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    Hervé Bonnet, Platon

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Hervé Bonnet, Platon Empty Hervé Bonnet, Platon

    Message par Johnathan R. Razorback Mar 24 Jan - 9:58

    "Ce que juge, non pas Socrate mais le discours dont Socrate est le nom, est l'humaine condition en tant qu'elle se mesure à l'aune de la sagesse ou du savoir." (p.8 )

    "On sait que Platon naquit en 428/427 avant J.-C. dans la 88e Olympiade, le septième jour des Thargélies célébrant la naissance d'Apollon. Si l'on rappelle que le sixième jour des Thargélies, qui vu naître Socrate, célèbre la naissance d'Artémis et que cette divinité est sœur jumelle d'Apollon, on comprend alors le lien fraternel et divin qui devait unir Socrate et Platon, le maître et le disciple." (p.10)

    "Platon est issu de la haute noblesse athénienne. De par son père, Ariston, il descendrait du dernier roi légendaire d'Athènes, Codros, et de par sa mère, Périctionè, il serait descendant de Dropidès dont les origines remonteraient, en dernière instance, à Poséidon lui-même. [...] Conformément à son statut social, il reçut une éducation d'excellence, tant sur le plan physique (il participa aux jeux Olympiques et aux jeux Isthmiques pour lesquels il remporta deux prix) que sur le plan intellectuel (son maître, Théodore de Cyrène, pythagoricien, l'initia aux mathématiques) et il s'adonna assez tôt et avec ferveur à la poésie et au théâtre. Cependant, sa rencontre décisive avec Socrate fut un tel bouleversement que Platon décida de brûler ses poèmes et ses œuvres tragiques et de suivre l'enseignement du maître." (p.10)

    "Avec Platon la Philosophie est entrée dans la littérature." (p.11)

    "Les premiers écrits de Platon -écrits de jeunesse portent la marque d'une œuvre en formation qui pose des questions auxquelles elle ne peut encore répondre et c'est pourquoi ils sont justement qualifiés d'aporétiques. À cette catégorie appartiennent les ouvrages suivants: L'Apologie de Socrate, le premier Alcibiade, Hippias mineur, le Lachès, le Charmide, Eutyphron, le Lysis, le Ménon, L'ion, Protagoras. Il s'agit dans ces ouvrages qui traitent, respectivement, de l'homme, du faux, du courage, de la sagesse morale, de la piété, de l'amitié, de la vertu, de la poésie, des sophistes -de présenter la pensée de Socrate et la singulière manière qu'il a, par de savants détours qui semblent n'être que de pures digressions, d'interroger fondamentalement son interlocuteur, afin, littéralement, de révolutionner son âme de telle sorte qu'il prenne conscience de son ignorance." (p.11)

    "Après la mort de Socrate, survenue en 399 avant notre ère, Platon se serait réfugié, ainsi que quelques proches du cercle socratique, chez Euclide de Mégare. Il se rendit ensuite en Égypte, puis en Cyrénaïque où il rencontra Aristippe, sectateur de l'hédonisme, et Théodore, mathématicien fameux dont le personnage est campé dans le Théétète. Ainsi que nous l'apprend Platon lui-même dans cette lettre VII qui, par bien des traits, peut être considérée comme autobiographique, il se rendit, en 388, à la demande de son ami et disciple Dion, en Sicile, à la cour de Denys, tyran de Syracuse, dans le but de favoriser, par son enseignement et son influence auprès du tyran, l'avènement d'une cité juste. Ce fut un échec et, à la faveur d'un malencontreux mais prévisible retournement de situation, il subit le courroux du tyran qui le chassa de son île et l'on raconte que Platon, embarqué de force sur un navire, fut vendu comme esclave à Égine. Par chance, un admirateur de Platon, et fort riche au demeurant, Anniceris de Cyrène, reconnut le philosophe, l'acheta et lui rendit sa liberté en lui donnant, de surcroît, la somme de cette transaction." (p.12)

