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"Selon les pré-requis de la physique atomiste, la nature contient du vide. Dans un univers matérialiste, tout agrégat est par définition fragile car poreux." (p.5)
"L’épicurisme ne limite pas sa définition de l’humanité à celle d’un animal rationnel. L’homme est également cet être craintif, irrationnel et oublieux qui s’est forgé tout seul des dieux pour mieux se terroriser. Épicure semble ainsi distinguer deux attitudes, plutôt que deux types d’humanité: l’attitude rationnelle qui donne à l’homme sa noblesse et lui ouvre sans condition l’accès à la sagesse et au bonheur ; l’attitude proprement stupide qui détermine les conduites abjectes d’Agamemnon sacrifiant sa fille, la violence, l’envie, etc ; c’est par cette attitude que l’homme peut se rendre incapable d’accéder à la joie épicurienne." (p.10)
"Distinction du public et du privé. La démocratie, selon cette distinction, doit fonctionner comme régime du commun, mais au service de l’individu. On retrouve entre autre cette idée dans tous les textes épicuriens portant sur l’amitié ; le groupe des amis, forme de cité idéale, préserve et améliore les existences individuelles de ceux qui le composent. La cité n’est dans une telle optique une obligation que dans la mesure où elle favorise l’existence des individus ; elle n’est donc pas une fin en soi. Et on peut même lui préférer le cadre intime du Jardin, qui semble réunir mieux que la place publique dans sa totalité les conditions de la sécurité et de la vie heureuse.
(MC 14) Τῆς ἀσφαλείας τῆς ἐξ ἀνθρώπων γενομένης μέχρι τινὸς δυνάμει τε ἐξερειστικῇ καὶ εὐπορίᾳ,
εἰλικρινεστάτη γίνεται ἡ ἐκ τῆς ἡσυχίας καὶ ἐκχωρήσεως τῶν πολλῶν ἀσφάλεια.
« Si la sécurité que procurent les hommes est due jusqu’à un certain degré à une puissance bien assise et à l’abondance, la plus pure des sécurités st celle qui vient de la tranquillité, et de la vie à l’écart de la foule. »
C’est donc dans la mesure où la réunion des hommes participe à leur bonheur, qu’il convient d’intervenir dans cette réunion afin de la consolider.
Cependant, les limites de cette intervention correspondent au point de déséquilibre entre public et privé, lorsque les besoin de la Cité se
retrouvent en contradiction avec les besoins de l’individu." (p.13)
"Le public n'existe qu'en vue du privé, pour garantir la sérénité et la sécurité du privé." (p.14)
"« Les voyant [les hommes] dans un tel état [d'angoisse] (car à nouveau je reprends), je me suis lamenté sur leur vie et j'ai pleuré sur la perte de leur temps ; puis j'ai pensé qu'il était du devoir d'un homme de bien, autant qu'il le pouvait, de secourir par amour du genre humain ceux d'entre eux qui sont bien disposés ; telle est la première raison de cette inscription. »
L'inscription de Diogène d'Oenoanda, dont est tirée cette dernière citation, représente un cas unique d'évergétisme philosophique « par amour du genre humain ». Diogène, notable dont on ignore tout, fit élever vers la fin du IIe siècle un portique de trois mètres de haut sur quatre-vingt de long, destiné à abriter une immense inscription murale détaillant la doctrine d'Épicure. Par cette réalisation de très grande ampleur, on peut considérer que Diogène a démontré et inscrit dans le champ politique l'ambition éthique de l'épicurisme : rien moins que sauver l'humanité d'elle-même." (p.18)
-Julie Giovacchini, "Anthropologie, éthique et politique dans l’épicurisme antique", Texte d’une conférence prononcée lors de la Journée académique des langues anciennes à Clerm, 2015.
"Selon les pré-requis de la physique atomiste, la nature contient du vide. Dans un univers matérialiste, tout agrégat est par définition fragile car poreux." (p.5)
"L’épicurisme ne limite pas sa définition de l’humanité à celle d’un animal rationnel. L’homme est également cet être craintif, irrationnel et oublieux qui s’est forgé tout seul des dieux pour mieux se terroriser. Épicure semble ainsi distinguer deux attitudes, plutôt que deux types d’humanité: l’attitude rationnelle qui donne à l’homme sa noblesse et lui ouvre sans condition l’accès à la sagesse et au bonheur ; l’attitude proprement stupide qui détermine les conduites abjectes d’Agamemnon sacrifiant sa fille, la violence, l’envie, etc ; c’est par cette attitude que l’homme peut se rendre incapable d’accéder à la joie épicurienne." (p.10)
"Distinction du public et du privé. La démocratie, selon cette distinction, doit fonctionner comme régime du commun, mais au service de l’individu. On retrouve entre autre cette idée dans tous les textes épicuriens portant sur l’amitié ; le groupe des amis, forme de cité idéale, préserve et améliore les existences individuelles de ceux qui le composent. La cité n’est dans une telle optique une obligation que dans la mesure où elle favorise l’existence des individus ; elle n’est donc pas une fin en soi. Et on peut même lui préférer le cadre intime du Jardin, qui semble réunir mieux que la place publique dans sa totalité les conditions de la sécurité et de la vie heureuse.
(MC 14) Τῆς ἀσφαλείας τῆς ἐξ ἀνθρώπων γενομένης μέχρι τινὸς δυνάμει τε ἐξερειστικῇ καὶ εὐπορίᾳ,
εἰλικρινεστάτη γίνεται ἡ ἐκ τῆς ἡσυχίας καὶ ἐκχωρήσεως τῶν πολλῶν ἀσφάλεια.
« Si la sécurité que procurent les hommes est due jusqu’à un certain degré à une puissance bien assise et à l’abondance, la plus pure des sécurités st celle qui vient de la tranquillité, et de la vie à l’écart de la foule. »
C’est donc dans la mesure où la réunion des hommes participe à leur bonheur, qu’il convient d’intervenir dans cette réunion afin de la consolider.
Cependant, les limites de cette intervention correspondent au point de déséquilibre entre public et privé, lorsque les besoin de la Cité se
retrouvent en contradiction avec les besoins de l’individu." (p.13)
"Le public n'existe qu'en vue du privé, pour garantir la sérénité et la sécurité du privé." (p.14)
"« Les voyant [les hommes] dans un tel état [d'angoisse] (car à nouveau je reprends), je me suis lamenté sur leur vie et j'ai pleuré sur la perte de leur temps ; puis j'ai pensé qu'il était du devoir d'un homme de bien, autant qu'il le pouvait, de secourir par amour du genre humain ceux d'entre eux qui sont bien disposés ; telle est la première raison de cette inscription. »
L'inscription de Diogène d'Oenoanda, dont est tirée cette dernière citation, représente un cas unique d'évergétisme philosophique « par amour du genre humain ». Diogène, notable dont on ignore tout, fit élever vers la fin du IIe siècle un portique de trois mètres de haut sur quatre-vingt de long, destiné à abriter une immense inscription murale détaillant la doctrine d'Épicure. Par cette réalisation de très grande ampleur, on peut considérer que Diogène a démontré et inscrit dans le champ politique l'ambition éthique de l'épicurisme : rien moins que sauver l'humanité d'elle-même." (p.18)
-Julie Giovacchini, "Anthropologie, éthique et politique dans l’épicurisme antique", Texte d’une conférence prononcée lors de la Journée académique des langues anciennes à Clerm, 2015.