Principes du commentaire de document écrit : « Le texte n’est jamais évident : les personnages, les lieux, les termes techniques, les concepts historiques demandent une identification, voire une définition. L’un des critères d’évaluation sera votre capacité à bien expliciter les points obscurs du texte. […] Vous devez explicitez certains points qui peuvent éventuellement vous paraître évidents car vous les avez appris en cours. » (p.257)
« L’un des éléments essentiels de la critique est donc la datation du document, la datation des événements rapportés par le document, l’évaluation de la distance entre les deux dates (un document rédigé immédiatement après les faits, voire pendant les faits, est souvent plus fiable qu’un document mis en forme plusieurs années, voire plusieurs siècles après), l’identification de l’auteur et de ses rapports avec les personnages cités dans le texte. Cette évaluation passe donc par une critique externe (que savons-nous de cet auteur ? de ses autres écrits ? qu’en ont dit les historiens ? les choses rapportées dans le texte coïncident-elles avec ce que vous savez par ailleurs, en particulier pour l’avoir lu dans un manuel ou entendu en cours ?) et par une critique interne (quel est le degré de cohérence du document ? les choses rapportées ont-elles une logique ?). » (p.258)
« Le texte nous livre aussi des informations sur des événements, des phénomènes, des caractéristiques de la période envisagée, qui sont complètement extérieurs à ce que celui qui l’a rédigé avait en tête. » (p.259)
« Interrogez-vous aussi […] sur les motivations de l’auteur, sur ceux à qui le texte est destiné (le « destinataire », voire le « commanditaire », si ce texte a été voulu par quelqu’un d’autre que l’auteur), en un mot sur le but du document : pour quoi et pour qui a-t-il été écrit ? Ces questions sont essentielles pour rédiger l’introduction. » (p.262)
« Déterminer la nature du texte […] non seulement le « genre » (inscription, chronique, article de journal), mais aussi le « type » de texte (est-ce un texte narratif, descriptif, polémique, normatif, didactique… ?). Ce point est très important. Un texte narratif ou descriptif (récit d’un événement, portrait d’un personnage), qui prétend rapporter la réalité, ne traite pas les faits à étudier de la même manière qu’un texte normatif ou didactique (texte de loi, règle monastique), qui prétend fixer des règles, des normes, et les faire appliquer, ou qu’un texte polémique ou engagé (pamphlet, éditorial, discours à la Chambre des députés), qui a pour but de convaincre et de dénoncer. » (p.263)
« Repérer les grand thèmes abordés par le texte. » (p.263)
« La problématique n’est pas un thème. C’est encore moins un thème vague plaqué sur le texte et qui s’appliquerait à n’importe quel autre de la même période ou sur le même sujet. Au contraire, la problématique doit venir du texte, elle est produite par le texte. […]
Il ne sert à rien de poser des questions vagues du type : « Que nous apprend ce texte ? » ou « Quel est l’intérêt de ce document ? » : la problématique doit être précise et adaptée.
Donc la problématique, ce ne sont pas des questions qu’on se pose à l’occasion d’un texte, ce sont les questions que le texte pose, ce qu’il s’agit d’élucider à propos du texte. Il ne sert donc à rien de poser des questions auxquelles on a déjà la réponse. […] L’historien, face à ses sources, ne se pose pas des questions convenues, mais il se dit : « Cette source éclaircit tel ou tel point, elle pose problème à cause de ceci ou de cela. ». » (p.264-265)
« Le plan n’est donc en aucun cas une juxtaposition de thèmes. Les transitions (entre les parties) et les micro-conclusions (à la fin de chaque sous-partie) doivent être soignées : elles servent à passer d’une question à une autre, d’un thème à un autre.
