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    Ulysses Santamaria et Alain Manville, Marx et le matérialisme : sens et valeur de la première thèses sur Feuerbach

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Ulysses Santamaria et Alain Manville, Marx et le matérialisme : sens et valeur de la première thèses sur Feuerbach Empty Ulysses Santamaria et Alain Manville, Marx et le matérialisme : sens et valeur de la première thèses sur Feuerbach

    Message par Johnathan R. Razorback Lun 1 Juil 2024 - 13:05

    https://www.erudit.org/fr/revues/philoso/1987-v14-n2-philoso1785/027018ar.pdf

    "Après un long itinéraire passant par l'étude des philosophies de Hegel et de Feuerbach, Marx atteint enfin sa propre pensée, celle qu'il essayait de formuler depuis sa critique de la philosophie du droit hégélien : le nouveau matérialisme." (p.382)

    "Selon cette représentation, Marx est un des représentants de la philosophie matérialiste (et même le plus éminent) dont la réflexion participe de façon essentielle au conflit entre le matérialisme et l'idéalisme dans toute philosophie. [...] Contre cette représentation qu'une certaine histoire a recouverte par la force de l'évidence, on peut soulever une série de questions que la tradition marxiste a toujours refoulées.

    [...] L'enjeu que recouvre le conflit constitue-t-il ce que la pensée de Marx, dans les thèses sur Feuerbach, reconnaît comme son objet propre ? La défense du matérialisme tel qu'il est défini par le champ de l'opposition correspond-elle à l'activité théorique du nouveau matérialisme ? [...] Le matérialisme, qui a pu être reconnu, défendu, légitimé et même proclamé par Marx comme fondement philosophique de sa théorie, est-il précisément celui qui vient s'affirmer dans les thèses sur Feuerbach ? [...] Le nouveau matérialisme esquissé en 1845 dans ces quelques notes et le matérialisme qui s'imposera historiquement présentent-ils un lien de parenté qui permette de faire du dernier le résultat du développement rationnel du premier ?" " (pp.382-383)

    "Pouvoir répondre concrètement à ces questions suppose que l'on ne s'appuie plus en toute confiance sur ce que Marx a pu dire ou écrire ultérieurement, que l'on n'en fasse donc plus le point de départ obligatoire de l'interprétation." (p.383)

    "Nous sommes donc au plus près de ce matérialisme nouveau que Marx n'a jamais formulé pour soi, dans le lieu d'inscription d'une pensée qui quant à elle ne parvient pas à s'inscrire de façon positive, mais sous la seule forme de la critique (celle du matérialisme passé) et ne s'offre alors qu'à la façon d'un négatif." (note 2 p.384)

    "Lire les thèses sur Feuerbach signifie en faire resurgir le discours de ce nouveau matérialisme qui n'a réussi, ni à s'imposer, ni à se poser de façon autonome." (p.384)

    "Si Marx intervient bien dans le débat entre l'idéalisme et le matérialisme, il n'y prend pas véritablement part, il s'attaque au rapport, au lien qui unit les deux concepts dans leur opposition et détruit le fondement sur lequel il s'appuie. Le nouveau matérialisme se définit par rapport aux figures théoriques spécifiées d'un matérialisme identifié comme matérialisme de l'intuition et d'un idéalisme défini comme idéalisme de l'activité. Ces termes sont l'indice d'un changement de terrain, où nous ne sommes plus ramenés à la mauvaise généralité du problème du primat supposé de l'idée ou de la matière. Voici en effet ce qu'énonce la première thèse sur Feuerbach :

    « Le principal défaut de tout le matérialisme passé — y compris celui de Feuerbach — est que l'objet, la réalité, le monde sensible n'y sont saisis que sous la forme d'objet ou d'intuition, mais non en tant activité humaine concrète, en tant que praxis, de façon subjective. C'est ce qui explique pourquoi le côté actif fut développé par l'idéalisme, en opposition au matérialisme, mais seulement abstraitement, car l'idéalisme ne connaît naturellement pas l'activité réelle, concrète comme telle ».

