent en Europe. À Paris, ils réalisent leur rêve : rencontrer André Breton. Leur admiration pour le surréalisme ternit leur image auprès de Guy Debord qui cherche alors à établir une section situationniste aux États-Unis. Franklin Rosemont témoigne qu’ils ont vécu leur rencontre avec le leader situationniste comme un véritable entretien de recrutement, qui échoue.

    Si la collaboration de l’IS avec les Rebel Workers achoppe sur la question surréaliste, elle est engagée en revanche pendant un an avec Charles Radcliffe et Christopher Gray du groupe Heatwave. En effet, ils deviennent membres d’une nouvelle « section britannique » situationniste, d’octobre 1966 à décembre 1967. Le n° 1 de Heatwave, sorti en juillet 1966, se définit comme une revue expérimentale libertaire, en quête de théories remettant en cause l’exploitation et l’autoritarisme."

    "Depuis 1963, Guy Debord reçoit régulièrement chez lui des délégués du mouvement Zengakuren japonais. Les situationnistes sont admiratifs de ces étudiants qui mobilisent leurs camarades casqués, masqués, armées de longues piques de bambou et manœuvrant au sifflet. Mais ils dialoguent avec la fraction la plus radicale, la Ligue communiste révolutionnaire. Outre leurs longues discussions, les Japonais et les Français s’échangent des références bibliographiques et leurs textes qu’ils publient dans leurs revues respectives.

    Guy Debord évoque également en 1965 l’intérêt qu’il porte à « certaines activités de minorités radicales » auxquelles il veut « faire passer [...] le niveau de critique » défini par l’IS. Il nomme le Frente de liberación popular (FLP) en Espagne ainsi que des étudiants congolais partisans de Pierre Mulele, un proche du défunt Patrice Lumumba."

    "La révolution prônée par ces groupes n’est pas celle d’une prise du pouvoir étatique, mais relève davantage de ce que la presse ou la police rangent sous la catégorie anarchiste. Ils reviennent aux projets de « Socialisme par le bas », développés au XIXe siècle par les utopistes, à l’instar du mutuellisme proudhonien ou des phalanstères fouriéristes. Dans cette nouvelle société, la vie au quotidien devrait laisser s’exprimer la créativité, les passions et le jeu."

    "En juillet 1960, Guy Debord rédige avec un des membres de Socialisme ou Barbarie, Daniel Blanchard, un texte : Préliminaires en vue de définir un programme unitaire révolutionnaire."

    "Le panthéon révolutionnaire de ces extrêmes gauches ne contient donc pas les icônes de Mao ou du Che, mais celles des Communards parisiens de 1871 ou celles des révolutionnaires hongrois de 1956."

    "Ils tentent de susciter la formation de conseils ouvriers en formant eux-mêmes à la Sorbonne un Comité pour le maintien des occupations (CMDO). Ce Comité fonctionne sur le modèle conseilliste et il est ouvert aux compagnons de route étudiants et travailleurs. Il compte une quarantaine de membres. Ils cherchent à établir une liaison avec les ouvriers grévistes qui occupent leurs usines."

    "Aux États-Unis, l’ex-situationniste Tony Verlaan crée en avril 1971 le groupe Create Situation. Ils travaillent beaucoup sur la création d’affiches, qui utilisent le procédé de collages et détournements d’images. Leurs textes, qui prennent la forme de phylactères ou de légendes, appellent à la grève sauvage, à la formation de conseils ouvriers et ils sont les critiques infatigables des régimes maoïste, castriste et soviétique."
    -Anna Trespeuch, « L' Internationale situationniste : d'autres horizons de révolte », Matériaux pour l’histoire de notre temps, 2009/2 (N° 94), p. 10-15. DOI : 10.3917/mate.094.0003. URL : https://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-temps-2009-2-page-10.htm



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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