« Très nombreuses sont les régions agricoles qui ont vu se succéder des utilisations du sol très différentes au cours de leur histoire. » (p.9)
« Les milieux naturels utilisés pour la production agricole ne correspondent pas à des milieux donnés une fois pour toutes : ils intègrent tous une part plus ou moins importante d’histoire, en particulier d’histoire de mise en valeur agricole. » (p.9)
« Les agriculteurs constituent encore 46% de la population active mondiale : la production agricole est donc l’activité économique la plus pratiquée dans le monde. » (p.9)
« Les agriculteurs ne produisent pas que des denrées alimentaires ; ils produisent aussi des paysages agraires. Les paysanneries asiatiques ont créé de magnifiques paysages de rizières ; celles des Andes ou de différentes montagnes méditerranéennes ont équipé des versants entiers de terrasses. Les paysages de bocage, avec leurs haies et leur habitat dispersé, et les paysages d’openfield, avec leurs champs ouverts et leur habitat groupé en villages, se partagent les campagnes de l’Europe du Nord-Ouest. Ces éléments sont bien perçus comme étant d’origine anthropique, ce qui leur confère parfois aujourd’hui une valeur patrimoniale. Mais bien d’autres aspects de paysages souvent considérés comme « naturels » ont également une origine anhropique. Aini est-ce le cas de prairies de fond de vallée ou de certains pâturages d’altitude situés à la limite supérieure de la forêt. Ces prairies et pâturages correspondent à des espaces qui, à l’origine, étaient souvent des espaces boisés et qui furent défrichés à des époques plus ou moins anciennes pour les besoins de l’élevage. Aujourd’hui, alors que ces espaces ne sont plus véritablement indispensables à la production agricole, la demande sociale et la politique de l’Union européenne encouragent leur conservation en tant que paysages « ouverts » : on aide financièrement les agriculteurs afin de les maintenir et de les entretenir. » (p.23)
« L’agriculture biologique […] n’était pratiquée en 2000 que par un peu plus de 1% des exploitations agricoles françaises. » (p.24)
« L’Asie rassemble près d’un milliard d’agriculteurs, soit plus de 75% des agriculteurs de la planète. A l’opposé, l’Amérique du Nord […] moins de 0.3%. » (p.61)
« Alors que les techniques de production fortement consommatrices d’espace sont dites extensives, celles qui mobilisent peu d’espace agricole sont dites intensives. A l’image des premières, on les rencontre dans les pays pauvres comme dans les pays riches. » (p.64)
« Les grandes lois d’orientation agricole et la mise en place progressive de la PAC au cours des années 1960 ont joué un rôle majeur dans la montée en puissance de l’agriculture française : la France est aujourd’hui le second exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires derrière les Etats-Unis. Grâce à la PAC, et alors que l’Europe demeure le première pôle d’importation de denrées alimentaires de la planète, l’Union européenne présente désormais une balance commerciale légèrement excédntaire dans le domaine agricole et agroalimentaire. Mais si les « encadrements » et organisations de marchés mis en place par la PAC furent très efficaces, ils n’en ont pas moins évolué dans le temps.
Dans sa première version des années 1960, la PAC était essentiellement une politique des prix. Ses objectifs, mentionnés dans l’article 39 […]
Elle était fondée sur la libre circulation des produits agricoles entre les Etats membres, sur la préférence communautaire, sur la garantie de prix minima uniques sur le marché intérieur européen, et sur la solidarité financière des Etats membres. Les prix lanchers garantis aux agriculteurs européens l’étaient alors à des niveaux très nettement supérieurs à ceux des cours moyens mondiaux de l’époque. Le marché intérieur européen était ainsi protégé contre les importations à bas prix en provenance du marché par un système de taxes variables ou « prélèvements » portant sur les importations. Les exportations, peu importantes au début, étaient permises par des « restitutions », aides à l’exportation égales à la différence entre les prix sur le marché intérieur européen et sur le marché mondial. » (p.92-93)
« Le soutien provenait principalement des consommateurs européens qui payaient leur nourriture à des prix plus élevés que s’ils l’avaient acheté sur le marché mondial, mais qui bénéficiaient en compensation d’approvisionnements garantis. Ceci était important à une époque où les privations alimentaires de la Seconde Guerre mondiale étaient encore présentes dans les esprits. Deux critiques majeures ont été assez vite adressées à cette politique des prix : elle encourageait la surproduction ; elle favorisait surtout les exploitations et les régions agricoles qui étaient déjà les mieux placées puisqu’elles en étaient « mécaniquement » les principales bénéficiaires. » (p.93-94)
« La nouvelle PAC, mise en place à la suite de fortes pressions exercées par les Etats-Unis et les pays du groupe de Cairns au cours des négociations commerciales internationales de l’Uruguay Round (1986-1994), n’a pas apporté de modifications radicales dans ce domaine, bien qu’elle soit fondée sur de nouveaux mécanismes de soutien. Avec elle, on est passé d’un système de soutien fondé sur des niveaux de prix relativement élevés et financés par les consommateurs à un système de paiements directs versés aux agriculteurs et financés par les contribuables. On a en fait repris, en l’adaptant, un système en vigueur aux Etats-Unis depuis la crise des années 1930. Dans le même temps, les niveaux des prix planchers garantis aux agriculteurs ont été fortement abaissés. […] Désormais l’Union européenne est en mesure d’exporter le plus souvent des céréales sur le marché mondial sans restitutions, c’est-à-dire sans aides à l’exportation […] Cette baisse importante des prix minimum garantis a été compensée par le versement d’aides directes par tête de bétail ou par hectare de terre labourée. Afin de freiner l’apparition d’excédents, un gel obligatoire des terres (seuls les plus petits exploitants en sont exemptés) a été institué à partir de 1992/93 : il porte aujourd’hui sur 10% des terres labourables. Mais, parallèlement, les prélèvements portant sur les importations ont été réduits de 36% par paliers successifs entre 1994 et 2000. » (p.94)
