http://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Arthur_Schopenhauer
http://schopenhauer.fr/oeuvres/fichier/philosophie-et-science-de-la-nature.pdf
http://www.schopenhauer.fr/oeuvres/fondement-de-la-morale-ebook.html#prettyPhoto
http://www.schopenhauer.fr/oeuvres.html
"Ce que la Société Royale demande, c’est le fondement de l’éthique, considéré isolément et en soi, et démontré dans une courte monographie : la question doit être examinée en dehors de tout rapport avec un système particulier de philosophie ; il en faut laisser de côté la partie métaphysique. Cette condition ne rend pas seulement la tâche plus malaisée, elle me réduit à la laisser inachevée." (p.
"En philosophie, le fondement de l’éthique, quel qu’il soit, doit à son tour trouver son point d’appui, sa base, dans quelque métaphysique, dans une explication, telle que le système la fournira, de l’univers, de l’existence en général. En effet l’idée dernière, l’idée véritable qu’on se fera de l’essence intime de toutes choses, dépend étroitement, nécessairement, de celle qu’on aura de la signification morale de l’activité humaine." (p.
"D’une façon générale, la philosophie forme un tout tellement lié, qu’on n’en saurait exposer une seule partie bien à fond, sans y joindre tout le reste." (p.9)
"De tout temps on a vu mettre la morale en bons et nombreux sermons : quant à la fonder, c’est à quoi l’on n’a jamais réussi." (p.14)
"Toujours on a trouvé que la volonté de l’homme va à son propre bien-être, à ce qui, entendu dans son sens le plus complet, s’appelle le bonheur ; qu’ainsi, par son penchant propre, elle suit une route toute différente de celle que la morale aurait à lui enseigner. Maintenant ce bonheur, on cherche à le concevoir tantôt comme identique à la vertu, tantôt comme une conséquence et un effet de la vertu : de part et d’autre, échec ; et pourtant ce n’est pas qu’on y ait épargné les sophismes." (p.14)
"Mon projet : c’est de montrer, dans la raison pratique et l’impératif catégorique de Kant, des hypothèses sans justification, sans fondement, de pures fantaisies ; de faire voir que la morale de Kant, elle aussi, manque de toute base solide ; et ainsi de rejeter l’éthique dans son ancien état, d’extrême perplexité. Elle y restera ; et alors seulement je procéderai à révéler le vrai principe moral propre à la nature humaine, qui a son fondement dans notre essence même, et dont l’efficacité est au-dessus du doute." (p.18)
"L’Éthique des anciens était une doctrine du bonheur ; celle des modernes, le plus souvent, une doctrine du salut éternel. Les anciens voulaient établir l’identité de la vertu avec la félicité : mais c’était là comme deux figures qu’on avait beau tourner dans tous les sens, on n’arrivait pas à les faire coïncider. Quant aux modernes, ce n’était plus par un rapport d’identité mais de causalité, qu’ils prétendaient les relier : il s’agissait de faire du bonheur une suite de la vertu ; mais ils ne surent jamais y parvenir qu’en supposant un monde différent de celui que nous pouvons connaître, ou bien en usant de sophisme." (p.20)
"Je dis que le moraliste est comme le philosophe en général, qu’il doit se contenter d’expliquer et d’éclaircir les données de l’expérience, de prendre ce qui existe ou qui arrive dans la réalité, pour parvenir à le rendre intelligible ; et qu’à ce compte, il a beaucoup à faire, considérablement plus qu’on n’a encore fait jusqu’ici, après des milliers d’années écoulées." (p.24)
