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    Henri Clouard, Histoire de la Littérature française + Corneille, théâtre choisi et illustré + la Revue critique des idées et des livres

    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Dim 11 Nov - 15:46



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

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    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".

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    Message par Johnathan R. Razorback Mar 8 Jan - 11:26

    Nombre de numéros où le nom de Nietzsche n'apparaît pas: 52 [dont 0 en 1908 sur 3 ; 0 en 1909 sur 3 ; 0 en 1910 sur 5 ; 8 en 1911, sur 14 ; 12 en 1912 sur 24 ; 17 en 1913 sur 24 ; 11 en 1914 sur 15] sur 88 numéros.

    "Réaction nationaliste dont Barrès a été dès 1894 le premier philosophe." (p.9)
    -Lucien Moreau, "Introduction à la politique," reproduite dans La Revue critique des idées et des livres, Deuxième année, tome premier, avril-mai juin 1908, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 460 pages.

    "On peut se souvenir ici de la parole de Nietzsche, bien qu'elle soit l'expression d'un immense orgueil: "Je suis une Fatalité". Nous sommes, nous aussi, une Fatalité." (p.153)
    -Georges Valois, "Enquête sur la Monarchie et la classe ouvrière", in La Revue critique des idées et des livres, Deuxième année, tome premier, avril-mai juin 1908, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 460 pages, p.153.

    "M. Guy-Grand [...] aboutit, dans son étude sur le syndicalisme, après beaucoup d'hésitations, après quelques élans mort-nés, à des prévisions extrêmement démoralisantes. [...] M. Guy-Grand ne parvient pas à prendre parti." (p.169)

    "M. Guy-Grand n'a pas la foi ; il ne croit pas à l'homme. Les raisons qu'il donne de ne pas agir, ce sont les excuses de la faiblesse. Je me permets de lui rappeler ces paroles de Nietzsche: "Êtres éphémères, c'est ainsi que je vous appelle ! vous êtes stériles, c'est pourquoi vous manquez de foi." Mais je ne puis croire à la stérilité de M. Guy-Grand. Son pessimisme ne vient-il pas de l'impossibilité où il se trouve de concilier les dogmes démocratiques avec les nécessités vitales ? Car il n'abandonne point le dogme principal: la souveraineté de la raison. Et cette nuée, qu'il chasse de son intelligence, mais qu'il conserve dans son cœur, empoisonne son sang." (p.170)
    -Georges Valois, "Revue des revues", La Revue critique des idées et des livres, Deuxième année, tome deuxième, juillet-septembre 1908, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 492 pages.

    "On sait que Nietzsche, las du drame wagnérien, découvrit un jour Bizet. "Aujourd'hui encore, écrit-il, la France est le refuge de la culture la plus intellectuelle et la plus raffinée qu'il y ait en Europe et reste la grande école du goût". - Et à l'Allemagne, ennuyeuse et lourde, il oppose cette France, représentée par "Bizet", "le dernier génie qui ait vu une nouvelle beauté et une nouvelle séduction" ; Bizet qui a découvert une terre nouvelle: "le midi de la musique". L'éloge vaut d'être retenu, mais en avions-nous besoin pour faire à Georges Bizet la place à laquelle il a droit parmi les maîtres de notre art français ?"
    -P.V. (probablement Pierre Varillon, journaliste collaborateur à l'AF), "Notes de musique",La Revue critique des idées et des livres, Deuxième année, tome troisième, octobre-décembre 1908, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 472 pages, p.274.

    Dans le compte-rendu promotionnelle de L'Homme qui vient (La Revue critique des idées et des livres, troisième année, tome premier, janvier-mars 1909, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, p.566), est cité un extrait de la recension du livre par la Revue Thomiste, laquelle note: "Le livre M. Georges Valois est le tableau coloré et saisissant d'une pensée qui, partie des lointaines régions de la philosophie de Nietzsche et de Carlyle, finit par aboutir au catholicisme intégral."

    "Bizet qui, suivant l'expression de Nietzsche, a découvert le midi de la musique."
    -J. Naves, "Musique Française et Musique allemande", La Revue critique des idées et des livres, 4e année, tome V, n°24, avril-juin 1909, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 444 pages, p.337.