« Tout comme la PAC, la politique agricole américaine est très coûteuse, d’autant plus que les dépenses fédérales de soutien à l’agriculture n’ont cessé de progresser au cours des années 1990. Les dépenses de la Commodity Credit Corporation, qui est l’agence financière du Ministère Américain de l’Agriculture, dont l’équivalent du FEOGA (Fonds Européen d’Orientation et de Garantie Agricole) de l’Union européenne, sont passées d’une moyenne de 12 milliards de dollars par an dans la période 1991-1995 à une moyenne de 16 milliards de dollars par an dans la période 1996-2001. » (p.94-95)
« Alors que la production agricole elle-même ne représente plus aujourd’hui aux Etats-Unis que 0.8% du Produit Intérieur Brut, les intrants nécessaires à l’agriculture (industries et services) comptent pour 5% du PIB, la transformation de produits agricoles pour près de 3%, et la distribution au sens large, incluant les transports de produits agricoles et agroalimentaires ainsi que la restauration, pour plus de 7.5% du PIB ; soit un total de 16.3% du PIB pour l’ensemble de l’agrobusiness américain. » (p.101)
« La ville devient à certains égards un milieu répulsif : opérations de rénovation qui chassent les citadins du cœur des agglomérations, coût élevé des logements, difficultés croissante à vivre dans les centres urbains (pollution, ncombrement, etc.) ou dans les grands ensembles de la proche banlieue. A l’inverse, les périphéries sont attractives : possibilités de logements moins chers ou plus spacieux, d’habitants individuelles avec jardins, calme, etc. L’essor des transports collectifs comme de la voiture individuelle a autorisé ce mouvement qui se traduit par des migrations quotidiennes pendulaires. En effet, le changement de résidence ne s’accompagne pas le plus souvent d’un changement d’emploi, les néo-ruraux continuant à travailler dans les centres-villes. Les espaces à la périphérie des villes sont tous affectés par ces mouvements de « périurbanisation », qui se traduisent par une profonde transformation des paysages, la campagne disparaissant sous le flot des constructions des nouveaux résidents et des infrastructures nécessaires à l’augmentation de population : qu’elles soient d’origine publique (écoles) ou privées (centre commerciaux et grandes surfaces). Sur les marges des agglomérations, les anciens citadins s’installent dans les villages, soit en réutilisant d’anciens bâtiments ruraux, soit en construisant de nouvelles demeures, de manière individuelle ou dans le cadre de lotissements initiés par des promoteurs immobiliers. » (p.107)
« Le prix d’une terre agricole peut être multiplié par 100, voire davantage, en devenant terrain à batîr. Dans ces conditions, le maintien d’espaces agricoles dans les zones périurbaines est souvent difficile. » (p.108)
« Les agriculteurs sont de moins en moins nombreux dans les pays industrialisés, devenant presque marginaux dans certaines campagnes. En France, ils ne représentent que 13% de la population active dans le monde rural. » (p.109)
« En apparence, les campagnes présentent de nombreux handicaps pour le développement des industries : éloignement des centres de décision et de consommation, capitaux limités, absence de voies de communications modernes importantes (aéroports, autoroutes, etc.). Mais elles bénéficient aussi d’atouts spécifiques : main-d’œuvre relativement bon marché, coûts d’installations favorables (foncier beaucoup moins cher qu’en ville), possibilités de stockage, d’évacuation des déchets, attrait de la campagne pour certains cadres (moindre pollution, environnement agréable). Ainsi, en France, le nombre d’ouvriers parmi les ruraux dépasse 30%, sans diminution significative depuis plusieurs décennies […] Les industries ont des origines variées : transformation des matières premières locales (agro-industries notamment, comme en Bretagne), rejet par les villes de certaines activités polluantes ou dangereuses (centrales nucléaires), évolution progressive d’industries anciennes qui se sont maintenues voire densifiées (par exemple en Forêt Noire). Certaines campagnes peuplées de travailleurs de l’industrie comportent peu d’usines. C’est le cas dans la région de Saint-Nazaire ou de Sochaux-Montbéliard. Dans ce dernier cas, les ruraux vont travailler dans les grandes unités automobiles localisées dans l’agglomération principale ou, de façon secondaire, dans des usines de sous-traitants plus dispersées. » (p.110)
« A un degré moindre, le phénomène se retrouve dans les pays du Sud. Dans certaines régions de l’Inde, les industries fournissent du travail à une main-d’œuvre rurale abondante : ainsi, dans le district de North Arcot (arrière-pays de Madras), le long de la vallée de la Patar, où les densités rurales dépassent 500 hab./km2, les ouvriers travaillent le cuir en sous-traitance pour des entreprises des villes locales (tanneries, chaussures). En Chine, l’industrie rurale a connu une croissance spectaculaire, les emplois ruraux non-agricoles ayant été multipliés par sept depuis les réformes entreprises par Deng Xiaoping à partir de 1978 […] alors que l’emploi agricole a peu agmenté et amorce même une baisse depuis le début des années 1990. Elle a largement contribué à fournir des emplois à des ruraux en surnombre. Les activités sont multiples et d’origines diverses : entreprises de cantons, de villages ou fruits d’initiatives privées, elles transforment les denrées agricoles, fabriquent en sous-traitance pour les grandes métropoles des produits manufacturés diversifiés (des vêtements aux réfrigérateurs, en passant par les jouets, les parfums, les articles de sport, etc.). Ces industries prennent une grande importance en Chine maritime, particulièrement dans quelques régions comme le delta de la Rivière des Perles (dans l’arrière-pays de Hong Kong) ou dans le Jiangsu, à proximité de Shanghai. Cela se traduit dans les revenus par habitant rural en Chine, bien plus élevés dans les campagnes dynamiques, industrialisées et liées aux villes des provinces maritimes que dans celles de l’intérieur. » (p.111-112)
