"Comprendre la pensée de Mao est la voie royale pour comprendre l’histoire chinoise contemporaine et dépasser les bavardages obligés sur le caractère du peuple chinois, la Chine éternelle, la « logique chinoise », la « maolâtrie » ou la liturgie de la nouvelle religion maoïste."
"Peu d’hommes mieux que Mao Tsé-toung ont illustré l’idéal du révolutionnaire mettant sa vie, ses forces et sa pensée au service du peuple."
"A la fin du XIXe siècle, l’Empire chinois est décadent. La dynastie mandchoue des Qing, au pouvoir depuis 1644, est secouée par de nombreux mouvements populaires qui menacent l’unité de l’Empire : insurrection Taïping, insurrection paysanne des Nian, des musulmans chinois, de la minorité Miao, des « Boxers ». Souvent ces insurrections ne sont vaincues que grâce à l’intervention des corps expéditionnaires occidentaux. D’ailleurs, depuis les guerres de l’opium, les Occidentaux, intéressés par le maintien de l’ordre dans leur « colonie », soutiennent l’Empire : livraison de matériel militaire, conseillers militaires sont la contrepartie de leurs activités coloniales.
Malgré le « yangwu », politique réformiste de modernisation prudente, inspirée par les techniques occidentales de gestion et ressemblant par de nombreux aspects aux expériences japonaises du Meiji, le capitalisme chinois progresse très lentement. Le conservatisme confucéen et l’impérialisme des puissances occidentales sont aux yeux des révolutionnaires les principaux piliers du pouvoir mandchou. Pour la jeunesse chinoise, il n’y aura bientôt qu’une solution, faire table rase de cette société à bout de souffle pour construire un monde neuf délivré des chaînes de la tradition, du colonialisme et de la misère.
Tel est le pays qui voit naître Mao Tsé-toung, dans une famille de paysans du Hunan, au sud de la Chine dans l’une des régions les plus développées."
-François Marmor, Le Maoïsme. Philosophie et Politique, Presses Universitaires de France, 1976.