http://www.fondation-res-publica.org/Les-nouvelles-fractures-sociales-et-territoriales_a270.html
"Les banlieues sont-elles ces territoires où les gens seraient « assignés à résidence » ou « relégués » ? Il y aurait beaucoup à dire sur l’emploi de ces expressions empruntées à l’univers quasi-concentrationnaire pour décrire une réalité urbaine. L’analyse sérieuse de la réalité du pays montre qu’en réalité la question du chômage, de la précarité, du chômage des jeunes diplômés n’est pas spécifique aux banlieues. La pauvreté non plus. On rappellera utilement que 80% des ménages pauvres urbains ne vivent pas dans les quartiers sensibles."
"De la même manière comment décrire un univers où les habitants ne bougent pas alors même que, jusqu’à une période récente, les banlieues faisaient partie des territoires où le taux de mobilité était le plus élevé (61 % des habitants des ZUS en 1999 ne vivaient pas dans ces quartiers en 1990).
De la même, si le taux de chômage évolue peu d’un recensement à l’autre, il faut rappeler que ce ne sont pas les mêmes chômeurs qui sont recensés à chaque date.
La réalité des banlieues est celle de la mobilité, des gens entrent, d’autres sortent. Ceux qui arrivent sont évidemment plus pauvres car arrivant souvent de pays du Sud, ceux qui partent, souvent des jeunes diplômés, le sont moins. Ces dynamiques positives sont le plus souvent occultées, comme s’il fallait absolument maintenir un discours misérabiliste sur ces territoires pour, là encore enfermer la question sociale dans une thématique sociétale, ici la question des discriminations des nouveaux exclus.
Cette lecture d’une société divisée entre ces quartiers sensibles et le reste des territoires ne tient pas et ne permet pas de distinguer la recomposition sociale de tous les territoires."
"La recomposition économique des grandes villes induit inévitablement une recomposition sociale. La métropolisation a, en effet, entraîné une spécialisation des activités et des emplois des grandes villes dans les secteurs les plus qualifiés, attirant les catégories les plus aisées, les catégories moyennes supérieures : c’est le phénomène de gentrification : l’appropriation par des catégories aisées ou moyennes de l’ensemble des quartiers populaires des villes. Le modèle urbain d’aujourd’hui n’est plus celui du XIXe siècle, le modèle intégrateur de la révolution industrielle. La ville attirait alors les catégories populaires parce qu’elle en avait besoin. Aujourd’hui, dans le contexte de la mondialisation, la ville n’a plus besoin, pour créer ses richesses, des catégories populaires."
"Les médias ont construit un autre mythe : celui du cadre qui s’installe à la campagne avec son ordinateur. Ce phénomène existe mais le fond n’est pas là. On comprend d’ailleurs la logique médiatique qui véhicule cette image très rassurante. En réalité, le cadre reste en ville et achète une résidence secondaire.
Je lie, dans ce que j’appelle la France périphérique, la France périurbaine et la France rurale car il y a une vraie unicité sociale et culturelle de ces espaces périurbains et ruraux où arrivent des catégories populaires, majoritairement des ouvriers et des employés. Aujourd’hui l’habitat type de l’ouvrier est la maison individuelle. Le logement collectif ouvrier appartient au passé. Il faudrait d’ailleurs réfléchir sur le lien entre le basculement de la classe ouvrière du logement collectif vers le pavillonnaire, sa disparition du discours de la gauche et sa disparition culturelle, comme si, en quittant les immeubles, l’ouvrier avait définitivement disparu du champ de vision des décideurs, notamment à gauche."
"La ville-centre, ne représente plus aujourd’hui que 25% de la population ; si on inclut les banlieues, on arrive à 30% ou 35%. La France des villes denses (villes-centres + banlieues) est une France minoritaire et c’est là que la gauche est majoritaire. Inversement, la visibilité de cette France majoritaire est nulle pour la gauche. On vit encore sur une représentation du territoire selon laquelle le périurbain et le rural seraient marginaux. La réalité, c’est que ce sont aujourd’hui ces espaces qui pèsent démographiquement.
Leur dynamique est d’ailleurs beaucoup plus forte que celle des pôles urbains. Les chiffres révèlent, dans les dix dernières années, une croissance du périurbain de 3,5% par an, contre 0,4% pour les pôles urbains. Des familles s’installent, la jeunesse est très présente. Le rural forcément vieillissant et les banlieues forcément jeunes font aussi partie des clichés. La réalité, c’est qu’on vieillit aussi en banlieue. C’est un scoop : les jeunes d’il y a vingt ans ont quarante ans aujourd’hui … mais on continue à parler des jeunes des banlieues ! D’ailleurs, les statistiques montrent que le stock de jeunes dans les ZUS baisse. Eux aussi vieillissent… On peut très légitimement imaginer, dans quelques années, un papy-boom des cités."
"La majorité des diplômés au chômage sont des jeunes des espaces ruraux et périurbains. Ce constat montre évidemment que c’est bien la question de l’ascension sociale des jeunes issus des milieux populaires qui est posée. Pas celle de tel ou tel quartier. Question sociale essentielle, que les élites préféreront dissimuler une nouvelle fois derrière la question des banlieues."