Le plan correspond à une progression. Le mieux est d’aller de plus évident au plus complexe. […]
Votre commentaire doit être composé, c’est-à-dire qu’il n’est pas censé suivre le mouvement du texte, mais le « recomposer » en fonction des problématiques et des thèmes que vous y avez trouvés. Toutefois, mieux vaut un bon commentaire linéaire qu’un mauvais commentaire composé. […] Mais n’oubliez pas, dans ce cas, de justifier votre choix par un questionnement approprié en introduction. » (p.266-267)
« [L’accroche] permet de justifier l’intérêt porté au texte que vous avez à commenter. Une phrase du texte particulièrement significative et en lien avec votre problématique, un événement contemporain de portée similaire, ou au contraire un événement plus ancien ayant préparé celui que vous avez à commenter, ou encore une remarque d’ordre général, peuvent faire l’affaire. » (p.267)
« Faites donc comme si ce texte ne vous avait pas été imposé : faites plutôt comme si vous aviez vous-même déniché ce texte qui s’insère parfaitement dans le premier questionnement, dans votre entrée en matière. Évitez donc d’aborder le texte par des tournures du type […] Préférez des tournures telles que : « Un document peut apporter un début de réponse à… », ou : « Un extrait de [titre du document ou de l’ouvrage dont il est tiré] présente un intérêt pour l’étude de… ». » (p.268)
« Une annonce de plan […]
Les mots « partie », « paragraphe » et surtout « sous-partie » sonnent trop scolaire et pas assez naturel : essayez de les éviter dans la rédaction et préférez des termes tels que « premier temps », « axes de réflexion », « approche », « angle d’étude ». Surtout, soyez assez précis en annonçant le contenu de chacune des parties : il faut que le correcteur sache ce dont vous allez parler. » (p.269)
« Vous commencez votre conclusion en répondant de manière synthétique aux questions ou remarques formulées en introduction. […] Retenez qu’il ne s’agit pas pour vous de conclure le texte, mais de conclure votre étude du texte. » (p.270)
« [En ouverture] Montrez que les problèmes sur lesquels vous vous êtes penché pendant le commentaire ne sont pas isolés, mais que d’autres ont y être confrontés en d’autres temps et/ou d’autres lieux. » (p.271)
« Les citations du texte doivent être abondantes et intégrées dans le propos, mais ne doivent pas être trop longues. En effet, un commentaire qui ne cite pas le texte tend à tomber dans la dissertation (vous vous « éloignez du texte »), tandis qu’un commentaire qui le cite trop longuement court le risque de la paraphrase. […] Toute citation doit être commentée […] apporter une information qui éclaire la compréhension de la citation : définition, comparaison avec votre cours, apport de connaissance, clarification du contexte, élément de critique, etc. » (p.271-272)
« Le titre du texte, en général, a été choisi par l’enseignant lui-même afin d’indiquer en quelques mots le sujet du texte ou la nature du document : la plupart du temps, il n’a pas été donné par l’auteur lui-même et ne fait donc pas « partie du texte ». » (p.275)
« En présentant l’auteur dans l’introduction, ne récitez pas toute sa biographie […] Sélectionnez au contraire les éléments pertinents, ceux qui serviront au commentaire. » (p.277)
« Les définitions sont essentielles dans un commentaire, mais elles doivent être adaptées au texte. Or les définitions que vous recevez en cours ou que vous lisez ne sont pas statiques : le sens des mots change selon les périodes et les contextes. » (p.277)
-Gabriel Galvez-Behar & Alban Gautier, Réussir sa licence d’histoire, Studyrama, 2017 (2ème édition. 2005 pour la première édition), 377 pages.
« L’un des éléments essentiels de la critique est donc la datation du document, la datation des événements rapportés par le document, l’évaluation de la distance entre les deux dates (un document rédigé immédiatement après les faits, voire pendant les faits, est souvent plus fiable qu’un document mis en forme plusieurs années, voire plusieurs siècles après), l’identification de l’auteur et de ses rapports avec les personnages cités dans le texte. Cette évaluation passe donc par une critique externe (que savons-nous de cet auteur ? de ses autres écrits ? qu’en ont dit les historiens ? les choses rapportées dans le texte coïncident-elles avec ce que vous savez par ailleurs, en particulier pour l’avoir lu dans un manuel ou entendu en cours ?) et par une critique interne (quel est le degré de cohérence du document ? les choses rapportées ont-elles une logique ?). » (p.258)
« Le texte nous livre aussi des informations sur des événements, des phénomènes, des caractéristiques de la période envisagée, qui sont complètement extérieurs à ce que celui qui l’a rédigé avait en tête. » (p.259)
« Interrogez-vous aussi […] sur les motivations de l’auteur, sur ceux à qui le texte est destiné (le « destinataire », voire le « commanditaire », si ce texte a été voulu par quelqu’un d’autre que l’auteur), en un mot sur le but du document : pour quoi et pour qui a-t-il été écrit ? Ces questions sont essentielles pour rédiger l’introduction. » (p.262)
« Déterminer la nature du texte […] non seulement le « genre » (inscription, chronique, article de journal), mais aussi le « type » de texte (est-ce un texte narratif, descriptif, polémique, normatif, didactique… ?). Ce point est très important. Un texte narratif ou descriptif (récit d’un événement, portrait d’un personnage), qui prétend rapporter la réalité, ne traite pas les faits à étudier de la même manière qu’un texte normatif ou didactique (texte de loi, règle monastique), qui prétend fixer des règles, des normes, et les faire appliquer, ou qu’un texte polémique ou engagé (pamphlet, éditorial, discours à la Chambre des députés), qui a pour but de convaincre et de dénoncer. » (p.263)
« Repérer les grand thèmes abordés par le texte. » (p.263)
« La problématique n’est pas un thème. C’est encore moins un thème vague plaqué sur le texte et qui s’appliquerait à n’importe quel autre de la même période ou sur le même sujet. Au contraire, la problématique doit venir du texte, elle est produite par le texte. […]
Il ne sert à rien de poser des questions vagues du type : « Que nous apprend ce texte ? » ou « Quel est l’intérêt de ce document ? » : la problématique doit être précise et adaptée.
