"Les théories traditionnelles de l’art placent les œuvres d’art au sein de réseaux de relations simples et étroitement focalisés. La théorie mimétique, par exemple, insère l’œuvre d’art dans un réseau à trois pôles, entre l’artiste et le sujet qu’il traite ; la théorie expressive place l’œuvre d’art dans un réseau à deux pôles comprenant l’artiste et l’œuvre. La théorie institutionnelle cherche à placer l’œuvre d’art dans un réseau multipolaire, dont la complexité surpasse tout ce que les diverses théories traditionnelles ont pu envisager."
"L’approche institutionnelle reprend la manière traditionnelle de théoriser l’art, dans la mesure où elle maintient, elle aussi, que les œuvres d’art sont des artefacts. Précisons, au passage, que nous entendons « artefact » dans son acception ordinaire d’« objet fabriqué par l’homme, notamment en vue d’un usage ultérieur ». En outre, les artefacts n’ont pas besoin d’être des objets physiques, même si un grand nombre d’entre eux le sont : par exemple, un poème n’est pas un objet physique, mais c’est néanmoins un artefact. En allant plus loin, les performances, par exemple, ou les danses improvisées, font aussi partie des choses qui sont « produites par l’homme » et comptent par conséquent comme des artefacts."
paragraphe 19
-George Dickie, La nouvelle théorie institutionnelle de l’art,