    "La philosophie universitaire, de Cousin à MM. Lachelier ou Bergson, est dominée par le subjectivisme et le panthéisme allemand, exprimés après Kant par Fichte, Hegel, Schelling, Schopenhauer et Nietzsche."
    -Retranscription du cours de Jean Brichet à L'Institut d'Action française, La Revue critique des idées et des livres, 4e année, tome V, n°24, avril-juin 1909, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 444 pages, p.405.

    "L’œuvre d'un Henri Albert ou d'un Edmon Barthélemy, par le seul souci qu'elle indique de restaurer chez nous l'habitude de la pensée, serait déjà singulièrement précieuse, quand même les hommes qu'ils ont choisis pour leur étude ne seraient pas, comme ils le sont en effet, deux des grands esprits du dernier siècle.
    M. Henri Albert a déjà sa récompense, -à laquelle, je le crains, ne laisse point de se mêler quelque amertume. C'est une chose inévitable et douloureuse qu'en se vulgarisant la pensée d'un philosophe en vienne à inspirer le vulgaire.
    Pourtant, et quelques réserves que nous fassions sur les thèses de Nietzsche, l'âpre hauteur de son lyrisme suscita naguère en nous trop d'enthousiasme pour qu'il nous soit permis d'oublier l'attentat de ceux dont l'incompétence universelle illustra l'aristocratisme de Nietzsche avec des goujateries de commis voyageur.
    Faut-il se plaindre ou se féliciter que Carlyle soit encore loin d'une telle gloire ? A vrai dire, je ne crois pas qu'il y atteigne jamais. Pourtant il y a, en apparence, entre Nietzsche et Carlyle, une sorte de parenté. C'est, chez tous les deux, la même allure distance et brutale tout ensemble, une sorte d'
    odi profanum vulgus manifesté tout le long de ce style âpre, emporté, vibrant en dessous d'une perpétuelle colère. Chez l'un et l'autre, l'humour et l'ironie ne sont pas jeux littéraires et caprices de l'esprit ; ils viennent des profondeurs de l'âme ; ils sont au contact du réel la réaction hautaine d'un lyrisme exaspéré.
    C'est également chez tous deux la même défiance à l'égard du nombre qui en fait des absolutistes en politique et qui amène par instants Carlyle à l'idée nietzschéenne de la dureté nécessaire. C'est enfin la même critique -ou plutôt, car ni l'un ni l'autre à proprement parler ne critique- le même sarcastique dédain de la philosophie benthamiste du bonheur.
    " (p.242-243)

    "Il est impossible de saisir mieux que dans la double théorie symétrique du Héros et du Surhomme, l'opposition fondamentale entre Nietzsche et Carlyle. Alors que le Surhomme aspire à se réaliser pleinement soi-même "par delà le bien et le mal", c'est-à-dire en ne reconnaissant pour loi que sa propre force d'expansion, le héros -consciemment ou inconsciemment- se voue à l'expression d'une réalité transcendante. Il s'efforce de n'être qu'un parfait Symbole, c'est-à-dire, si l'on y réfléchit, un parfait Non-Etre. L'un est toute révolte et toute impatience du joug, où l'autre n'est que stupeur et acceptation." (p.253)
    -François Normand, "L'utilité actuelle de Carlyle !", La Revue critique des idées et des livres, 4e année, tome IX, n°48, 10 avril 1910, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 528 pages.

    "Puisse-t-il [Jean Moréas] nous redonner le goût de la concentration, de la pudeur, de la dignité, et nous mener vers une discipline plus française que celle de Nietzsche." (p.356)
    -Lucien Jean, , La Revue critique des idées et des livres, 4e année, tome X, n°54, 10 juillet 1910, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 576 pages.

