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    Abdurrahmân Badawî, Histoire de la Philosophie en Islam

    Johnathan R. Razorback
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    Abdurrahmân Badawî, Histoire de la Philosophie en Islam Empty Abdurrahmân Badawî, Histoire de la Philosophie en Islam

    Message par Johnathan R. Razorback Mer 1 Juin - 19:32

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Abdurrahm%C3%A2n_Badaw%C3%AE?tableofcontents=1

    https://fr.book4you.org/book/5477535/904b6d

    "Disent les adversaires du kalâm, les croyances sont établies par le Coran, élucidées par la Tradition du Prophète — quel besoin a-t-on de les prouver par la raison? En quoi donc différerait le kalâm de la métaphysique, si tous deux doivent suivre la raison et procéder rationnellement ? La théologie reçoit les croyances du Livre Saint ; elle ne les établit pas préalablement et rationnellement, comme le fait la métaphysique. Il semble qu'on a conçu différemment le rôle de la théologie en Islam dans les quatre premiers siècles de l'hégire, par rapport aux siècles ultérieurs, et selon les différents systèmes.

    Dans la première époque, on conçut la théologie comme une science d'acquisition, et non pas seulement de défense des croyances. Cela ressort de ce que rapporte Abu Çayyân al-Tawhîdî (m. en 410 h. / 1019 a. d.) dans son livre Thamarâl al-'ulûml. Il dit que le kalftm est la considération des principes de la religion, selon la raison pure, et s'occupe du bien et du mal, du vrai et du faux, de l'obligatoire et du permis, du juste et de l'injuste, de l'unicité de Dieu et de l'impiété. Cette considération est divisée en deux : une partie s'attache aux questions subtiles, qui sont du ressort de la raison, et une autre touche aux grandes questions, qui demandent le recours au livre divin. Ceux qui y participent se distinguent par leurs degrés d'application dans la recherche, la spéculation, la polémique et la force de conviction. Leurs luttes sont égales, chacun essuyant une défaite ou remportant un succès. Cette définition de Tawhîdî implique donc que le kalâm cherche les principes de la religion d'une manière rationnelle, procède aux grandes questions après. Il vise donc à comprendre le contenu de la foi, il n'est pas seulement apologétique.

    Aussi rejetons-nous la thèse de L. Gardet, selon laquelle nous n'avons pas en Islam une équivalence exacte de cette « intelligence de la foi » constituée en discipline autonome. Le kalâm... est l'apologie défensive de l'Islam. Sa perspective ne recoupe ni en compréhension, ni en extension celle de la théologie de chrétienté. En compréhension : les manuels musulmans sont soucieux d'une « défense » plus que d'une « intelligence » de la foi. En chrétienté, cette « défense de la foi » (apologétique) est comme le préambule critique de la théologie. En Islam, et de l'aveu des auteurs eux-mêmes, elle devient l'objet propre du kalâm. La fonction illuminative, qui est première en théologie chrétienne, l'effort de l'intelligence illuminée par la foi pour entrer dans le mystère comme mystère et saisir les connexions intelligibles du donné révélé, n'apparaît en kalâm que par éclairs. Elle n'est pas voulue pour elle-même. Le kalâm s'adresse à l'adversaire, ou au croyant habité par le doute, pour le convaincre du bien-fondé rationnel et scripturaire de la foi musulmane. [...]

    Grande époque de la théologie musulmane (IIIe-VIe siècles de l'hégire = ixe-xne de l'ère chrétienne) ; c'est-à-dire elle s'applique, en gros et avec toutes les réserves, à l'époque de décadence et de sclérose de la théologie musulmane. Les Mu'tazilites (Abû al-Hudhail, Nazzâm, les deux Jubbâ'î, le qâdî 'Abd al-Jabbâr), même les grands ash'arites — comme nous allons le voir au cours de cet ouvrage —- s'appliquaient à prouver — préalablement à toute donnée scripturaire — les croyances musulmanes. Il suffit de parcourir les livres d'al-qâdi 'Abd al-Jabbâr, pour voir jusqu'à quel point on est allé dans ce sens, les données du Coran ne venant qu'en second rang et même comme un ornement. Même 'Abd al-Qâhir al-Baghdâdi, le sunnite notoire et grand adversaire de tous les autres systèmes, nous donne dans son Usai al-dîn les preuves rationnelles en premier lieu et comme si elles suffisent à elles-mêmes sans recours aux données scripturaires." (pp.9-10)