"Aujourd’hui, l’électorat de la gauche vit dans la grande ville. La gauche est donc soutenue par un électorat qui bénéficie fortement de la mondialisation. Les catégories populaires demandent protection depuis vingt ans contre les effets de la mondialisation, affectant l’emploi, les logiques économiques mais aussi contre les effets de l’immigration. La gauche est prise dans un nœud inextricable : son électorat veut la mondialisation tandis que l’électorat populaire, plutôt dans une logique de fermeture, souhaite, au contraire, la protection face à la mondialisation."
-Christophe Guilluy, "Territoires et classes sociales en France dans la mondialisation", Intervention prononcée lors du colloque du 14 janvier 2008 de la Fondation Res Publica.
http://www.fondation-res-publica.org/Nouvelle-geographie-sociale-et-cohesion-nationale_a460.html
"Je rappelle que 85% des pauvres ne vivent pas dans la banlieue ; le pourcentage est à peu près identique pour les chômeurs de longue durée et pour les jeunes chômeurs. Je ne veux pas dire qu’il n’y ait pas de difficultés dans ces banlieues mais que la question spécifique des banlieues ne résume pas la question sociale. Or les discours politiques ont aujourd’hui tendance à résumer la question sociale à celle de ces quartiers. C’est une façon d’imposer à la France une géographie sociale à l’américaine : La France serait divisée entre les territoires de la classe moyenne et les ghettos ethnicisés. L’idée du ghetto noir américain s’est peu à peu imposée, y compris aux sociologues, par ailleurs souvent critiques à l’égard des États-Unis. Plus grave, si, à l’assimilation des banlieues aux ghettos noirs, on ajoute la mauvaise conscience coloniale, on caricature la question sociale. Quoi qu’on en dise, même si on nous fait croire que la politique de la ville n’est pas une politique de discrimination positive à caractère ethnique, il est facile de démontrer que l’ensemble de la géographie prioritaire en France a été dessinée sur des cartes qui prenaient en compte le critère « étrangers »."
"La réalité de ces quartiers n’est pas celle-là. Les chômeurs d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier et ne seront pas ceux de demain. La négation de cette mobilité amène à conclure à l’échec de la République. En revanche, si on analyse ces quartiers en termes de dynamique, on réalise que la République y est restée vaillante, non, certes, sans difficultés. Le nombre de jeunes diplômés a explosé dans ces quartiers et beaucoup d’entre eux partent. Évidemment, les nouveaux arrivants, qui viennent souvent des pays du Sud, sont plus pauvres et moins formés que ceux qui partent. Les maires des communes concernées – c’est le cas de Sarcelles - n’arrivent pas à retenir les habitants qui veulent partir.
Ces quartiers doivent être pensés comme des espaces dynamiques en flux où des gens arrivent tandis que d’autres partent. Mais la République est là, les écoles sont présentes, des diplômés sortent de ces quartiers, certes trop peu, certes avec d’infinies difficultés, la délinquance. Il n’empêche que le bilan de la République est moins désastreux que ce qu’on imagine si on arrête un peu d’analyser à partir d’indicateurs sociaux en stock."
"On ne peut occulter le fait qu’aujourd’hui les milieux populaires vivent séparément en fonction de leur origine. C’est très nouveau. En tant que républicains, nous ne pensons pas en termes de communauté ni d’origine ethnique, pourtant nous sommes bien obligés de constater qu’aujourd’hui, l’ouvrier d’origine française ne vit plus avec l’ouvrier d’origine immigrée. Ce fait nouveau est lié au passage de l’immigration de travail à l’immigration familiale, à l’origine de la « crise des banlieues ». Les nouveaux-venus s’installent sur des territoires éloignés du marché du travail industriel des couches populaires, actuellement localisé en zone périurbaine et rurale. Hier localisée dans les quartiers ouvriers et populaires, l’immigration se concentre aujourd’hui dans des métropoles où ces milieux populaires ont disparu. (Contrairement à la situation qui a toujours prévalu, les immigrés arrivent dans des villes très inégalitaires, hier ils intégraient des quartiers ou communes beaucoup plus égalitaires). L’intensification des flux migratoires et l’embourgeoisement des grandes métropoles renforcent cette tendance en raréfiant toujours plus les contacts entre les milieux populaires selon leur origine.
Bref, nous voyons se développer dans les milieux populaires une fracture immense qui constitue le plus grand danger pour la cohésion nationale. Quel discours tenir ?"
-Christophe Guilluy, "Que sont devenues les couches populaires ?", Intervention au séminaire du 30 novembre 2009 de la Fondation Res Publica.
https://fr.1lib.fr/book/4565689/c90dfa
"Le choix d'analyser les nouvelles dynamiques sociales et territoriales à partir de la question des classes populaires peut être perçu comme "démagogique". Leur simple évocation paraît suspecte. De la même manière, la critique des élites et des classes dominantes et supérieures sera évidemment perçue comme "populiste". Nous assumons ce choix pour deux raisons. La première est que ces catégories, majoritaires, structurent encore la société. La seconde, plus fondamentale, est que l'évocation de leur réalité sociale et territoriale permet d'apprécier les effets concrets des choix économiques et sociétaux des classes dominantes. Dès lors, et s'il est entendu que le "peuple" n'a pas toujours raison face aux élites, l'évocation d'une France "vue d'en bas" permet au moins de rappeler son existence et de mieux comprendre la réalité sociale de l'Hexagone."