    "Nietzsche, fils de pasteur luthérien, et peu suspect, que je sache, de tendresse catholique [...] [écrit] dans la Volonté de puissance, [...] p.91 [vol.1], ceci: [...] Décroissance du protestantisme: considéré théoriquement et historiquement comme demi-mesure. Prédominance effective du catholicisme ; le sentiment du protestantisme est tellement éteint que les mouvements les plus nettement antiprotestants ne sont plus considérés comme tels (par exemple le Parsifal de Richard Wagner). Toute l'intellectualité supérieure en France est catholique d'instinct ; Bismarck a compris qu'il n'existe plus du tout de protestantisme". Et § 51, il continue: "Le protestantisme, cette forme de la décadence, intellectuellement malpropre et ennuyeuse..."
    J'arrêterai ici les citations ; elles suffisent, je crois, pour montrer ce que pensait du protestantisme en général et de la Réforme en particulier un esprit qui peut passer, sans doute, pour
    libre." (p.45-46)

    "L'alternative qui se posera est celle-ci: ou l'on sera religieux, et alors l'on sera catholique, le catholicisme étant la forme éminente et seule rationnelle du sentiment religieux ; ou l'on sera, tout simplement, un esprit libre, je n'ai pas dit un libre penseur, cette espèce n'ayant de pensée et de libre que le nom, "ce nain prétentieux et populacier", comme dit Nietzsche, qui se croit supérieur à l'homme religieux et se dit scientifique, alors qu'il ne connaît rien ni de la religion, ni de la science." (p.48)

    "Nietzsche, romantique allemand et protestant luthérien, n'a cessé d'aspirer à la liberté du Midi, du Midi classique et catholique." (p.56)

    "Ce n'est pas dans la confusion démocratique que la religion et la véritable libre pensée moderne pourront trouver un terrain de conciliation, mais, au contraire, dans la parfaite délimitation de leur domaine réciproque et la mise en relief de leurs exigences et de leurs droits respectifs: tension critique des extrêmes, répéterai-je avec Nietzsche ; ce n'est pas dans l'atténuation des antagonismes, c'est dans leur exaltation que se trouve le seul espoir de leur solution." (p.59)
    -Edouard Berth, "La Réforme et la critique positive", La Revue critique des idées et des livres, 4e année, tome XI, octobre-décembre 1910, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 768 pages.

    "[Notre jeunesse] s'avoue heureuse, en effet, qu'on entreprenne de satisfaire son souci de la pensée dans l'art, et que cette pensée relève (on le dit) de tout un système qui s'honore du grand Nietzsche." (p.65)
    -Henri Clouard, "Les mauvais maîtres", La Revue critique des idées et des livres, 4e année, tome XI, octobre-décembre 1910, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 768 pages.

    "Chaque fois que j'ai entendu sa prose, traversée par ses humeurs, je me suis répété avec admiration, et même avec sympathie qu'il [Faguet] était un des derniers originaux, peut-être le dernier original, -j'entends parmi ceux qui comptent." (p.279)
    -Léon Daudet cité par Pierre Gilbert, "Léon Daudet - Une campagne d'Action française", La Revue critique des idées et des livres, 4e année, tome XI, octobre-décembre 1910, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 768 pages.

    "Les deux plus grands Allemands du siècle, Goethe et ce Nietzsche que M. Faguet juge pourtant bien." (p.722)
    -Pierre Gilbert, "Notes de lectures", La Revue critique des idées et des livres, 4e année, tome XI, octobre-décembre 1910, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 768 pages.

    -Antoine Baumann,"Une nouvelle invasion asiatique", La Revue critique des idées et des livres, tome XII, Janvier-Mars 1911, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 768 pages, p.403: évoque la brochure de l'abbé Pierre, Avec Nietzsche à l'assaut du christianisme. La brochure reçoit également une réponse grinçante dans  le tome 16 (janvier-mars 1912) de la RCIL (p.126).

    -Henry Cellerier, "Revue des Revue", La Revue critique des idées et des livres, tome XII, Janvier-Mars 1911, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 768 pages, pp.744-747: compte rendu de l'enquête de Jean Viollis sur Nietzsche et la jeunesse ; puis p.747 s'associe à la conclusion élogieuse sur Nietzsche de l'article de René Lauret dans Aux Marches de l'Est sur Nietzsche et la culture française.

