https://fr.wikipedia.org/wiki/Simone_de_Beauvoir#Pensée_et_philosophie
https://books.google.fr/books?id=MWXPAgAAQBAJ&printsec=frontcover&dq=Le+Deuxi%C3%A8me+Sexe&hl=fr&sa=X&ei=HQ3eVJChDsfuUP7PgMgI&ved=0CEQQ6AEwBw#v=onepage&q=Le%20Deuxi%C3%A8me%20Sexe&f=false
"On ne sait plus bien s'il existe encore des femmes, s'il en existera toujours, s'il faut ou non le souhaiter, quelle place elles occupent en ce monde, quelle place elles devraient y occuper."
"Les prolétaires ont fait la révolution en Russie, les Noirs à Haïti, les Indochinois se battent en Indochine: l'action des femmes n'a jamais été qu'une agitation symbolique ; elles n'ont gagné que ce que les hommes ont bien voulu leur concéder ; elles n'ont rien pris: elles ont reçu."
"La femme a toujours été, sinon l'esclave de l'homme, du moins sa vassale ; les deux sexes ne se sont jamais partagé le monde à égalité ; et aujourd'hui encore, bien que sa condition soit en train d'évoluer, la femme est lourdement handicapée. En presque aucun pays son statut légal n'est identique à celui de l'homme et souvent il la désavantage considérablement. Même lorsque des droits lui sont abstraitement reconnus, une longue habitude empêche qu'ils ne trouvent dans les mœurs leur expression concrète. Économiquement hommes et femmes constituent presque deux castes ; toutes choses égales, les premiers ont des situations plus avantageuses, des salaires plus élevés, plus de chances de réussite que leurs concurrentes de fraîche date ; ils occupent dans l'industrie, la politique, etc., un beaucoup plus grand nombre de places et ce sont eux qui détiennent les postes les plus importants. Outre les pouvoirs concrets qu'ils possèdent, ils sont revêtus d'un prestige dont toute l'éducation de l'enfant maintient la tradition: le présent enveloppe le passé, et dans le passé toute l'histoire a été faite par les mâles. Au moment où les femmes commencent à prendre part à l'élaboration du monde, ce monde est encore un monde qui appartient aux hommes: ils n'en doutent pas, elles en doutent à peine. Refuser d'être l'Autre, refuser la complicité avec l'homme, ce serait pour elles renoncer à tous les avantages que l'alliance avec la caste supérieure peut leur conférer. L'homme-suzerain protégera matériellement la femme-lige et il se chargera de justifier son existence: avec le risque économique elle esquive le risque métaphysique d'une liberté qui doit inventer ses fins sans secours. En effet, à côté de la prétention de tout individu à s'affirmer comme sujet, qui est une prétention éthique, il y a aussi en lui la tentation de fuir sa liberté et de se constituer en chose: c'est un chemin néfaste car passif, aliéné, perdu, il est alors la proie de volontés étrangères, coupé de sa transcendance, frustré de toute valeur."
"D'où vient que ce monde a toujours appartenu aux hommes et que seulement aujourd'hui les choses commencent à changer ? Ce changement est-il un bien ?"
"Une des conséquences de la révolution industrielle, c'est la participation de la femme au travail producteur: à ce moment les revendications féministes sortent du domaine théorique, elles trouvent des bases économiques ; leurs adversaires deviennent d'autant plus agressifs."
"Il était beaucoup plus facile à M. de Montherlant de se penser un héros quand il se confrontait à des femmes (d'ailleurs choisies à dessein) que lorsqu'il a eu à tenir parmi les hommes son rôle d'homme: rôle dont beaucoup de femmes se sont acquittées mieux que lui."
"Nul n'est plus arrogant à l'égard des femmes, agressif ou dédaigneux, qu'un homme inquiet de sa virilité."
-Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, Tome 1: Les faits et les mythes, coll. Folio essais, 1949 pour la première édition.
https://books.google.fr/books?id=MWXPAgAAQBAJ&printsec=frontcover&dq=Le+Deuxi%C3%A8me+Sexe&hl=fr&sa=X&ei=HQ3eVJChDsfuUP7PgMgI&ved=0CEQQ6AEwBw#v=onepage&q=Le%20Deuxi%C3%A8me%20Sexe&f=false
"On ne sait plus bien s'il existe encore des femmes, s'il en existera toujours, s'il faut ou non le souhaiter, quelle place elles occupent en ce monde, quelle place elles devraient y occuper."
"Les prolétaires ont fait la révolution en Russie, les Noirs à Haïti, les Indochinois se battent en Indochine: l'action des femmes n'a jamais été qu'une agitation symbolique ; elles n'ont gagné que ce que les hommes ont bien voulu leur concéder ; elles n'ont rien pris: elles ont reçu."
"La femme a toujours été, sinon l'esclave de l'homme, du moins sa vassale ; les deux sexes ne se sont jamais partagé le monde à égalité ; et aujourd'hui encore, bien que sa condition soit en train d'évoluer, la femme est lourdement handicapée. En presque aucun pays son statut légal n'est identique à celui de l'homme et souvent il la désavantage considérablement. Même lorsque des droits lui sont abstraitement reconnus, une longue habitude empêche qu'ils ne trouvent dans les mœurs leur expression concrète. Économiquement hommes et femmes constituent presque deux castes ; toutes choses égales, les premiers ont des situations plus avantageuses, des salaires plus élevés, plus de chances de réussite que leurs concurrentes de fraîche date ; ils occupent dans l'industrie, la politique, etc., un beaucoup plus grand nombre de places et ce sont eux qui détiennent les postes les plus importants. Outre les pouvoirs concrets qu'ils possèdent, ils sont revêtus d'un prestige dont toute l'éducation de l'enfant maintient la tradition: le présent enveloppe le passé, et dans le passé toute l'histoire a été faite par les mâles. Au moment où les femmes commencent à prendre part à l'élaboration du monde, ce monde est encore un monde qui appartient aux hommes: ils n'en doutent pas, elles en doutent à peine. Refuser d'être l'Autre, refuser la complicité avec l'homme, ce serait pour elles renoncer à tous les avantages que l'alliance avec la caste supérieure peut leur conférer. L'homme-suzerain protégera matériellement la femme-lige et il se chargera de justifier son existence: avec le risque économique elle esquive le risque métaphysique d'une liberté qui doit inventer ses fins sans secours. En effet, à côté de la prétention de tout individu à s'affirmer comme sujet, qui est une prétention éthique, il y a aussi en lui la tentation de fuir sa liberté et de se constituer en chose: c'est un chemin néfaste car passif, aliéné, perdu, il est alors la proie de volontés étrangères, coupé de sa transcendance, frustré de toute valeur."
"D'où vient que ce monde a toujours appartenu aux hommes et que seulement aujourd'hui les choses commencent à changer ? Ce changement est-il un bien ?"
"Une des conséquences de la révolution industrielle, c'est la participation de la femme au travail producteur: à ce moment les revendications féministes sortent du domaine théorique, elles trouvent des bases économiques ; leurs adversaires deviennent d'autant plus agressifs."
"Il était beaucoup plus facile à M. de Montherlant de se penser un héros quand il se confrontait à des femmes (d'ailleurs choisies à dessein) que lorsqu'il a eu à tenir parmi les hommes son rôle d'homme: rôle dont beaucoup de femmes se sont acquittées mieux que lui."
"Nul n'est plus arrogant à l'égard des femmes, agressif ou dédaigneux, qu'un homme inquiet de sa virilité."
-Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, Tome 1: Les faits et les mythes, coll. Folio essais, 1949 pour la première édition.