"De l'exode rural consécutif à la révolution industrielle à l'exode urbain d'aujourd'hui, le statut spatial des couches populaires apparaît comme une métaphore géographique de la place qu'elles occupent désormais dans l'espace politique et culturel. "Centrale" hier, celle-ci est désormais "périphérique". Du cœur de la ville industrielle aux périphéries périurbaines et rurales des métropoles mondialisées, les couches populaires apparaissent comme les grandes perdantes de la lutte des places. La majorité des ouvriers, des employés ainsi que des ménages modestes vivent désormais sur des territoires périurbains, industriels et ruraux, à l'écart des lieux de pouvoirs économiques et culturels. C'est bien dans cette "France périphérique" qu'émerge la nouvelle sociologie de la France populaire, une sociologie qui se différencie de plus en plus de celle des grandes villes et qui trace de nouvelles lignes de fractures politiques.
La nouvelle géographie sociale permet de distinguer une "France métropolitaine", qui concentre près de 40% de la population, et une "France périphérique" où se répartit près de 60% de la population."
"L'enjeu des prochaines décennies sera de maintenir une cohésion nationale entre des territoires qui tendent à se différencier de plus en plus culturellement ainsi qu'à accompagner une forte instabilité sociale, démographique et culturelle."
"Comment se sentir impliqué par un débat politique essentiellement centré sur des représentations erronées de la société française ? La crise démocratique est d'abord celle d'une grille de lecture dépassée."
"La surreprésentation depuis trente ans des banlieues difficiles non seulement dans les médias, mais aussi dans le monde de la recherche impose alors le ghetto comme le paysage emblématique de la crise de la société française. Le thématique banlieusarde est désormais omniprésente. Sur le sujet, la littérature, notamment sociologue, est profite. Il n'y a désormais plus un seul quartier sensible qui n'ait échappé à sa thèse, à sa recherche urbaine ; plus un seul îlot qui ne vive en permanence sous l’œil d'un observatoire local ou national. On connaît tout, absolument tout de ces territoires les plus étudiés de France ; de l'immeuble à l'îlot, rien n'échappe à l'analyse. Paradoxalement, cette attention extrême ne semble pas remettre en cause l'idée selon laquelle la banlieue resterait une "terra incognita" ; une idée très répandue qui permet au passage de faire perdurer la production de reportages sous prétexte d'investigations inédites ou de nouvelles recherches. Cette attention générale impose de fait les quartiers difficiles dans l'agenda des politiques. Pour l'année 2008, le journal Le Monde avait relevé que le seul département difficile de la Seine-Saint-Denis avait ainsi enregistré 174 déplacements ministériels."
"L'association mentale "jeune de banlieues" est si forte qu'il convient de rappeler une vérité qui s'applique y compris sur ces territoires: on vieillit aussi en banlieue ! Les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'hier et ne seront pas ceux de demain. Rappeler cette évidence n'est pas inutile à un moment où le jeunisme est devenu une valeur dominante et que la fascination (entre attraction et répulsion) du monde médiatique et politique pour la "jeunesse des banlieues" semble truster toute réflexion sur les autres tranches d'âge.
Le vieillissement dans le parc social est pourtant devenu un sujet de préoccupation pour l'ensemble des bailleurs sociaux. Le "papy-boom" des banlieues est en marche et le nombre de retraités pauvres, déjà en augmentation, risque de progresser très rapidement dans les prochaines années."
"La grille de lecture de la réalité banlieusarde est fondamentalement anglo-saxonne et américaine. Le modèle du ghetto américain a été d'autant plus rapidement adopté qu'il permet d'évoquer la crise des sociétés urbaines et multiculturelles. On peut s'étonner de la rapidité avec laquelle l'intelligentsia française, pourtant critique à l'égard du modèle anglo-saxon, a adopté une telle grille de lecture pour décrire une réalité sociale. S'il existe une Amérique racialiste qui rejette la communauté noire, la France serait émerger une "société d'apartheid" affirme la bien-pensance. Ce discours apparaît comme une critique à peine voilée du modèle républicain et égalitaire que nous connaissons.
L'idée de la ghettoïsation "à l'américaine" suggère en effet que l'Etat républicain a déserté ces territoires. Stigmatisées, reléguées, les banlieues seraient ainsi sous-équipées et l'Etat y serait moins présent qu'ailleurs. Cette affirmation ne correspond pas à la réalité. Si la permanence des difficultés sociales révèle une forme d'impuissance des pouvoirs publics, elle ne signifie pas pour autant que l'Etat s'est désengagé. D'ailleurs, ces territoires bénéficient le plus souvent d'une densité d'équipements publics supérieure à celle des territoires périurbains et ruraux. C'est dans cette optique que le sociologue Dominique Lorrain a réalisé une étude comparative sur les investissements publics entre le quartier des Hautes-Noues à Villiers-sur-Marne et un quartier de la périphérie de Verdun. Dans les deux cas, les populations concernées sont modestes et/ou précaires et les taux de chômage sont élevés. La cité des Hautes-Noues est classée "sensible", tandis que le quartier de la périphérie de Verdun n'a jamais fait parler de lui. Première surprise, le revenu moyen par habitant du quartier sensible de Villiers-Sur-Marne est de 20% supérieure à celui de Verdun. L'auteur précise par ailleurs que les équipements culturels, les services publics et les facilités de transports sont moins fournis à Verdun: il faut compter trois heures pour rejoindre la métropole nancéenne contre vingt minutes pour rallier Paris depuis le quartier des Hautes-Noues."
