"He does precisely what the fossil fuel industry would want a PR agent to do."
http://www.lomborg-errors.dk/Hiddenagenda.htm
"[La] litanie nous est familière: sur notre Terre, l'environnement est dans un triste état. Les ressources s'épuisent. La population croît, faisant fondre les réserves de nourriture. L'air et l'eau sont de plus en plus pollués. Nombre d'espèces sont en voie d'extinction: nous en exterminons plus de 40 000 chaque année. Les forêts disparaissent, les réserves de poissons se tarissent, les récifs de corail périssent... la liste de nos méfaits est interminable.
Nous souillons notre planète, rétrécissons la superficie de terre arable, bitumons la nature, détruisons la vie sauvage, décimons la biosphère, et nous finirons par nous tuer nous-mêmes. L'écosystème mondial s'effondre. Nous approchons rapidement de la limite absolue de la viabilité, et la croissance arrive à son terme.
Cette litanie, nous l'avons entendue si souvent que le fait de la réentendre une fois encore est presque rassurant. Le problème est qu'il semblerait que la réalité lui donne tort." (p.20-21)
"La répétition constante de la litanie et des exagérations sur l'environnement est lourde de conséquences. Elle engendre en nous la peur et nous fait dépenser nos ressources et notre énergie à résoudre des problèmes imaginaires en ignorant les questions réelles et urgentes (pas nécessairement environnementales). C'est pourquoi nous devons avoir connaissance des faits et disposer des meilleures informations possibles afin de pouvoir prendre les mesures les plus adaptées." (p.22)
"Je m'appliquerai à démontrer tout au long de cet ouvrage que bien souvent, les solutions proposées sont tout à fait inefficaces." (p.23)
"L'évaluation de l'état de la planète doit passer par le principe de comparaison. [...] Il est indispensable que tout soit comparé avec ce qu'il en était avant. La comparaison nous indique l'évolution: est-ce mieux ou moins bien ?" (p.23)
"Alors que 75% des jeunes nés dans ce monde vers 1915 étaient illettrés, cela n'est vrai aujourd'hui que pour 17% d'entre eux [...] Et, alors que 30% seulement de la population des pays en voie de développement avaient accès à l'eau en 1970, c'est aujourd'hui le cas de 80% [...] Ces améliorations sont considérables pour l'état du monde parce que la tendance est à la hausse concernant l'espérance de vie et l'instruction." (p.23)
"L'essence même de la politique [...] choisir certains projets plutôt que d'autres." (p.24)
"Seuls les chiffres globaux sont en mesure de répondre à la question de savoir si, au cours des années, les avancées ont été supérieures aux reculs." (p.26)
"Dans un monde où les interactions sont nombreuses, les retournements statistiques à court terme peuvent fort bien se produire au sein de tendances à long terme. Accepter des arguments environnementalistes fondés exclusivement sur des chiffres portant sur deux ou trois ans, aussi parlant soient-ils, c'est laisser la porte ouverte à tout et n'importe quoi. Ainsi, pour évaluer des évolutions significatives, nous devons étudier de longues périodes. Non pas sur deux ou cinq ans, comme on le voit souvent, mais en remontant aussi loin que l'on peut trouver des chiffres." (p.28)
"A chaque étude de problème, nous devons déterminer son importance relative par rapport à d'autres. [...]
Nous entendons tous parler de pesticides qui atteignent les nappes phréatiques. Les pesticides étant cancérigènes, ils posent problème et sont donc condamnables. Peu de domaines réussiraient à soutenir une telle argumentation. Imaginons le cas de figure suivant: "Le Département de la Défense a découvert que l'Etat X a mis au point des missiles Y6. Nous allons donc devoir mettre au point un système de défense anti-missiles". Immédiatement, nous demanderions à connaître la probabilité d'une attaque de la part de l'Etat X, les dommages provoqués par de tels missiles et le coût d'un système de défense efficace. De même pour les pesticides, nous devrions chercher à savoir s'ils sont réellement néfastes et combien cela coûterait de ne plus les utiliser. D'après des études récentes, les pesticides provoquent très peu de cancers parce que les fruits et les légumes protègent contre le cancer. Sans les pesticides, les produits seraient plus chers et les gens en consommeraient moins.
De façon similaire, quand le Fonds mondial pour la nature [WWF] annonce que la destruction de la forêt vierge augmente de 1 489 600 hectares par an, il faut aussi se demander combien cela représente. Est-ce considérable ? On peut faire le calcul classique -et assez parlant- du nombre de "terrains de football à l'heure". Mais a-t-on une idée du nombre de terrains de foot que pourrait contenir toute l'Amazonie ? Sans doute est-il plus intéressant de savoir que, depuis l'arrivée de l'homme, la perte totale de forêt amazonienne ne représente que 14%." (p.29)
"Les besoins et les désirs de l'humanité sont au cœur de notre évaluation de l'état de la planète. Cela ne veut pas dire que les plantes ou les animaux n'ont pas également des droits [sic], mais que la priorité sera toujours donnée aux humains.
Cela définit ma conception éthique -et à cet égard le lecteur peut naturellement avoir un avis différent du mien- et réaliste du monde: les gens débattent et participent au processus décisionnaire, ce que ne peuvent faire ni les pingouins ni les sapins. La façon dont les pingouins et les sapins sont pris en considération dépend en dernière instance des individus formés pour agir à leur place qui, dans les démocraties, représentent plus de la moitié. Certains parmi eux choisiront de privilégier les animaux et les plantes, mais on ne pourra vraiment attribuer à ceux-ci de droits spécifiques.
Évidemment, c'est une approche égoïste de la part des êtres humains vis-à-vis des animaux. Mais, outre le fait que c'est la description la plus réaliste de la prise de décision, elle me semble la seule défendable. Quelle est l'alternative ? Faut-il donner le droit de vote aux pingouins ? Sinon, qui a le droit de parler en leur nom ? (Et comment ces représentants peuvent-ils être choisis ?)
Il est important également de noter que ce point de vue ethnocentrique ne conduit pas forcément à négliger ou éliminer beaucoup de vies non humaines. Par bien des aspects, l'homme dépend de multiples autres formes de vie et ne serait-ce que pour cette raison, elles doivent être protégées et leur bien-être pris en compte. L'homme partage souvent des intérêts communs avec les animaux et les plantes, par exemple le désir d'un air pur. Mais souvent, il faut faire un choix entre ce qui est bon pour l'homme et ce qui est bon pour les animaux et les plantes. Si nous choisissons de garder une forêt intacte, ce sera un grand avantage pour bien des animaux, mais pour l'homme une occasion ratée d'exploiter le bois et de faire pousser de la nourriture. Voulons-nous une forêt intacte ou un champ cultivé ? C'est l'homme qui doit choisir entre la nourriture et une nature protégée.
La conclusion est que nous n'avons d'autre choix que d'utiliser les humains comme référence. Autrement, comment pouvons-nous échapper au dilemme éthique ? Quand les Américains ont accepté de réduire les émissions d'azote dans le nord du golfe du Mexique pour sauver de l'asphyxie les animaux vivant au fond, c'était bien l'affirmation du désir de l'homme de protéger la flore et la faune du fond des mers. Cela ne veut pas dire qu'une décision de cet ordre vise en premier lieu à sauver les habitants des fonds marins, qui ne sont pas dotés de droits inaliénables." (p.32-33)
"La flambée des prix du pétrole, qui a valu au monde une décennie de croissance ralentie des années 70 au milieu des années 80, s'est stabilisée au cours des années 90 pour revenir à des prix comparables ou inférieurs à ceux des cours d'avant la première crise pétrolière [...]
Parler d'augmentation record pour la croissance de la population est tout simplement faux, étant donné que le record remonte à 1964, avec 2.17% [...] Depuis lors, le taux n'a cessé de diminuer, pour arriver à 1.26% en 2000 et on estime qu'il descendra au-dessous de 1% en 2016 [selon le site worldometers, le taux de croissance de la population mondiale en 2016 a été de 1.14%, une estimation proche de celle que citait Lomborg en 1988, au détriment des néo-malthusianistes. Cf: http://www.worldometers.info/fr/population-mondiale/#growthrate ]
Ainsi, dans son estimation rapide de l'état de la planète depuis 1984, le Worldwatch Institute établit une liste de "points noirs" qui se sont tous améliorés depuis lors." (p.35)
"Le WWF proclama [...] que 1997 était "l'année où le monde prenait feu" parce que "cette année-là, les incendies dévastèrent plus de forêts que jamais dans l'Histoire". En résumant la situation, le président du WWF, Claude Martin, déclara sans équivoque: "Ce n'est pas seulement une urgence, c'est un désastre planétaire". A y regarder de plus près, comme on pourra le voir plus loin dans cet ouvrage, dans la section consacrée à la forêt, les chiffres démentent cette déclaration: 1997 était bien au-dessous du record annuel d'incendies, et l'unique raison pour laquelle l'année 1997 fut montrée du doigt, c'est que pour la première fois, en Indonésie, la fumée incommoda terriblement les habitants des villes. En tout et pour tout, les incendies ont touché environ 1% des forêts de tout le pays.