    "J'admettrais encore, à la rigueur, qu'on prît, vis-à-vis de la démocratie, l'attitude d'un Nietzsche. Nietzsche disait ceci, en substance: la démocratisation de l'Europe est irrésistible ; et loin de vouloir l'arrêter, il faut au contraire la précipiter encore, pour arriver plus vite à la réaction totale et salutaire. Le nihilisme européen doit développer toutes ses conséquences, et ce n'est que lorsqu'on en aura épuisé tout le contenu que l'on pourra de nouveau affirmer et construire. On ne se fait ici aucune illusion sur la nature de la démocratie, sur ses tendances authentiques ; on voit bien qu'elle est un régime de pure dissolution et dont la conséquence est le nihilisme total total ; mais l'attitude de M. Guy-Grand est tout autre, il croit à une épuration possible de la démocratie, à une amélioration du suffrage universel." (p.33)

    "La démocratie n'a pas plus le droit de se réclamer d'Apollon que de Dionysos ; la démocratie est socratique, et Socrate, vous le savez, est l'ennemi commun de Dionysos et d'Apollon. Nietzsche a symbolisé dans Dionysos et Apollon les deux grandes tendances artistiques qui se partagent le monde de l'art ; mais, si opposées qu'elles soient, il n'en a pas moins reconnu dans la tragédie grecque le fruit de leur alliance fraternelle. Et quel a été le destructeur de la tragédie, sinon Socrate, dont Euripide n'a été que l'élève, et qu'est-ce que Socrate, sinon l'ancêtre et le prototype originel de l'homme théorique, si cher à la démocratie -Socrate, le non-mystique par excellence et le non-artiste." (p.34)
    -Edouard Berth,"Le procès de la démocratie", La Revue critique des idées et des livres, tome XIII, Avril-Juin 1911, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 768 pages.

    "Le théoricien de l'Enquête sur la monarchie est un moderne s'il en fut. Il a toutes sortes de livres [...] depuis Auguste Comte jusqu'à Nietzsche." (p.264)
    -Paul Bourget,"Anthinéa", La Revue critique des idées et des livres, tome XIII, Avril-Juin 1911, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 768 pages.



    Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Mer 9 Jan - 15:57, édité 17 fois


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    Henri Clouard, Histoire de la Littérature française + Corneille, théâtre choisi et illustré + la Revue critique des idées et des livres Empty Re: Henri Clouard, Histoire de la Littérature française + Corneille, théâtre choisi et illustré + la Revue critique des idées et des livres

    Message par Johnathan R. Razorback Mer 9 Jan - 12:41

    "Il citait lui-même, avec faveur, le mot de Nietzsche: "Un penseur est un homme qui s'entend à prendre les choses d'une manière plus simple qu'elles ne sont"." (p.32)
    -Raoul Monier, "Ferdinand Brunetière", La Revue critique des idées et des livres, tome XIV, Juillet-Septembre 1911, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 128 pages.

    "Nietzsche lui-même, qui semblerait à première vue échapper au mal du siècle, n'en est pas exempt. Sa philosophie sans unité dont la dernière partie nie la première, son nihilisme, sa conception du surhomme prouvent suffisamment qu'il n'y a pas échappé. Artistes, philosophes, sociologues, tous sont des hommes qui ont placé leur rêve de bonheur et de perfection sur la terre et qui ne peuvent plus désormais goûter les biens réels mais mesurés qu'elle nous offre." (p.444)
    -Hugues Rebell, "Le culte des morts" (extrait d'un article paru à la Revue Encyclopédique Larousse du 1er novembre 1895), La Revue critique des idées et des livres, tome XIV, 25 août 1911, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 512 pages.

    "Cet Allemand sans mesure, ce protestant frénétique est aussi un psychologue extrêmement lucide, et son intelligence, aiguillonnée par une furieuse passion de sincérité vis-à-vis de soi-même, fut bientôt arrivée aux dernières limites du nihilisme dont nous parlions. Ayant successivement rejeté comme autant d'illusions tous les préjugés, toutes les croyances, tous les principes, ayant touché le néant pur, ayant refait après Schopenhauer la théorie du renoncement ascétique, Nietzsche a senti un impérieux besoin de réagir contre l'extrême dépression morale et même physique qui suit si souvent la dissolution intellectuelle des principes de l'activité. Il réagit en effet, il affirma simultanément avec un enthousiasme sauvage l'égale vanité de tous les principes devant la raison pure, et la nécessité de se soumettre à des principes si l'on veut agir. M. Jules de Gaultier, son pénétrant commentateur, a bien mis en forme l'opposition radicale de ce qu'il appelle l'instinct vital et l'instinct de connaissance, le premier suscitant indéfiniment des illusions bienfaisantes que le second détruit au fur et à mesure, d'où il suit que l'analyste qui veut agir doit accepter les lois de la réalité, ne point chercher une vérité chimérique, n'admettre, selon la paradoxale formule, que le "non-vrai" pour principe d'action." (p.87)