    Ce dont il est question ici, c'est d'une saisie du monde qui ne parvient pas à dépasser la simple saisie intuitive." (p.385)

    "Pour Marx, en effet, l'idéalisme et le matérialisme en leur définition classique ne sont pas ces deux adversaires inconciliables que nous présente Engels et dont la lutte dessine le tracé historique de la philosophie. Idéalisme de l'idée et matérialisme de la matière ne sont que les deux faces d'un même concept, comme l'écrivait Hegel dans un passage de la Phénoménologie, que Marx cite dans La Sainte Famille et dont il reprendra la thèse dans les Manuscrits de 1844." (pp.386-387)

    "Le matérialisme de l'intuition incarne en effet la figure exemplaire de ce avec quoi le nouveau matérialisme entend rompre, la métaphysique de la représentation, dont Feuerbach, d'après Marx, pose la figure paradigmatique. L'idéalisme de l'activité, c'est la philosophie de Hegel qui, dans ce contexte, est le moyen d'une critique effective de cette métaphysique [...] Pour Marx, le travail critique accompli au sein de la pensée doit produire ses effets à l'intérieur même du monde." (pp.387-388)

    "Le défaut du matérialisme est son caractère borné, par lequel il se définit et qu'il ne peut dépasser. Sa limite est son principe et c'est ce principe qu'il s'agit d'abandonner quand on veut aller au-delà des limitations du matérialisme lui-même. Ces limitations, en effet, ne sont pas la conséquence d'un arrêt sur un cheminement de pensée à prolonger. Il ne s'agit pas, pour le nouveau matérialisme, de poursuivre ce cheminement de pensée vers la véritable et pleine rationalité du matérialisme." (p.391)

    "Ce n'est pas le point de vue, mais la vue même du matérialisme, sa vision des choses, le concept qu'il s'en fait, la représentation qu'il s'en donne, qui sont aveugles. Il s'agit d'une cécité que rien ne peut guérir, car elle est proprement constitutive. [...] La non-saisie de la réalité en tant que pratique est donc quelque chose qui s'impose au matérialisme comme une fatalité à laquelle il ne saurait échapper. Le matérialisme, dès lors qu'il s'articule à l'intuition, est substantiellement cette non-saisie. La prise en charge de la réalité en tant qu'activité humaine pratique concrète est en effet pour le matérialisme une opération échappant à son espace de pensée et excédant les limites de sa raison." (p.392)

    "Il ne s'agit pas d'un simple problème de forme de la pensée, la métaphysique constituant alors ce mode de concevoir les choses, qui consiste « à les considérer en tant qu'objets fixes donnés, comme faites une fois pour toutes », comme l'écrit Engels par exemple." (p.393)

    "L'idéalisme de l'activité est l'idéalisme de Hegel, cet idéalisme qui s'affirme absolu et dont Hegel écrit : « l'idéalisme philosophique consiste uniquement dans le refus de reconnaître dans le fini un existant vrai » [HEGEL: Science de la logique, tome 1, trad. Jankelevitch Aubier, Paris, 1971, p. 158.]. L'idéalisme de l'activité est ce rejet de la finitude comme être vrai, dernier, absolu, non posé, rejet qui est en même temps l'affirmation de la vraie infinité. Pour l'idéalisme absolu de Hegel, ce refus n'a pas, en effet, le sens d'une simple négation du fini. Si le fini n'est pas un être vrai, s'il n'est qu'un « idéal », cela ne signifie pas qu'il soit un pur néant. Tout le travail de la pensée dialectique spéculative est au contraire de restituer au fini son véritable statut, sa vérité, le fait qu'il n'a pas sa vérité en lui-même mais dans son autre, l'infini qui constitue, écrit Hegel, « sa détermination affirmative ». [...] Le fini est en effet le corrélat de la pensée représentative dont l'idéalisme absolu se veut le procès de critique et de dépassement. Le fini est la réalité telle que la pose la pensée représentative, étant en soi, indépendant et autonome, étant reposant sur soi, c'est en somme l'affirmation de la réalité dans le sens d'une réalité en soi. C'est donc la même critique que Hegel développe dans la Science de la Logique contre la catégorie de la Realitat, cet étage de l'être du réel fixé comme un positif subsistant et autofondé ayant le statut d'une prédonnée et qu'il oppose au fini, équivalant lui-même à l'affirmative de l'étant, au sens de l'être en soi, de l'en soi comme valeur de sens de la réalité, comme détermination de base de toute réalité. Le fini ne définit alors, pour la pensée hégélienne, qu'une simple représentation d'un être, un effet d'optique de la visée représentative qui ne peut poser la réalité que sous la forme et sous le statut de l'en soi." (pp.394-396)