De même, en 1997, le WWF publia un communiqué de presse intitulé "Les deux tiers de la forêt du monde perdu à jamais". Comme dans le Global Annual Forest report 1997, on expliquait que "les nouvelles recherches effectuées par le WWF montrent que près des deux tiers de la superficie de la forêt originelle mondiale ont été rayées de la planète". Ce qui me semblait plutôt incroyable, étant donné que la plupart des autres sources estiment ce chiffre à 20-25% environ. [...]
Dans ce non-rapport, voici ce que nous dit WWF: "Nous avons maintenant la preuve de la superficie de forêt déjà perdue... Ce qui est effrayant, c'est que le rythme de sa destruction s'est terriblement accéléré au cours des cinq dernières années et continue à progresser". Or, l'ONU annonce un taux de déforestation de 0.346% pour les années 80 et de 0.32% pour la période 1990-1995, ce qui représente non pas une terrible accélération mais un ralentissement." (p.39)
"Une autre métaphore récurrente chez les environnementalistes concerne la comparaison entre notre situation et celle de l'île de Pâques. Petite île située dans le Pacifique à plus de 3200 kilomètres des côtes chiliennes, elle est célèbre pour ses quelques 800 têtes géantes sculptées dans la roche volcanique, dispersées sur tout son territoire. Des vestiges archéologiques indiquent que, pour fabriquer ces étonnantes states aux environs de 900 apr. J.C., les hommes ont également contribué à réduire la forêt, utilisant le bois pour faire rouler les statues sur des troncs d'arbre, et comme combustible et matériau de construction. En 1440, la forêt de palmiers avait totalement disparu ; la production alimentaire déclina et, en 1500, la fabrication de statues avait cessé. Apparemment, la guerre et la famine avaient réduit la population de 80% avant la découverte en 1722, par les navigateurs hollandais, d'une société devenue misérable.
Depuis lors, l'île de Pâques est devenue un symbole patent pour les écologistes, exemple d'une société dépassant ses limites et s'effondrant dans la dévastation. [...]
Le problème de cette figure de rhétorique est qu'elle se contente d'indiquer que l'effondrement est possible sans expliquer en quoi il est probable qu'il se produise. Il faut bien avoir conscience que, sur les 10 000 îles du Pacifique, seules 12, dont l'île de Pâques, ont connu une décadence ou un anéantissement, alors que la plupart des sociétés du Pacifique ont prospéré. De plus, une étude sur l'île de Pâques semble indiquer que son itinéraire unique était dû à sa dépendance à l'arbre à croissance lente qu'est le palmier chilien, qui met de 40 à 60 ans à pousser. Cela prouve son caractère exceptionnel par rapport aux autres îles polynésiennes, où le cocotier à croissance rapide et les palmiers Fidji rendent un déclin peu probable." (p.58)
"L'ensemble de prospectives le plus connu a été publié en 1972 dans le fameux rapport Limits to Growth (Halte à la croissance), qui présidait que la plupart des ressources allaient s'épuiser: l'or en 1981, l'argent et le mercure en 1985 et le zinc en 1990. De fait, comme nous le verrons dans la Partie III, la plupart des ressources sont en réalité plus abondantes. Inutile de préciser que l'or, l'argent, le mercure et le zinc sont encore là." (p.59)
"Il est très difficile de mener une discussion objective sur l'environnement car chacun a sur la question des opinions qui lui tiennent à cœur." (p.60)
"Plusieurs grands pontes de l'environnement, dont le secrétaire d'Etat danois à l'Environnement, [ont] cherché à faire croire que j'étais franchement de droite, ou tout au moins le garçon de courses de la droite.
En écrivant ce livre, je n'ai ni mauvaises intentions ni intentions cachées. Je crois, tout simplement, que la démocratie fonctionne mieux si tout le monde a accès à la meilleure information possible. Il n'est pas dans l'intérêt de la société de débattre d'une question aussi vitale que celle de l'environnement en se fondant davantage sur le mythe que sur la réalité.
Lors de mes conférences, on m'a souvent dit que, même si j'ai raison et que les choses ne vont pas aussi mal qu'on le pense, ce genre de déclaration en public est à éviter car elles risquent d'inciter les gens à prendre les choses à la légère. Même si cette opinion est défendable, il est important de comprendre à quel point une telle attitude est antidémocratique: nous, les quelques "initiés", nous approchons plus vraisemblablement de la vérité, mais si la connaissance de cette vérité risque d'entraîner des comportements "nuisibles" de la part de certaines personnes, nous ne devons pas la divulguer. De plus, à long terme, ce type d'argument ne peut que nuire au mouvement environnementaliste, en dévalorisant son meilleur atout, qui est sa crédibilité." (p.62)
"D'une façon générale, il faut remettre en question le mythe selon lequel l'économie nuit à l'environnement. On en est arrivé à croire qu'on se trouve face à un choix inéluctable entre des conditions de vie améliorées par l'économie et un environnement en bon état. Mais curieusement, et comme nous le verrons plus loin, preuve à l'appui, le développement environnemental est souvent justement issu du développement économique: ce n'est que quand on est suffisamment riche qu'on peut s'offrir le luxe relatif de se préoccuper de l'environnement." (p.63)
"Tout comme les organisations des industries et de l'agriculture ont un intérêt évident à brosser un portrait de l'environnement en disant que "tout va bien" et qu' "il n'y a rien à faire", les organisations environnementalistes ont, elles, nettement intérêt à présenter un environnement en mauvais état pour lequel il faut agir au plus vite. Et plus il paraîtra en difficulté, plus il leur sera facile de convaincre de l'urgence de consacrer plus d'argent à l'environnement plutôt qu'aux crèches ou aux hôpitaux. Bien sûr, si le scepticisme s'appliquait à un cas comme à l'autre, il y aurait un semblant d'équilibre. Mais étant donné que l'on se montre beaucoup moins sceptique vis-à-vis des organisations environnementalistes, cela peut occasionner de graves incompréhensions dans la perception de l'état de la planète." (p.71)
"Dans son livre sur l'histoire des Juifs, Sal Baron écrivait que les prophètes qui faisaient des prévisions optimistes étaient automatiquement considérés comme étant de faux prophètes. Une tablette de pierre assyrienne vieille de plusieurs milliers d'années révèle la ténacité du sentiment de déclin: "Notre terre a dégénéré ces temps derniers ; la corruption et la subornation sont courantes ; les enfants n'obéissent plus aux parents ; chaque homme veut marquer son temps et, à l'évidence, la fin du monde approche". [...]
Ces observations semblent indiquer que, historiquement et peut-être aussi biologiquement, nous sommes disposés à accueillir des nouvelles négatives. Mais si nous voulons avoir une base rationnelle pour prendre des mesures politiques justes et choisir les meilleurs moyens pour les meilleurs objectifs, nous devrons garder à l'esprit que le torrent d'informations auquel nous sommes soumis est déséquilibré. [...]
Cela implique de regarder le monde avec une bonne dose de scepticisme et de relever les défis en sachant qu'on est systématiquement confronté à un excédent de nouvelles négatives." (p.76)
"L'accroissement de la population est dû principalement à une chute importante du taux de mortalité résultant d'un meilleur approvisionnement en aliments, en médicaments, en eau potable et en assainissement. D'autre part, l'augmentation n'est pas due au fait que, dans les pays en voie de développement, les familles ont de plus en plus d'enfants.
Au début des années 50, les femmes, dans les pays en voie de développement, donnaient naissance à plus de six enfants en moyenne, alors que la moyenne est de trois environ aujourd'hui. [...]