"Quant à des devoirs de justice envers nous-mêmes, l’hypothèse est absurde, en vertu du principe évident par soi : Volenti non fit injuria [Contre qui consent, pas d’injustice]. En effet, ce que je fais ne manque jamais d’être ce à quoi je consens ; donc ce qui m’arrive par mon fait a toujours mon consentement, et n’est jamais une injustice. Et pour ce qui est des devoirs de charité envers nous-mêmes, ici la morale arrive trop tard, elle trouvera l’ouvrage tout fait d’avance." (p.33)
"Seul, et différent en cela de la bête, l’homme n’est point exposé aux douleurs physiques seulement, à ces douleurs tout enfermées dans le présent : il est encore livré en proie à des douleurs incomparables, dont la nature est de déborder sur l’avenir et sur le passé, aux douleurs morales ; aussi, en compensation, la Nature lui a accordé ce privilège, de pouvoir, alors qu’elle-même n’impose pas encore un terme à sa vie, la terminer à son gré ; et ainsi de ne pas vivre, comme la bête, aussi longtemps qu’il peut, mais aussi longtemps qu’il veut." (p.34)
"Tout le monde a connu de ces médecins qui, pour avoir une fois obtenu d’un certain remède le plus heureux succès, l’ordonnent quasi dans toutes les maladies : eh bien ! voilà Kant, à mon avis. Par la distinction qu’il a faite entre l’a priori et l’a posteriori dans la connaissance humaine, il est arrivé à la plus éclatante, à la plus féconde découverte, dont puisse se glorifier la métaphysique. Rien d’étonnant à ce qu’il essaie d’appliquer cette méthode et cette distinction partout. Dès lors, il faudra que la morale aussi soit composée de deux éléments, l’un pur, c’est-à-dire connu a priori, l’autre empirique. Là-dessus, cherchant un fondement à son éthique, il écarte le second élément, le déclare inadmissible à cette fonction." (p.36-37)
"Je dois me borner a affirmer purement la thèse contraire : que la raison, considérée en général et comme faculté intellectuelle, n’est rien que de secondaire, qu’elle fait partie de la portion phénoménale en nous, qu’elle est même subordonnée à l’organisme ; tandis que le centre vrai dans l’homme, le seul élément métaphysique et indestructible, c’est la volonté." (p.41)
-Arthur Schopenhauer, Le fondement de la morale, traduction Auguste Burdeau, 1879 (1840 pour la première édition).
http://schopenhauer.fr/oeuvres/fichier/philosophie-et-science-de-la-nature.pdf
http://www.schopenhauer.fr/oeuvres/fondement-de-la-morale-ebook.html#prettyPhoto
http://www.schopenhauer.fr/oeuvres.html
"Ce que la Société Royale demande, c’est le fondement de l’éthique, considéré isolément et en soi, et démontré dans une courte monographie : la question doit être examinée en dehors de tout rapport avec un système particulier de philosophie ; il en faut laisser de côté la partie métaphysique. Cette condition ne rend pas seulement la tâche plus malaisée, elle me réduit à la laisser inachevée." (p.
"En philosophie, le fondement de l’éthique, quel qu’il soit, doit à son tour trouver son point d’appui, sa base, dans quelque métaphysique, dans une explication, telle que le système la fournira, de l’univers, de l’existence en général. En effet l’idée dernière, l’idée véritable qu’on se fera de l’essence intime de toutes choses, dépend étroitement, nécessairement, de celle qu’on aura de la signification morale de l’activité humaine." (p.
