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    Jacqueline Carey, Œuvre

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Jacqueline Carey, Œuvre Empty Jacqueline Carey, Œuvre

    Message par Johnathan R. Razorback Ven 4 Aoû - 17:58

    Je voudrais tout d'abord remercier Nievel (fondateur des Rivages Maudits) de m'avoir permis de "récupérer" cette interview que nous avions réalisée Serpent Blanc et moi même en mai 2006 pour le compte du site Rivages Maudits.

    Tout d’abord, j'aimerais vous remercier pour avoir accepté aussi gentiment de répondre aux questions de Rivages-Maudits.com. Vous êtes l’auteur de la série très acclamée « Kushiel's Legacy » ainsi que de la duologie épique « The Sundering ». Vous êtes en ce moment en train d'écrire une autre trilogie dans le monde de Kushiel dont le 1er tome sera publié le 12 juin.

    1) "Kushiel’s Legacy" se déroule dans une Europe alternative, la série “The Sundering” dans un nouveau monde. Qu’est-ce qui, entre totalement retravailler notre monde et son histoire ou créer entièrement un nouvel univers à exigé le plus d’imagination de votre part ?

    Je dirais que donner vie au monde de Kushiel’s Legacy a demandé plus d’imagination, parce que cela couvre tant de territoires et inclut tellement de cultures. Je me suis appuyée sur de nombreuses recherches, mais cela était et continue à être une vaste entreprise en termes de création d’univers.

    2) Pour le moment, lequel de vos livres êtes-vous la plus satisfaite et pourquoi?

    C’est une question difficile, c’est comme choisir un préféré parmi ses enfants ! En ce moment, c’est le second livre de la trilogie d’Imriel, Kushiel’s Justice, principalement parce que je viens de terminer de l’éditer. Je suis très contente du résultat et l’expérience est encore fraîche et vivace dans mon esprit.

    3) A votre avis, quel age devrait avoir un lecteur pour apprécier, respectivement, votre série Kushiel et The Sundering?

    Dû à son contenu sombre et érotique, je n’ai jamais conseillé la série Kushiel à des lecteurs de moins de 18 ans. Beaucoup d’entre eux la lisent quand même, mais pas parce que je l’ai suggéré! Et, bien que la duologie The Sundering n’ait pas le même aspect sexuel, l’idée de réécrire une Fantasy épique comme une grande tragédie sera davantage susceptible de plaire à des lecteurs matures qu’à de jeunes adultes.

    4) Les d’Angelins honorent un précepte sacré “Aimez comme vous l’entendez”. Qu’est-ce qui vous a donné cette idée ?

    J’étais intéressée par l’idée d’une déité dont le seul attribut divin était l’amour, et d’explorer la notion d’amour comme une force capable d’altérer le cours des évènements humains.

    5) Sans trop en dire, nous savons que vous êtes un auteur qui n’hésite pas à éliminer des personnages ou à leur faire subir des épreuves effroyables. Pour vous, est-ce un élément de réalisme nécessaire ? Et est-ce que ces passages ont été difficiles à écrire ?

    Oui et oui. Le fait qu’il y ait un véritable risque pour que les personnages souffrent ou meurent, rend les enjeux émotionnels réels et significatifs. Mais il y a eu quelques passages sombres très difficiles à écrire et c’est toujours dur d’éliminer des personnages qui nous sont chers. Il y a eu quelques fois où j’ai écrit en larmes !

    6) Pourquoi avoir choisi le point de vue de la première personne pour raconter l’histoire de Phèdre ? Est-ce que cela apportait quelque chose que le point de vue à la 3ème personne ne pouvait pas englober?

    Je pense que cela apporte une immédiateté et une impression d’intimité. Sa nature en tant qu’ « anguissette », destinée à expérimenter la souffrance comme plaisir, est un élément provocant. Si j’avais écrit à la 3ème personne, je pense que cela aurait paru bien plus voyeuriste. Du point de vue de la 1ère personne, le lecteur est obligé de tout vivre selon la perspective de Phèdre.