-Christophe Guilluy, Fractures françaises, Flammarion, champ.essais, 2013 (2010 pour la première édition), 186 pages.
https://books.google.fr/books?id=KSepCwAAQBAJ&printsec=frontcover&dq=fractures+fran%C3%A7aises&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj_4PekoZbXAhUG1BoKHYEOCWwQ6AEIOTAD#v=onepage&q=fractures%20fran%C3%A7aises&f=false
"La part des cadres supérieurs dans la population active a doublé entre 1982 et 2010, passant de 7.6 à 15.8% et celle des anciens cadres moyens, les "professions intermédiaires", a augmenté de 19 à 23%."
"Vitrines de la mondialisation heureuse, [les métropoles] illustrent à merveille la société ouverte, déterritorialisée, où la mobilité des hommes et des marchandises est source de création d'emplois, de richesses et de progrès social. Ces territoires produisent désormais l'essentiel des richesses françaises en générant près des deux tiers du PIB national. Le modèle "libéral-mondialisé" y est à son apogée. On y retrouve les secteurs économiques les plus actifs et les populations les plus compatibles avec les exigences d'un modèle déterritorialisé et... inégalitaire. En effet, le marché de l'emploi ne s'adresse plus à tout le monde, mais surtout aux plus qualifiés, et aux peu ou pas qualifiés. Exit la classe moyenne ! Vive l'inégalité, de revenus, de statuts..."
"La posture républicaine ne doit en effet pas tromper, la réalité est que nos classes dirigeantes sont pour l'essentiel acquises au modèle multiculturel et mondialisé."
"Une carte n'est jamais une construction objective, il s'agit toujours d'un point de vue."
"La véritable fracture n'oppose pas les urbains aux ruraux mais les territoires les plus dynamiques à la France des fragilités sociales."
"Dans cette définition, l'espace métropolitain comprend de l'ordre de 2650 communes, soit 10% des communes françaises mais qui concentrent près de 40% de l'ensemble de la population. La "France périphérique" comprend près de 34 000 communes (90%) et regroupe 61% de la population."
"Liste des indicateurs utilisés pour le calcul de l'indice de fragilité.
7 indicateurs "en stock"
Ouvriers / population active (moyenne: 23.6%) [...]
Employés et ouvriers / population active (moyenne: 52.9%) [...]
Temps partiel (moyenne: 17%) [...]
Emploi précaire (moyenne: 11%) [...]
Chômeurs (moyenne: 12%) [...]
Propriétaires occupants précaires (1er quartile des PO < 15 639 euros) [...]
Revenus (inf à 18 749 euros) [...]
1 indicateur en "dynamique"
Évolution de la part des ouvriers-employés entre 1999 et 2010."
"Aujourd'hui l'île-de-France est la première région universitaire du monde. La métropole parisienne contribue à 30% du total de la production française alors qu'elle ne représente que 18% de la population totale. L'économiste Laurent Davezies précise que si la région participe à 30% du PIB, elle n'en capte que 20% des revenus."
"4 régions contenant les principales agglomérations fournissent 52.6% de la valeur ajoutée française (île-de-France: 30.35% ; Rhônes-Alpes: 9.87% ; PACA: 7.17% ; Nord-PdC: 5.19%). Si l'on ajoute les autres métropoles (Toulouse, Nantes, Bordeaux, Rennes, Montpellier, Aix-Marseille) on obtient plus de 80% de la production nationale."
"L'ensemble des dynamiques sociodémographiques à l’œuvre sur les territoires s'est réalisé à "catégories populaires constantes". Ainsi, quand la part des employés et des ouvriers diminue dans les grandes métropoles, cela n'est pas la conséquence de leur disparition sociologique mais le fruit d'un processus d'éviction des espaces métropolitains."
"Avec 27.9% de cadres parmi ses actifs en 2011, l'aire parisienne enregistre la plus importante concentration de cadres et de professions intellectuelles supérieures. [...] Dans la métropole toulousaine, la part des cadres atteint 24.5% de la population active"
"La spécificité du modèle métropolitain est de générer sa propre sociologie. Une sociologie très inégalitaire avec d'un côté une surreprésentation des catégories supérieures, de la bourgeoisie traditionnelle aux bobos, et de l'autre des populaires essentiellement issues de l'immigration récente et souvent précaire."
-Christophe Guilluy, La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, Paris, Flammarion, coll. Champ.actuel, 2015 (2014 pour la 1ère édition), 185 pages.
