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    Michel Charzat, Georges Sorel et le fascisme. Éléments d'explication d'une légende tenace

    Johnathan R. Razorback
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    Michel Charzat, Georges Sorel et le fascisme. Éléments d'explication d'une légende tenace Empty Michel Charzat, Georges Sorel et le fascisme. Éléments d'explication d'une légende tenace

    Message par Johnathan R. Razorback Lun 12 Nov - 15:47

    https://www.persee.fr/doc/mcm_0755-8287_1983_num_1_1_862

    "Depuis la victoire des révolutionnaires russes, Sorel emploie l'essentiel de ses activités à défendre le bolchevisme. En France, sa première prise de position publique est publiée en annexe d'une réédition des Réflexions. Il s'agit du Plaidoyer pour Lénine (septembre 1919). Dans son dernier texte, écrit en mars 1922, Sorel polémique avec Guglielmo Ferrero, contempteur de Marx et de Lénine." (p.37-38)

    "Lorsque Sorel meurt le 27 août 1922, il est clair que, pour l'opinion française, c'est un partisan de l'intransigeance socialiste qui disparaît. L'Humanité, la Vie Ouvrière et la Correspondance Internationale (IIIe Internationale) lui rendent hommage. Robert Louzon, dans la Vie Ouvrière, conclut que l’œuvre de Sorel est "la justification la plus complète et la plus haute de la révolution" tandis que Marcel Ollivier, dans la Correspondance, affirme qu'il fut "l'homme qui exerça la plus grande influence sur la pensée révolutionnaire française, au cours des cinquante dernières années"." (p.38)

    "Au contraire, l'Action française dans sa rubrique nécrologique du 31 août 1922, se démarque nettement de l'auteur des Illusions du Progrès: "Sorel sombrera dans le bolchevisme... il ne sut pas se délivrer des idées agonisantes reçues dans sa jeunesse: il meurt avec elles." (p.38)

    "Sorel qui a constamment souligné l'antagonisme entre le mouvement ouvrier et le mouvement fasciste a été un observateur attentif, sinon toujours clairvoyant, du fascisme. Il n'a, en aucune circonstance, écrit un mot en sa faveur, alors qu'il n'a cessé d'exprimer son inquiétude devant la montée de ce nouveau "thermidorisme"." (p.42)

    "La légende de Sorel, "père du fascisme" ne peut, dès lors, être nourrie que par des "témoignages", des "propos" apocryphes, des "citations" indirectes et suspectes. [...] Les "propos" attribués à Sorel par Variot dans lesquels Sorel aurait établi le parallèle Mussolini-Lénine sont d'une authenticité problématique. On sait que Variot, journaliste de médiocre talent, avait fréquenté Sorel au moment de la puration de l'Indépendance. Son recueil, pour lequel il demande de "l'indulgence" au lecteur, est constitué de prétendus comptes rendus de conversations que Sorel l'aurait autorisé à prendre. Le manque de sérieux du personnage éclate dès la seconde page de sa préface lorsqu'il situe la mort de Sorel en 1924 (et non en 1922)." (p.42)

    "Bourget, les frères Tharaud, Johannet, Variot et le Valois des années 20 façonnent l'image atrophiée d'un Sorel, inclassable contempteur de la décadence démocratique, admirateur de Mussolini et de Lénine." (p.49)
    -Michel Charzat, "Georges Sorel et le fascisme. Éléments d'explication d'une légende tenace", Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle (Cahiers Georges Sorel), Année 1983, 1, pp. 37-51.



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