En termes historiques, ce développement est connu sous le nom de "transition démographique" [...] Dans une société agricole traditionnelle, les revenus sont faibles et la mortalité élevée. Cependant, les enfant travaillant pour subvenir aux besoins de leurs âgés rapportent plus qu'ils ne coûtent, ce qui explique le taux de natalité élevé. Avec des conditions de vie, de santé et d'hygiène améliorées et une prospérité économique générale, le taux de mortalité chute. La transition vers une économie plus urbaine et développée fait que les enfants ont plus de chances de survivre et donc commencent à coûter plus qu'ils ne rapportent, faisant des études, travaillant moins et confiant la garde de leurs parents à des institutions spécialisées. Conséquence: le taux de natalité baisse." (p.90-91)
"La contribution des pays industrialisés à la population mondiale va continuer à baisser. Après avoir augmenté au cours des siècles précédents, elle est descendue de 32% en 1950 à 20% aujourd'hui, et poursuivre sa baisse jusqu'à atteindre 13% en 2050." (p.93)
"Jusqu'à l'an 1400 environ, l'espérance de vie était étonnamment courte -un nouveau-né n'avait que 20 à 30 ans d'espérance de vie en moyenne. A cette époque, la mortalité infantile était incroyablement élevée: seul, un enfant sur deux survivait au-delà de sa cinquième année.
Concernant les débuts de l'histoire de l'humanité, nous avons peu ou pas de statistiques précises sur lesquelles nous appuyer, aussi les chiffres sont-ils basés sur l'observation des squelettes et les extrapolations mathématiques de la croissance de la population. Certaines des études les plus fiables des squelettes de l'âge de pierre en Afrique du Nord indiquent une espérance de vie de 21 ans au plus. Nous savons, d'après les recherches effectuées dans les tombes sur les momies et les squelettes, qu'un citoyen de la Rome antique vivait en moyenne 22 ans. [...]
A partir de 1541, nous avons de bien meilleures informations au niveau national pour les deux sexes, fournies par de larges extraits des registres des paroisses. La durée de vie moyenne passe à 35 ans environ, fléchissant légèrement jusqu'en 1700 pour remonter doucement jusqu'à 1850, fluctuations passagères dues aux disettes épisodiques, aux épidémies et à l'inefficacité des réseaux de distribution des produits alimentaires. Après 1850, l'espérance de vie est montée en flèche. Durant les 150 années qui suivirent, l'augmentation fut prodigieuse. Elle passa pratiquement du simple au double.
L'évolution fut la même dans la plupart des pays industrialisés. En France, l'espérance de vie était en 1800 d'environ 30 ans. Au Danemark, elle tournait autour de 44 ans en 1845. Tous les pays sont arrivés à une espérance de vie de plus de 70 ans, avec une moyenne de 77 ans pour les pays industrialisés. En revanche, l'espérance de vie dans le reste du monde était encore très basse au début du XXème siècle. On estime généralement qu'en 1900 elle était toujours de 30 ans environ pour la moyenne mondiale. En 1950, les gens vivaient en moyenne 46.5 ans et, en 1998, jusqu'à 67 ans. Ainsi l'espérance de vie a plus que doublé en un siècle." (p.97-98)
"Dans le monde occidental, à mesure que les progrès dans les domaines de la médecine, de l'hygiène et du niveau de vie faisaient échec aux maladies infectieuses, les gens ont commencé à vivre plus longtemps et mieux. C'est pourquoi on meurt plus fréquemment de vieillesse ou de maladies liées au mode de vie tels que cancers ou maladies cardio-vasculaires. En 1900, les causes principales de décès aux Etats-Unis étaient la pneumonie, la tuberculose, la diarrhée et l'entérite, qui causaient environ un tiers de tous les décès, tandis que les maladies cardiaques et les cancers n'étaient responsables que de 12.5%. En 1997, les maladies cardiaques et les cancers représentent 55% de tous les décès, et les maladies infectieuses, 4.5% seulement." (p.106)
"D'une façon générale, la santé des êtres humains s'est considérablement améliorée durant les deux derniers siècles." (p.109)
"."On a perdu la bataille pour nourrir l'humanité. Au cours des années 1970, le monde connaîtra une famine d'une ampleur tragique -des centaines de milliers de gens mourront de faim". Voilà comme Paul Ehrlich commençait son livre La Bombe P. Un des ouvrages les plus marquant sur la faim, qui s'est vendu à plus de 3 millions d'exemplaires. [...]
De la même école, Lester Brown, qui plus tard est devenu président du Worldwatch Institute, a écrit en 1965 que "le problème de la faim émergeant dans les pays les moins développés était pratiquement impossible à résoudre". [...]
Tous deux avaient tort. Bien que nous soyons deux fois plus nombreux qu'en 1961, chacun d'entre nous peut manger davantage, dans les pays industrialisés comme dans les pays en voie de développement. Moins de gens meurent de faim." (p.110)
"En Chine, l'Etat du monde le plus peuplé, la nutrition a connu un développement extraordinaire. Ce pays parvient actuellement à nourrir plus d'un cinquième de la population mondiale à partir d'un quinzième du territoire agricole mondial. Après sa prise de pouvoir en 1949, le Parti communiste a mis en route un processus d'industrialisation massive fondé sur une main d'œuvre bon marché, des prix plafonds pour les paysans et le rationnement alimentaire. Cette politique engendra des problèmes pour l'agriculture et entre 1959 et 1962, la Chine connut une famine catastrophique qui entraîna la mort de près de 30 millions de personnes [...].
Ces événements incitèrent le pays à rejoindre la Révolution verte, qui introduisit des cultures à haut rendement, l'irrigation et l'usage d'engrais. En dépit de ces efforts, les Chinois ne ressentirent aucune amélioration sensible de la prospérité à cause de la faible productivité des fermes collectives où les paysans manquaient de motivation.
Le changement radical se produisit à la fin des années 70 quand les dirigeants chinois mirent en place les réformes économiques qui préparèrent le terrain pour des prix plus élevés et une plus grande flexibilité. L'accession à la propriété privée et la vente des produits de la terre libérèrent le potentiel de production de la Chine, qui augmenta de manière spectaculaire. De 1979 à 1984, le taux d'accroissement annuel fut de 1.3% pour la population, mais de 11.8% pour la production agricole. La FAO estime qu'au moins la moitié de cette croissance peut être mise au crédit des exploitations privées. Depuis 1978, la valeur de la production des exploitations agricoles a doublé pour le plus grand bénéfice des 800 millions de paysans chinois, dont les revenus ont augmenté de plus de 15% par an, faisant tomber le pourcentage de pauvres de 33 à 12%. En outre, le nombre de gens employés dans l'agriculture est passé de presque 4 à 5, à seulement 1 à 2. La conséquence est que, d'une façon générale, la population mange à sa faim, le pourcentage de gens exposés à la famine a chuté des trois quarts et les enfants sont maintenant plus grands et plus robustes, signe évident d'une hausse des normes nutritionnelles. Le plus impressionnant est peut-être l'apport calorique par personne qui a quasiment doublé depuis le début des années 60, passant d'environ 1500, ce qui est proche du niveau de la famine, à 2973 en 1998." (p.120)
"On nous a répété pendant des années qu'on courait à la catastrophe, qu'on ne pouvait pas nourrir le monde. Mais cette vision apocalyptique n'a rien à voir avec la réalité. On peut dire que l'humanité est mieux nourrie aujourd'hui qu'avant. La Révolution verte a été un succès." (p.120-121)
"Avec les voitures, la mobilité s'est accentuée de façon phénoménale. Alors qu'il n'y avait presque pas de voitures en 1900, les familles en possédant étaient près de 60% en 1929 aux Etats-Unis. Après les années agitées de la dépression et de la Seconde Guerre mondiale, ce chiffre passa à près de 80% en 1960 pour atteindre 90% en 1998. Au niveau mondial, le nombre de propriétaires de voitures a quadruplé depuis 1950, passant d'une pour 48 personnes à une pour 12 personnes en 1999." (p.137)
"En 1900, les Américains dépensaient 36% de leur revenu en nourriture et autres nécessités, contre 21% en 1950 et seulement 11% en 1997. L'habitat américain s'est amélioré de façon étonnante sans pour autant que l'on dépense davantage, soit 15% du revenu. Aujourd'hui, tout le monde a l'eau courante et des toilettes, alors qu'au début du siècle ces biens précieux n'étaient accessibles respectivement qu'à 15 et 25% de la population." (p.138)
"Au Danemark, dans les zones urbaines, les espaces verts publics ont doublé de 1976 à 1996, et depuis 1990, le problème du bruit de la circulation pour les occupants des appartements a été nettement réduit. De la même façon, aux Etats-Unis, 7 millions de personnes souffraient du bruit des aéroports en 1975, alors qu'il n'y en a plus aujourd'hui qu'un demi-million." (p.138)
"En 1856, les hommes [au Royaume-Uni] passaient 50% de leur vie à travailler, contre 20% aujourd'hui." (p.143)
"Beaucoup s'imaginent que les sociétés préhistoriques étaient paisibles et non-violentes. Même si nous n'avons que peu d'informations, de traces précises, si l'on se réfère aux connaissances que l'on a en anthropologie, on sait que, dans la plupart des sociétés tribales ou claniques, le meurtre est l'une des premières causes de mortalité.
