« Le terminal à domicile, c’est pratiquement chose faite si l’on considère qu’en 1985 un mini-ordinateur vaut environ cinq mille francs (et les prix baisseront à mesure que croître la demande). » (p.7)
« L’image qui apparaît sur l’écran de télévision (que nous appellerons image numérisée), qu’elle soit fournie par l’informatique, la télématique (c’est l’image numérisée) ou la vidéo. C’est aussi l’image imprimée, la gravure, le tableau, la photo, la bande dessinée, l’affiche ou le photogramme cinématographique. » (p.7)
[I. L’image en soi]
[1. Qualités, pouvoirs, impact et mesures de l’image.]
« La différence entre le modèle (référent) et sa représentation peut être notable : angle de prises de vues, cadrage, éclairage, trucage, pose, etc., traduisent une interprétation en transformant le modèle. […] Des matériaux fort différents peuvent la constituer : mosaïque, vitraux, gemmail, collages, compositions modernes à base de matière plastique voire de métaux divers, enseignes lumineuses sont aussi des images. » (p.20)
« Elle est universelle (donc accessible aux analphabètes, aux étrangers, etc.). […]
Elle apporte des informations nombreuses à la différence du mot qui ne renseigne pas autant –voir pas du tout- sur le référent si on ne possède pas le code, c’est-à-dire la langue.
Elle est quasi-immédiate, c’est-à-dire perçue instantanément, contrairement au discours qui exige un minimum de temps de lecture.
Elle globale, c’est-à-dire perçue dans son ensemble. Sa perception est une démarche synthétique (l’analyse viendra après) alors que le discours est analytique et formé d’unités discrètes (ce qui est rarement le cas de l’image).
[…] Elle est polysémique : certains clichés suscitent des interprétations fort différentes […] Cette subjectivité peut être double, c’est-à-dire s’appliquer à celui qui émet ou suscite ou crée l’image aussi bien qu’à celui qui la reçoit -autrement dit, cette subjectivité affecte les deux pôles de la communication émetteur et récepteur ou destinateur et destinataire. En fait, on peut dire que l’émetteur et le récepteur sont les co-auteurs du message. […]
La bonne image publicitaire est celle dans laquelle les deux subjectivités se rejoignent. Quand cela ne se produit pas, le message publicitaire passe mal. » (pp.20-23)
« Valeur rituelle et magique : c’est un double qui est supposé renfermer l’âme du sujet. Le représenter, c’est donner la possibilité qu’on lui prenne son âme. L’allégorie du conte philosophique de Dorian Gray est fondée sur cette croyance fantastique. On sait que l’Islam n’admet pas la représentation d’être animé (d’où les motifs de décoration uniquement géométrique ou floraux dans les pays de civilisation musulmane, où certains indigènes refusent souvent de se laisser photographier).
Cela explique l’iconoclastie ou destruction des images saintes : contre l’invasion des « idoles », Moïse interdit le culte des images qui fut rétabli par le concile de Nicée en 787 puis réfuté par les Cathares au XIIe siècle et les protestants au XVIe siècle. Il fut rétablit ensuite par le Concile de Trente de 1563. […]
Étant magique, elle a une valeur en soi car on s’aperçoit en se référant à l’antiquité protohistorique (Lascaux), égyptienne (intérieur des pyramides), gréco-romaine (intérieur des temples, mosaïques de Ravenne), que l’image n’était pas forcément faite pour être regardée puisque les images auxquelles nous faisons allusion étaient non éclairées (grottes préhistoriques, Ravenne) ou enfermées (tombeaux, temple, pyramides). » (p.23)
« L’image peut « prendre aux tripes », la photo d’un enfant mourant de faim dans le Sahel a une valeur émotive que n’aura jamais le récit. » (p.23)
« Elle peut aussi offrir une représentation de ce qui n’existe pas. C’est l’image impossible. » (p.24)
« Elle ressemble à l’objet représenté, au référent, alors que le mot (sauf cas d’onomatopées) ne lui ressemble pas car le signe verbal est conventionnel. On dit qu’elle est « motivée ». […]
Cela nous amène au degré d’iconicité. Lorsque l’image est référentielle, elle ressemble à l’objet de manière évidente, lorsqu’elle est abstraite, beaucoup moins. Le degré de ressemblance avec le référent est appelé degré d’iconicité et est inversement proportionnel au degré d’abstraction ou de schématisation. » (p.24)
« La valeur de l’image peut également différer selon qu’elle est seule ou en séquence (phénomène d’effet séquentiel résultant du montage par juxtaposition d’images qui en augmente la valeur connotative).
Tout le monde connaît cette séquence des Temps modernes de Chaplin où l’on voit un troupeau de moutons, puis des ouvriers entrant à l’usine. Le sens de la deuxième image est donné par le rapprochemment avec la première. » (p.25)
« La partie perçue la plus rapidement dans une image est dans le ¼ inférieur gauche. » (p.25)
« La visibilité de chaque couleur est moindre quand elle est associée à d’autres. » (p.26)
[3. Décrypter l’image]
(pp.49-53)
-Yveline Baticle, Clés et codes de l’image, Paris, Éditions Magnard, 1985, 421 pages.