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2011-6/geographie-sociale-prendre-conscience-des-fractures-francaises.html?item_id=3099
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2012-11/l-impact-de-la-recomposition-sociale.html?item_id=3286
"Les banlieues sont-elles ces territoires où les gens seraient « assignés à résidence » ou « relégués » ? Il y aurait beaucoup à dire sur l’emploi de ces expressions empruntées à l’univers quasi-concentrationnaire pour décrire une réalité urbaine. L’analyse sérieuse de la réalité du pays montre qu’en réalité la question du chômage, de la précarité, du chômage des jeunes diplômés n’est pas spécifique aux banlieues. La pauvreté non plus. On rappellera utilement que 80% des ménages pauvres urbains ne vivent pas dans les quartiers sensibles."
"De la même manière comment décrire un univers où les habitants ne bougent pas alors même que, jusqu’à une période récente, les banlieues faisaient partie des territoires où le taux de mobilité était le plus élevé (61 % des habitants des ZUS en 1999 ne vivaient pas dans ces quartiers en 1990).
De la même, si le taux de chômage évolue peu d’un recensement à l’autre, il faut rappeler que ce ne sont pas les mêmes chômeurs qui sont recensés à chaque date.
La réalité des banlieues est celle de la mobilité, des gens entrent, d’autres sortent. Ceux qui arrivent sont évidemment plus pauvres car arrivant souvent de pays du Sud, ceux qui partent, souvent des jeunes diplômés, le sont moins. Ces dynamiques positives sont le plus souvent occultées, comme s’il fallait absolument maintenir un discours misérabiliste sur ces territoires pour, là encore enfermer la question sociale dans une thématique sociétale, ici la question des discriminations des nouveaux exclus.
Cette lecture d’une société divisée entre ces quartiers sensibles et le reste des territoires ne tient pas et ne permet pas de distinguer la recomposition sociale de tous les territoires."
"La recomposition économique des grandes villes induit inévitablement une recomposition sociale. La métropolisation a, en effet, entraîné une spécialisation des activités et des emplois des grandes villes dans les secteurs les plus qualifiés, attirant les catégories les plus aisées, les catégories moyennes supérieures : c’est le phénomène de gentrification : l’appropriation par des catégories aisées ou moyennes de l’ensemble des quartiers populaires des villes. Le modèle urbain d’aujourd’hui n’est plus celui du XIXe siècle, le modèle intégrateur de la révolution industrielle. La ville attirait alors les catégories populaires parce qu’elle en avait besoin. Aujourd’hui, dans le contexte de la mondialisation, la ville n’a plus besoin, pour créer ses richesses, des catégories populaires."
"Les médias ont construit un autre mythe : celui du cadre qui s’installe à la campagne avec son ordinateur. Ce phénomène existe mais le fond n’est pas là. On comprend d’ailleurs la logique médiatique qui véhicule cette image très rassurante. En réalité, le cadre reste en ville et achète une résidence secondaire.
Je lie, dans ce que j’appelle la France périphérique, la France périurbaine et la France rurale car il y a une vraie unicité sociale et culturelle de ces espaces périurbains et ruraux où arrivent des catégories populaires, majoritairement des ouvriers et des employés. Aujourd’hui l’habitat type de l’ouvrier est la maison individuelle. Le logement collectif ouvrier appartient au passé. Il faudrait d’ailleurs réfléchir sur le lien entre le basculement de la classe ouvrière du logement collectif vers le pavillonnaire, sa disparition du discours de la gauche et sa disparition culturelle, comme si, en quittant les immeubles, l’ouvrier avait définitivement disparu du champ de vision des décideurs, notamment à gauche."
"La ville-centre, ne représente plus aujourd’hui que 25% de la population ; si on inclut les banlieues, on arrive à 30% ou 35%. La France des villes denses (villes-centres + banlieues) est une France minoritaire et c’est là que la gauche est majoritaire. Inversement, la visibilité de cette France majoritaire est nulle pour la gauche. On vit encore sur une représentation du territoire selon laquelle le périurbain et le rural seraient marginaux. La réalité, c’est que ce sont aujourd’hui ces espaces qui pèsent démographiquement.
Leur dynamique est d’ailleurs beaucoup plus forte que celle des pôles urbains. Les chiffres révèlent, dans les dix dernières années, une croissance du périurbain de 3,5% par an, contre 0,4% pour les pôles urbains. Des familles s’installent, la jeunesse est très présente. Le rural forcément vieillissant et les banlieues forcément jeunes font aussi partie des clichés. La réalité, c’est qu’on vieillit aussi en banlieue. C’est un scoop : les jeunes d’il y a vingt ans ont quarante ans aujourd’hui … mais on continue à parler des jeunes des banlieues ! D’ailleurs, les statistiques montrent que le stock de jeunes dans les ZUS baisse. Eux aussi vieillissent… On peut très légitimement imaginer, dans quelques années, un papy-boom des cités."
"La majorité des diplômés au chômage sont des jeunes des espaces ruraux et périurbains. Ce constat montre évidemment que c’est bien la question de l’ascension sociale des jeunes issus des milieux populaires qui est posée. Pas celle de tel ou tel quartier. Question sociale essentielle, que les élites préféreront dissimuler une nouvelle fois derrière la question des banlieues."
