https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Armand_de_Lom_d%27Arce
"[Adario]: Plus je réfléchis à la vie des Européens et moins je trouve de bonheur et de sagesse parmi eux. Il y a six ans que je ne sais que penser à leur état. Mais je ne trouve rien dans leurs actions qui ne soit au-dessous de l'homme et je regarde comme impossible que cela puisse être autrement, à moins que vous ne veuillez vous réduire à vivre sans le tien et le mien comme nous faisons. Je dis donc que ce que vous appelez argent est le démon des démons, le tyran des Français, la source des maux, la perte des âmes et le sépulcre des vivants. Vouloir vivre dans les pays de l'argent, et conserver son âme, c'est vouloir se jeter au fond du lac pour conserver sa vie ; or ni l'un ni l'autre ne se peuvent. Cet argent est le père de la luxure, de l'impudicité, de l'artifice, de l'intrigue, du mensonge, de la trahison, de la mauvaise foi et généralement de tous les maux qui sont au monde. Le père vend ses enfants, les maris vendent leurs femmes, les femmes trahissent leurs maris, les frères se tuent, les amis se trahissent et tout pout l'argent. Dis-moi, je te prie, si nous avons tort après cela de ne vouloir point manier ni même voir ce maudit argent. [...]
Tu vois que nous sommes un millier d'hommes dans notre village, que nous nous aimons comme frères ; que ce qui est à l'un est au service de l'autre ; que les chefs de guerre, de nation et de conseil n'ont pas plus de pouvoir que les autres Hurons ; qu'on n'a jamais vu de querelles ni de médisance parmi nous ; qu'enfin chacun est maître de soi-même et fait tout ce qu'il veut sans rendre compte à personne et sans qu'on y trouve à redire. Voilà, mon frère, la différence qu'il y a de nous à ces princes, à ces ducs, etc., laissant à part tous ceux qui, étant au-dessous d'eux, doivent, par conséquent, avoir plus de peines, de chagrins et d'embarras."
-Louis-Armand de Lom d'Arce, Supplément aux voyages du baron de La Hontan, 1703.
"[Adario]: Plus je réfléchis à la vie des Européens et moins je trouve de bonheur et de sagesse parmi eux. Il y a six ans que je ne sais que penser à leur état. Mais je ne trouve rien dans leurs actions qui ne soit au-dessous de l'homme et je regarde comme impossible que cela puisse être autrement, à moins que vous ne veuillez vous réduire à vivre sans le tien et le mien comme nous faisons. Je dis donc que ce que vous appelez argent est le démon des démons, le tyran des Français, la source des maux, la perte des âmes et le sépulcre des vivants. Vouloir vivre dans les pays de l'argent, et conserver son âme, c'est vouloir se jeter au fond du lac pour conserver sa vie ; or ni l'un ni l'autre ne se peuvent. Cet argent est le père de la luxure, de l'impudicité, de l'artifice, de l'intrigue, du mensonge, de la trahison, de la mauvaise foi et généralement de tous les maux qui sont au monde. Le père vend ses enfants, les maris vendent leurs femmes, les femmes trahissent leurs maris, les frères se tuent, les amis se trahissent et tout pout l'argent. Dis-moi, je te prie, si nous avons tort après cela de ne vouloir point manier ni même voir ce maudit argent. [...]
Tu vois que nous sommes un millier d'hommes dans notre village, que nous nous aimons comme frères ; que ce qui est à l'un est au service de l'autre ; que les chefs de guerre, de nation et de conseil n'ont pas plus de pouvoir que les autres Hurons ; qu'on n'a jamais vu de querelles ni de médisance parmi nous ; qu'enfin chacun est maître de soi-même et fait tout ce qu'il veut sans rendre compte à personne et sans qu'on y trouve à redire. Voilà, mon frère, la différence qu'il y a de nous à ces princes, à ces ducs, etc., laissant à part tous ceux qui, étant au-dessous d'eux, doivent, par conséquent, avoir plus de peines, de chagrins et d'embarras."
-Louis-Armand de Lom d'Arce, Supplément aux voyages du baron de La Hontan, 1703.