« Dans les départements les plus touristiques, les résidences secondaires dépassent 50% du parc total de logements en milieu rural (Savoie, Hautes-Alpes). » (p.116)
« Le tourisme est devenu une nouvelle source de revenus pour les agriculteurs qui ont multiplié les structures d’accueil (gîtes, chambres d’hôte). […] Le tourisme autorise une diversification des revenus des agriculteurs, freine le départ des commerçants, favorise l’apparition d’activités de loisirs pour les touristes : clubs hippiques, plans d’eau, terrains de tennis, etc. Dans la majorité des cas, le tourisme vert est diffus, s’adressant plutôt à une clientèle familiale, transformant peu les paysages et produisant des effets inégaux en fonction de la capacité des autorités locales à promouvoir leur région ou leur commune. […] Les résultats ne sont pas favorables partout. Dans quelques cas, les implantations touristiques ont entraîné une flambée des prix du foncier et accru la pollution (déchets, circulation automobile). Inversement, l’essor du tourisme est incompatible avec les activités agricoles les plus polluantes tels que les élevages industriels de porcs. » (p.116-117)
« Dans les pays du Sud, la rapidité de la croissance urbaine et l’étalement des quartiers périphériques souvent bas entraîent des modifications considérables à la périphérie des villes. Dans les deltas surpeuplés d’Asie du Sud-Est, les rizières sont peu à peu transformées en lotissements. La rapidité de l’extension de Bangkok, qui s’étale dans le delta de la Mae Nam Chao Phraya, grande région productrice de riz de la Thaïlande, est spectaculaire. Dans la zone centrale du delta de la Rivière des Perles, en Chine méridionale, les surfaces cultivées ont régressé de 1.9% par an entre 1980 et 1992, en raison de la croissance de Canton et des autres villes. » (p.121)
« La part de la population agricole dans la population active est désormais très faible dans les pays du Nord, oscillant entre 2 et 10% : moins de 2% au Royaume-Uni, 4% en France, moins de 2% aux Etats-Unis. Elle demeure en revanche élevée au Sud, particulièrement dans certains Etats d’Afrique subsaharienne et d’Asie du Sud ou de l’Est : plus de 70% au Cameroun, 63% en Inde, 45% au Philippines et encore 66% en Thaïlande, pays qui pourtant s’industrialise rapidement. C’est seulement en Amérique latine qu’elle tombe au-dessous de 25%. » (p.129)
« Aux Philippines, l’île de Mindanao, restée longtemps peu peuplée, présente un bon exemple de front pionnier largement spontané. L’occupation américaine (1896-1946) permit de créer les conditions de la colonisation agricole : soumission des sultans locaux, création de routes, assainissement de l’île par les services de santé… » (p.137)
« Les campagnes d’Amérique du Nord et des Etats neufs d’Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande) présentent des points communs importants, au-delà de fortes divergences tenant aux politiques agricoles. Dans tous les cas, on a affaire à une agriculture de grands espaces, qui s’est mise en place dès le départ avec peu d’agriculteurs. Dès les premiers défrichements, les exploitations sont vastes, la diminution du nombre d’agriculteurs ne faisant ensuite qu’augmenter la taille moyenne des unités de production, qui dépassent couramment les 500 ha. Si les rendements ne sont pas systématiquement élevés dans ces régions, la productivité par hommes l’est. Les surplus sont considérables. Ces agricultures sont très orientées vers les marchés et hautement performantes, si bien qu’elles sont très concurentielles au niveau mondial. Ce groupe est ainsi constitué de grands exportateurs mondiaux, que ce soit pour les céréales (Etats-Unis, Canada, Australie) ou pour les produits animaux (Australie, Nouvelle-Zélande). Forts de leurs performances, les Etats d’Océanie sont les militants d’un libéralisme extrême : l’Australie est ainsi leader du groupe de Cairns et la Nouvelle-Zélande a quasiment éliminé toutes les formes d’aide à l’agriculture dans les années 1990, ce qui a bénéficié aux grandes exploitations agro-exportatrices les plus rentables. » (p.146)
« Le groupe des pays riches d’Asie est constitué par le Japon, la Corée du Sud et Taïwan. Ils font partie de l’Asie des moussons, caractérisé par l’importance du riz et par de hautes densités de population. Après la Seconde Guerre mondiale, ces pays ont réalisé des réformes agraires sous l’impulsion des Etats-Unis : ils ont ainsi mis en place de petites exploitations, souvent en faire-valoir direct, pratiquant une agriculture intensive et performante, qui repose sur l’utilisation massive d’intrants chimiques et une micromécanisation poussée. L’aide de l’Etat a permis d’étendre l’irrigation, d’organiser des coopératives, de mettre en place un système d’éducation agricole efficace. L’agriculture a longtemps été protégée, et l’est encore en dépit des pressions américaines : au Japon, de puissants mouvements refusent l’ouverture qui entraînerait la chute de la production de riz, considérée comme partie intégrant de la culture nipponne. Si bien que le prix du riz au Japon correspond à sept fois le cours mondial. La Corée du Sud et Taïwan jouent sur la sous-évaluation de leurs monnaies face au dollar pour prôtéger leur marché, voire dans certains cas pour exporter. Les agricultures de Corée du Sud et de Taïwan ont profondément évolué pour répondre à la demande urbaine et pour conserver ou prendre des marchés : multiplication des cultures sous serres, cultures spéciales (fruits, légumes) qui procurent de hauts revenus par unité de surface. » (p.148)
« Agriculture biologique (organic farming) : forme d’agriculture dans laquelle les agriculteurs s’engagent à respecter de façon très stricte un cahier des charges qui limite le plus possible le recours aux intrants d’origine industrielle, afin de mieux gérer l’environnement et de produire des denrées de meilleure qualité.