"Aujourd’hui, l’électorat de la gauche vit dans la grande ville. La gauche est donc soutenue par un électorat qui bénéficie fortement de la mondialisation. Les catégories populaires demandent protection depuis vingt ans contre les effets de la mondialisation, affectant l’emploi, les logiques économiques mais aussi contre les effets de l’immigration. La gauche est prise dans un nœud inextricable : son électorat veut la mondialisation tandis que l’électorat populaire, plutôt dans une logique de fermeture, souhaite, au contraire, la protection face à la mondialisation."
-Christophe Guilluy, "Territoires et classes sociales en France dans la mondialisation", Intervention prononcée lors du colloque du 14 janvier 2008 de la Fondation Res Publica.
http://www.fondation-res-publica.org/Nouvelle-geographie-sociale-et-cohesion-nationale_a460.html
"Je rappelle que 85% des pauvres ne vivent pas dans la banlieue ; le pourcentage est à peu près identique pour les chômeurs de longue durée et pour les jeunes chômeurs. Je ne veux pas dire qu’il n’y ait pas de difficultés dans ces banlieues mais que la question spécifique des banlieues ne résume pas la question sociale. Or les discours politiques ont aujourd’hui tendance à résumer la question sociale à celle de ces quartiers. C’est une façon d’imposer à la France une géographie sociale à l’américaine : La France serait divisée entre les territoires de la classe moyenne et les ghettos ethnicisés. L’idée du ghetto noir américain s’est peu à peu imposée, y compris aux sociologues, par ailleurs souvent critiques à l’égard des États-Unis. Plus grave, si, à l’assimilation des banlieues aux ghettos noirs, on ajoute la mauvaise conscience coloniale, on caricature la question sociale. Quoi qu’on en dise, même si on nous fait croire que la politique de la ville n’est pas une politique de discrimination positive à caractère ethnique, il est facile de démontrer que l’ensemble de la géographie prioritaire en France a été dessinée sur des cartes qui prenaient en compte le critère « étrangers »."
"La réalité de ces quartiers n’est pas celle-là. Les chômeurs d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier et ne seront pas ceux de demain. La négation de cette mobilité amène à conclure à l’échec de la République. En revanche, si on analyse ces quartiers en termes de dynamique, on réalise que la République y est restée vaillante, non, certes, sans difficultés. Le nombre de jeunes diplômés a explosé dans ces quartiers et beaucoup d’entre eux partent. Évidemment, les nouveaux arrivants, qui viennent souvent des pays du Sud, sont plus pauvres et moins formés que ceux qui partent. Les maires des communes concernées – c’est le cas de Sarcelles - n’arrivent pas à retenir les habitants qui veulent partir.
Ces quartiers doivent être pensés comme des espaces dynamiques en flux où des gens arrivent tandis que d’autres partent. Mais la République est là, les écoles sont présentes, des diplômés sortent de ces quartiers, certes trop peu, certes avec d’infinies difficultés, la délinquance. Il n’empêche que le bilan de la République est moins désastreux que ce qu’on imagine si on arrête un peu d’analyser à partir d’indicateurs sociaux en stock."
"On ne peut occulter le fait qu’aujourd’hui les milieux populaires vivent séparément en fonction de leur origine. C’est très nouveau. En tant que républicains, nous ne pensons pas en termes de communauté ni d’origine ethnique, pourtant nous sommes bien obligés de constater qu’aujourd’hui, l’ouvrier d’origine française ne vit plus avec l’ouvrier d’origine immigrée. Ce fait nouveau est lié au passage de l’immigration de travail à l’immigration familiale, à l’origine de la « crise des banlieues ». Les nouveaux-venus s’installent sur des territoires éloignés du marché du travail industriel des couches populaires, actuellement localisé en zone périurbaine et rurale. Hier localisée dans les quartiers ouvriers et populaires, l’immigration se concentre aujourd’hui dans des métropoles où ces milieux populaires ont disparu. (Contrairement à la situation qui a toujours prévalu, les immigrés arrivent dans des villes très inégalitaires, hier ils intégraient des quartiers ou communes beaucoup plus égalitaires). L’intensification des flux migratoires et l’embourgeoisement des grandes métropoles renforcent cette tendance en raréfiant toujours plus les contacts entre les milieux populaires selon leur origine.
Bref, nous voyons se développer dans les milieux populaires une fracture immense qui constitue le plus grand danger pour la cohésion nationale. Quel discours tenir ?"
-Christophe Guilluy, "Que sont devenues les couches populaires ?", Intervention au séminaire du 30 novembre 2009 de la Fondation Res Publica.
https://fr.1lib.fr/book/4565689/c90dfa
"Le choix d'analyser les nouvelles dynamiques sociales et territoriales à partir de la question des classes populaires peut être perçu comme "démagogique". Leur simple évocation paraît suspecte. De la même manière, la critique des élites et des classes dominantes et supérieures sera évidemment perçue comme "populiste". Nous assumons ce choix pour deux raisons. La première est que ces catégories, majoritaires, structurent encore la société. La seconde, plus fondamentale, est que l'évocation de leur réalité sociale et territoriale permet d'apprécier les effets concrets des choix économiques et sociétaux des classes dominantes. Dès lors, et s'il est entendu que le "peuple" n'a pas toujours raison face aux élites, l'évocation d'une France "vue d'en bas" permet au moins de rappeler son existence et de mieux comprendre la réalité sociale de l'Hexagone."