Les statistiques les plus anciennes dont on dispose viennent d'Angleterre et montrent qu'au XIIIème siècle, on comptait plus de 20 meurtres pour 100 000 habitants. Ce taux n'a cessé de chuter régulièrement jusqu'au milieu du XXème siècle, où le taux n'était plus que de 0.5%." (p.144-145)
"Le tableau du suicide suit une courbe opposée. Dans les sociétés traditionnelles, le nombre de suicides est assez limité. Cependant, avec l'urbanisation, il a nettement progressé, passant souvent de 1 pour 100 000 à 10 ou 25." (p.145-146)
"La responsabilité partagée par tous n'est partagée par personne. Quand les occupants d'un immeuble se partagent un jardin, ils ont tous envie qu'il soit joli. Le problème est que tout un chacun espère que c'est l'autre qui va désherber et nettoyer à sa place.
Le phénomène a d'abord été baptisé [par] Garrett Hardin, et s'appliquait à un problème bien particulier en Angleterre au XVIème siècle. De vastes étendues, appelées terres communales, étaient libres et tout le monde pouvait y faire paître ses bêtes. Les pauvres mettaient du bétail sur ces prés communaux, ce qui leur permettait d'avoir un complément à leurs maigres revenus. Chacun trouvait son intérêt à mettre de plus en plus d'animaux, mais il y en eut bientôt bien plus que les pâtures ne pouvaient en nourrir ; elles s'épuisèrent et tout le monde y perdit. Hardin baptisa ce phénomène The Tragedy of the Commons ("La tragédie de la vaine pâture"). Les pêcheries d'aujourd'hui subissent d'une certaine manière le même phénomène: puisque la mer appartient à tout le monde, personne n'en est responsable. Pour le pêcheur individuel, l'opération consiste à pêcher le plus possible sans se soucier de ce que font les autres. Il s'ensuit que tout le monde surexploite.
Si tous les pêcheurs s'abstenaient de pêcher, ils ne gagneraient pas d'argent, mais si tous les pêcheurs devaient pêcher tous les poissons que contient l'océan, ils finiraient aussi par ne plus pouvoir gagner d'argent (parce que les océans seraient vides). Il est possible de montrer qu'il existe un niveau optimal de pêche entre ces deux extrêmes. Dans ce cas, on prendrait beaucoup de poissons (ce qui veut dire beaucoup d'argent) ; mais on laisserait suffisamment de poissons (pour perpétuer l'espèce dans les années à venir).
L'ennui, c'est qu'on ne peut atteindre un niveau optimal que si l'on parvient à établir une sorte de propriété sur le poisson. Lorsque, par exemple, un Etat étend ses eaux territoriales à 200 000 milles marins et possède donc tous les poissons qui se trouvent dans cette limite, cet Etat peut (grâce à des permis) s'assurer qu'on n'y pêche que la quantité optimale de poissons. Mais il est souvent difficile ou impossible de "contrôler" le poisson parce que de nombreuses espèces telles que le thon ou le saumon, par exemple, couvrent de fort longues distances et migrent bien au-delà des 200 milles marins (permettant ainsi à d'autres Etats de les pêcher). En outre, les Etats, en particulier ceux du tiers-monde, ont souvent beaucoup de mal à faire respecter une réglementation, et en particulier à réduire le nombre de pêcheurs. Enfin, il n'est pas facile d'attribuer des droits de propriété sur tous les poissons vivant dans l'océan.
Quand un Etat ou une convention internationale ne sont pas en mesure de garantir une exploitation optimale, on se retrouve dans la situation où tout le monde se bat contre tout le monde. Dans ce cas, les pêcheurs investiront dans des équipements coûteux afin de pouvoir surexploiter les mers le plus vite et le plus efficacement possible. La seule limite à l'investissement sera l'épuisement des mers au point que leur exploitation ne sera plus rentable. Par conséquent, la pêche d'aujourd'hui est un mélange de contrôle et d'utilisation optimale d'un côté, et de surexploitation et d'attitude de chercheur d'or de l'autre.
Parce que nous surexploitons les océans, au lieu des 100 millions de tonnes de poissons qu'ils pourraient produire, nous sommes tombés aujourd'hui à 90 millions de tonnes de poissons pêchés par an. [...]
Ne pouvant augmenter notre production de poisson au-delà de 100 millions de tonnes, même si elle est "gratuite", nous avons reporté nos efforts sur l'élevage du poisson, ou pisciculture, en particulier en Chine. Cette production a quintuplé depuis 1984. Résultat: si la pêche n'a pu maintenir son niveau par rapport à la croissance de la population, la production totale de poisson a tellement augmenté que la quantité de poisson par personne à la fin des années 90 est remontée au-dessus du niveau des années précédentes [...]
Quand Lester Brown déclare que nous avons moins de poisson par personne, c'est parce qu'il oublie la production de la pisciculture, parti pris assez curieux étant donné que pour l'apport calorique ou protéinique, peu importe que le saumon du consommateur provienne de l'océan Atlantique ou d'un élevage.
En faisant des prospectives, la FAO prévoit que la consommation de poisson va augmenter considérablement, de plus de 23% par personne jusqu'en 2030. Cela veut dire que la production des élevages dépassera celle de la pêche traditionnelle. Il est vraisemblable également que les prix augmenteront parce que l'augmentation des revenus dans les pays en voie de développement fera monter la demande en poisson." (p.192)
"Il est difficile de déterminer ce qu'on entend réellement par "forêt", car il y a toutes sortes étapes intermédiaires entre la forêt tropicale dense et la savane, en passant par la steppe, la brousse ; de même, les arbres sont de plus en plus petits et clairsemés à mesure qu'on approche de la lisière. Il est également très difficile de comparer la forêt tropicale brésilienne avec des bois de bouleaux danois ou une plantation américaine. [...]
Le patrimoine forestier mondial est resté extraordinairement stable pendant la seconde moitié du XXème siècle. D'après la plus longue série de données, la superficie forestière totale est passée de 30.04% des terres immergées en 1950 à 30.89% en 1994, soit une augmentation de 0.85% sur 44 ans." (p.195 et 197)
"L'Europe a perdu de 50 à 70% de sa forêt originelle. La plus grande partie a été abattue au début du Moyen Age, soit pour la convertir en terre arabe, soit pour en tirer du bois de feu. La moitié de la forêt française a disparu entre 1000 et 1300. Au milieu du XIVe siècle, la Peste noire annihila un tiers de la population européenne, faisant ainsi régresser l'exploitation de la forêt qui se reconstitua en grande partie. Ce n'est qu'aux XVIe et XVIIe siècles que le repeuplement fit reprendre l'exploitation de la forêt, dont de larges sections furent à nouveau abattues. En 1700, la France avait perdu 70% de sa forêt par rapport à l'an 1000. Mais au XVIIIe siècle, les gens réalisèrent que les ressources forestières étaient limitées et qu'il importait de sauvegarder la forêt pour la construction navale. C'est pour cette raison qu'à partir de 1700, la superficie forestière ne diminua que de 8% en Europe." (p.197-198)
"Au niveau mondial, il apparaît que, par rapport à la forêt originelle, la perte est d'environ 20% depuis les débuts de l'agriculture. Ce chiffre est bien inférieur à celui qui est si souvent brandi par diverses organisations. Le WWF, par exemple, comme il est dit dans l'introduction, prétend que nous avons perdu les deux tiers de nos forêts depuis l'apparition de l'agriculture, mais sans apporter de preuves pour étayer cette affirmation." (p.198)
"Les forêts des pays tempérées, majoritairement situées en Amérique du Nord, en Europe et en Russie, s'agrandissent depuis 40 ans. En revanche, une bonne partie de la forêt tropicale. […]
Les forêts tropicales ne sont pas régies par des droits de possession, et elles sont mal administrées. En réalité, le problème est similaire à celui qui touche la pêche internationale […] Si la forêt tropicale appartient à tout le monde, personne n'en est responsable. Les pionniers se contenteront de faire des coupes pour récupérer de la terre, essaieront de la cultiver et finiront sans doute par épuiser le sol au bout de quelques années avant de recommencer plus loin." (p.199)
-Bjørn Lomborg, L'écologiste sceptique. Le véritable état de la planète, Le cherche midi, coll. Documents, 2004 (1988 pour la première édition danoise), 743 pages.
http://www.lomborg-errors.dk/Hiddenagenda.htm
"[La] litanie nous est familière: sur notre Terre, l'environnement est dans un triste état. Les ressources s'épuisent. La population croît, faisant fondre les réserves de nourriture. L'air et l'eau sont de plus en plus pollués. Nombre d'espèces sont en voie d'extinction: nous en exterminons plus de 40 000 chaque année. Les forêts disparaissent, les réserves de poissons se tarissent, les récifs de corail périssent... la liste de nos méfaits est interminable.