Agriculture commerciale (ou de marché) : forme d’agriculture dont les productions sont destinées à être vendues sur des marchés. Elle s’oppose à l’agriculture de subsistance (ou agriculture vivrière) dans laquelle l’essentiel de la production se trouve au contraire consommée par l’agriculteur et les membres de sa famille.
Agriculture hors sol : un élevage hors sol est un élevage qui fonctionne sans terre, en milieu artificiel, la nourriture étant apportée aux animaux (le plus souvent porcs ou volailles, donc granivores). Mais les hectares qui ne se trouvent pas sur place existent ailleurs, parfois sur d’autres continents, où sont produits les grains nécessaires à l’alimentation des animaux. »
« Agriculture motomécanisée : agriculture dans laquelle les machines employées ne sont pas tractées par des animaux, mais par des moteurs à explosion. » (p.231)
« Double culture (double cropping) : c’est lorsqu’une même parcelle cultivée porte au cours des douze mois d’une année non pas une, mais deux récoltes, par exemple culture d’été et culture d’hiver, ou culture de saison des pluies et culture de saison sèche. » (p.232)
« Faire-valoir (mode de) : régime juridique fixant les relations entre propriétaire et exploitant d’une terre agricole. Dans le faire-valoir direct, propriétaire et exploitant sont une même et unique personne. On parle encore de faire-valoir direct quand un propriétaire fait exploiter ses terres par un régisseur qui est son salarié. Dans le faire-valoir indirect, on distingue fermage et métayage. Dans le cas du fermage, le propriétaire n’apporte que la terre et reçoit, comme prix de cette location, une rémunération annuelle fixée à l’avance par un bail de durée variable. Dans le cas du métayage, le propriétaire apporte non seulement la terre agricole, mais aussi une partie variable du capital d’exploitation (cheptel, semences, engrais, participation à certains frais liés aux cultures). Pour rémunération, il reçoit un pourcentage des récoltes. Le métayage existe encore en France, en particulier dans les régions de vignoble. Il est resté très important aux Etats-Unis (système du crop share). »
« Friche : terre agricole qui fut cultivée, mais qui ne l’est plus. Ne pas confondre avec jachère. »
« Front pionnier : région agricole en cours de défrichement et de peuplement. »
« Huerta : terme espagnol qui désigne, dans le monde méditerranéen, une plaine irriguée, organisée par et autour d’une ville portant principalement des cultures maraîchères et fruitières conduites de façon intensive. La ghouta de Damas en Syrie, la plaine du Roussillon en France, les huertas de Valence et de Murcie en Espagne en constituent de bons exemples. » (p.233)
« Plantation : exploitation du monde tropical produisant des cultures commerciales destinées à l’exportation. Il s’agit en général de plantations d’arbres ou de plantes à racines persistantes tels que caféiers, théiers, cacaoyers, bananiers, palmiers à huile, ou de la canne à sucre qui reste en terre plusieurs années et qui repousse après chaque coupe. En anglais on distingue les estates ou grandes plantations et les small holdings ou petites plantations paysannes, fréquentes en Afrique noire. » (p.234)
« Polyculture : système de culture comprenant un éventail assez large de cultures différentes, au contraire de la monoculture. Pour désigner la pratique sur une même exploitation de différentes cultures et activités d’élevage, il est plus clair de parler de polyproduction. La polyculture est typique de sociétés paysannes qui pratiquent une agriculture essentiellement vivrière. Elle peut prendre, selon les régions considérées, des formes très variées. Dans les pays riches, elle est en recul rapide du fait du mouvement général de spécialisation des exploitations et des régions agricoles. » (p.235)
« Remembrement : regroupement de parcelles cultivées afin d’en favoriser l’exploitation. Les rembrements peuvent être privés et résulter d’accords entre propriétaires, entre exploitants ou entre propriétaires et exploitants. Ce phénomène est relativement ancien. Les remembrements peuvent être également organisés par la puissance publique et s’accompagner alors de travaux connexes, sur les chemins ruraux ou le drainage. »
« Révolution verte : elle résulte de la mise à la disposition des agriculteurs de variétés de plantes cultivées à haut potentiel de rendement et souvent à cycle végétatif plus court. Elle implique un important recours à des intrants d’origine industrielle (engrais, produits phytosanitaires, etc.), et nécessite aussi souvent le recours à l’irrigation. Elle donne ses meilleurs résultats lorsqu’elle permet de passer à une double culture annuelle. » (p.235)
-Jean-Louis Chaléard & Jean-Paul Charvet, Géographie agricole et rurale, Éditions Belin, 2004, 240 pages.