"De l'exode rural consécutif à la révolution industrielle à l'exode urbain d'aujourd'hui, le statut spatial des couches populaires apparaît comme une métaphore géographique de la place qu'elles occupent désormais dans l'espace politique et culturel. "Centrale" hier, celle-ci est désormais "périphérique". Du cœur de la ville industrielle aux périphéries périurbaines et rurales des métropoles mondialisées, les couches populaires apparaissent comme les grandes perdantes de la lutte des places. La majorité des ouvriers, des employés ainsi que des ménages modestes vivent désormais sur des territoires périurbains, industriels et ruraux, à l'écart des lieux de pouvoirs économiques et culturels. C'est bien dans cette "France périphérique" qu'émerge la nouvelle sociologie de la France populaire, une sociologie qui se différencie de plus en plus de celle des grandes villes et qui trace de nouvelles lignes de fractures politiques.
La nouvelle géographie sociale permet de distinguer une "France métropolitaine", qui concentre près de 40% de la population, et une "France périphérique" où se répartit près de 60% de la population."
"L'enjeu des prochaines décennies sera de maintenir une cohésion nationale entre des territoires qui tendent à se différencier de plus en plus culturellement ainsi qu'à accompagner une forte instabilité sociale, démographique et culturelle."
"Comment se sentir impliqué par un débat politique essentiellement centré sur des représentations erronées de la société française ? La crise démocratique est d'abord celle d'une grille de lecture dépassée."
"La surreprésentation depuis trente ans des banlieues difficiles non seulement dans les médias, mais aussi dans le monde de la recherche impose alors le ghetto comme le paysage emblématique de la crise de la société française. Le thématique banlieusarde est désormais omniprésente. Sur le sujet, la littérature, notamment sociologue, est profite. Il n'y a désormais plus un seul quartier sensible qui n'ait échappé à sa thèse, à sa recherche urbaine ; plus un seul îlot qui ne vive en permanence sous l’œil d'un observatoire local ou national. On connaît tout, absolument tout de ces territoires les plus étudiés de France ; de l'immeuble à l'îlot, rien n'échappe à l'analyse. Paradoxalement, cette attention extrême ne semble pas remettre en cause l'idée selon laquelle la banlieue resterait une "terra incognita" ; une idée très répandue qui permet au passage de faire perdurer la production de reportages sous prétexte d'investigations inédites ou de nouvelles recherches. Cette attention générale impose de fait les quartiers difficiles dans l'agenda des politiques. Pour l'année 2008, le journal Le Monde avait relevé que le seul département difficile de la Seine-Saint-Denis avait ainsi enregistré 174 déplacements ministériels."
"L'association mentale "jeune de banlieues" est si forte qu'il convient de rappeler une vérité qui s'applique y compris sur ces territoires: on vieillit aussi en banlieue ! Les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'hier et ne seront pas ceux de demain. Rappeler cette évidence n'est pas inutile à un moment où le jeunisme est devenu une valeur dominante et que la fascination (entre attraction et répulsion) du monde médiatique et politique pour la "jeunesse des banlieues" semble truster toute réflexion sur les autres tranches d'âge.
Le vieillissement dans le parc social est pourtant devenu un sujet de préoccupation pour l'ensemble des bailleurs sociaux. Le "papy-boom" des banlieues est en marche et le nombre de retraités pauvres, déjà en augmentation, risque de progresser très rapidement dans les prochaines années."
"La grille de lecture de la réalité banlieusarde est fondamentalement anglo-saxonne et américaine. Le modèle du ghetto américain a été d'autant plus rapidement adopté qu'il permet d'évoquer la crise des sociétés urbaines et multiculturelles. On peut s'étonner de la rapidité avec laquelle l'intelligentsia française, pourtant critique à l'égard du modèle anglo-saxon, a adopté une telle grille de lecture pour décrire une réalité sociale. S'il existe une Amérique racialiste qui rejette la communauté noire, la France serait émerger une "société d'apartheid" affirme la bien-pensance. Ce discours apparaît comme une critique à peine voilée du modèle républicain et égalitaire que nous connaissons.
L'idée de la ghettoïsation "à l'américaine" suggère en effet que l'Etat républicain a déserté ces territoires. Stigmatisées, reléguées, les banlieues seraient ainsi sous-équipées et l'Etat y serait moins présent qu'ailleurs. Cette affirmation ne correspond pas à la réalité. Si la permanence des difficultés sociales révèle une forme d'impuissance des pouvoirs publics, elle ne signifie pas pour autant que l'Etat s'est désengagé. D'ailleurs, ces territoires bénéficient le plus souvent d'une densité d'équipements publics supérieure à celle des territoires périurbains et ruraux. C'est dans cette optique que le sociologue Dominique Lorrain a réalisé une étude comparative sur les investissements publics entre le quartier des Hautes-Noues à Villiers-sur-Marne et un quartier de la périphérie de Verdun. Dans les deux cas, les populations concernées sont modestes et/ou précaires et les taux de chômage sont élevés. La cité des Hautes-Noues est classée "sensible", tandis que le quartier de la périphérie de Verdun n'a jamais fait parler de lui. Première surprise, le revenu moyen par habitant du quartier sensible de Villiers-Sur-Marne est de 20% supérieure à celui de Verdun. L'auteur précise par ailleurs que les équipements culturels, les services publics et les facilités de transports sont moins fournis à Verdun: il faut compter trois heures pour rejoindre la métropole nancéenne contre vingt minutes pour rallier Paris depuis le quartier des Hautes-Noues."