    7) On parle beaucoup de Phèdre et peu d’un autre héros de la série, Joscelin le Cassiline. Voudriez-vous nous dire quelques mots sur ce personnage ? Comment l’avez-vous créé ? Fut-il amusant à écrire?

    Phèdre est une héroïne inhabituelle et improbable, donc ses partenaires devaient aussi être exceptionnels. Joscelin commence comme un guerrier hautement entraîné mais inexpérimenté. Il est rigide, irritable, et a fait vœu de chasteté ; ce n’est pas votre héros romantique typique. Au fil de la série, beaucoup de ses croyances sont remises en cause et brisées. Il devient un combattant mortel et formidable, ainsi qu’un amant assez prodigieux. Et oui, il a toujours été très amusant à écrire !

    Cool Vous avez dit dans une précédente interview que vous pensiez que votre point fort en tant qu’écrivain était la polyvalence. Dans ce cas, posons la question inverse. Sur quel aspect de l’écriture pensez-vous devoir vous améliorer, ou quel aspect est le plus difficile pour vous ?

    Je suis devenue tellement à l’aise avec le point de vue à la 1ère personne, que j’ai eu beaucoup de mal à passer à un point de vue à la 3ème personne changeant et multiple dans The Sundering. Ce fût plus difficile de maintenir l’élan avec autant de fils narratifs.

    9) Certains auteurs de Fantasy sont plutôt liés au genre et écrivent exclusivement des livres de Fantasy, tandis que d’autres s’essaient à toutes sortes de littératures (la SF, mais aussi l’Histoire, la poésie, la philosophie etc.). Vous même, vous sentez-vous plutôt attachée à la Fantasy ou est-ce que l’idée d’écrire dans d’autres genres littéraires vous tente?

    Mes goûts sont éclectiques. Kushiel’s Dart a été le roman qui m’a permis de percer, mais j’avais expérimenté d’autres genres dans des travaux précédents et non publiés, et je suis certaine que je le ferai dans le futur.

    10) En tant que lectrice, quelle est la qualité la plus importante que vous recherchez dans un livre ? qu’est-ce qui fait qu’un livre est bon selon vous ? (Une intrigue pleine de rebondissements ? des personnages travaillés ? un contexte original ? un style d’écriture de qualité ?...).

    Tout ce qui a été cité. Dans la préface d’A l’Est d’Eden, John Steinbeck a écrit : « Bien, voici votre boîte. Presque tout ce que je possède est à l’intérieur, et elle n’est pas pleine. Douleur et joie sont dedans, les bons ou mauvais sentiments, les bonnes et mauvaises pensées, le plaisir de la conception, et un certain désespoir ainsi que l’incroyable joie de la création. Et au dessus de tout cela, toute la gratitude et l’amour que j’ai pour vous. Et pourtant la boîte n’est pas pleine.”
    C’est ainsi que je me sens face à un véritable grand livre.

    11) Est-ce qu’un auteur, un auteur célèbre en particulier, doit quelque chose à ses fans ? et si oui jusqu’à quel point ?

    Je me sens certainement comme ça. Le succès de mes livres est dû en majorité au bouche à oreille de fans avides, et j’en suis reconnaissante. Jusqu’à quel degré est difficile à évaluer. Un moyen pour moi de montrer ma gratitude est de laisser un lien email sur mon site et de répondre personnellement à toute ma correspondance, mais il viendra peut-être un temps où ce ne sera plus réalisable. C’est différent pour chaque écrivain, mais je pense que nous devrions toujours garder à l’esprit le fait que, sans les fans, aucun de nous ne serait capable de faire ce qu’il aime pour vivre.

    12) Pour qui écrivez-vous en priorité, vous-même ? Vos fans? Vos éditeurs ?

    J’écris d’abord et avant tout pour moi et ma muse. Je dois aimer ce que je fais et prendre plaisir dans le processus. Je peux seulement espérer que si je réussis dans mon métier, mes lecteurs et mon éditeur seront heureux.

