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    Nicolas Dittmar, Au fil des affects: Spinoza et Simondon + La leçon d’Orphée. Simondon, philosophie pratique. Un Abécédaire

    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Lun 11 Juin - 16:11

    https://www.revue-klesis.org/pdf/Klesis-Varia-III-3-Au-fil-des-affects-Spinoza-et-Simondon-Dittmar.pdf

    "Avec Spinoza et Simondon, nous assistons à une réhabilitation de la sphère affectivo-motive comme source de nos potentialités infinies pour persévérer
    dans son être, pour s’individuer avec et pour les autres dans le cadre d’une éthique radicale. Cette éthique, commune aux deux auteurs, implique une subversion des alternatives classiques, en particulier dans le domaine de la théorie de la connaissance – tous deux préconisent le monisme ontologique – et dans celui de la morale – il n’y a pas de dualisme Bien et Mal.

    Mais comment définir l’homme en dehors des catégories de raison et de sensibilité affective, de Bien et de Mal, ou encore de corps et d’esprit ?
    " (p.29)

    "Spinoza se rapproche de la conception simondonienne de la Nature, au niveau de ce que ce dernier appelle le régime du préindividuel, qui est absolu, en soi, identique à  lui-même, mais qui recèle cependant une puissance, un dynamisme latent lié à la Physis: ce dynamisme amène l’être préindividuel à se déphaser par voie transductive et entre alors dans le régime de l’individuation, sous l’espèce de l’infinité ou de l’apeiron d’Anaximandre auquel se réfère Simondon." (p.31)
    -Nicolas Dittmar, Au fil des affects: Spinoza et Simondon, Klesis – Revue philosophique – 2011 : 22  – Varia.

    "Penser l’individuation implique une méthode génétique, et relève en même temps d’une démarche naturelle qui est au plus proche de la dynamique de la vie, et de la problématique perceptive. La philosophie de l’individuation peut en effet se caractériser comme un vitalisme, mais il s’agit d’un vitalisme critique, qui s’interroge sur les conditions de la connaissance réelle, dans ce qu’elle a de plus immédiat pour la conscience. C’est en ce sens que l’on peut comprendre la philosophie de Simondon, de façon post-phénoménologique. Simondon partage en effet avec Husserl ce souci d’un retour aux choses mêmes, en tant qu’objet de l’expérience sensible et, plus fondamentalement, de l’intuition: l’enjeu est de dépasser le dualisme sujet-objet, ou bien esprit-corps, qui a jalonné l’histoire de la métaphysique occidentale depuis Platon jusqu’à Descartes.

    Mais on retrouve ce dualisme également chez Kant, entre le phénomène objet de l’expérience et la chose en soi conçue par la raison : plus fondamentalement, Kant s’interroge sur les conditions de l’expérience possible, sans jamais arriver aux conditions de l’expérience réelle: tel est le sens de la critique post-kantienne menée par Deleuze et Simondon. Dès lors, comment dépasser le rationalisme métaphysique ? Comment parvenir à penser sans
    réifier la conscience, ou sans basculer dans l’empirisme sceptique ? Ne peut-on définir l’invention de la pensée à sa source perceptive, c'est-à-dire comme acte émanant d’un sujet sensible, d’une autre forme de subjectivité que l’on peut qualifier de préindividuelle ? Simondon apporte une solution majeure à ce questionnement en introduisant un concept d’individuation qui permet de désubstantialiser le sujet sans le déréaliser." (p.6)

    "Le préindividuel comme nouveau champ transcendantal, selon le commentaire de Deleuze, définit un Réel antérieur à l’individuation: le sujet est toujours plus qu’unité, il se déborde lui-même en raison des poussées de la physis, qui sont ses potentiels. C’est en ce sens qu’il faut comprendre le sens profond de la thèse de l’individuation chez Simondon, le sujet ne pouvant se réaliser que dans le collectif à partir de sa charge de réalité préindividuelle : « à travers l’individu, transfert amplificateur de la Nature, les sociétés deviennent un monde ».
    Cette éthique de l’individuation permet de rendre compte de l’unité des phases de l’Etre, en assumant leurs différences." (p.7)

