https://en.wikipedia.org/wiki/Georges_Le_Cardonnel
https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Charles_Vellay
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75285842/f1.item.r=Georges%20le%20Cardonnel%20Gil%20Blas.zoom
Enquête publiée dans le Gil Blas en 1905, puis en volume : La littérature contemporaine. Opinions des écrivains de ce temps, Paris, Mercure de France, 1905.
https://www.cairn.info/revue-mil-neuf-cent-2004-1-page-29.htm
"Dès la première expérience, menée par Jules Huret pour l’Écho de Paris en 1891, les enquêtes concernant le domaine littéraire se multiplient à un rythme exponentiel : environ une dizaine par an aux alentours de 1890-1900, puis une vingtaine vers 1912, et sans doute davantage encore dans les années vingt. Intrigués, les observateurs contemporains rivalisent de commentaires sur l’inflation numérique qui caractérise cette innovation. Anthologistes, mémorialistes, chroniqueurs et historiens de la littérature s’accordent généralement à considérer les décennies 1890-1910 comme un véritable « âge d’or » de l’enquête et de l’interview. Introduites dans le deuxième supplément du Grand Dictionnaire universel de Pierre Larousse en 1890, mentionnées en tant que pratiques typiquement fin-de-siècle dans les principaux « tableaux » littéraires de l’époque, l’une et l’autre alimentent une multitude d’articles, parfois satiriques, qui en dénoncent la récurrence, voire le caractère envahissant."
"L’enquête apparaît tout autant comme un reflet majeur de l’industrialisation de la culture à la fin du siècle que comme l’un de ses principaux vecteurs. Fille de la production en série de biens culturels, elle est en quelque sorte la sœur cadette du grand reportage et du feuilleton littéraire : au premier, elle emprunte l’usage de l’instantané photographique et du kaléidoscope – chacun des avis autorisés obtenus sur une question pouvant être assimilé à un « cliché » commenté par l’enquêteur, qui, ajouté aux autres, contribue à donner une image protéiforme de l’état du débat littéraire à un moment précis ; elle partage avec le second un sens remarquable de la périodicité – le rythme parfois lent et discontinu de la publication des réponses entretenant, à l’instar des rebondissements romanesques, un certain « mystère » quant au résultat final."
"Mémorables parce que houleuses, les enquêtes érigent le conflit autour d’une problématique en élément primordial de la vie culturelle et, sans réellement menacer le prestige de l’homme de lettres, encore au zénith au tournant du siècle, cette transgression rappelle que la complexification du savoir et la nécessaire spécialisation qui en découle obligent à un partage des compétences auquel les élites se résolvent difficilement, car il leur apparaît comme une négation de leur autorité légitime. L’on comprend mieux, dès lors, la virulence de quelques-unes de leurs offensives contre ces convulsions occasionnelles qui révèlent scandaleusement leur désarroi et offrent le spectacle navrant et indigne de la « mêlée littéraire »."
-Marie Carbonnel, « Les écrivains en leur miroir. Jeu et enjeux de l'enquête au sein de la République des Lettres », Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle, 2004/1 (n° 22), p. 29-58.
https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Charles_Vellay
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75285842/f1.item.r=Georges%20le%20Cardonnel%20Gil%20Blas.zoom
Enquête publiée dans le Gil Blas en 1905, puis en volume : La littérature contemporaine. Opinions des écrivains de ce temps, Paris, Mercure de France, 1905.
https://www.cairn.info/revue-mil-neuf-cent-2004-1-page-29.htm
"Dès la première expérience, menée par Jules Huret pour l’Écho de Paris en 1891, les enquêtes concernant le domaine littéraire se multiplient à un rythme exponentiel : environ une dizaine par an aux alentours de 1890-1900, puis une vingtaine vers 1912, et sans doute davantage encore dans les années vingt. Intrigués, les observateurs contemporains rivalisent de commentaires sur l’inflation numérique qui caractérise cette innovation. Anthologistes, mémorialistes, chroniqueurs et historiens de la littérature s’accordent généralement à considérer les décennies 1890-1910 comme un véritable « âge d’or » de l’enquête et de l’interview. Introduites dans le deuxième supplément du Grand Dictionnaire universel de Pierre Larousse en 1890, mentionnées en tant que pratiques typiquement fin-de-siècle dans les principaux « tableaux » littéraires de l’époque, l’une et l’autre alimentent une multitude d’articles, parfois satiriques, qui en dénoncent la récurrence, voire le caractère envahissant."
"L’enquête apparaît tout autant comme un reflet majeur de l’industrialisation de la culture à la fin du siècle que comme l’un de ses principaux vecteurs. Fille de la production en série de biens culturels, elle est en quelque sorte la sœur cadette du grand reportage et du feuilleton littéraire : au premier, elle emprunte l’usage de l’instantané photographique et du kaléidoscope – chacun des avis autorisés obtenus sur une question pouvant être assimilé à un « cliché » commenté par l’enquêteur, qui, ajouté aux autres, contribue à donner une image protéiforme de l’état du débat littéraire à un moment précis ; elle partage avec le second un sens remarquable de la périodicité – le rythme parfois lent et discontinu de la publication des réponses entretenant, à l’instar des rebondissements romanesques, un certain « mystère » quant au résultat final."
"Mémorables parce que houleuses, les enquêtes érigent le conflit autour d’une problématique en élément primordial de la vie culturelle et, sans réellement menacer le prestige de l’homme de lettres, encore au zénith au tournant du siècle, cette transgression rappelle que la complexification du savoir et la nécessaire spécialisation qui en découle obligent à un partage des compétences auquel les élites se résolvent difficilement, car il leur apparaît comme une négation de leur autorité légitime. L’on comprend mieux, dès lors, la virulence de quelques-unes de leurs offensives contre ces convulsions occasionnelles qui révèlent scandaleusement leur désarroi et offrent le spectacle navrant et indigne de la « mêlée littéraire »."
-Marie Carbonnel, « Les écrivains en leur miroir. Jeu et enjeux de l'enquête au sein de la République des Lettres », Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle, 2004/1 (n° 22), p. 29-58.