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    Matt Huber, Une politique écologique pour la classe travailleuse

    Johnathan R. Razorback
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    Matt Huber, Une politique écologique pour la classe travailleuse Empty Matt Huber, Une politique écologique pour la classe travailleuse

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 31 Mar - 13:37

    "Étant donné que l’environnementalisme axé sur le mode de vie blâme la consommation de marchandises – et que la grande majorité de la société (c’est-à-dire la classe travailleuse) dépend des marchandises pour survivre – il ne séduit qu’une base très étroite de personnes aisées qui non seulement mènent une vie relativement confortable de classe moyenne, mais se sentent également coupables de le faire. Sous le néolibéralisme en particulier, la majeure partie de la population ne se sent pas coupable ou complice de sa consommation, mais contrainte par de sévères limitations de l’accès aux éléments de base de la survie."

    "L’environnementalisme des moyens d’existence est souvent considéré comme l’opposé de l’environnementalisme des modes de vie, mais son orientation académique émerge des fondements de ce dernier. C’est la désaffection pour la société marchande de masse qui envoie le regard de l’universitaire radical vers les marges de la société à la recherche de la “vraie” lutte environnementale.

    L’environnementalisme des moyens d’existence est en effet une forme beaucoup plus attrayante de politique ancrée dans les intérêts matériels de groupes spécifiques. En fétichisant la relation directe vécue avec ce qui est considéré comme l’environnement réel (terre, ressources, pollution), il élude la manière dont nous pourrions construire une politique environnementale pour la majorité de la société déjà dépossédée de la terre et dépendante de l’argent et des marchandises pour survivre."

    "La théorie de la souveraineté du consommateur suppose que les producteurs sont captifs des demandes des consommateurs, voire qu’ils ne font que répondre à ces derniers – plutôt que ce qui est en fait le cas : la production contraint les choix de consommation. Une grande partie de la consommation (comme la conduite automobile) n’est pas un “choix” mais une nécessité de la reproduction sociale (se rendre au travail).

    En outre, lorsque nous choisissons des produits de base, nous ne pouvons choisir que ceux dont la production est rentable en premier lieu. Une contradiction des produits écologiquement durables » (avec des empreintes plus faibles) est qu’ils sont souvent plus chers.
    La véritable question que l’on doit se poser est la suivante : qui, selon nous, détient le véritable pouvoir sur les ressources économiques de la société ? La théorie de la souveraineté du consommateur suggère que ce sont les préférences des consommateurs qui déterminent en fin de compte les décisions de production – le pouvoir est diffus et éparpillé entre les consommateurs individuels. Mais en fait, le pouvoir sur l’économie n’est pas diffus, mais concentré entre les mains de ceux qui contrôlent les ressources productives.

    L’idéologie de l’empreinte intériorise l’ancienne vision du pouvoir diffus des consommateurs. L’un des principaux analystes de l’inégalité des émissions de carbone, Kevin Ummel, révèle que c’est exactement la façon dont il imagine la relation de cause-à-effet : « L’objectif est de faire remonter les émissions jusqu’aux choix de consommation des ménages qui ont finalement conduit à leur production. »

    L’intuition centrale de l’analyse de l’empreinte écologique est que les choix de consommation – c’est-à-dire les modes de vie – sont à l’origine de la crise écologique. La conclusion est claire : une politique de moindre consommation."
    "Poussée à l’extrême, toute demande de classe pour, par exemple, des salaires plus élevés, signifierait nécessairement une “empreinte” plus importante. La politique environnementale est devenue – par conception – une politique de limites et de moins."
    "Si les modes de vie des consommateurs étaient à blâmer, une politique environnementale authentique ne pouvait se construire qu’en se séparant de cette société de marchandises de masse."

    "L’autre littérature académique radicale extrêmement populaire est la justice environnementale."
    -Matt Huber, "Une politique écologique pour la classe travailleuse", Contretemps, 31 mars 2022: https://www.contretemps.eu/politique-ecologique-classe-ouvriere-huber/






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