    13) Kushiel’s Legacy se passe en Terre d’Ange, une France alternative. Pourquoi avoir choisi un tel contexte comme pays natal pour Phèdre ?

    J’ai été en partie inspirée par un voyage en Provence où je suis tombée amoureuse du paysage, de la qualité de la lumière, des odeurs, du décor, du sentiment de lieu. Il se trouve que ça correspondait parfaitement à la mythologie que j’étais en train de créer : Elua le Béni, un dieu né du sang du Christ et des larmes de Marie Madeleine, errant de par le monde et établissant son foyer en France. Quand j’ai commencé la série, le récit apocryphe de la fuite de Marie Madeleine, portant l’enfant de Jésus, en France, était très peu connu. Le « Da Vinci Code » a sûrement changé cela !

    14) Les d’Angelins sont-ils, même à un degré infime, inspirés de l’image que les gens ont des français?

    La perception populaire des français comme étant un peuple très sophistiqué a certainement rehaussé la description des D’Angelins, mais leur culture dérive davantage de ma mythologie inventée que d’un précédent du monde réel.

    15) Au vu de certaines descriptions de Terre d’Ange, il semblerait que vous ayez visité la France, (les descriptions des champs de lavande en particulier, font fortement penser à la Provence). Alors, avez-vous apprécié ce séjour ?

    Absolutement !(En français dans le texte) J’y ai passé un merveilleux séjour.

    16) Une France alternative comme décor, une prose élégante, une héroïne originale et sexy, vos livres pourraient remporter un certain succès par ici. Avez-vous entendu parler d’une possible traduction en français ? Qu’en pensez-vous ?

    Cela a pris du temps, mais je suis heureuse d’annoncer que l’automne dernier, j’ai signé un contrat avec l’éditeur Français Bragelonne pour les droits de la trilogie originelle de Kushiel. Cela va donc arriver dans les prochaines années, et j’espère que la traduction française des livres se trouvera un lectorat aussi merveilleux que la version anglaise.

    17) Kushiel’s Scion va être publié en juin. Ce n’est pas dans si longtemps. Comment vous sentez-vous pas rapport à cette sortie ?

    Je suis excitée. Je sais que beaucoup de lecteurs ont attendu patiemment ce livre, et je me réjouis d’avance de cette aventure.

    18) Souhaitez-vous dire quelque chose à propos de cette nouvelle trilogie ?

    L’histoire d’Imriel est plus personnelle et intime que celle de Phèdre. Je pense, et j’ai entendu dire de la part de lecteurs l’ayant lue en exclusivité, qu’elle est, par certains côtés, plus abordable. Ce n’est pas tout à fait aussi épique. Il n’est pas l’élu d’un dieu, ni un bretteur sans égal ; c’est un jeune homme qui tente d’assumer un terrible héritage, et de grandir dans l’ombre de grands héros.
    Dans le même temps, ces livres ont été un pur bonheur à écrire. J’ai adoré le premier, et dans le second je traite pour la première fois de « l’amour fou » (En français dans texte), l’amour fou dans toute sa gloire passionnée! Et dans le troisième…et bien, sans rien dévoiler, je m’amuse énormément.

    19) Souhaitez-vous ajouter un dernier mot pour vos lecteurs français (nous ne sommes pas nombreux, mais nous existons ) ?

    Merci beaucoup pour lire mes livres. (En français dans texte)

    http://terredange.forumsactifs.com/f9-forum-general-sur-l-auteur

    "-Un beau nid de serpents, dirait-on.
    -Et depuis quand la politique serait-elle autre chose ?
    " (p.29)

    "Les fruits de l'avenir sont portés par des arbres plantés dans le terreau de l'histoire." (p.55)

    "Personne ne peut régner sur l'enfer sans un sens aiguisé de l'ironie." (p.286)

    "Il y a toujours une conspiration en cours." (p.324)

    "L'amour est dur, plus dur que l'acier -et trois fois plus cruel. Il est inexorable comme la marée, et la vie et la mort marchent sur ses brisées." (p.550)

    "Parfois [...] il faut trahir un serment pour en servir un plus grand." (p.656)
    -Jacqueline Carey, Kushiel, tome 2 "L'Élue", Bragelonne, 2009 (2002 pour la première édition américaine), 695 pages.

