"Alors que les vacances touchent à leur fin, un certain nombre de Parisiens sur le retour vont caresser, comme chaque année, l'idée de déménager, quelque part où les logements seraient plus accessibles, les déplacements plus faciles et les rues moins bruyantes.
Enquête d'opinion après enquête d'opinion, les mêmes destinations « préférées » reviennent invariablement, en particulier dans un rituel sondage cadreemploi.fr, réalisé presque chaque année : Bordeaux, Lyon, Nantes, Toulouse, Montpellier, Nice, Aix-Marseille, Rennes, etc. En résumé, la côte atlantique et le pourtour méditerranéen trustent les suffrages.
Savoir où partent réellement les Parisiens est une autre affaire. L'Insee l'a déterminé en dépouillant les données du recensement. Il en ressort que la première destination des Parisiens qui déménagent est? Paris. En 2019, dernière année pour laquelle les chiffres détaillés sont disponibles dans la base des migrations résidentielles, ils ont été 71 300 à changer d'arrondissement, sans compter ceux qui ont déménagé dans le même arrondissement.
Vient ensuite la banlieue, au sens large. Toujours en 2019, 72 300 Parisiens se sont déplacés vers un autre département francilien. Les Hauts-de-Seine sont de très loin le département le plus attractif. Quand un ménage parisien s'en va, une fois sur cinq, c'est pour prendre la direction du 92 (20,9 % des déménagements exactement), suivi du 93 et du 94, presque à égalité, avec un peu plus de 12 % des déménagements. Les Yvelines sont au pied du podium (4,4 %). Les autres départements franciliens, Essonne, Val-d'Oise et Seine-et-Marne, attirent sensiblement moins les Parisiens, captant de 2,7 % à 2,2 % des déménagements. Le constat en recoupe un autre, souvent fait par les démographes et les aménageurs : une grande part des habitants de ces trois départements mènent leur existence à l'écart de l'agglomération parisienne.
Du côté des destinations plus lointaines, synonymes de réelles ruptures dans le mode de vie, on retrouve le Rhône, la Gironde, les Bouches-du-Rhône, la Loire-Atlantique, les Alpes-Maritimes, la Haute-Garonne, l'Ille-et-Vilaine, suivis de l'Hérault et du Nord, ces deux derniers parfaitement à égalité en termes d'attraction ! Le pouvoir de séduction du département le plus peuplé de France (2,6 millions d'habitants) est sous-estimé. En réalité, dans les sondages, Lille (1 600 heures d'ensoleillement annuel contre 2 700 à Montpellier) revient souvent dans les dix villes qui attirent les Parisiens.
Dans les grandes lignes, il y a donc correspondance entre la mobilité rêvée et la mobilité réelle, mais avec un sérieux bémol : les départs ne sont finalement pas si nombreux. En 2019, exactement 2 806 Parisiens âgés de plus d'un an sont devenus lyonnais et 2 171, nantais. Dans ce dernier cas, la masse des néo-Nantais en provenance des trois principales communes voisines (Saint-Herblain, Rezé et Orvault) surpassait largement celle des Parisiens. Personne, pour autant, ne les accuse de faire flamber les prix de l'immobilier, reproche souvent adressé aux envahisseurs de la capitale.
Ces derniers sont-ils vraiment assez nombreux pour déstabiliser les marchés immobiliers des métropoles régionales ? À raison de 2,19 personnes par ménage (moyenne nationale), les 1 933 ex-Parisiens enregistrés en 2019 sur Bordeaux occuperaient moins de 900 logements, dans une ville qui en compte plus de 100 000. C'est un peu léger pour constituer la masse critique qui a fait exploser le marché (près de 40 % de hausse entre 2015 et 2020).
Dans les grandes lignes, il y a donc correspondance entre la mobilité rêvée et la mobilité réelle, mais avec un sérieux bémol : les départs ne sont finalement pas si nombreux. En 2019, exactement 2 806 Parisiens âgés de plus d'un an sont devenus lyonnais et 2 171, nantais. Dans ce dernier cas, la masse des néo-Nantais en provenance des trois principales communes voisines (Saint-Herblain, Rezé et Orvault) surpassait largement celle des Parisiens. Personne, pour autant, ne les accuse de faire flamber les prix de l'immobilier, reproche souvent adressé aux envahisseurs de la capitale.
Ces derniers sont-ils vraiment assez nombreux pour déstabiliser les marchés immobiliers des métropoles régionales ? À raison de 2,19 personnes par ménage (moyenne nationale), les 1 933 ex-Parisiens enregistrés en 2019 sur Bordeaux occuperaient moins de 900 logements, dans une ville qui en compte plus de 100 000. C'est un peu léger pour constituer la masse critique qui a fait exploser le marché (près de 40 % de hausse entre 2015 et 2020)."
-Erwan Seznec, Exode urbain : où s’installent vraiment les Parisiens ?, 14 août 2022: https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/exode-urbain-o%C3%B9-s-installent-vraiment-les-parisiens/ar-AA10DQQu?ocid=msedgdhp&pc=U531&cvid=1f685d7bffb24c9f81edc4c748faf81c