Nous souillons notre planète, rétrécissons la superficie de terre arable, bitumons la nature, détruisons la vie sauvage, décimons la biosphère, et nous finirons par nous tuer nous-mêmes. L'écosystème mondial s'effondre. Nous approchons rapidement de la limite absolue de la viabilité, et la croissance arrive à son terme.
Cette litanie, nous l'avons entendue si souvent que le fait de la réentendre une fois encore est presque rassurant. Le problème est qu'il semblerait que la réalité lui donne tort." (p.20-21)
"La répétition constante de la litanie et des exagérations sur l'environnement est lourde de conséquences. Elle engendre en nous la peur et nous fait dépenser nos ressources et notre énergie à résoudre des problèmes imaginaires en ignorant les questions réelles et urgentes (pas nécessairement environnementales). C'est pourquoi nous devons avoir connaissance des faits et disposer des meilleures informations possibles afin de pouvoir prendre les mesures les plus adaptées." (p.22)
"Je m'appliquerai à démontrer tout au long de cet ouvrage que bien souvent, les solutions proposées sont tout à fait inefficaces." (p.23)
"L'évaluation de l'état de la planète doit passer par le principe de comparaison. [...] Il est indispensable que tout soit comparé avec ce qu'il en était avant. La comparaison nous indique l'évolution: est-ce mieux ou moins bien ?" (p.23)
"Alors que 75% des jeunes nés dans ce monde vers 1915 étaient illettrés, cela n'est vrai aujourd'hui que pour 17% d'entre eux [...] Et, alors que 30% seulement de la population des pays en voie de développement avaient accès à l'eau en 1970, c'est aujourd'hui le cas de 80% [...] Ces améliorations sont considérables pour l'état du monde parce que la tendance est à la hausse concernant l'espérance de vie et l'instruction." (p.23)
"L'essence même de la politique [...] choisir certains projets plutôt que d'autres." (p.24)
"Seuls les chiffres globaux sont en mesure de répondre à la question de savoir si, au cours des années, les avancées ont été supérieures aux reculs." (p.26)
"Dans un monde où les interactions sont nombreuses, les retournements statistiques à court terme peuvent fort bien se produire au sein de tendances à long terme. Accepter des arguments environnementalistes fondés exclusivement sur des chiffres portant sur deux ou trois ans, aussi parlant soient-ils, c'est laisser la porte ouverte à tout et n'importe quoi. Ainsi, pour évaluer des évolutions significatives, nous devons étudier de longues périodes. Non pas sur deux ou cinq ans, comme on le voit souvent, mais en remontant aussi loin que l'on peut trouver des chiffres." (p.28)
"A chaque étude de problème, nous devons déterminer son importance relative par rapport à d'autres. [...]
Nous entendons tous parler de pesticides qui atteignent les nappes phréatiques. Les pesticides étant cancérigènes, ils posent problème et sont donc condamnables. Peu de domaines réussiraient à soutenir une telle argumentation. Imaginons le cas de figure suivant: "Le Département de la Défense a découvert que l'Etat X a mis au point des missiles Y6. Nous allons donc devoir mettre au point un système de défense anti-missiles". Immédiatement, nous demanderions à connaître la probabilité d'une attaque de la part de l'Etat X, les dommages provoqués par de tels missiles et le coût d'un système de défense efficace. De même pour les pesticides, nous devrions chercher à savoir s'ils sont réellement néfastes et combien cela coûterait de ne plus les utiliser. D'après des études récentes, les pesticides provoquent très peu de cancers parce que les fruits et les légumes protègent contre le cancer. Sans les pesticides, les produits seraient plus chers et les gens en consommeraient moins.
De façon similaire, quand le Fonds mondial pour la nature [WWF] annonce que la destruction de la forêt vierge augmente de 1 489 600 hectares par an, il faut aussi se demander combien cela représente. Est-ce considérable ? On peut faire le calcul classique -et assez parlant- du nombre de "terrains de football à l'heure". Mais a-t-on une idée du nombre de terrains de foot que pourrait contenir toute l'Amazonie ? Sans doute est-il plus intéressant de savoir que, depuis l'arrivée de l'homme, la perte totale de forêt amazonienne ne représente que 14%." (p.29)
"Les besoins et les désirs de l'humanité sont au cœur de notre évaluation de l'état de la planète. Cela ne veut pas dire que les plantes ou les animaux n'ont pas également des droits [sic], mais que la priorité sera toujours donnée aux humains.
Cela définit ma conception éthique -et à cet égard le lecteur peut naturellement avoir un avis différent du mien- et réaliste du monde: les gens débattent et participent au processus décisionnaire, ce que ne peuvent faire ni les pingouins ni les sapins. La façon dont les pingouins et les sapins sont pris en considération dépend en dernière instance des individus formés pour agir à leur place qui, dans les démocraties, représentent plus de la moitié. Certains parmi eux choisiront de privilégier les animaux et les plantes, mais on ne pourra vraiment attribuer à ceux-ci de droits spécifiques.
Évidemment, c'est une approche égoïste de la part des êtres humains vis-à-vis des animaux. Mais, outre le fait que c'est la description la plus réaliste de la prise de décision, elle me semble la seule défendable. Quelle est l'alternative ? Faut-il donner le droit de vote aux pingouins ? Sinon, qui a le droit de parler en leur nom ? (Et comment ces représentants peuvent-ils être choisis ?)
Il est important également de noter que ce point de vue ethnocentrique ne conduit pas forcément à négliger ou éliminer beaucoup de vies non humaines. Par bien des aspects, l'homme dépend de multiples autres formes de vie et ne serait-ce que pour cette raison, elles doivent être protégées et leur bien-être pris en compte. L'homme partage souvent des intérêts communs avec les animaux et les plantes, par exemple le désir d'un air pur. Mais souvent, il faut faire un choix entre ce qui est bon pour l'homme et ce qui est bon pour les animaux et les plantes. Si nous choisissons de garder une forêt intacte, ce sera un grand avantage pour bien des animaux, mais pour l'homme une occasion ratée d'exploiter le bois et de faire pousser de la nourriture. Voulons-nous une forêt intacte ou un champ cultivé ? C'est l'homme qui doit choisir entre la nourriture et une nature protégée.
La conclusion est que nous n'avons d'autre choix que d'utiliser les humains comme référence. Autrement, comment pouvons-nous échapper au dilemme éthique ? Quand les Américains ont accepté de réduire les émissions d'azote dans le nord du golfe du Mexique pour sauver de l'asphyxie les animaux vivant au fond, c'était bien l'affirmation du désir de l'homme de protéger la flore et la faune du fond des mers. Cela ne veut pas dire qu'une décision de cet ordre vise en premier lieu à sauver les habitants des fonds marins, qui ne sont pas dotés de droits inaliénables." (p.32-33)
"La flambée des prix du pétrole, qui a valu au monde une décennie de croissance ralentie des années 70 au milieu des années 80, s'est stabilisée au cours des années 90 pour revenir à des prix comparables ou inférieurs à ceux des cours d'avant la première crise pétrolière [...]
Parler d'augmentation record pour la croissance de la population est tout simplement faux, étant donné que le record remonte à 1964, avec 2.17% [...] Depuis lors, le taux n'a cessé de diminuer, pour arriver à 1.26% en 2000 et on estime qu'il descendra au-dessous de 1% en 2016 [selon le site worldometers, le taux de croissance de la population mondiale en 2016 a été de 1.14%, une estimation proche de celle que citait Lomborg en 1988, au détriment des néo-malthusianistes. Cf: http://www.worldometers.info/fr/population-mondiale/#growthrate ]
Ainsi, dans son estimation rapide de l'état de la planète depuis 1984, le Worldwatch Institute établit une liste de "points noirs" qui se sont tous améliorés depuis lors." (p.35)
"Le WWF proclama [...] que 1997 était "l'année où le monde prenait feu" parce que "cette année-là, les incendies dévastèrent plus de forêts que jamais dans l'Histoire". En résumant la situation, le président du WWF, Claude Martin, déclara sans équivoque: "Ce n'est pas seulement une urgence, c'est un désastre planétaire". A y regarder de plus près, comme on pourra le voir plus loin dans cet ouvrage, dans la section consacrée à la forêt, les chiffres démentent cette déclaration: 1997 était bien au-dessous du record annuel d'incendies, et l'unique raison pour laquelle l'année 1997 fut montrée du doigt, c'est que pour la première fois, en Indonésie, la fumée incommoda terriblement les habitants des villes. En tout et pour tout, les incendies ont touché environ 1% des forêts de tout le pays.