    "Il s'agit de fortifier les individus par une contrainte systématique ; il faut les exercer à réprimer les instincts, les entraîner par des efforts de plus en plus pénibles: c'est la condition de tout art comme de toute activité, et c'est pourquoi Nietzsche se déclare l'ennemi passionné des romantiques, des libéraux et des démocrates. Malgré la finesse de certains jugements de détail, il a peut-être moins apprécié les chefs-d’œuvre classiques en eux-mêmes, pour leur réussite et leur beauté propre, que parce qu'ils supposaient une longue soumission à des règles rigoureuses: une condition que la nature des choses a mise à la perfection artistique des œuvres a été vantée surtout comme la condition d'un perfectionnement moral pour les ouvriers. La réaction théorique n'est donc que trop complète contre le scepticisme si nonchalant, mais si séduisant et si policé d'un Renan. L'éloquence et le lyrisme tumultueux de ce Nietzsche le recommandent sans doute à ces curieux si raffinés qu'ils ne goûtent plus que la brutalité ; et par là peuvent être utilement servies les tendances "réactionnaires" qui se font jour de tant de façons, et dont le concours emportera bien à la fin les absurdités qui nous perdent." (p.88-89)

    "Si absurde en elle-même que Nietzsche juge la critique révolutionnaire, elle n'en a pas moins ruiné définitivement à ses yeux toutes les convictions d'autrefois. Quelques services qu'elles aient pu rendre dans le passé, elles paraissent désormais illusoires, et leur règne est donc terminé. [...] En attendant, au nom de cet ordre inconnu qui ne pourra manquer de s'établir au cours des siècles prochains, il convient au philosophe d'accélérer la ruine d'une civilisation devenue impuissante." (p.89-90)

    "Cela paraît d'abord une conclusion paradoxale pour un théoricien de la discipline que de s'acharner provisoirement à détruire toute discipline. Il faut cependant prendre garde que nulle autre conclusion ne serait légitime du point de vue où se tient Nietzsche. C'est à la fois un Allemand qui reconnaît en toute occasion la supériorité de la culture française -mais qui demeure par la force des choses profondément étranger à cette culture, et qui est trop intelligent pour ne point s'en rendre compte, -et c'est aussi un protestant malgré tout, un dévot impénitent de la conscience individuelle, de sa conscience à lui: la discipline qu'il chercher, c'est une discipline qui vaille pour lui, qui s'impose à lui, Nietzsche, l'Allemand incrédule du XIXème siècle." (p.90-91)

    "Son intelligence n'a pu le conduire qu'à reconnaître l'utilité d'une discipline sans qu'il puisse donner son adhésion à aucune discipline contemporaine, fût-ce à cette discipline classique, française et grecque, qu'il admire justement au delà de toute autre. Un Français, aussi clairvoyant que Nietzsche, mais bénéficiaire en dépit de toutes les analyses intellectuelles, de cette haute culture, héritier de la meilleure tradition de l'esprit humain, devait aboutir à des vues autrement fécondes: et pour réagir contre l'universelle dissolution prétendue rationaliste, Maurice Barrès a créé le nationalisme français." (p.91)
    -Lucien Moreau, "Faits et documents", La Revue critique des idées et des livres, tome XV, Octobre-Décembre 1911, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 128 pages.

    "Ces petites intellectuelles dont fourmille la Sorbonne et pour qui la vie est enclose dans l’œuvre d'un Nietzsche !" (p.419)
    -Henry Cellerier,"Philadelphie de Gerde", La Revue critique des idées et des livres, tome XVI, 25 février 1912, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 512.