    "Comprendre l’objet technique, c’est commencer par admettre qu’il est consubstantiel à l’homme, et non pas seulement instrument en vue d’une fin ou d’une intentionalité utilitaire. La technique est donc indissociable de l’individuation, elle est approfondissement de l’Etre qui met en œuvre les facultés les plus éminentes de l’esprit humain telles que l’imagination, l’entendement et l’intuition: plus que de technique, il faudrait alors parler avec Simondon de technoscience, c'est-à-dire d’une recherche tournée vers l’altérité encore inconnue qui contribue activement à la dynamique de l’invention technique, par l’observation des phénomènes empiriques.
    Si la technique est nécessaire à l’homme, elle devient avec Simondon une condition de son individuation, au même titre que l’éveil religieux ou que l’aperception esthétique: c’est soutenir que du vivant à l’objet technique, il y a non-seulement une parenté, mais plus fondamentalement, un nouvel évolutionnisme qui nous ouvre à une autre « époque du sentir »." (p.Cool

    "Simondon développe à travers le concept d’individuation et son étude de la genèse de l’individu une anthropologie dite « génétique », qui étudie les conditions de possibilité, entendons par là de genèse, qui constituent la réalité de l’individu et de la société. Dans ce cadre, la réalité individuelle autant que sociale ne peut plus être comprise comme une simple entité close sur elle-même, une monade ou un être en soi, comme comporte des conditions de pluralité et de métastabilité : l’individu se définit essentiellement dans « sa capacité de traverser, d’animer et de structurer des domaines de plus en plus variés et hétérogènes », nous dit Simondon, et ce qui fait alors l’unité de l’individu ne peut donc être compris selon la catégorie de substance, mais plutôt celle de relation (« la relation a rang d’être »), qui implique une ouverture à la pluridimensionnalité de la naturelle et à ses caractères de diversité et d’hétérogénéité : le principe de toutes choses est donc saisi chez Simondon dans une perspective génétique qui pose la pluralité comme une logique même de l’être, dans sa réalité relationnelle. Il en découle une formulation d’un monisme de l’Etre qui, de par sa nature génétique, se comprend comme seul à même d’assumer l’interdépendance et la congruence de l’unitaire et du plural." (p.18)

    "A côté du temps et de l’espace comme étant les deux formes a priori de l’intuition, une forme que Simondon qualifie d’a praesenti de la sensibilité (le temps et l’espace a priori, mais aussi le mixte des deux) qui se définiraient comme durée et intensité: la forme a praesenti de l’intuition, c’est à dire la sensibilité de l’être que nous sommes, en tant qu’expérience de nous- mêmes dans le monde comme perspective ou condition énergétique, en invention, revêt un caractère de « profondeur », mixte de sensation et de concept, de temps et d’espace, comme durée et dialectique : Bachelard comme Bergson élaborent cette troisième condition de profondeur de l’expérience de la matière individuée, dans la perspective critique d’une dialectique de la durée, et en prenant acte de la théorie de la relativité d’Einstein." (p.20)

    "La sphère affectivo-émotive possède un sens profond chez Simondon, elle est le retentissement du préindividuel en l’homme ou la forme préindividuelle de l’expérience." (p.29)

    "Un état stable est un état qui n’est pas susceptible de changements, si ce n’est par une impulsion externe. Dès lors, dans la mesure où la réalité première est celle des « régimes d’individuation », il faut substituer à la stabilité des notions telles que « potentiels », « tensions », « instabilité »,etc., qui visent à mettre en évidence les possibilités de transformation inhérentes à chaque élément du réel." (p.46)
    -Nicolas Dittmar, La leçon d’Orphée. Simondon, philosophie pratique. Un Abécédaire, 423 pages:
    https://www.academia.edu/40034584/Simondon_abc%C3%A9daire_3_?email_work_card=view-paper




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