De même, en 1997, le WWF publia un communiqué de presse intitulé "Les deux tiers de la forêt du monde perdu à jamais". Comme dans le Global Annual Forest report 1997, on expliquait que "les nouvelles recherches effectuées par le WWF montrent que près des deux tiers de la superficie de la forêt originelle mondiale ont été rayées de la planète". Ce qui me semblait plutôt incroyable, étant donné que la plupart des autres sources estiment ce chiffre à 20-25% environ. [...]
Dans ce non-rapport, voici ce que nous dit WWF: "Nous avons maintenant la preuve de la superficie de forêt déjà perdue... Ce qui est effrayant, c'est que le rythme de sa destruction s'est terriblement accéléré au cours des cinq dernières années et continue à progresser". Or, l'ONU annonce un taux de déforestation de 0.346% pour les années 80 et de 0.32% pour la période 1990-1995, ce qui représente non pas une terrible accélération mais un ralentissement." (p.39)
"Une autre métaphore récurrente chez les environnementalistes concerne la comparaison entre notre situation et celle de l'île de Pâques. Petite île située dans le Pacifique à plus de 3200 kilomètres des côtes chiliennes, elle est célèbre pour ses quelques 800 têtes géantes sculptées dans la roche volcanique, dispersées sur tout son territoire. Des vestiges archéologiques indiquent que, pour fabriquer ces étonnantes states aux environs de 900 apr. J.C., les hommes ont également contribué à réduire la forêt, utilisant le bois pour faire rouler les statues sur des troncs d'arbre, et comme combustible et matériau de construction. En 1440, la forêt de palmiers avait totalement disparu ; la production alimentaire déclina et, en 1500, la fabrication de statues avait cessé. Apparemment, la guerre et la famine avaient réduit la population de 80% avant la découverte en 1722, par les navigateurs hollandais, d'une société devenue misérable.
Depuis lors, l'île de Pâques est devenue un symbole patent pour les écologistes, exemple d'une société dépassant ses limites et s'effondrant dans la dévastation. [...]
Le problème de cette figure de rhétorique est qu'elle se contente d'indiquer que l'effondrement est possible sans expliquer en quoi il est probable qu'il se produise. Il faut bien avoir conscience que, sur les 10 000 îles du Pacifique, seules 12, dont l'île de Pâques, ont connu une décadence ou un anéantissement, alors que la plupart des sociétés du Pacifique ont prospéré. De plus, une étude sur l'île de Pâques semble indiquer que son itinéraire unique était dû à sa dépendance à l'arbre à croissance lente qu'est le palmier chilien, qui met de 40 à 60 ans à pousser. Cela prouve son caractère exceptionnel par rapport aux autres îles polynésiennes, où le cocotier à croissance rapide et les palmiers Fidji rendent un déclin peu probable." (p.58)
"L'ensemble de prospectives le plus connu a été publié en 1972 dans le fameux rapport Limits to Growth (Halte à la croissance), qui présidait que la plupart des ressources allaient s'épuiser: l'or en 1981, l'argent et le mercure en 1985 et le zinc en 1990. De fait, comme nous le verrons dans la Partie III, la plupart des ressources sont en réalité plus abondantes. Inutile de préciser que l'or, l'argent, le mercure et le zinc sont encore là." (p.59)
"Il est très difficile de mener une discussion objective sur l'environnement car chacun a sur la question des opinions qui lui tiennent à cœur." (p.60)
"Plusieurs grands pontes de l'environnement, dont le secrétaire d'Etat danois à l'Environnement, [ont] cherché à faire croire que j'étais franchement de droite, ou tout au moins le garçon de courses de la droite.
En écrivant ce livre, je n'ai ni mauvaises intentions ni intentions cachées. Je crois, tout simplement, que la démocratie fonctionne mieux si tout le monde a accès à la meilleure information possible. Il n'est pas dans l'intérêt de la société de débattre d'une question aussi vitale que celle de l'environnement en se fondant davantage sur le mythe que sur la réalité.
Lors de mes conférences, on m'a souvent dit que, même si j'ai raison et que les choses ne vont pas aussi mal qu'on le pense, ce genre de déclaration en public est à éviter car elles risquent d'inciter les gens à prendre les choses à la légère. Même si cette opinion est défendable, il est important de comprendre à quel point une telle attitude est antidémocratique: nous, les quelques "initiés", nous approchons plus vraisemblablement de la vérité, mais si la connaissance de cette vérité risque d'entraîner des comportements "nuisibles" de la part de certaines personnes, nous ne devons pas la divulguer. De plus, à long terme, ce type d'argument ne peut que nuire au mouvement environnementaliste, en dévalorisant son meilleur atout, qui est sa crédibilité." (p.62)
"D'une façon générale, il faut remettre en question le mythe selon lequel l'économie nuit à l'environnement. On en est arrivé à croire qu'on se trouve face à un choix inéluctable entre des conditions de vie améliorées par l'économie et un environnement en bon état. Mais curieusement, et comme nous le verrons plus loin, preuve à l'appui, le développement environnemental est souvent justement issu du développement économique: ce n'est que quand on est suffisamment riche qu'on peut s'offrir le luxe relatif de se préoccuper de l'environnement." (p.63)
"Tout comme les organisations des industries et de l'agriculture ont un intérêt évident à brosser un portrait de l'environnement en disant que "tout va bien" et qu' "il n'y a rien à faire", les organisations environnementalistes ont, elles, nettement intérêt à présenter un environnement en mauvais état pour lequel il faut agir au plus vite. Et plus il paraîtra en difficulté, plus il leur sera facile de convaincre de l'urgence de consacrer plus d'argent à l'environnement plutôt qu'aux crèches ou aux hôpitaux. Bien sûr, si le scepticisme s'appliquait à un cas comme à l'autre, il y aurait un semblant d'équilibre. Mais étant donné que l'on se montre beaucoup moins sceptique vis-à-vis des organisations environnementalistes, cela peut occasionner de graves incompréhensions dans la perception de l'état de la planète." (p.71)
"Dans son livre sur l'histoire des Juifs, Sal Baron écrivait que les prophètes qui faisaient des prévisions optimistes étaient automatiquement considérés comme étant de faux prophètes. Une tablette de pierre assyrienne vieille de plusieurs milliers d'années révèle la ténacité du sentiment de déclin: "Notre terre a dégénéré ces temps derniers ; la corruption et la subornation sont courantes ; les enfants n'obéissent plus aux parents ; chaque homme veut marquer son temps et, à l'évidence, la fin du monde approche". [...]
Ces observations semblent indiquer que, historiquement et peut-être aussi biologiquement, nous sommes disposés à accueillir des nouvelles négatives. Mais si nous voulons avoir une base rationnelle pour prendre des mesures politiques justes et choisir les meilleurs moyens pour les meilleurs objectifs, nous devrons garder à l'esprit que le torrent d'informations auquel nous sommes soumis est déséquilibré. [...]
Cela implique de regarder le monde avec une bonne dose de scepticisme et de relever les défis en sachant qu'on est systématiquement confronté à un excédent de nouvelles négatives." (p.76)
"L'accroissement de la population est dû principalement à une chute importante du taux de mortalité résultant d'un meilleur approvisionnement en aliments, en médicaments, en eau potable et en assainissement. D'autre part, l'augmentation n'est pas due au fait que, dans les pays en voie de développement, les familles ont de plus en plus d'enfants.
Au début des années 50, les femmes, dans les pays en voie de développement, donnaient naissance à plus de six enfants en moyenne, alors que la moyenne est de trois environ aujourd'hui. [...]