    "De retour à Athènes, en 387, fort de toutes ces expériences et riche du capital de sa libération, Platon acquit un domaine consacré au héros Académos et fonda [son] école." (p.12)

    "C'est, vraisemblablement, de cette époque, que l'on peut qualifier de « période de maturité», que datent les ouvrages suivants: L'Euthydème, le Ménéxène, le Cratyle, le Gorgias, le Criton, le Phédon, le Banquet, le Phèdre et la République. Ces ouvrages traitent, respectivement, de l'éristique, de l'oraison, du langage, de la rhétorique, du devoir, de l'âme, de l'amour, du beau, et de la justice. L'on compte, à juste titre, la République comme le chef-d'œuvre platonicien. L'ouvrage en impose tant par l'ampleur de son questionnement que par la puissance et la beauté du style." (p.13)

    "Écrits de vieillesse parmi lesquels il faut compter: le Théétète, le Sophiste, le Politique, le Parménide, le Timée, le Critias, le Philèbe, l'ensemble des lettres (qui nous sont parvenues sous le nom de Platon mais dont la seule lettre VII est unanimement reconnue comme authentique) et enfin, dernier ouvrage inachevé, les Lois. Ces derniers ouvrages traitent, respectivement, de la science, de l'être, de la royauté, des Idées, de l'origine du monde, de l'Atlantide, du plaisir, de la vie de Platon, de la législation." (p.14)

    "Tous les philosophes se positionneront par rapport à la pensée platonicienne et s'en feront les commentateurs. On peut voir ainsi, à l'aube des Temps Modernes, en Descartes, foulant au pied les ouvrages d'Aristote et toute la scholastique, un représentant du platonisme. Leibniz tentera de réunir la pensée aristotélicienne et la pensée platonicienne en un harmonieux concert monadique et Hegel, se présentant lui-même comme l'Aristote des Temps Modernes et clôturant son encyclopédie des sciences philosophiques par une mention sur la noésis noéséos du Stagirite, ne manquera pas de faire de l'Idée le pivot de sa pensée ou de La Pensée. Plus près de nous, l'œuvre maîtresse et fondamentale de Heidegger, Être et temps, s'ouvre sur une citation du Sophiste de Platon où il est fait cas de notre embarras quant à savoir ce que c'est que être et ce que c'est qu'étant." (p.16)

    "Il y a sagesse et sagesse. Dans son acception la plus haute et la plus véritable, la sagesse, vertu suprême, est la parfaite connaissance de tout ce qui est comme de tout ce qui a été et de tout ce qui sera. Un tel savoir ne peut être que celui d'un dieu. [...] La sagesse de Socrate, toute humaine mais hautement et excellemment humaine, réside tout entière dans le savoir de son ignorance. Socrate sait qu'il ne sait pas et si cela ne le met pas au-dessus des autres, cela le rapproche, très humblement, du sol authentique à partir duquel un savoir digne de ce nom peut prendre son essor. Et c'est pourquoi Socrate paraît si insupportable aux hommes de son temps, eux qui, tiers et orgueilleux, n'ont d'autre ambition que de paraître les meilleurs, les plus sages, les plus beaux et les plus vertueux. Par le tranchant de son discours qui ne s'inquiète que d'être vrai et juste, Socrate sape toute cette pompe des apparences qui ne vaut rien tant qu'elle ne se fonde pas sur un savoir réel, ce qui ne peut arriver que lorsque l'on est capable de reconnaître ouvertement et véritablement son ignorance. Tel est le sens de la sagesse de Socrate et telle est la mission qu'il s'est vu confiée par le dieu: rappeler aux hommes la nullité de leur sagesse eu égard à la sagesse réelle non pour les inviter à la paresse intellectuelle et au scepticisme de bon aloi mais pour qu'ils gardent sans cesse à l'esprit que le savoir n'est rien s'il ne reconnaît pas à sa source même et comme sa source même cette ignorance qui se sait." (pp.19-20)
    -Hervé Bonnet, Platon, coll. "Connaître en citation", Ellipses Édition, 2017, 215 pages.




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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

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