"Après la chute du communisme, le républicanisme offre une alternative à un libéralisme qu'on croyait désormais sans concurrence. A un moment où les signes d'une désertion civique paraissent converger, il présente le visage rassurant d'une doctrine qui, dans le respect des libertés publiques, permet d'assurer une meilleure implication du citoyen dans les affaires de la cité. En quelque sorte l'expression d'une modernité débarrassée de l'infirmité du libéralisme et protégée du risque du totalitarisme." (p.51)
"La loi n'a pas, dans ce cadre, le sens que, dans la continuité de Hobbes et de Locke, les libéraux lui attribuent. Il ne suffit pas de préserver l'autonomie de l'individu de l'emprise des autres, elle doit assurer la place de ce dernier dans la cité. Volontairement vague, l'expression peut prendre plusieurs acceptions. Elle peut, dans un sens mineur, rappeler le caractère social de l'individu, à la fois libre de satisfaire ses désirs -dans la mesure du moins où ils ne rencontrent pas d’objection- et contraint de ne pas interférer dans les actions des autres. Elle peut signifier, selon une certaine interprétation, plus contraignante, de Machiavel, que la loi oblige directement chacun à agir dans un sens déterminé, à se départir en somme de ses comportements égoïstes. Elle peut enfin, pour ceux qui voient dans le républicanisme une doctrine de la liberté positive, réserver à la loi un rôle encore plus étendu, non pas seulement garantir la conciliation de l'intérêt particulier et de l'intérêt général, mais assurer une juste distinction entre les désirs authentiques et ceux qui ne le sont pas: dans cette conception, l'individu n'est pas le seul juge de la hiérarchie des désirs, sa liberté est nécessairement contrainte." (p.56-57)
"La république est exigeante, elle attend du citoyen qu'il s'intègre et s'identifie à la cité, au besoin en renonçant à ses attaches particulières et à son confort personnel. [...]
[Elle] ne se contente pas d'une définition procédurale de la démocratie, elle n'exige pas seulement le respect des règles de droit et des mécanismes de délibération, elle veut autre chose, une conception partagée du vivre-ensemble." (p.58)
-Jean-Marie Donegani & Marc Sadoun, Qu'est-ce que la politique ?, Gallimard, coll. Folio.essais, 2007, 589 pages.
"La loi n'a pas, dans ce cadre, le sens que, dans la continuité de Hobbes et de Locke, les libéraux lui attribuent. Il ne suffit pas de préserver l'autonomie de l'individu de l'emprise des autres, elle doit assurer la place de ce dernier dans la cité. Volontairement vague, l'expression peut prendre plusieurs acceptions. Elle peut, dans un sens mineur, rappeler le caractère social de l'individu, à la fois libre de satisfaire ses désirs -dans la mesure du moins où ils ne rencontrent pas d’objection- et contraint de ne pas interférer dans les actions des autres. Elle peut signifier, selon une certaine interprétation, plus contraignante, de Machiavel, que la loi oblige directement chacun à agir dans un sens déterminé, à se départir en somme de ses comportements égoïstes. Elle peut enfin, pour ceux qui voient dans le républicanisme une doctrine de la liberté positive, réserver à la loi un rôle encore plus étendu, non pas seulement garantir la conciliation de l'intérêt particulier et de l'intérêt général, mais assurer une juste distinction entre les désirs authentiques et ceux qui ne le sont pas: dans cette conception, l'individu n'est pas le seul juge de la hiérarchie des désirs, sa liberté est nécessairement contrainte." (p.56-57)
"La république est exigeante, elle attend du citoyen qu'il s'intègre et s'identifie à la cité, au besoin en renonçant à ses attaches particulières et à son confort personnel. [...]
[Elle] ne se contente pas d'une définition procédurale de la démocratie, elle n'exige pas seulement le respect des règles de droit et des mécanismes de délibération, elle veut autre chose, une conception partagée du vivre-ensemble." (p.58)
-Jean-Marie Donegani & Marc Sadoun, Qu'est-ce que la politique ?, Gallimard, coll. Folio.essais, 2007, 589 pages.