En termes historiques, ce développement est connu sous le nom de "transition démographique" [...] Dans une société agricole traditionnelle, les revenus sont faibles et la mortalité élevée. Cependant, les enfant travaillant pour subvenir aux besoins de leurs âgés rapportent plus qu'ils ne coûtent, ce qui explique le taux de natalité élevé. Avec des conditions de vie, de santé et d'hygiène améliorées et une prospérité économique générale, le taux de mortalité chute. La transition vers une économie plus urbaine et développée fait que les enfants ont plus de chances de survivre et donc commencent à coûter plus qu'ils ne rapportent, faisant des études, travaillant moins et confiant la garde de leurs parents à des institutions spécialisées. Conséquence: le taux de natalité baisse." (p.90-91)
"La contribution des pays industrialisés à la population mondiale va continuer à baisser. Après avoir augmenté au cours des siècles précédents, elle est descendue de 32% en 1950 à 20% aujourd'hui, et poursuivre sa baisse jusqu'à atteindre 13% en 2050." (p.93)
"Jusqu'à l'an 1400 environ, l'espérance de vie était étonnamment courte -un nouveau-né n'avait que 20 à 30 ans d'espérance de vie en moyenne. A cette époque, la mortalité infantile était incroyablement élevée: seul, un enfant sur deux survivait au-delà de sa cinquième année.
Concernant les débuts de l'histoire de l'humanité, nous avons peu ou pas de statistiques précises sur lesquelles nous appuyer, aussi les chiffres sont-ils basés sur l'observation des squelettes et les extrapolations mathématiques de la croissance de la population. Certaines des études les plus fiables des squelettes de l'âge de pierre en Afrique du Nord indiquent une espérance de vie de 21 ans au plus. Nous savons, d'après les recherches effectuées dans les tombes sur les momies et les squelettes, qu'un citoyen de la Rome antique vivait en moyenne 22 ans. [...]
A partir de 1541, nous avons de bien meilleures informations au niveau national pour les deux sexes, fournies par de larges extraits des registres des paroisses. La durée de vie moyenne passe à 35 ans environ, fléchissant légèrement jusqu'en 1700 pour remonter doucement jusqu'à 1850, fluctuations passagères dues aux disettes épisodiques, aux épidémies et à l'inefficacité des réseaux de distribution des produits alimentaires. Après 1850, l'espérance de vie est montée en flèche. Durant les 150 années qui suivirent, l'augmentation fut prodigieuse. Elle passa pratiquement du simple au double.
L'évolution fut la même dans la plupart des pays industrialisés. En France, l'espérance de vie était en 1800 d'environ 30 ans. Au Danemark, elle tournait autour de 44 ans en 1845. Tous les pays sont arrivés à une espérance de vie de plus de 70 ans, avec une moyenne de 77 ans pour les pays industrialisés. En revanche, l'espérance de vie dans le reste du monde était encore très basse au début du XXème siècle. On estime généralement qu'en 1900 elle était toujours de 30 ans environ pour la moyenne mondiale. En 1950, les gens vivaient en moyenne 46.5 ans et, en 1998, jusqu'à 67 ans. Ainsi l'espérance de vie a plus que doublé en un siècle." (p.97-98)
"Dans le monde occidental, à mesure que les progrès dans les domaines de la médecine, de l'hygiène et du niveau de vie faisaient échec aux maladies infectieuses, les gens ont commencé à vivre plus longtemps et mieux. C'est pourquoi on meurt plus fréquemment de vieillesse ou de maladies liées au mode de vie tels que cancers ou maladies cardio-vasculaires. En 1900, les causes principales de décès aux Etats-Unis étaient la pneumonie, la tuberculose, la diarrhée et l'entérite, qui causaient environ un tiers de tous les décès, tandis que les maladies cardiaques et les cancers n'étaient responsables que de 12.5%. En 1997, les maladies cardiaques et les cancers représentent 55% de tous les décès, et les maladies infectieuses, 4.5% seulement." (p.106)
"D'une façon générale, la santé des êtres humains s'est considérablement améliorée durant les deux derniers siècles." (p.109)
"."On a perdu la bataille pour nourrir l'humanité. Au cours des années 1970, le monde connaîtra une famine d'une ampleur tragique -des centaines de milliers de gens mourront de faim". Voilà comme Paul Ehrlich commençait son livre La Bombe P. Un des ouvrages les plus marquant sur la faim, qui s'est vendu à plus de 3 millions d'exemplaires. [...]
De la même école, Lester Brown, qui plus tard est devenu président du Worldwatch Institute, a écrit en 1965 que "le problème de la faim émergeant dans les pays les moins développés était pratiquement impossible à résoudre". [...]
Tous deux avaient tort. Bien que nous soyons deux fois plus nombreux qu'en 1961, chacun d'entre nous peut manger davantage, dans les pays industrialisés comme dans les pays en voie de développement. Moins de gens meurent de faim." (p.110)
"En Chine, l'Etat du monde le plus peuplé, la nutrition a connu un développement extraordinaire. Ce pays parvient actuellement à nourrir plus d'un cinquième de la population mondiale à partir d'un quinzième du territoire agricole mondial. Après sa prise de pouvoir en 1949, le Parti communiste a mis en route un processus d'industrialisation massive fondé sur une main d'œuvre bon marché, des prix plafonds pour les paysans et le rationnement alimentaire. Cette politique engendra des problèmes pour l'agriculture et entre 1959 et 1962, la Chine connut une famine catastrophique qui entraîna la mort de près de 30 millions de personnes [...].
Ces événements incitèrent le pays à rejoindre la Révolution verte, qui introduisit des cultures à haut rendement, l'irrigation et l'usage d'engrais. En dépit de ces efforts, les Chinois ne ressentirent aucune amélioration sensible de la prospérité à cause de la faible productivité des fermes collectives où les paysans manquaient de motivation.
Le changement radical se produisit à la fin des années 70 quand les dirigeants chinois mirent en place les réformes économiques qui préparèrent le terrain pour des prix plus élevés et une plus grande flexibilité. L'accession à la propriété privée et la vente des produits de la terre libérèrent le potentiel de production de la Chine, qui augmenta de manière spectaculaire. De 1979 à 1984, le taux d'accroissement annuel fut de 1.3% pour la population, mais de 11.8% pour la production agricole. La FAO estime qu'au moins la moitié de cette croissance peut être mise au crédit des exploitations privées. Depuis 1978, la valeur de la production des exploitations agricoles a doublé pour le plus grand bénéfice des 800 millions de paysans chinois, dont les revenus ont augmenté de plus de 15% par an, faisant tomber le pourcentage de pauvres de 33 à 12%. En outre, le nombre de gens employés dans l'agriculture est passé de presque 4 à 5, à seulement 1 à 2. La conséquence est que, d'une façon générale, la population mange à sa faim, le pourcentage de gens exposés à la famine a chuté des trois quarts et les enfants sont maintenant plus grands et plus robustes, signe évident d'une hausse des normes nutritionnelles. Le plus impressionnant est peut-être l'apport calorique par personne qui a quasiment doublé depuis le début des années 60, passant d'environ 1500, ce qui est proche du niveau de la famine, à 2973 en 1998." (p.120)
"On nous a répété pendant des années qu'on courait à la catastrophe, qu'on ne pouvait pas nourrir le monde. Mais cette vision apocalyptique n'a rien à voir avec la réalité. On peut dire que l'humanité est mieux nourrie aujourd'hui qu'avant. La Révolution verte a été un succès." (p.120-121)
"Avec les voitures, la mobilité s'est accentuée de façon phénoménale. Alors qu'il n'y avait presque pas de voitures en 1900, les familles en possédant étaient près de 60% en 1929 aux Etats-Unis. Après les années agitées de la dépression et de la Seconde Guerre mondiale, ce chiffre passa à près de 80% en 1960 pour atteindre 90% en 1998. Au niveau mondial, le nombre de propriétaires de voitures a quadruplé depuis 1950, passant d'une pour 48 personnes à une pour 12 personnes en 1999." (p.137)
"En 1900, les Américains dépensaient 36% de leur revenu en nourriture et autres nécessités, contre 21% en 1950 et seulement 11% en 1997. L'habitat américain s'est amélioré de façon étonnante sans pour autant que l'on dépense davantage, soit 15% du revenu. Aujourd'hui, tout le monde a l'eau courante et des toilettes, alors qu'au début du siècle ces biens précieux n'étaient accessibles respectivement qu'à 15 et 25% de la population." (p.138)
"Au Danemark, dans les zones urbaines, les espaces verts publics ont doublé de 1976 à 1996, et depuis 1990, le problème du bruit de la circulation pour les occupants des appartements a été nettement réduit. De la même façon, aux Etats-Unis, 7 millions de personnes souffraient du bruit des aéroports en 1975, alors qu'il n'y en a plus aujourd'hui qu'un demi-million." (p.138)
"En 1856, les hommes [au Royaume-Uni] passaient 50% de leur vie à travailler, contre 20% aujourd'hui." (p.143)
"Beaucoup s'imaginent que les sociétés préhistoriques étaient paisibles et non-violentes. Même si nous n'avons que peu d'informations, de traces précises, si l'on se réfère aux connaissances que l'on a en anthropologie, on sait que, dans la plupart des sociétés tribales ou claniques, le meurtre est l'une des premières causes de mortalité.