    "Pourquoi donc demander à la théologie musulmane de comprendre une morale ?" (p.11)

    "Al-Ash'arî, et tous les ash'arites en général, professent que la spéculation rationnelle en matière de religion est un devoir établi par la religion. Dawwâni nous en donne les raisons : Il faut de toute nécessité adorer Dieu. Or, aucune adoration ne peut être conçue sans la connaissance de celui qui est l'objet de cette adoration. Donc, connaître Dieu est nécessaire. Puisque cette connaissance dépend de la spéculation rationnelle, celle-ci est nécessaire aussi. C'est ainsi que même les ash'arites, qui sont très conservateurs par rapport aux autres systèmes, justifient l'édification et la pratique de la science de kalâm ou théologie musulmane." (pp.15-16)

    "Question centrale autour de laquelle les plus vives — et les plus sanglantes — discussions ont été soulevées était la question de savoir si la Parole divine est créée, ou non créée. Nous ne trouvons pas ce terme avant al-Jâhiz (mort en 255 h.). Il a vécu au milieu de la plus sanglante bataille religieuse qu'ait jamais connue l'Islam : la bataille de la « création du Coran » comme on l'appelle. Aussi estimons-nous que l'emploi de ce terme remonte à la première moitié du me siècle de l'hégire (ixe chrét.). Dans les ouvrages d'al-Shâfi'î (m. en
    204) on ne trouve pas les deux termes : kalâm et mutakallim ( = théologien). On a dû employer ces deux termes quand cette affaire de la création ou non-création du Coran battait son plein. Nous savons qu'al Ma'mûn (m. 218), al-Mu'tasim (m. 227) et al-Wâthiq (m. 232) imposaient la croyance de la création du Coran à l'ensemble de l'Islam, qu'Ibn Hanbal
    qui n'y croyait pas a été emprisonné et persécuté, qu'il fallait attendre l'arrivée sur le trône de Califat d'al-Mutawakkil (en 847, a.d.) pour renverser la situation et ériger en dogme d'état la non-création du Coran." (p.16)

    "Nous allons limiter les courants fondamentaux de la théologie musulmane aux deux systèmes suivants :
    a) Les Mu'tazilah ;
    b) Les Ash'arites ;" (p.17)

    "Ce sont les premiers mu'tazilites eux-mêmes qui ont choisi ce nom, ou du moins l'ont accepté, dans le sens de « neutres » entre les sunnites et les khârigites dans la question politico-religieuse de : fâsiq (= celui qui commet un péché capital) : est-il un infidèle damné éternellement en enfer, comme disent les Khârigites, ou bien croyant ayant péché et qui sera châtié selon la gravité de son péché, ou bien enfin est-il dans un état intermédiaire comme le soutiennent les Mu'tazilites ?

    Cette question était l'une des plus graves questions, dans le premier tiers du ne siècle de l'hégire (vme siècle de l'ère chrétienne), par suite des luttes politiques et des guerres civiles qui avaient commencé par la lutte entre 'Alî et Mu'âwyah pour le califat. Il est naturel que le nom de « mu'tazilah » vient du langage politique de cette époque. Les nouveaux mu'tazilites théologiens furent les continuateurs, dans le domaine de la spéculation théologique, des mu'tazilites politiques, qui ont adopté une attitude neutre dans le conflit entre les partisans d"Ali et ceux de Mu'âwyah, d'abord, et entre les partisans de la descendance de 'Ali et les califes omayyades, ensuite." (p.18)

    "On peut diviser les mu'tazilites en deux grandes écoles : l'école de Bassorah, et l'école de Baghdâd." (p.22)

    "
    (pp.23-24)
    -Abdurrahmân Badawî, Histoire de la Philosophie en Islam. Tome 1: Les philosophes théologiens, Vrin, 1972, 886 pages.



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