« L’image qui apparaît sur l’écran de télévision (que nous appellerons image numérisée), qu’elle soit fournie par l’informatique, la télématique (c’est l’image numérisée) ou la vidéo. C’est aussi l’image imprimée, la gravure, le tableau, la photo, la bande dessinée, l’affiche ou le photogramme cinématographique. » (p.7)
[I. L’image en soi]
[1. Qualités, pouvoirs, impact et mesures de l’image.]
« La différence entre le modèle (référent) et sa représentation peut être notable : angle de prises de vues, cadrage, éclairage, trucage, pose, etc., traduisent une interprétation en transformant le modèle. […] Des matériaux fort différents peuvent la constituer : mosaïque, vitraux, gemmail, collages, compositions modernes à base de matière plastique voire de métaux divers, enseignes lumineuses sont aussi des images. » (p.20)
« Elle est universelle (donc accessible aux analphabètes, aux étrangers, etc.). […]
Elle apporte des informations nombreuses à la différence du mot qui ne renseigne pas autant –voir pas du tout- sur le référent si on ne possède pas le code, c’est-à-dire la langue.
Elle est quasi-immédiate, c’est-à-dire perçue instantanément, contrairement au discours qui exige un minimum de temps de lecture.
Elle globale, c’est-à-dire perçue dans son ensemble. Sa perception est une démarche synthétique (l’analyse viendra après) alors que le discours est analytique et formé d’unités discrètes (ce qui est rarement le cas de l’image).
[…] Elle est polysémique : certains clichés suscitent des interprétations fort différentes […] Cette subjectivité peut être double, c’est-à-dire s’appliquer à celui qui émet ou suscite ou crée l’image aussi bien qu’à celui qui la reçoit -autrement dit, cette subjectivité affecte les deux pôles de la communication émetteur et récepteur ou destinateur et destinataire. En fait, on peut dire que l’émetteur et le récepteur sont les co-auteurs du message. […]
La bonne image publicitaire est celle dans laquelle les deux subjectivités se rejoignent. Quand cela ne se produit pas, le message publicitaire passe mal. » (pp.20-23)
« Valeur rituelle et magique : c’est un double qui est supposé renfermer l’âme du sujet. Le représenter, c’est donner la possibilité qu’on lui prenne son âme. L’allégorie du conte philosophique de Dorian Gray est fondée sur cette croyance fantastique. On sait que l’Islam n’admet pas la représentation d’être animé (d’où les motifs de décoration uniquement géométrique ou floraux dans les pays de civilisation musulmane, où certains indigènes refusent souvent de se laisser photographier).
Cela explique l’iconoclastie ou destruction des images saintes : contre l’invasion des « idoles », Moïse interdit le culte des images qui fut rétabli par le concile de Nicée en 787 puis réfuté par les Cathares au XIIe siècle et les protestants au XVIe siècle. Il fut rétablit ensuite par le Concile de Trente de 1563. […]
Étant magique, elle a une valeur en soi car on s’aperçoit en se référant à l’antiquité protohistorique (Lascaux), égyptienne (intérieur des pyramides), gréco-romaine (intérieur des temples, mosaïques de Ravenne), que l’image n’était pas forcément faite pour être regardée puisque les images auxquelles nous faisons allusion étaient non éclairées (grottes préhistoriques, Ravenne) ou enfermées (tombeaux, temple, pyramides). » (p.23)
« L’image peut « prendre aux tripes », la photo d’un enfant mourant de faim dans le Sahel a une valeur émotive que n’aura jamais le récit. » (p.23)
« Elle peut aussi offrir une représentation de ce qui n’existe pas. C’est l’image impossible. » (p.24)
« Elle ressemble à l’objet représenté, au référent, alors que le mot (sauf cas d’onomatopées) ne lui ressemble pas car le signe verbal est conventionnel. On dit qu’elle est « motivée ». […]
Cela nous amène au degré d’iconicité. Lorsque l’image est référentielle, elle ressemble à l’objet de manière évidente, lorsqu’elle est abstraite, beaucoup moins. Le degré de ressemblance avec le référent est appelé degré d’iconicité et est inversement proportionnel au degré d’abstraction ou de schématisation. » (p.24)
« La valeur de l’image peut également différer selon qu’elle est seule ou en séquence (phénomène d’effet séquentiel résultant du montage par juxtaposition d’images qui en augmente la valeur connotative).
Tout le monde connaît cette séquence des Temps modernes de Chaplin où l’on voit un troupeau de moutons, puis des ouvriers entrant à l’usine. Le sens de la deuxième image est donné par le rapprochemment avec la première. » (p.25)
« La partie perçue la plus rapidement dans une image est dans le ¼ inférieur gauche. » (p.25)
« La visibilité de chaque couleur est moindre quand elle est associée à d’autres. » (p.26)
[3. Décrypter l’image]
(pp.49-53)
-Yveline Baticle, Clés et codes de l’image, Paris, Éditions Magnard, 1985, 421 pages.