Les statistiques les plus anciennes dont on dispose viennent d'Angleterre et montrent qu'au XIIIème siècle, on comptait plus de 20 meurtres pour 100 000 habitants. Ce taux n'a cessé de chuter régulièrement jusqu'au milieu du XXème siècle, où le taux n'était plus que de 0.5%." (p.144-145)
"Le tableau du suicide suit une courbe opposée. Dans les sociétés traditionnelles, le nombre de suicides est assez limité. Cependant, avec l'urbanisation, il a nettement progressé, passant souvent de 1 pour 100 000 à 10 ou 25." (p.145-146)
"La responsabilité partagée par tous n'est partagée par personne. Quand les occupants d'un immeuble se partagent un jardin, ils ont tous envie qu'il soit joli. Le problème est que tout un chacun espère que c'est l'autre qui va désherber et nettoyer à sa place.
Le phénomène a d'abord été baptisé [par] Garrett Hardin, et s'appliquait à un problème bien particulier en Angleterre au XVIème siècle. De vastes étendues, appelées terres communales, étaient libres et tout le monde pouvait y faire paître ses bêtes. Les pauvres mettaient du bétail sur ces prés communaux, ce qui leur permettait d'avoir un complément à leurs maigres revenus. Chacun trouvait son intérêt à mettre de plus en plus d'animaux, mais il y en eut bientôt bien plus que les pâtures ne pouvaient en nourrir ; elles s'épuisèrent et tout le monde y perdit. Hardin baptisa ce phénomène The Tragedy of the Commons ("La tragédie de la vaine pâture"). Les pêcheries d'aujourd'hui subissent d'une certaine manière le même phénomène: puisque la mer appartient à tout le monde, personne n'en est responsable. Pour le pêcheur individuel, l'opération consiste à pêcher le plus possible sans se soucier de ce que font les autres. Il s'ensuit que tout le monde surexploite.
Si tous les pêcheurs s'abstenaient de pêcher, ils ne gagneraient pas d'argent, mais si tous les pêcheurs devaient pêcher tous les poissons que contient l'océan, ils finiraient aussi par ne plus pouvoir gagner d'argent (parce que les océans seraient vides). Il est possible de montrer qu'il existe un niveau optimal de pêche entre ces deux extrêmes. Dans ce cas, on prendrait beaucoup de poissons (ce qui veut dire beaucoup d'argent) ; mais on laisserait suffisamment de poissons (pour perpétuer l'espèce dans les années à venir).
L'ennui, c'est qu'on ne peut atteindre un niveau optimal que si l'on parvient à établir une sorte de propriété sur le poisson. Lorsque, par exemple, un Etat étend ses eaux territoriales à 200 000 milles marins et possède donc tous les poissons qui se trouvent dans cette limite, cet Etat peut (grâce à des permis) s'assurer qu'on n'y pêche que la quantité optimale de poissons. Mais il est souvent difficile ou impossible de "contrôler" le poisson parce que de nombreuses espèces telles que le thon ou le saumon, par exemple, couvrent de fort longues distances et migrent bien au-delà des 200 milles marins (permettant ainsi à d'autres Etats de les pêcher). En outre, les Etats, en particulier ceux du tiers-monde, ont souvent beaucoup de mal à faire respecter une réglementation, et en particulier à réduire le nombre de pêcheurs. Enfin, il n'est pas facile d'attribuer des droits de propriété sur tous les poissons vivant dans l'océan.
Quand un Etat ou une convention internationale ne sont pas en mesure de garantir une exploitation optimale, on se retrouve dans la situation où tout le monde se bat contre tout le monde. Dans ce cas, les pêcheurs investiront dans des équipements coûteux afin de pouvoir surexploiter les mers le plus vite et le plus efficacement possible. La seule limite à l'investissement sera l'épuisement des mers au point que leur exploitation ne sera plus rentable. Par conséquent, la pêche d'aujourd'hui est un mélange de contrôle et d'utilisation optimale d'un côté, et de surexploitation et d'attitude de chercheur d'or de l'autre.
Parce que nous surexploitons les océans, au lieu des 100 millions de tonnes de poissons qu'ils pourraient produire, nous sommes tombés aujourd'hui à 90 millions de tonnes de poissons pêchés par an. [...]
Ne pouvant augmenter notre production de poisson au-delà de 100 millions de tonnes, même si elle est "gratuite", nous avons reporté nos efforts sur l'élevage du poisson, ou pisciculture, en particulier en Chine. Cette production a quintuplé depuis 1984. Résultat: si la pêche n'a pu maintenir son niveau par rapport à la croissance de la population, la production totale de poisson a tellement augmenté que la quantité de poisson par personne à la fin des années 90 est remontée au-dessus du niveau des années précédentes [...]
Quand Lester Brown déclare que nous avons moins de poisson par personne, c'est parce qu'il oublie la production de la pisciculture, parti pris assez curieux étant donné que pour l'apport calorique ou protéinique, peu importe que le saumon du consommateur provienne de l'océan Atlantique ou d'un élevage.
En faisant des prospectives, la FAO prévoit que la consommation de poisson va augmenter considérablement, de plus de 23% par personne jusqu'en 2030. Cela veut dire que la production des élevages dépassera celle de la pêche traditionnelle. Il est vraisemblable également que les prix augmenteront parce que l'augmentation des revenus dans les pays en voie de développement fera monter la demande en poisson." (p.192)
"Il est difficile de déterminer ce qu'on entend réellement par "forêt", car il y a toutes sortes étapes intermédiaires entre la forêt tropicale dense et la savane, en passant par la steppe, la brousse ; de même, les arbres sont de plus en plus petits et clairsemés à mesure qu'on approche de la lisière. Il est également très difficile de comparer la forêt tropicale brésilienne avec des bois de bouleaux danois ou une plantation américaine. [...]
Le patrimoine forestier mondial est resté extraordinairement stable pendant la seconde moitié du XXème siècle. D'après la plus longue série de données, la superficie forestière totale est passée de 30.04% des terres immergées en 1950 à 30.89% en 1994, soit une augmentation de 0.85% sur 44 ans." (p.195 et 197)
"L'Europe a perdu de 50 à 70% de sa forêt originelle. La plus grande partie a été abattue au début du Moyen Age, soit pour la convertir en terre arabe, soit pour en tirer du bois de feu. La moitié de la forêt française a disparu entre 1000 et 1300. Au milieu du XIVe siècle, la Peste noire annihila un tiers de la population européenne, faisant ainsi régresser l'exploitation de la forêt qui se reconstitua en grande partie. Ce n'est qu'aux XVIe et XVIIe siècles que le repeuplement fit reprendre l'exploitation de la forêt, dont de larges sections furent à nouveau abattues. En 1700, la France avait perdu 70% de sa forêt par rapport à l'an 1000. Mais au XVIIIe siècle, les gens réalisèrent que les ressources forestières étaient limitées et qu'il importait de sauvegarder la forêt pour la construction navale. C'est pour cette raison qu'à partir de 1700, la superficie forestière ne diminua que de 8% en Europe." (p.197-198)
"Au niveau mondial, il apparaît que, par rapport à la forêt originelle, la perte est d'environ 20% depuis les débuts de l'agriculture. Ce chiffre est bien inférieur à celui qui est si souvent brandi par diverses organisations. Le WWF, par exemple, comme il est dit dans l'introduction, prétend que nous avons perdu les deux tiers de nos forêts depuis l'apparition de l'agriculture, mais sans apporter de preuves pour étayer cette affirmation." (p.198)
"Les forêts des pays tempérées, majoritairement situées en Amérique du Nord, en Europe et en Russie, s'agrandissent depuis 40 ans. En revanche, une bonne partie de la forêt tropicale. […]
Les forêts tropicales ne sont pas régies par des droits de possession, et elles sont mal administrées. En réalité, le problème est similaire à celui qui touche la pêche internationale […] Si la forêt tropicale appartient à tout le monde, personne n'en est responsable. Les pionniers se contenteront de faire des coupes pour récupérer de la terre, essaieront de la cultiver et finiront sans doute par épuiser le sol au bout de quelques années avant de recommencer plus loin." (p.199)
-Bjørn Lomborg, L'écologiste sceptique. Le véritable état de la planète, Le cherche midi, coll. Documents, 2004 (1988 pour la première édition danoise), 743 pages.