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    Gérard Genette, Figures I + Figures II + Figures III (Discours du récit: Essai de méthode)

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Gérard Genette, Figures I + Figures II + Figures III (Discours du récit: Essai de méthode) Empty Gérard Genette, Figures I + Figures II + Figures III (Discours du récit: Essai de méthode)

    Message par Johnathan R. Razorback Ven 6 Jan - 21:07



    [Montaigne bergsonien]

    "Montaigne est d'abord un homme à l'écoute de son corps, et le « récit » qu'il nous donne de sa vie intérieure manquerait d'épaisseur, et sans doute de vérité, s'il n'était, dans son langage même, dicté par une présence physique." (p.140)

    "Si le Montaigne de Thibaudet pouvait être quelque chose en particulier, il serait bergsonien. Mobilisme, vitalisme, sens du devenir, sentiment de la durée, critique du langage et de l'intellect, rôle décisif de l'intuition, oppositions majeures du dehors et du dedans, du mécanique et du vivant, tout les rapproche et tend à les confondre : « Tout chez lui tend vers le bergsonisme »; « la philosophie de Bergson est toujours latente chez Montaigne»." (p.143)

    [Structuralisme et critique littéraire]

    "La critique littéraire, qui se distingue formellement des autres espèces de critique par le fait qu'elle utilise le même matériel (l'écriture) que les œuvres dont elle s'occupe : la critique d'art ou la critique musicale ne s'expriment évidemment pas en sons ou en couleurs, mais la critique littéraire, elle, parle la langue de son objet; elle est méta-langage, « discours sur un discours » [Barthes] : elle peut donc être méta-littérature, c'est-à-dire « une littérature dont la littérature même est l'objet imposé »[Valéry].

    En effet, si l'on isole les deux fonctions les plus visibles de l'activité critique, -la fonction « critique » au sens propre du terme, qui consiste à juger et apprécier les œuvres récentes pour éclairer les choix du public (fonction liée à l'institution journalistique), et la fonction « scientifique » (essentiellement liée, elle, à l'institution universitaire), qui consiste en une étude positive, à fin exclusive de savoir, des conditions d'existence des œuvres littéraires (matérialité du texte, sources, genèse psychologique ou historique, etc.) - il en reste évidemment une troisième, qui est proprement littéraire. Un livre de critique comme Port-Royal ou l'Espace littéraire est entre autres choses un livre, et son auteur est à sa manière et au moins dans une certaine mesure ce que Roland Barthes appelle un écrivain (par opposition au simple écrivant) c'est-à-dire l'auteur d'un message qui tend partiellement à se résorber en spectacle. Cette « déception » du sens qui se fige et se constitue en objet de consommation esthétique, c'est bien sans doute le mouvement (ou plutôt l'arrêt) constitutif de toute littérature. L'objet littéraire n'existe que par lui ; en revanche il ne dépend que de lui, et, selon les circonstances, n'importe quel texte peut être ou n'être pas littérature, selon qu'il est reçu (plutôt) comme spectacle ou (plutôt) comme message : l'histoire littéraire est faite de ces aller-retour et de ces fluctuations. C'est dire qu'il n'y a pas à proprement parler d'objet littéraire, mais seulement une fonction littéraire qui peut investir ou délaisser tour à tour n'importe quel objet d'écriture. Sa littérarité partielle, instable, ambiguë, n'est donc pas propre à la critique : ce qui la distingue des autres « genres » littéraires, c'est son caractère second, et c'est ici que les remarques de Lévi-Strauss sur le bricolage trouvent une application peut-être imprévue." (pp.145-147)
    -Gérard Genette, Figures I, Seuil, 1966, 265 pages.




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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

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