"D’une façon générale, la philosophie forme un tout tellement lié, qu’on n’en saurait exposer une seule partie bien à fond, sans y joindre tout le reste." (p.9)
"De tout temps on a vu mettre la morale en bons et nombreux sermons : quant à la fonder, c’est à quoi l’on n’a jamais réussi." (p.14)
"Toujours on a trouvé que la volonté de l’homme va à son propre bien-être, à ce qui, entendu dans son sens le plus complet, s’appelle le bonheur ; qu’ainsi, par son penchant propre, elle suit une route toute différente de celle que la morale aurait à lui enseigner. Maintenant ce bonheur, on cherche à le concevoir tantôt comme identique à la vertu, tantôt comme une conséquence et un effet de la vertu : de part et d’autre, échec ; et pourtant ce n’est pas qu’on y ait épargné les sophismes." (p.14)
"Mon projet : c’est de montrer, dans la raison pratique et l’impératif catégorique de Kant, des hypothèses sans justification, sans fondement, de pures fantaisies ; de faire voir que la morale de Kant, elle aussi, manque de toute base solide ; et ainsi de rejeter l’éthique dans son ancien état, d’extrême perplexité. Elle y restera ; et alors seulement je procéderai à révéler le vrai principe moral propre à la nature humaine, qui a son fondement dans notre essence même, et dont l’efficacité est au-dessus du doute." (p.18)
"L’Éthique des anciens était une doctrine du bonheur ; celle des modernes, le plus souvent, une doctrine du salut éternel. Les anciens voulaient établir l’identité de la vertu avec la félicité : mais c’était là comme deux figures qu’on avait beau tourner dans tous les sens, on n’arrivait pas à les faire coïncider. Quant aux modernes, ce n’était plus par un rapport d’identité mais de causalité, qu’ils prétendaient les relier : il s’agissait de faire du bonheur une suite de la vertu ; mais ils ne surent jamais y parvenir qu’en supposant un monde différent de celui que nous pouvons connaître, ou bien en usant de sophisme." (p.20)
"Je dis que le moraliste est comme le philosophe en général, qu’il doit se contenter d’expliquer et d’éclaircir les données de l’expérience, de prendre ce qui existe ou qui arrive dans la réalité, pour parvenir à le rendre intelligible ; et qu’à ce compte, il a beaucoup à faire, considérablement plus qu’on n’a encore fait jusqu’ici, après des milliers d’années écoulées." (p.24)
"Quant à des devoirs de justice envers nous-mêmes, l’hypothèse est absurde, en vertu du principe évident par soi : Volenti non fit injuria [Contre qui consent, pas d’injustice]. En effet, ce que je fais ne manque jamais d’être ce à quoi je consens ; donc ce qui m’arrive par mon fait a toujours mon consentement, et n’est jamais une injustice. Et pour ce qui est des devoirs de charité envers nous-mêmes, ici la morale arrive trop tard, elle trouvera l’ouvrage tout fait d’avance." (p.33)
"Seul, et différent en cela de la bête, l’homme n’est point exposé aux douleurs physiques seulement, à ces douleurs tout enfermées dans le présent : il est encore livré en proie à des douleurs incomparables, dont la nature est de déborder sur l’avenir et sur le passé, aux douleurs morales ; aussi, en compensation, la Nature lui a accordé ce privilège, de pouvoir, alors qu’elle-même n’impose pas encore un terme à sa vie, la terminer à son gré ; et ainsi de ne pas vivre, comme la bête, aussi longtemps qu’il peut, mais aussi longtemps qu’il veut." (p.34)
"Tout le monde a connu de ces médecins qui, pour avoir une fois obtenu d’un certain remède le plus heureux succès, l’ordonnent quasi dans toutes les maladies : eh bien ! voilà Kant, à mon avis. Par la distinction qu’il a faite entre l’a priori et l’a posteriori dans la connaissance humaine, il est arrivé à la plus éclatante, à la plus féconde découverte, dont puisse se glorifier la métaphysique. Rien d’étonnant à ce qu’il essaie d’appliquer cette méthode et cette distinction partout. Dès lors, il faudra que la morale aussi soit composée de deux éléments, l’un pur, c’est-à-dire connu a priori, l’autre empirique. Là-dessus, cherchant un fondement à son éthique, il écarte le second élément, le déclare inadmissible à cette fonction." (p.36-37)
"Je dois me borner a affirmer purement la thèse contraire : que la raison, considérée en général et comme faculté intellectuelle, n’est rien que de secondaire, qu’elle fait partie de la portion phénoménale en nous, qu’elle est même subordonnée à l’organisme ; tandis que le centre vrai dans l’homme, le seul élément métaphysique et indestructible, c’est la volonté." (p.41)
-Arthur Schopenhauer, Le fondement de la morale, traduction Auguste Burdeau, 1879 (1840 pour la première édition).