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    Jean-Marie Chevalier, Les deux sources de l’épistémologie sociale. Épistémologie analytique et épistémologie « proactive » : les enjeux d’une compétition

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Jean-Marie Chevalier, Les deux sources de l’épistémologie sociale. Épistémologie analytique et épistémologie « proactive » : les enjeux d’une compétition Empty Jean-Marie Chevalier, Les deux sources de l’épistémologie sociale. Épistémologie analytique et épistémologie « proactive » : les enjeux d’une compétition

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 23 Nov - 12:14

    https://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques1-2015-3-page-73.htm

    "En 1987, Alvin Goldman, âgé de presque 50 ans, et Steve Fuller, 28 ans, s’associèrent pour diriger un numéro spécial de Synthese consacré à l’épistémologie sociale. Si la locution n’était pas nouvelle, le champ venait d’être ouvert. En tant que « théorie sociale de la connaissance », l’épistémologie sociale s’occupe « du rôle que joue la socialisation (en divers sens de ce terme) des acteurs dans la possibilité de la connaissance en général ». Toujours en 1987 fut fondée la revue Social Epistemology dont Fuller fut le premier rédacteur en chef. L’année suivante, il intitulait son premier ouvrage Social Epistemology. Alvin Goldman publia plus de dix ans plus tard son livre Knowledge in a Social World. En 2004, il fonda Episteme, « revue d’épistémologie sociale ». Malgré un départ commun, les chemins empruntés par Alvin Goldman et Steve Fuller ont divergé au point de s’opposer radicalement, parfois avec une certaine virulence. Fidèle à ses travaux d’épistémologie générale, Goldman a appliqué la méthode d’un philosophe analytique aux groupes sociaux. Fuller s’inspire davantage d’une sociologie des sciences tentant d’expliquer la formation des connaissances par l’étude des facteurs sociaux. Face à l’épistémologie sociale analytique et partie en guerre contre celle-ci, sa propre approche se veut critique des institutions et des pratiques d’encadrement du savoir, et vise à mieux diffuser la connaissance dans la société. Cette attitude « proactive » n’est pas partagée par l’épistémologie sociale analytique, que Fuller considère pour cette raison comme parfaitement sans objet. Goldman n’estime guère davantage les déclarations polémiques de son adversaire, qui, rapportées au critère de la vérité, sont souvent douteuses."

    "L’épistémologie sociale « analytique » est née d’une excroissance de l’épistémologie analytique « générale ». Héritière de Frege, Russell ou encore Carnap, celle-ci analyse principalement la nature, les conditions et la valeur de la connaissance en termes de croyance, de vérité et de justification. De nombreuses conceptions ont été développées pour expliquer l’insuffisance d’une définition de la connaissance comme croyance vraie justifiée (ou doxa vraie pourvue de logos dans les termes du Théétète). Les théories de la justification qui en ont résulté ont en commun de prendre pour point de départ le sujet isolé et de procéder à une analyse « en fauteuil » de ses caractères épistémiques, c’est-à-dire une analyse conceptuelle et sans observation.

    Cet acte de naissance officiel peut toutefois être contesté. Car si l’on considère que le social commence avec deux personnes, l’épistémologie a presque toujours été sociale. La question du témoignage l’atteste. Les analyses classiques de Thomas Reid et de David Hume, par exemple, évaluent la confiance que l’on est en droit (ou en devoir) d’accorder aux dires d’autrui. Néanmoins, dans l’épistémologie analytique traditionnelle, nous ne sommes légitimement autorisés à faire confiance aux témoignages qu’en l’absence de données contraires fournies par les sens, la mémoire ou le raisonnement. Je ne tiens ce qu’on me dit pour vrai que pour autant que mes autres sources de connaissance ne contredisent pas ces dires. Dans l’épistémologie « en fauteuil », le témoignage est donc toujours relégué à la dernière place."
    -jean-Marie Chevalier, "Les deux sources de l’épistémologie sociale. Épistémologie analytique et épistémologie « proactive » : les enjeux d’une compétition", Cahiers philosophiques, n° 142(3), 2015, 73-91.



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