    "La peur et les mensonges s'enveniment dans le noir. La vérité peut faire mal, mais la plaie au moins est franche et nette." (p.126)

    "L'amour prend bien des visages." (p.165)

    "Naamah aime à récompenser de temps à autre ceux qui la servent." (p.185)

    "Le plus souvent, nous forgeons nous-mêmes nos propres chaînes." (p.609)
    -Jacqueline Carey, Kushiel, Tome III "L'Avatar", Éditions Bragelonne, 2009 (2003 pour la première édition américaine), 785 pages.

    "Je perçus, discrète et évanescente, l'odeur naturelle de sa peau, qui m'évoquait une prairie baignée de soleil." (p.30)

    "C'était l'un des présents qu'Eisheth avait faits aux femmes de Terre d'Ange de pouvoir concevoir uniquement lorsqu'elles le désiraient, simplement en allumant une bougie en son nom et en priant pour qu'elle ouvrît les portes de leurs entrailles. Rien n'était jamais sûr, néanmoins ; certaines prières mettaient des années à être exaucées.
    Et lorsqu'une prière avait été formulée, il n'était plus possible de revenir dessus.
    Certaines femmes d'Angelines avaient ainsi conçu des enfants qu'elles ne désiraient plus. Mais les cas demeuraient rares, car le viol en Terre d'Ange était tenu pour une hérésie et puni de mort
    ." (p.106)

    "En fait, c'était la perspective, la promesse informulée d'autre chose qui me mettait dans cet état." (p.106)

    "Il y avait entre elles une tension sous-jacente. Je la sentais jusque sur ma peau, un peu comme on sent monter l'orage dans l'air avant que la foudre tombe." (p.189)

    "Elua le béni ignorait la jalousie, et nous faisons de notre mieux pour suivre son exemple. Parfois, nous échouons, car nous sommes mortels et faillibles ; mais nous faisons des efforts." (p.197)

    "J'imaginais aussi les immondes mots lascifs qu'elle me murmurerait à l'oreille d'une voix rauque et hachée." (p.220)

    "Je faisais des rêves d'où je m'éveillais couvert de sueur glacée, à la fois nauséeux et dévoré par le désir." (p.258)

    "Il y avait tant à voir. Partout où l'on se tournait, ce n'était qu'une mer de personnages fantastiques, dieux et déesses, farfadets, nymphes et démons, créatures tirées des contes et des légendes, animaux de tout poil. Les masques autorisaient tous les excès et tous les abandons. Chacun connaissait ses compagnons ; et pourtant, ils lui devenaient étrangers, autres et différents. L'impression s'insinuait que tout devenait possible." (p.239)

    "Et maintenant, je vais aller me saouler et me perdre dans cette nuit la plus longue.
    J'atteignis à la perfection chacun de ces buts." (p.297)

    "Je me souviens de ses fesses, fermes et complaisantes sous mes doigts affamés." (p.299)

    "Il y avait quelque chose de magnifique dans son attitude -sa concentration pure et absolue ; et quelque chose d'effrayant aussi." (p.540)

    "Son enfance de misère. Ruggero Caccini avait une faim insatiable de richesse et de sécurité. Rien ne serait jamais suffisant pour apaiser ces terreurs enfouies." (p.578)

    "Les mots étaient sortis de ma bouche si naturellement que moi-même j'en fus surpris." (p.579)
    -Jacqueline Carey, Imriel, Tome I "L'Héritier de Kushiel", Éditions Bragelonne, 2010 (2006 pour la première édition américaine), 955 pages.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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