L'Académie nouvelle

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
L'Académie nouvelle

Forum d'archivage politique et scientifique

Le deal à ne pas rater :
Code promo Nike : -25% dès 50€ d’achats sur tout le site Nike
Voir le deal

    Jean-Louis Bruch, compte-rendu de René Waltz, La création poétique

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
    Admin


    Messages : 20770
    Date d'inscription : 12/08/2013
    Localisation : France

    Jean-Louis Bruch, compte-rendu de René Waltz, La création poétique Empty Jean-Louis Bruch, compte-rendu de René Waltz, La création poétique

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 6 Avr - 21:41


    "M. Waltz prépare sa propre définition de la poésie par celle du rythme, de manière à éviter l'identification formelle de la poésie et de l'écriture versifiée. Il définit donc tout d'abord le rythme verbal, comme « une succession modulée de sons verbaux euphoniques, choisis et organisés de façon à donner à l'oreille et à l'esprit l'agrément d'une sensation musicale, accommodée au sens des mots » (p. 52). De là découle immédiatement une définition de la poésie, évitant, grâce à la notion de rythme, tout recours au concept de vers : « l'art de composer et d'écrire en un langage musical donnant à V oreille et à l'esprit la sensation immédiate d'un rythme mélodique. Ou, en raccourci, que la poésie est l'art de composer et d'écrire en un langage mélodique » (p. 53). Quant au vers (qui n'est pas plus nécessaire à la poésie que la cuirasse au guerrier, pour reprendre l'expression pittoresque de M. Waltz), « on le définirait justement : une succession limitée de mots liés simultanément par le sens et par le rythme, sous la prédominance du rythme, et soumis à un principe de mesure qui varie avec la nature des idiomes » (p. 52).

    Ces définitions distinction de la poésie et du vers reposent elles-mêmes sur une fondamentale du rythme et de la mesure : alors que le rythme désigne un mouvement continu et souple, la mesure, au contraire, « a pour effet de fragmenter, sans souci de l'euphonie et du sens, la teneur du discours poétique » (p. 229). Ce qui conduit M. Waltz à l'une des analyses les plus justes et les plus neuves de son livre, où il oppose systématiquement - à l'encontre d'une vieille tradition - le rythme qui exprime l'âme même de la durée poétique, et la mesure dont le débit régulièrement scandé matérialise, mais souvent trahit le mouvement rythmique. C'est pourquoi M. Waltz, en dépit de la modération toute classique de sa pensée, reste finalement réticent devant les entraves formelles que l'esthétique classique a multipliées : au delà d'une poésie versifiée et rimée, c'est-à-dire soumise au principe d'organisation tangible et grossier de la mesure, c'est la poésie libérée de tout vestige de versification - comme celle de Claudel - qui lui paraît la plus purement poétique, mais la plus dangereuse aussi, car sa réussite dépend exclusivement de la justesse du sens rythmique de son auteur."
    -Jean-Louis Bruch, compte-rendu de René Waltz, La création poétique, Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 144 (1954), pp. 148-150.



    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


      La date/heure actuelle est Mar 26 Nov - 6:09