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    Michalis Lianos, Une politique expérientielle. Les Gilets Jaunes en tant que peuple

    Johnathan R. Razorback
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    Michalis Lianos, Une politique expérientielle. Les Gilets Jaunes en tant que peuple Empty Michalis Lianos, Une politique expérientielle. Les Gilets Jaunes en tant que peuple

    Message par Johnathan R. Razorback Lun 17 Jan - 14:39


    "Ils ne sont pas les plus revendicatifs sur le plan de la politique partisane, pour une très grande partie, il s’agit de leur première mobilisation. Ils assument leur condition socioéconomique et leur tolérance des inégalités sociales. Ils ont appris à y faire face sans se plaindre et maintenant cela n’est plus possible. C’est là une source profonde de leur indignation, être mis dans l’obligation de demander quelque chose à d’autres tandis qu’ils ont toujours fait tout leur possible pour s’en sortir sans rien demander à personne. Il faut avoir une socialisation de classe populaire pour comprendre l’importance capitale de cette autonomie.

    Il est à noter que même les catégories sociales les moins représentées, par exemple les étudiant.e.s ou les personnes plus aisées, érigent largement leur posture sur le même socle de respect et de dignité en se référant à des personnes qu’ils connaissent dans leur famille ou leur cercle d’amis.

    Finalement, nous avons une petite minorité de jeunes personnes venant des banlieues populaires de Paris qui appartiennent souvent à des minorités raciales. Leur colère est souvent différente, particulièrement dirigée contre la police dont ils veulent contester l’emprise spatiale et symbolique. La nostalgie d’une vie calme et digne n’est naturellement pas aussi présente chez eux. La vengeance contre l’ordre social est plus présente, vengeance à laquelle ils n’ont pas besoin de donner une forme idéologique, car ils se comprennent entre eux et se tiennent à l’écart des interactions avec les gilets jaunes stricto sensu. Restent en nombre infime les fidèles de la révolution et de l’insurrection, souvent perplexes devant une réalité de contestation sociopolitique puissante qui n’a aucun besoin d’eux et qui ignore en vérité leur existence."

    "La plupart d’entre eux ne voulaient pas au début du mouvement diriger le pays, ils voulaient être bien dirigé.e.s en gardant une vie « normale » capable de maintenir une identité sociale qui leur paraitrait adéquate. Le « pouvoir d’achat » signifie vivre de son travail sans devoir se passer de chauffage, en allant avec leurs enfants au cinéma une fois par mois suivi par un dîner dans le restaurant modeste d’une chaîne, sans s’endetter et mettre en péril leur logement ou leur commerce. Or, ils ont évolué pendant ce mois de mobilisation en pensant de plus en plus qu’il est impossible de faire comprendre leur situation à ceux qui sont dans une autre situation, ce qui renforce le lien ’objectif’ entre eux. La compréhension réciproque de leur condition socioéconomique suffit, ils n’ont pas besoin de la représenter dans une polarisation donnée gauche-droite pour la partager."

    "Les gilets jaunes rejettent de façon très rigide une posture d’exclu, de victime, d’exploité, de perdant."

    "[Lundi matin]: On a l’impression que les gilets jaunes sont venus de nulle part, qu’ils n’ont aucune histoire politique, aucun héritage idéologique, ce qui semble objectivement impossible."
    -Michalis Lianos, Une politique expérientielle. Les Gilets Jaunes en tant que "peuple", 19 décembre 2018: https://lundi.am/Une-politique-experientielle-Les-gilets-jaunes-en-tant-que-peuple





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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

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