« Les milieux naturels utilisés pour la production agricole ne correspondent pas à des milieux donnés une fois pour toutes : ils intègrent tous une part plus ou moins importante d’histoire, en particulier d’histoire de mise en valeur agricole. » (p.9)
« Les agriculteurs constituent encore 46% de la population active mondiale : la production agricole est donc l’activité économique la plus pratiquée dans le monde. » (p.9)
« Les agriculteurs ne produisent pas que des denrées alimentaires ; ils produisent aussi des paysages agraires. Les paysanneries asiatiques ont créé de magnifiques paysages de rizières ; celles des Andes ou de différentes montagnes méditerranéennes ont équipé des versants entiers de terrasses. Les paysages de bocage, avec leurs haies et leur habitat dispersé, et les paysages d’openfield, avec leurs champs ouverts et leur habitat groupé en villages, se partagent les campagnes de l’Europe du Nord-Ouest. Ces éléments sont bien perçus comme étant d’origine anthropique, ce qui leur confère parfois aujourd’hui une valeur patrimoniale. Mais bien d’autres aspects de paysages souvent considérés comme « naturels » ont également une origine anhropique. Aini est-ce le cas de prairies de fond de vallée ou de certains pâturages d’altitude situés à la limite supérieure de la forêt. Ces prairies et pâturages correspondent à des espaces qui, à l’origine, étaient souvent des espaces boisés et qui furent défrichés à des époques plus ou moins anciennes pour les besoins de l’élevage. Aujourd’hui, alors que ces espaces ne sont plus véritablement indispensables à la production agricole, la demande sociale et la politique de l’Union européenne encouragent leur conservation en tant que paysages « ouverts » : on aide financièrement les agriculteurs afin de les maintenir et de les entretenir. » (p.23)
« L’agriculture biologique […] n’était pratiquée en 2000 que par un peu plus de 1% des exploitations agricoles françaises. » (p.24)
« L’Asie rassemble près d’un milliard d’agriculteurs, soit plus de 75% des agriculteurs de la planète. A l’opposé, l’Amérique du Nord […] moins de 0.3%. » (p.61)
« Alors que les techniques de production fortement consommatrices d’espace sont dites extensives, celles qui mobilisent peu d’espace agricole sont dites intensives. A l’image des premières, on les rencontre dans les pays pauvres comme dans les pays riches. » (p.64)
« Les grandes lois d’orientation agricole et la mise en place progressive de la PAC au cours des années 1960 ont joué un rôle majeur dans la montée en puissance de l’agriculture française : la France est aujourd’hui le second exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires derrière les Etats-Unis. Grâce à la PAC, et alors que l’Europe demeure le première pôle d’importation de denrées alimentaires de la planète, l’Union européenne présente désormais une balance commerciale légèrement excédntaire dans le domaine agricole et agroalimentaire. Mais si les « encadrements » et organisations de marchés mis en place par la PAC furent très efficaces, ils n’en ont pas moins évolué dans le temps.
Dans sa première version des années 1960, la PAC était essentiellement une politique des prix. Ses objectifs, mentionnés dans l’article 39 […]
Elle était fondée sur la libre circulation des produits agricoles entre les Etats membres, sur la préférence communautaire, sur la garantie de prix minima uniques sur le marché intérieur européen, et sur la solidarité financière des Etats membres. Les prix lanchers garantis aux agriculteurs européens l’étaient alors à des niveaux très nettement supérieurs à ceux des cours moyens mondiaux de l’époque. Le marché intérieur européen était ainsi protégé contre les importations à bas prix en provenance du marché par un système de taxes variables ou « prélèvements » portant sur les importations. Les exportations, peu importantes au début, étaient permises par des « restitutions », aides à l’exportation égales à la différence entre les prix sur le marché intérieur européen et sur le marché mondial. » (p.92-93)
« Le soutien provenait principalement des consommateurs européens qui payaient leur nourriture à des prix plus élevés que s’ils l’avaient acheté sur le marché mondial, mais qui bénéficiaient en compensation d’approvisionnements garantis. Ceci était important à une époque où les privations alimentaires de la Seconde Guerre mondiale étaient encore présentes dans les esprits. Deux critiques majeures ont été assez vite adressées à cette politique des prix : elle encourageait la surproduction ; elle favorisait surtout les exploitations et les régions agricoles qui étaient déjà les mieux placées puisqu’elles en étaient « mécaniquement » les principales bénéficiaires. » (p.93-94)
« La nouvelle PAC, mise en place à la suite de fortes pressions exercées par les Etats-Unis et les pays du groupe de Cairns au cours des négociations commerciales internationales de l’Uruguay Round (1986-1994), n’a pas apporté de modifications radicales dans ce domaine, bien qu’elle soit fondée sur de nouveaux mécanismes de soutien. Avec elle, on est passé d’un système de soutien fondé sur des niveaux de prix relativement élevés et financés par les consommateurs à un système de paiements directs versés aux agriculteurs et financés par les contribuables. On a en fait repris, en l’adaptant, un système en vigueur aux Etats-Unis depuis la crise des années 1930. Dans le même temps, les niveaux des prix planchers garantis aux agriculteurs ont été fortement abaissés. […] Désormais l’Union européenne est en mesure d’exporter le plus souvent des céréales sur le marché mondial sans restitutions, c’est-à-dire sans aides à l’exportation […] Cette baisse importante des prix minimum garantis a été compensée par le versement d’aides directes par tête de bétail ou par hectare de terre labourée. Afin de freiner l’apparition d’excédents, un gel obligatoire des terres (seuls les plus petits exploitants en sont exemptés) a été institué à partir de 1992/93 : il porte aujourd’hui sur 10% des terres labourables. Mais, parallèlement, les prélèvements portant sur les importations ont été réduits de 36% par paliers successifs entre 1994 et 2000. » (p.94)