    "Dans l'horizon de la pensée hégélienne, le monde n'existe plus que comme l'effet d'une activité, l'effet d'un « faire » d'une certaine activité dont Hegel identifie le sujet à un esprit absolu. Derrière cette conception du monde, qui n'est plus une vision mais le point de vue du concept, il y a une autre compréhension de l'être du réel [...] Seul le travail du concept est en mesure de dépasser l'horizon limité que définit le monde des objets de la pensée finie. La prise en charge du moment de l'activité requiert la déposition du monde de la représentation qui est toujours réifiant. [...] La détermination essentielle de l'être de tout étant ne nous renvoie plus désormais au concept de la substantialité, mais à celui de l'activité. C'est ce que retient la fameuse formule de la phénoménologie où Hegel nous indique qu'il s'agit de comprendre la substance comme sujet [...] Dans l'idéalisme de l'activité de Hegel, ce sont donc deux dimensions essentielles de la réalité qui sont réaffirmées contre leur occultation par la pensée représentative : la dimension historique, d'une part, celle que le statut de prédonnée de la réalité, qu'implique avec soi le fini, refoule continuement ; la dimension pratique, d'autre part, que la position d'en soi, dont s'enveloppe le fini dans l'horizon de la pensée finie, repousse comme ce à quoi il s'oppose totalement." (p.397)

    "Sous l'intuition il y a toute une métaphysique de la vue qui, en sa structure essentielle, est purement théorétique, contemplative. Sous l'objet de l'intuition, il y a la projection sur le monde phénoménal d'une simple représentation, non pas l'objet qu'y voit l'intuition, l'être réel, mais sa représentation mystifiée, un simple être représenté, une abstraction. Marx retrouve au cœur même du matérialisme de l'intuition le travail de l'abstraction qui définit les positions de la pensée représentative que l'idéalisme de l'activité venait dénoncer." (pp.398-399)

    "Cette abstraction est aussi une mystification et ce qui est grave, c'est qu'elle nous laisse penser qu'elle nous a délivré des illusions fumeuses de la transcendance et ses représentants habituels. Avec le matérialisme, apparemment, plus besoin de dieu, de religion, d'idée pure, seulement d'une matière dont l'objet de l'intuition est le concept et qui s'étend face aux hommes comme l'espace/lieu véritable de la réalité. Le principe du matérialisme est que n'existe que ce qui reste dehors, que ce qui se tient en face du sujet [...] l'être en dehors de la conscience, le signe de la réalité étant nécessairement la substantialité de l'extériorité. Or, comme le faisait remarquer Gramsci, cette vision des choses ne nous fait pas sortir de la religion et de ses fantasmagories. Il dénonçait même dans ce concept de la réalité, une nouvelle figure de dieu. [...] Il ne s'agit plus, avec le matérialisme de Marx, de faire de la matérialité (concept qui pris en soi est mystifiant) le fondement de la réalité, mais de se faire de la réalité une conception qui rende compte de sa structure d'objectivité (la problématique de Marx est celle de l'objectivité du monde et non de la matérialité, ce en quoi elle est pensée du monde et non pas de la nature, pensée où le milieu du monde n'est pas la nature mais l'histoire), et qui interdise qu'on s'en extériorise comme le fait le matérialisme représentatif parce qu'il n'y a plus d'extériorité à la pratique sociale, le réel étant toujours, comme l'écrit Marx lui-même, produit de l'activité humaine sensible, réalité toujours travaillée par un moment de la subjectivité qui interdit de lui conférer la position de l'en soi." (note 24 p.398)