-Christophe Guilluy, Fractures françaises, Flammarion, champ.essais, 2013 (2010 pour la première édition), 186 pages.
https://books.google.fr/books?id=KSepCwAAQBAJ&printsec=frontcover&dq=fractures+fran%C3%A7aises&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj_4PekoZbXAhUG1BoKHYEOCWwQ6AEIOTAD#v=onepage&q=fractures%20fran%C3%A7aises&f=false
"La part des cadres supérieurs dans la population active a doublé entre 1982 et 2010, passant de 7.6 à 15.8% et celle des anciens cadres moyens, les "professions intermédiaires", a augmenté de 19 à 23%."
"Vitrines de la mondialisation heureuse, [les métropoles] illustrent à merveille la société ouverte, déterritorialisée, où la mobilité des hommes et des marchandises est source de création d'emplois, de richesses et de progrès social. Ces territoires produisent désormais l'essentiel des richesses françaises en générant près des deux tiers du PIB national. Le modèle "libéral-mondialisé" y est à son apogée. On y retrouve les secteurs économiques les plus actifs et les populations les plus compatibles avec les exigences d'un modèle déterritorialisé et... inégalitaire. En effet, le marché de l'emploi ne s'adresse plus à tout le monde, mais surtout aux plus qualifiés, et aux peu ou pas qualifiés. Exit la classe moyenne ! Vive l'inégalité, de revenus, de statuts..."
"La posture républicaine ne doit en effet pas tromper, la réalité est que nos classes dirigeantes sont pour l'essentiel acquises au modèle multiculturel et mondialisé."
"Une carte n'est jamais une construction objective, il s'agit toujours d'un point de vue."
"La véritable fracture n'oppose pas les urbains aux ruraux mais les territoires les plus dynamiques à la France des fragilités sociales."
"Dans cette définition, l'espace métropolitain comprend de l'ordre de 2650 communes, soit 10% des communes françaises mais qui concentrent près de 40% de l'ensemble de la population. La "France périphérique" comprend près de 34 000 communes (90%) et regroupe 61% de la population."
"Liste des indicateurs utilisés pour le calcul de l'indice de fragilité.
7 indicateurs "en stock"
Ouvriers / population active (moyenne: 23.6%) [...]
Employés et ouvriers / population active (moyenne: 52.9%) [...]
Temps partiel (moyenne: 17%) [...]
Emploi précaire (moyenne: 11%) [...]
Chômeurs (moyenne: 12%) [...]
Propriétaires occupants précaires (1er quartile des PO < 15 639 euros) [...]
Revenus (inf à 18 749 euros) [...]
1 indicateur en "dynamique"
Évolution de la part des ouvriers-employés entre 1999 et 2010."
"Aujourd'hui l'île-de-France est la première région universitaire du monde. La métropole parisienne contribue à 30% du total de la production française alors qu'elle ne représente que 18% de la population totale. L'économiste Laurent Davezies précise que si la région participe à 30% du PIB, elle n'en capte que 20% des revenus."
"4 régions contenant les principales agglomérations fournissent 52.6% de la valeur ajoutée française (île-de-France: 30.35% ; Rhônes-Alpes: 9.87% ; PACA: 7.17% ; Nord-PdC: 5.19%). Si l'on ajoute les autres métropoles (Toulouse, Nantes, Bordeaux, Rennes, Montpellier, Aix-Marseille) on obtient plus de 80% de la production nationale."
"L'ensemble des dynamiques sociodémographiques à l’œuvre sur les territoires s'est réalisé à "catégories populaires constantes". Ainsi, quand la part des employés et des ouvriers diminue dans les grandes métropoles, cela n'est pas la conséquence de leur disparition sociologique mais le fruit d'un processus d'éviction des espaces métropolitains."
"Avec 27.9% de cadres parmi ses actifs en 2011, l'aire parisienne enregistre la plus importante concentration de cadres et de professions intellectuelles supérieures. [...] Dans la métropole toulousaine, la part des cadres atteint 24.5% de la population active"
"La spécificité du modèle métropolitain est de générer sa propre sociologie. Une sociologie très inégalitaire avec d'un côté une surreprésentation des catégories supérieures, de la bourgeoisie traditionnelle aux bobos, et de l'autre des populaires essentiellement issues de l'immigration récente et souvent précaire."
-Christophe Guilluy, La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, Paris, Flammarion, coll. Champ.actuel, 2015 (2014 pour la 1ère édition), 185 pages.
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2011-6/geographie-sociale-prendre-conscience-des-fractures-francaises.html?item_id=3099
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2012-11/l-impact-de-la-recomposition-sociale.html?item_id=3286
Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Dim 21 Mar - 13:52, édité 2 fois