« Tout comme la PAC, la politique agricole américaine est très coûteuse, d’autant plus que les dépenses fédérales de soutien à l’agriculture n’ont cessé de progresser au cours des années 1990. Les dépenses de la Commodity Credit Corporation, qui est l’agence financière du Ministère Américain de l’Agriculture, dont l’équivalent du FEOGA (Fonds Européen d’Orientation et de Garantie Agricole) de l’Union européenne, sont passées d’une moyenne de 12 milliards de dollars par an dans la période 1991-1995 à une moyenne de 16 milliards de dollars par an dans la période 1996-2001. » (p.94-95)
« Alors que la production agricole elle-même ne représente plus aujourd’hui aux Etats-Unis que 0.8% du Produit Intérieur Brut, les intrants nécessaires à l’agriculture (industries et services) comptent pour 5% du PIB, la transformation de produits agricoles pour près de 3%, et la distribution au sens large, incluant les transports de produits agricoles et agroalimentaires ainsi que la restauration, pour plus de 7.5% du PIB ; soit un total de 16.3% du PIB pour l’ensemble de l’agrobusiness américain. » (p.101)
« La ville devient à certains égards un milieu répulsif : opérations de rénovation qui chassent les citadins du cœur des agglomérations, coût élevé des logements, difficultés croissante à vivre dans les centres urbains (pollution, ncombrement, etc.) ou dans les grands ensembles de la proche banlieue. A l’inverse, les périphéries sont attractives : possibilités de logements moins chers ou plus spacieux, d’habitants individuelles avec jardins, calme, etc. L’essor des transports collectifs comme de la voiture individuelle a autorisé ce mouvement qui se traduit par des migrations quotidiennes pendulaires. En effet, le changement de résidence ne s’accompagne pas le plus souvent d’un changement d’emploi, les néo-ruraux continuant à travailler dans les centres-villes. Les espaces à la périphérie des villes sont tous affectés par ces mouvements de « périurbanisation », qui se traduisent par une profonde transformation des paysages, la campagne disparaissant sous le flot des constructions des nouveaux résidents et des infrastructures nécessaires à l’augmentation de population : qu’elles soient d’origine publique (écoles) ou privées (centre commerciaux et grandes surfaces). Sur les marges des agglomérations, les anciens citadins s’installent dans les villages, soit en réutilisant d’anciens bâtiments ruraux, soit en construisant de nouvelles demeures, de manière individuelle ou dans le cadre de lotissements initiés par des promoteurs immobiliers. » (p.107)
« Le prix d’une terre agricole peut être multiplié par 100, voire davantage, en devenant terrain à batîr. Dans ces conditions, le maintien d’espaces agricoles dans les zones périurbaines est souvent difficile. » (p.108)
« Les agriculteurs sont de moins en moins nombreux dans les pays industrialisés, devenant presque marginaux dans certaines campagnes. En France, ils ne représentent que 13% de la population active dans le monde rural. » (p.109)
« En apparence, les campagnes présentent de nombreux handicaps pour le développement des industries : éloignement des centres de décision et de consommation, capitaux limités, absence de voies de communications modernes importantes (aéroports, autoroutes, etc.). Mais elles bénéficient aussi d’atouts spécifiques : main-d’œuvre relativement bon marché, coûts d’installations favorables (foncier beaucoup moins cher qu’en ville), possibilités de stockage, d’évacuation des déchets, attrait de la campagne pour certains cadres (moindre pollution, environnement agréable). Ainsi, en France, le nombre d’ouvriers parmi les ruraux dépasse 30%, sans diminution significative depuis plusieurs décennies […] Les industries ont des origines variées : transformation des matières premières locales (agro-industries notamment, comme en Bretagne), rejet par les villes de certaines activités polluantes ou dangereuses (centrales nucléaires), évolution progressive d’industries anciennes qui se sont maintenues voire densifiées (par exemple en Forêt Noire). Certaines campagnes peuplées de travailleurs de l’industrie comportent peu d’usines. C’est le cas dans la région de Saint-Nazaire ou de Sochaux-Montbéliard. Dans ce dernier cas, les ruraux vont travailler dans les grandes unités automobiles localisées dans l’agglomération principale ou, de façon secondaire, dans des usines de sous-traitants plus dispersées. » (p.110)
« A un degré moindre, le phénomène se retrouve dans les pays du Sud. Dans certaines régions de l’Inde, les industries fournissent du travail à une main-d’œuvre rurale abondante : ainsi, dans le district de North Arcot (arrière-pays de Madras), le long de la vallée de la Patar, où les densités rurales dépassent 500 hab./km2, les ouvriers travaillent le cuir en sous-traitance pour des entreprises des villes locales (tanneries, chaussures). En Chine, l’industrie rurale a connu une croissance spectaculaire, les emplois ruraux non-agricoles ayant été multipliés par sept depuis les réformes entreprises par Deng Xiaoping à partir de 1978 […] alors que l’emploi agricole a peu agmenté et amorce même une baisse depuis le début des années 1990. Elle a largement contribué à fournir des emplois à des ruraux en surnombre. Les activités sont multiples et d’origines diverses : entreprises de cantons, de villages ou fruits d’initiatives privées, elles transforment les denrées agricoles, fabriquent en sous-traitance pour les grandes métropoles des produits manufacturés diversifiés (des vêtements aux réfrigérateurs, en passant par les jouets, les parfums, les articles de sport, etc.). Ces industries prennent une grande importance en Chine maritime, particulièrement dans quelques régions comme le delta de la Rivière des Perles (dans l’arrière-pays de Hong Kong) ou dans le Jiangsu, à proximité de Shanghai. Cela se traduit dans les revenus par habitant rural en Chine, bien plus élevés dans les campagnes dynamiques, industrialisées et liées aux villes des provinces maritimes que dans celles de l’intérieur. » (p.111-112)