    "L'objet de l'intuition est l'indice de cette vision contemplative des choses qui pose le monde en face de soi, tout en oubliant l'acte propre de sa représentation et en l'hypostasiant dans le statut que lui fixe l'apparence immédiate de sa position [...] le « se tenir » en face de l'objet par rapport à la conscience représentative est en effet « un se tenir » dont le maintien n'est jamais questionné et qui fait, pour finir, de la représentation, de la vue, le principe constitutif de l'être lui-même. [...] . L'objet de l'intuition définit un monde en soi transcendant, s'opposant dans l'absolu de son altérité à la subjectivité. Or, c'est oublier que [...] (l'objectivité) de l'objet d'intuition, ne se tiennent en face du sujet que parce qu'ils ont été institués dans leur statut [...] par une praxis qui relève de la subjectivité. [...] Cet objet [...] a été érigé par une pratique et institué dans son statut d'en soi par un effet représentatif de l'intuition qui le fixe et efface en lui toute trace de l'« agir » qui est à son origine." (p.399)

    "L'aspect actif, mentionné dans la première thèse sur Feuerbach, ne nous renvoie pas, [comme l'a cru Lénine], à une quelconque reconnaissance du côté actif de la connaissance que le matérialisme dialectique de la tradition réclame comme sa marque distinctive, c'est-à-dire, comme critère de démarcation par rapport aux anciennes formes métaphysiques du matérialisme. Que le reflet soit actif, qu'il intègre en soi une certaine activité du sujet ou bien qu'il soit reflet passif, surface/miroir où trouverait à s'inscrire l'être réel objectif de la réalité, cela n'engage pas comme tel ce qui fait l'objet concret de l'opposition marxienne entre l'activité et l'intuition, c'est-à-dire la nature de ce que le reflet est supposé (venir) refléter. Cette nature est précisément ce que la position traditionnelle de la question métaphysique n'autorise aucunement à interroger, soustrait même à tout questionnement et laisse valoir, prévaloir sans autre forme de procès. Que le reflet soit actif ou passif, le matérialisme représentatif maintient le même statut à l'être et le sujet et l'objet continuent d'être séparés, isolés l'un de l'autre. C'est toujours l'extériorité qui lie au plan ontologique objet et sujet en une distance infranchissable que seule la vérité permet d'effacer grâce à la dissolution du sujet au moment où il énonce l'essence absolument objective de l'objet et cela dans un acte qui n'en est plus un : la pure contemplation ataraxique du vrai. Que le procès de connaissance, en effet, soit compris selon ses deux aspects réceptif et productif, ou bien qu'il soit réduit à sa seule dimension sensible, le sens reconnu à ce que ce procès présuppose comme objet de son appropriation à la réalité, perdure quand on passe du matérialisme métaphysique au matérialisme dialectique. Ce sens maintient l'être sous la loi de sa détermination représentative, de sa définition métaphysique, que Marx refuse par le rejet de l'objet de l'intuition." (pp.401-402)

    "Il s'agit du renversement de la vision de la représentation, de son mode de voir, de concevoir les choses qui vient y substituer cette façon subjective de se saisir de la réalité et du monde et qui en découvre l'aspect pratique concret, c'est-à-dire l'essence de réalité pratique et d'activité humaine concrète, la réalité d'être toujours résultat, produit.",
    (p.402)

    "Pensée de la pratique contre pensée de la matière, telle pourrait s'exprimer l'opposition entre l'intuition et l'activité qu'effectue la première thèse sur Feuerbach." (p.404)