Donc la problématique, ce ne sont pas des questions qu’on se pose à l’occasion d’un texte, ce sont les questions que le texte pose, ce qu’il s’agit d’élucider à propos du texte. Il ne sert donc à rien de poser des questions auxquelles on a déjà la réponse. […] L’historien, face à ses sources, ne se pose pas des questions convenues, mais il se dit : « Cette source éclaircit tel ou tel point, elle pose problème à cause de ceci ou de cela. ». » (p.264-265)
« Le plan n’est donc en aucun cas une juxtaposition de thèmes. Les transitions (entre les parties) et les micro-conclusions (à la fin de chaque sous-partie) doivent être soignées : elles servent à passer d’une question à une autre, d’un thème à un autre.
Le plan correspond à une progression. Le mieux est d’aller de plus évident au plus complexe. […]
Votre commentaire doit être composé, c’est-à-dire qu’il n’est pas censé suivre le mouvement du texte, mais le « recomposer » en fonction des problématiques et des thèmes que vous y avez trouvés. Toutefois, mieux vaut un bon commentaire linéaire qu’un mauvais commentaire composé. […] Mais n’oubliez pas, dans ce cas, de justifier votre choix par un questionnement approprié en introduction. » (p.266-267)
« [L’accroche] permet de justifier l’intérêt porté au texte que vous avez à commenter. Une phrase du texte particulièrement significative et en lien avec votre problématique, un événement contemporain de portée similaire, ou au contraire un événement plus ancien ayant préparé celui que vous avez à commenter, ou encore une remarque d’ordre général, peuvent faire l’affaire. » (p.267)
« Faites donc comme si ce texte ne vous avait pas été imposé : faites plutôt comme si vous aviez vous-même déniché ce texte qui s’insère parfaitement dans le premier questionnement, dans votre entrée en matière. Évitez donc d’aborder le texte par des tournures du type […] Préférez des tournures telles que : « Un document peut apporter un début de réponse à… », ou : « Un extrait de [titre du document ou de l’ouvrage dont il est tiré] présente un intérêt pour l’étude de… ». » (p.268)
« Une annonce de plan […]
Les mots « partie », « paragraphe » et surtout « sous-partie » sonnent trop scolaire et pas assez naturel : essayez de les éviter dans la rédaction et préférez des termes tels que « premier temps », « axes de réflexion », « approche », « angle d’étude ». Surtout, soyez assez précis en annonçant le contenu de chacune des parties : il faut que le correcteur sache ce dont vous allez parler. » (p.269)
« Vous commencez votre conclusion en répondant de manière synthétique aux questions ou remarques formulées en introduction. […] Retenez qu’il ne s’agit pas pour vous de conclure le texte, mais de conclure votre étude du texte. » (p.270)
« [En ouverture] Montrez que les problèmes sur lesquels vous vous êtes penché pendant le commentaire ne sont pas isolés, mais que d’autres ont y être confrontés en d’autres temps et/ou d’autres lieux. » (p.271)
« Les citations du texte doivent être abondantes et intégrées dans le propos, mais ne doivent pas être trop longues. En effet, un commentaire qui ne cite pas le texte tend à tomber dans la dissertation (vous vous « éloignez du texte »), tandis qu’un commentaire qui le cite trop longuement court le risque de la paraphrase. […] Toute citation doit être commentée […] apporter une information qui éclaire la compréhension de la citation : définition, comparaison avec votre cours, apport de connaissance, clarification du contexte, élément de critique, etc. » (p.271-272)
« Le titre du texte, en général, a été choisi par l’enseignant lui-même afin d’indiquer en quelques mots le sujet du texte ou la nature du document : la plupart du temps, il n’a pas été donné par l’auteur lui-même et ne fait donc pas « partie du texte ». » (p.275)
« En présentant l’auteur dans l’introduction, ne récitez pas toute sa biographie […] Sélectionnez au contraire les éléments pertinents, ceux qui serviront au commentaire. » (p.277)
« Les définitions sont essentielles dans un commentaire, mais elles doivent être adaptées au texte. Or les définitions que vous recevez en cours ou que vous lisez ne sont pas statiques : le sens des mots change selon les périodes et les contextes. » (p.277)
-Gabriel Galvez-Behar & Alban Gautier, Réussir sa licence d’histoire, Studyrama, 2017 (2ème édition. 2005 pour la première édition), 377 pages.
Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Mer 3 Jan - 18:53, édité 1 fois