« Dans les départements les plus touristiques, les résidences secondaires dépassent 50% du parc total de logements en milieu rural (Savoie, Hautes-Alpes). » (p.116)
« Le tourisme est devenu une nouvelle source de revenus pour les agriculteurs qui ont multiplié les structures d’accueil (gîtes, chambres d’hôte). […] Le tourisme autorise une diversification des revenus des agriculteurs, freine le départ des commerçants, favorise l’apparition d’activités de loisirs pour les touristes : clubs hippiques, plans d’eau, terrains de tennis, etc. Dans la majorité des cas, le tourisme vert est diffus, s’adressant plutôt à une clientèle familiale, transformant peu les paysages et produisant des effets inégaux en fonction de la capacité des autorités locales à promouvoir leur région ou leur commune. […] Les résultats ne sont pas favorables partout. Dans quelques cas, les implantations touristiques ont entraîné une flambée des prix du foncier et accru la pollution (déchets, circulation automobile). Inversement, l’essor du tourisme est incompatible avec les activités agricoles les plus polluantes tels que les élevages industriels de porcs. » (p.116-117)
« Dans les pays du Sud, la rapidité de la croissance urbaine et l’étalement des quartiers périphériques souvent bas entraîent des modifications considérables à la périphérie des villes. Dans les deltas surpeuplés d’Asie du Sud-Est, les rizières sont peu à peu transformées en lotissements. La rapidité de l’extension de Bangkok, qui s’étale dans le delta de la Mae Nam Chao Phraya, grande région productrice de riz de la Thaïlande, est spectaculaire. Dans la zone centrale du delta de la Rivière des Perles, en Chine méridionale, les surfaces cultivées ont régressé de 1.9% par an entre 1980 et 1992, en raison de la croissance de Canton et des autres villes. » (p.121)
« La part de la population agricole dans la population active est désormais très faible dans les pays du Nord, oscillant entre 2 et 10% : moins de 2% au Royaume-Uni, 4% en France, moins de 2% aux Etats-Unis. Elle demeure en revanche élevée au Sud, particulièrement dans certains Etats d’Afrique subsaharienne et d’Asie du Sud ou de l’Est : plus de 70% au Cameroun, 63% en Inde, 45% au Philippines et encore 66% en Thaïlande, pays qui pourtant s’industrialise rapidement. C’est seulement en Amérique latine qu’elle tombe au-dessous de 25%. » (p.129)
« Aux Philippines, l’île de Mindanao, restée longtemps peu peuplée, présente un bon exemple de front pionnier largement spontané. L’occupation américaine (1896-1946) permit de créer les conditions de la colonisation agricole : soumission des sultans locaux, création de routes, assainissement de l’île par les services de santé… » (p.137)
« Les campagnes d’Amérique du Nord et des Etats neufs d’Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande) présentent des points communs importants, au-delà de fortes divergences tenant aux politiques agricoles. Dans tous les cas, on a affaire à une agriculture de grands espaces, qui s’est mise en place dès le départ avec peu d’agriculteurs. Dès les premiers défrichements, les exploitations sont vastes, la diminution du nombre d’agriculteurs ne faisant ensuite qu’augmenter la taille moyenne des unités de production, qui dépassent couramment les 500 ha. Si les rendements ne sont pas systématiquement élevés dans ces régions, la productivité par hommes l’est. Les surplus sont considérables. Ces agricultures sont très orientées vers les marchés et hautement performantes, si bien qu’elles sont très concurentielles au niveau mondial. Ce groupe est ainsi constitué de grands exportateurs mondiaux, que ce soit pour les céréales (Etats-Unis, Canada, Australie) ou pour les produits animaux (Australie, Nouvelle-Zélande). Forts de leurs performances, les Etats d’Océanie sont les militants d’un libéralisme extrême : l’Australie est ainsi leader du groupe de Cairns et la Nouvelle-Zélande a quasiment éliminé toutes les formes d’aide à l’agriculture dans les années 1990, ce qui a bénéficié aux grandes exploitations agro-exportatrices les plus rentables. » (p.146)
« Le groupe des pays riches d’Asie est constitué par le Japon, la Corée du Sud et Taïwan. Ils font partie de l’Asie des moussons, caractérisé par l’importance du riz et par de hautes densités de population. Après la Seconde Guerre mondiale, ces pays ont réalisé des réformes agraires sous l’impulsion des Etats-Unis : ils ont ainsi mis en place de petites exploitations, souvent en faire-valoir direct, pratiquant une agriculture intensive et performante, qui repose sur l’utilisation massive d’intrants chimiques et une micromécanisation poussée. L’aide de l’Etat a permis d’étendre l’irrigation, d’organiser des coopératives, de mettre en place un système d’éducation agricole efficace. L’agriculture a longtemps été protégée, et l’est encore en dépit des pressions américaines : au Japon, de puissants mouvements refusent l’ouverture qui entraînerait la chute de la production de riz, considérée comme partie intégrant de la culture nipponne. Si bien que le prix du riz au Japon correspond à sept fois le cours mondial. La Corée du Sud et Taïwan jouent sur la sous-évaluation de leurs monnaies face au dollar pour prôtéger leur marché, voire dans certains cas pour exporter. Les agricultures de Corée du Sud et de Taïwan ont profondément évolué pour répondre à la demande urbaine et pour conserver ou prendre des marchés : multiplication des cultures sous serres, cultures spéciales (fruits, légumes) qui procurent de hauts revenus par unité de surface. » (p.148)
« Agriculture biologique (organic farming) : forme d’agriculture dans laquelle les agriculteurs s’engagent à respecter de façon très stricte un cahier des charges qui limite le plus possible le recours aux intrants d’origine industrielle, afin de mieux gérer l’environnement et de produire des denrées de meilleure qualité.