    "La dissolution de l'objectivité dénoncée par le matérialisme classique dans la pensée idéaliste, est une dissolution que le nouveau matérialiste reprend à son compte et reproduit. Le matérialisme des thèses sur Feuerbach, tout comme l'idéalisme de l'activité, ne laissent en effet plus prévaloir cette objectivité qui faisait l'objet d'investissement essentiel de tout le matérialisme passé et sa fierté. Au contraire, il y voit un concept métaphysique qui, loin de pouvoir être le garant d'un maintien du côté objectif de la réalité, se révèle en être le principe de dissolution. Ainsi, lorsque Marx indique que le matérialisme jusqu'à Feuerbach n'a pas su se saisir de l'objet, de la réalité de façon subjective en tant qu'activité humaine concrète, cette incapacité ne signifie rien d'autre que l'incapacité de tout matérialisme à produire un concept effectif de l'objectivité." (pp.404-405)

    "Marx dans les Manuscrits de 44, Ed. Sociales, Paris, 1969, met en opposition « un monde objectif réel» et sa présentation « sous la forme de l'extériorité »." (note 30 p.406)

    "A l'objectivité pré-donnée, posée de toute éternité dans la transcendance de son altérité absolument préservée, Marx oppose une objectivité totalement redéfinie puisqu'elle est désormais posée comme produit historique, résultat de l'activité, effet/produit de la subjectivité. Cette objectivité ne se laisse donc plus concevoir en dehors d'une pensée de la subjectivité ; elle nous renvoie alors à une pensée nouvelle de la subjectivité qui en fait un moment constitutif de la réalité et du fait du matérialisme de Marx un matérialisme de la subjectivité.

    Il s'agit d'un matérialisme d'une subjectivité enfin reconnue dans son effectivité de puissance pratique." (p.407)

    "Le monde dépose son ancienne transcendance pour ne plus apparaître que sous la forme du produit d'une praxis passée, qu'une praxis à venir peut subvertir, transformer de façon radicale puisqu'à sa racine. Il y a la puissance même de cette « activité pratique concrète des hommes »." (p.408)

    "Le monde se tient dans ce rapport entre « tout ce qui existe » et « l'ensemble de l'activité qui en est le fondement », il est le procès de ce rapport, immense système d'échange entre l'activité vivante et l'activité morte, figée, qui s'est incarnée dans le monde des objets, réifiée en le monde sensible. Il découvre ainsi toujours en soi le procès infini de la praxis qui le reprend, le ressaisit, le reproduit dans son maintien, mouvement qui le porte à chaque instant de son existence — Marx parle dans L'I. A., «du monde sensible en tant que création matérielle incessante ». Pour le nouveau matérialisme, il y a comme un procès de création continue par quoi seul le monde trouve sa stature, procès vivant de l'ensemble des pratiques des individus historiques ayant par rapport à l'existence du monde le même statut que le dieu créateur de Descartes ; et sans lequel il perdrait sa consistance faute de voir se répéter l'acte toujours nécessaire de reproduction (Wiederherstellung) de son fondement. Cet acte renvoie à un mouvement qui est fondamentalement un mouvement de la subjectivité pratique. Ce que dit Marx du rapport entre le travail mort et le travail vivant pour l'univers du capital, vaut donc pour le rapport entre la praxis vivante et le monde de la pratique réifiée qui définit le champ de l'objectivité. Dès lors que le monde ne serait pas repris, ressaisi dans le mouvement de la praxis vivante, il s'écroulerait, s'effondrerait dans le néant de son être, ce néant qui consiste en ce que son être fini ne tient sa détermination affirmative que de l'infini du procès par lequel seul il est et peut être." (note 35 p.408)
    -Ulysses Santamaria et Alain Manville, "Marx et le matérialisme : sens et valeur de la première thèses sur Feuerbach", Philosophiques, 14(2), 1987, pp.381–408.



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