https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2000-1-page-25.html
"Par le jeu quasi constant et combiné de l’ensemble de ces conduites et de ces interdits, les hommes construisent ensemble un déni de réalité des dimensions de l’activité qui les font souffrir. Le problème est que le déni de perception est un processus fragile qui ne demeure efficace qu’à la condition d’être soutenu par tous et partout où les manifestations de la peur et de la vulnérabilité risqueraient de faire retour. Ainsi, les accidents qui font effraction dans la communauté du déni doivent-ils derechef faire l’objet d’un traitement symbolique. Par exemple, certaines équipes de conducteurs de métro, pour conjurer leur peur des suicides sur voie, avaient affiché un tableau d’honneur avec, en regard du nom de chaque conducteur, des petites têtes de mort représentant chacune un suicide, tandis que dans d’autres terminus, les têtes de morts désignaient sur un calendrier les jours marqués par un accident de voyageur (Foot, 1997). Ces tableaux qui font la nique à la peur tendent aussi à contrôler magiquement l’étendue du risque en le localisant sur certains conducteurs qui attireraient la poisse ou sur certains jours qui seraient maudits. Ce qui résiste à la maîtrise virile est “rationalisé” dans l’ordre du fatum !"
"Par le jeu quasi constant et combiné de l’ensemble de ces conduites et de ces interdits, les hommes construisent ensemble un déni de réalité des dimensions de l’activité qui les font souffrir. Le problème est que le déni de perception est un processus fragile qui ne demeure efficace qu’à la condition d’être soutenu par tous et partout où les manifestations de la peur et de la vulnérabilité risqueraient de faire retour. Ainsi, les accidents qui font effraction dans la communauté du déni doivent-ils derechef faire l’objet d’un traitement symbolique. Par exemple, certaines équipes de conducteurs de métro, pour conjurer leur peur des suicides sur voie, avaient affiché un tableau d’honneur avec, en regard du nom de chaque conducteur, des petites têtes de mort représentant chacune un suicide, tandis que dans d’autres terminus, les têtes de morts désignaient sur un calendrier les jours marqués par un accident de voyageur (Foot, 1997). Ces tableaux qui font la nique à la peur tendent aussi à contrôler magiquement l’étendue du risque en le localisant sur certains conducteurs qui attireraient la poisse ou sur certains jours qui seraient maudits. Ce qui résiste à la maîtrise virile est “rationalisé” dans l’ordre du fatum !"