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    Théorie de la dominance sociale

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Théorie de la dominance sociale Empty Théorie de la dominance sociale

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 11 Nov - 17:44

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_de_la_dominance_sociale

    https://en.wikipedia.org/wiki/Social_dominance_theory

    https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-internationaux-de-psychologie-sociale-2005-3-page-113.htm

    "Le concept-clé développé par cette théorie est celui de l’orientation vers la dominance sociale (sdo ; social dominance orientation).

    La sdo exprime « une préférence individuelle généralisée pour le maintien de rapports hiérarchiques entre les groupes sociaux et la domination des groupes ‘inférieurs’ par les groupes ‘supérieurs’ » (Sidanius et Pratto, 1999, p. 48). Pratto, Sidanius, Stallworth et Malle (1994) ont développé et validé une échelle (dénommée sdo-6) pour mesurer cette préférence. Visant à saisir une disposition psychologique générale, les seize items de cette échelle ne spécifient aucun groupe social en particulier (e.g., « Les groupes inférieurs devraient rester à leur place »). Cette échelle présente d’excellentes propriétés psychométriques. Agrégées dans un score moyen, les réponses aux items qui la composent mesurent « l’orientation vers la dominance sociale ». Les recherches indiquent que les membres de groupes qui occupent des positions dominantes dans la société obtiennent généralement des scores de sdo plus importants que les membres de groupes minoritaires ou socialement discriminés. En fait, ces scores corrèlent fortement avec la position des répondants dans la hiérarchie sociale (Sidanius et Pratto, 1999), de même qu’avec leur niveau de préjugé, leurs valeurs conservatrices et anti-égalitaires, et leurs comportements discriminants (Sidanius et Pratto, 1999 ; Pratto et al., 1994 ; Sidanius et al., 1994).

    Selon Sidanius et Pratto (1999), les différences de sdo entre groupes sociaux participent à la reproduction des inégalités sociales dans la mesure où les personnes présentant des scores élevés convoitent plus que les autres les positions de pouvoir dans la structure sociale (Pratto, Stallworth, Sidanius et Siers, 1997). En particulier, la théorie de la dominance sociale prédit que les hommes ont toujours, en moyenne, des scores de sdo plus importants que les femmes, et que cette différence rend compte du fonctionnement patriarcal des sociétés humaines (Sidanius et al., 1994). Comme l’affirment Sidanius et Pratto (1999), « Nous avons examiné les différences de sexe sur l’échelle de sdo dans 45 échantillons indépendants, utilisant environ 19 000 répondants au travers de 10 pays (…). Les hommes obtiennent des scores de sdo plus élevés que les femmes et c’est là un des résultats les mieux documentés empiriquement par la théorie de la dominance sociale. » (p. 267). La régularité de ce résultat a conduit à formuler une hypothèse d’invariance, selon laquelle les hommes obtiendraient dans toutes les cultures des scores de sdo plus élevés que les femmes (Sidanius, Levin, Liu et Pratto, 2000).

    L’hypothèse d’invariance

    Selon Sidanius et Pratto (1999), l’orientation vers la dominance sociale dépend de multiples facteurs tels les expériences de socialisation, la position relative du groupe d’appartenance dans la hiérarchie sociale et les tempéraments ou prédispositions individuelles. Plusieurs études confirment l’influence des deux premiers facteurs.

    Concernant les expériences de socialisation, Sidanius et Peña (2003) rapportent des données interculturelles qui montrent clairement que les enfants de familles patriarcales, dans lesquelles le père prend la plupart des décisions, ont des niveaux de sdo plus importants que les enfants de familles matriarcales, dans lesquelles c’est la mère qui prend la plupart des décisions. Lorsque dans les familles la prise de décision incombe autant au père qu’à la mère, les enfants ont des niveaux de sdo intermédiaires. La situation familiale influence tout autant les garçons que les filles.

    Concernant la position relative du groupe d’appartenance dans la hiérarchie sociale, plusieurs études expérimentales mettent en évidence un lien positif entre statut social et niveau de sdo. Par exemple, Guimond, Dambrun, Michinov et Duarte (2003) montrent que le fait d’assigner au hasard des positions dominantes (rôle de leader) et subalternes (rôle d’assistant) à des individus suffit à les inciter à produire des scores de sdo compatibles avec leur position statutaire (forts et faibles). Les auteurs suggèrent notamment que les différences de sdo observées chez les étudiants en fonction de la filière académique fréquentée résultent en partie de processus de socialisation distincts au sein même de chaque filière (voir Baudelot, Leclercq, Chatard, Gobille et Satchkova, 2005 ; Guimond, 2000 ; Guimond et Palmer, 1996).

    Concernant les prédispositions individuelles, Sidanius et Pratto (1999) reconnaissent qu’il n’existe pas de preuve directe de leur influence (p. 77). Toutefois, dans le cas particulier des hommes et des femmes, ils maintiennent que des prédispositions liées à des différences biologiques peuvent être en partie à l’origine des différences observées sur les scores de sdo. Arguant sur la base de données corrélationnelles qui montrent que les hommes ont dans beaucoup de cultures des niveaux de sdo plus importants que les femmes, les auteurs concluent qu’une telle régularité ne peut s’expliquer sans invoquer des différences d’évolution entre les sexes (pour ces arguments, voir Pratto et Hegarty, 2000 ; Pratto, Liu, Levin, Sidanius, Shih, Bachrach et Hegarty, 2000 ; Sidanius et al., 2000 ; Sidanius, Pratto et Bobo 1994). La différence de sexe qui émerge au travers des cultures sur les scores de sdo témoignerait du fait que les femmes sont par nature moins attirées par le pouvoir et la domination intergroupes que les hommes ou, autrement dit, que la domination masculine reflète l’ordre naturel des choses.

    Dans notre optique, même si une explication qui repose sur des arguments évolutionnistes ne peut pas être d’emblée écartée, elle demeure une généralisation hâtive au regard de la nature corrélationnelle des approches utilisées. Des explications alternatives méritent d’être envisagées."

    "Comme dans l’étude de Dambrun et al. (2004), nous pensons toutefois que l’identité de genre peut suffire, dans maintes circonstances, à expliquer les différences de sexe observées au travers des cultures sur l’échelle de sdo."

    "Quand l’identité de genre est utilisée comme covariable, c’est bien elle plutôt que le sexe biologique, qui prédit les scores de sdo"

    "Les membres de groupes occupant des positions de faible statut social tendent, d’une manière générale, à se percevoir et à être perçus de façon plus indifférenciée, collective, et moins individualisée que les membres des groupes dominants."
    -Armand Chatard, Serge Guimond, Fabio Lorenzi-Cioldi et al., « Domination masculine et identité de genre », Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 2005/3 (Numéro 67-68), p. 113-123.



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