Agriculture commerciale (ou de marché) : forme d’agriculture dont les productions sont destinées à être vendues sur des marchés. Elle s’oppose à l’agriculture de subsistance (ou agriculture vivrière) dans laquelle l’essentiel de la production se trouve au contraire consommée par l’agriculteur et les membres de sa famille.
Agriculture hors sol : un élevage hors sol est un élevage qui fonctionne sans terre, en milieu artificiel, la nourriture étant apportée aux animaux (le plus souvent porcs ou volailles, donc granivores). Mais les hectares qui ne se trouvent pas sur place existent ailleurs, parfois sur d’autres continents, où sont produits les grains nécessaires à l’alimentation des animaux. »
« Agriculture motomécanisée : agriculture dans laquelle les machines employées ne sont pas tractées par des animaux, mais par des moteurs à explosion. » (p.231)
« Double culture (double cropping) : c’est lorsqu’une même parcelle cultivée porte au cours des douze mois d’une année non pas une, mais deux récoltes, par exemple culture d’été et culture d’hiver, ou culture de saison des pluies et culture de saison sèche. » (p.232)
« Faire-valoir (mode de) : régime juridique fixant les relations entre propriétaire et exploitant d’une terre agricole. Dans le faire-valoir direct, propriétaire et exploitant sont une même et unique personne. On parle encore de faire-valoir direct quand un propriétaire fait exploiter ses terres par un régisseur qui est son salarié. Dans le faire-valoir indirect, on distingue fermage et métayage. Dans le cas du fermage, le propriétaire n’apporte que la terre et reçoit, comme prix de cette location, une rémunération annuelle fixée à l’avance par un bail de durée variable. Dans le cas du métayage, le propriétaire apporte non seulement la terre agricole, mais aussi une partie variable du capital d’exploitation (cheptel, semences, engrais, participation à certains frais liés aux cultures). Pour rémunération, il reçoit un pourcentage des récoltes. Le métayage existe encore en France, en particulier dans les régions de vignoble. Il est resté très important aux Etats-Unis (système du crop share). »
« Friche : terre agricole qui fut cultivée, mais qui ne l’est plus. Ne pas confondre avec jachère. »
« Front pionnier : région agricole en cours de défrichement et de peuplement. »
« Huerta : terme espagnol qui désigne, dans le monde méditerranéen, une plaine irriguée, organisée par et autour d’une ville portant principalement des cultures maraîchères et fruitières conduites de façon intensive. La ghouta de Damas en Syrie, la plaine du Roussillon en France, les huertas de Valence et de Murcie en Espagne en constituent de bons exemples. » (p.233)
« Plantation : exploitation du monde tropical produisant des cultures commerciales destinées à l’exportation. Il s’agit en général de plantations d’arbres ou de plantes à racines persistantes tels que caféiers, théiers, cacaoyers, bananiers, palmiers à huile, ou de la canne à sucre qui reste en terre plusieurs années et qui repousse après chaque coupe. En anglais on distingue les estates ou grandes plantations et les small holdings ou petites plantations paysannes, fréquentes en Afrique noire. » (p.234)
« Polyculture : système de culture comprenant un éventail assez large de cultures différentes, au contraire de la monoculture. Pour désigner la pratique sur une même exploitation de différentes cultures et activités d’élevage, il est plus clair de parler de polyproduction. La polyculture est typique de sociétés paysannes qui pratiquent une agriculture essentiellement vivrière. Elle peut prendre, selon les régions considérées, des formes très variées. Dans les pays riches, elle est en recul rapide du fait du mouvement général de spécialisation des exploitations et des régions agricoles. » (p.235)
« Remembrement : regroupement de parcelles cultivées afin d’en favoriser l’exploitation. Les rembrements peuvent être privés et résulter d’accords entre propriétaires, entre exploitants ou entre propriétaires et exploitants. Ce phénomène est relativement ancien. Les remembrements peuvent être également organisés par la puissance publique et s’accompagner alors de travaux connexes, sur les chemins ruraux ou le drainage. »
« Révolution verte : elle résulte de la mise à la disposition des agriculteurs de variétés de plantes cultivées à haut potentiel de rendement et souvent à cycle végétatif plus court. Elle implique un important recours à des intrants d’origine industrielle (engrais, produits phytosanitaires, etc.), et nécessite aussi souvent le recours à l’irrigation. Elle donne ses meilleurs résultats lorsqu’elle permet de passer à une double culture annuelle. » (p.235)
-Jean-Louis Chaléard & Jean-Paul Charvet, Géographie agricole et rurale, Éditions Belin, 2004, 240 pages.