    "M. Laberthonnière, dans une note placée au début du livre [Positivisme et Catholicisme], avait posé comme un fait acquis que toutes les idées de Nietzsche étaient partagées par M. Lasserre." (p.642-643)
    -Bernard de Vareilles-Sommières, "Quelques propositions logiques", La Revue critique des idées et des livres, tome XVI, N°95, 25 mars 1912, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 768 pages.

    "Quand Nietzsche appelait aristocratique notre littérature, il entendait par là y louer une absence d'inquiétude utilitaire, de préjugés bourgeois, de boursouflure idéaliste. Par contre, les romantiques, faute d'adorer une divinité définie, élèvent une foule d'idoles inférieures." (p.280)
    -Pierre du Colombier & André Thérive, "De l'idéal et des idéalistes", La Revue critique des idées et des livres, tome XVII, N°98, 10 mai 1912, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 384 pages.

    "Malgré certaines ressemblances, Ibsen et Nietzsche faisaient tort à Stendhal." (p.87)
    -E. M. (peut-être Eugène Marsan),"Faits et documents", La Revue critique des idées et des livres, tome XXI, N°120, 10 avril 1913, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 127 pages.

    -Jacques Gazeau, "Chroniques", La Revue critique des idées et des livres, tome XXIV, N°143, 25 mars 1914, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 768 pages, p.736: cite en note les ouvrages de Nietzsche (Gai Savoir, Par-delà le bien et le mal, Aurore).



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    Message par Johnathan R. Razorback Mar 28 Jan - 12:31

    "Leconte de Lisle lui fit connaître [à Barrès] Louis Ménard, le "dernier apôtre de l'hellénisme"." (p.3)

    "Michelet, ne serait-ce que le Michelet du Tableau de la France, n'est pas la moindre de ses préférences. Même lorsqu'il a consenti à entrer dans la patrie classique, il exigea d'y être reçu avec ses oriflammes romantiques déployées." (p.15)

    "[Barrès] n'a rien de nietzschéen." (p.15)
    -Henri Clouard (dir.), Bilan de Barrès, Paris, Sequana, coll. "Hier et demain", 1943, 175 pages.

    "Le jour, il n'était pas sauvage, et il lui était agréable d'emmener une compagne dans ses marches d'après-midi. Hélène Zimmern et Meta von Salis-Marschlins racontaient volontiers ces promenades où elles écoutaient, sans doute, plus qu'elles ne parlaient. "Sa parole, me dit Hélène Zimmern, c'était un fleuve". Encore Nietzsche était-capable de s'intéresser à ce que disaient ses compagnes. Sa courtoisie était sincère, et, dès que sa pensée ne le dominait pas, l'attention à autrui lui était naturelle. Quand Meta von Salis-Marschlins lui parlait de ses études de droit, elle ne l'importunait nullement. Reconnaissons ici ce même Nietzsche qu'Overbeck, l'ami baslois, nous a montré "capable de l'intimité la plus débordante et toujours enfermé dans la plus inaccessible solitude"." (p.43)

    "Violence et cruauté: ces dispositions lui sont totalement étrangères, et l'attirent d'autant plus." (p.60)

    "Nietzsche vivait, depuis 1877, du revenu de cette somme [30 000 francs], auquel s'ajoutaient 3000 francs de pension que lui servaient la ville et l'Université de Bâle, où il avait enseigné huit ans. N'oublions pas qu'à cette époque un professeur gagnait, en France, 4000 francs par an." (pp.64-65)
    -Daniel Halévy, "Masques et détours de Frédéric Nietzsche", in Henri Clouard (dir.), Bilan de Barrès, Paris, Sequana, coll. "Hier et demain", 1943, 175 pages.

    "Mort, j'aurai ma revanche ; nous savons revenir, nous autres, posthumes ; c'est un des secrets de notre état."
    -Nietzsche, cité in Daniel Halévy, "Masques et détours de Frédéric Nietzsche", in Henri Clouard (dir.), Bilan de Barrès, Paris, Sequana, coll. "Hier et demain", 1943, 175 pages, p.48.




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