"Dans un pays où l’éducation est laissée largement à l’initiative privée (financement, programmes, sélection des personnels), elle engendre plusieurs catégories de sujets politiques, aussi séparées que des castes. Dans un pays où l’essentiel de l’information est abandonné à de grands groupes privés, qui dépendent eux-mêmes de financements publicitaires, qui dépendent eux-mêmes de grands intérêts privés, le citoyen lambda reçoit une information qui est tout sauf impartiale. [...] La réduction continuelle du secteur public ou son alignement sur une gestion privée entraînent, quelles que soient par ailleurs les critiques que l’on puisse lui adresser, un dépérissement du sujet politique."
"Si l’individu n’a pas un niveau de vie suffisant, un temps libre convenable, une certaine protection sociale contre les risques de l’existence, il est clair qu’il n’aura que de faibles possibilités de s’éduquer, de s’informer, de se cultiver. Le seul pouvoir politique qui lui reste, s’il pense que cela en vaut encore la peine, est le vote sanction, qui se fait à l’aveuglette. Insistons. Les services publics, dans une démocratie qui ne renie pas ses principes fondateurs (sinon égalitaires, du moins égalitaristes), n’ont pas d’abord pour finalité la « justice sociale », c’est-à-dire un tempérament aux inégalités, et par suite un moyen de conserver la « cohésion sociale » (en fait d’éviter que les classes paupérisées ne redeviennent dangereuses) ou le « lien social » (en fait d’éviter l’atomisation complète, source de déviances et d’anarchie), mais de donner du corps ou de la chair à la citoyenneté. Ils ne sont pas destinés à être une « roue de secours » d’un capitalisme débridé ou de tout autre régime à façade démocratique."
-Tony Andréani, « La privatisation des services publics est une privatisation de la démocratie », Actuel Marx, 2003/2 (n° 34), p. 43-62. DOI : 10.3917/amx.034.0043. URL : https://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2003-2-page-43.htm
"Si l’individu n’a pas un niveau de vie suffisant, un temps libre convenable, une certaine protection sociale contre les risques de l’existence, il est clair qu’il n’aura que de faibles possibilités de s’éduquer, de s’informer, de se cultiver. Le seul pouvoir politique qui lui reste, s’il pense que cela en vaut encore la peine, est le vote sanction, qui se fait à l’aveuglette. Insistons. Les services publics, dans une démocratie qui ne renie pas ses principes fondateurs (sinon égalitaires, du moins égalitaristes), n’ont pas d’abord pour finalité la « justice sociale », c’est-à-dire un tempérament aux inégalités, et par suite un moyen de conserver la « cohésion sociale » (en fait d’éviter que les classes paupérisées ne redeviennent dangereuses) ou le « lien social » (en fait d’éviter l’atomisation complète, source de déviances et d’anarchie), mais de donner du corps ou de la chair à la citoyenneté. Ils ne sont pas destinés à être une « roue de secours » d’un capitalisme débridé ou de tout autre régime à façade démocratique."
-Tony Andréani, « La privatisation des services publics est une privatisation de la démocratie », Actuel Marx, 2003/2 (n° 34), p. 43-62. DOI : 10.3917/amx.034.0043. URL : https://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2003-2-page-43.htm