https://fr.wikisource.org/wiki/La_R%C3%A9publique_et_les_conservateurs
"La France présente aujourd’hui au monde un étonnant spectacle. Elle n’a pas d’institutions établies, et elle s’en passe à force de sagesse : son gouvernement ne peut se maintenir que grâce à l’assentiment quotidien du pays ; il est remis en question tous les jours, et il se montre plus solide, plus robuste dans sa fragilité même que beaucoup de pouvoirs solennellement constitués et entourés de toutes les garanties légales. C’est qu’il s’appuie sur l’opinion publique, sur le patriotisme et sur le bon sens de la nation. Les factions qui voudraient le culbuter, et pour qui la tranquillité du pays est le plus grand des malheurs, s’écrient tous les jours que cela ne peut durer. En dépit de leurs prédictions, cela dure, cela se fortifie ; l’ordre règne, le travail renaît, nous refaisons nos finances, nous libérons notre territoire, et ce gouvernement de fait, ce misérable provisoire dont nos grands politiques raillent ou déplorent la faiblesse, trouve en deux ans 5 milliards à emprunter au nom de la France. En présence de ces résultats positifs, la nation reprend confiance, et elle se dégoûte des charlatans qui voudraient de nouveau la troubler pour se poser encore une fois en sauveurs."
"Si l’opinion publique se détourne un peu plus qu’il ne faudrait des idées conservatrices pour se rapprocher des opinions radicales, faut-il en accuser le gouvernement qui proclame la république conservatrice, ou les royalistes qui s’obstinent à confondre la cause conservatrice avec celle d’une monarchie à jamais répudiée par la France ? Si l’assemblée nationale elle-même est lasse de ces divisions et de ces combats stériles qui l’affaiblissent, la discréditent, et discréditent malheureusement avec elle les institutions parlementaires, pourquoi ne se résigne-t-telle pas à jeter l’ancre dans le port de la république conservatrice ? Ce sera un sujet d’étonnement pour l’histoire ; elle ne comprendra pas que des hommes modérés, qui devraient mettre l’intérêt national avant l’esprit de parti ou l’esprit de système se soient obstinés, après quinze révolutions, dans un pays dont l’existence même dépend de son repos, à empêcher un gouvernement honnête de s’établir, et que, dans leur dépit de ne pouvoir restaurer la monarchie, ils se soient faits les ennemis d’une république qu’ils pouvaient adopter et diriger eux-mêmes dans le sens des intérêts conservateurs."
-Ernest Duvergier de Hauranne, "La République et les conservateurs", Revue des Deux Mondes, T.100, 1872.
"La France présente aujourd’hui au monde un étonnant spectacle. Elle n’a pas d’institutions établies, et elle s’en passe à force de sagesse : son gouvernement ne peut se maintenir que grâce à l’assentiment quotidien du pays ; il est remis en question tous les jours, et il se montre plus solide, plus robuste dans sa fragilité même que beaucoup de pouvoirs solennellement constitués et entourés de toutes les garanties légales. C’est qu’il s’appuie sur l’opinion publique, sur le patriotisme et sur le bon sens de la nation. Les factions qui voudraient le culbuter, et pour qui la tranquillité du pays est le plus grand des malheurs, s’écrient tous les jours que cela ne peut durer. En dépit de leurs prédictions, cela dure, cela se fortifie ; l’ordre règne, le travail renaît, nous refaisons nos finances, nous libérons notre territoire, et ce gouvernement de fait, ce misérable provisoire dont nos grands politiques raillent ou déplorent la faiblesse, trouve en deux ans 5 milliards à emprunter au nom de la France. En présence de ces résultats positifs, la nation reprend confiance, et elle se dégoûte des charlatans qui voudraient de nouveau la troubler pour se poser encore une fois en sauveurs."
"Si l’opinion publique se détourne un peu plus qu’il ne faudrait des idées conservatrices pour se rapprocher des opinions radicales, faut-il en accuser le gouvernement qui proclame la république conservatrice, ou les royalistes qui s’obstinent à confondre la cause conservatrice avec celle d’une monarchie à jamais répudiée par la France ? Si l’assemblée nationale elle-même est lasse de ces divisions et de ces combats stériles qui l’affaiblissent, la discréditent, et discréditent malheureusement avec elle les institutions parlementaires, pourquoi ne se résigne-t-telle pas à jeter l’ancre dans le port de la république conservatrice ? Ce sera un sujet d’étonnement pour l’histoire ; elle ne comprendra pas que des hommes modérés, qui devraient mettre l’intérêt national avant l’esprit de parti ou l’esprit de système se soient obstinés, après quinze révolutions, dans un pays dont l’existence même dépend de son repos, à empêcher un gouvernement honnête de s’établir, et que, dans leur dépit de ne pouvoir restaurer la monarchie, ils se soient faits les ennemis d’une république qu’ils pouvaient adopter et diriger eux-mêmes dans le sens des intérêts conservateurs."
-Ernest Duvergier de Hauranne, "La République et les conservateurs", Revue des Deux Mondes, T.100, 1872.