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    Martin Wrede, Emmanuel Hourcade et Lionel Latty, Autonomie nobiliaire, mémoire familiale et pouvoir du souverain sous Louis XIV

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Martin Wrede, Emmanuel Hourcade et Lionel Latty, Autonomie nobiliaire, mémoire familiale et pouvoir du souverain sous Louis XIV Empty Martin Wrede, Emmanuel Hourcade et Lionel Latty, Autonomie nobiliaire, mémoire familiale et pouvoir du souverain sous Louis XIV

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 7 Nov - 18:31

    https://www.cairn.info/revue-historique-2013-3-page-575.htm

    "L’histoire de la France moderne connaît deux « traitres » plus ou moins notoires : le connétable de Bourbon et le cardinal de Bouillon. Si le premier, il est vrai, dépasse un peu le second en notoriété et en importance, tous les deux furent vitupérés, condamnés, en quelque sorte exécutés par l’historiographie du XIXe siècle : ils avaient déserté la bonne cause de leur roi, de leur patrie et de leur nation. Le troisième « traitre » d’envergure, en revanche, le prince de Condé, passé pendant la Fronde aux Espagnols, avait su se racheter par son retour sous l’autorité du roi, par ses services, rendus de nouveau du « bon » côté et par un repentir ostentatoire. Ni le connétable ni le cardinal ne purent (ni ne voulurent) faire valoir de tels avantages.

    Charles de Bourbon, connétable de France, avait, comme l’on sait, quitté le royaume en 1523 pour se joindre à l’empereur Charles Quint. Il s’était senti heurté dans ses droits et dans son honneur par le roi François Ier. Il fut le premier mais certainement pas le dernier des Grands de France qui, à l’époque moderne, signalèrent leur mécontentement au souverain en prenant les armes, voire en s’alliant à l’adversaire étranger. Bourbon fut suivi, au cours des siècles, par des conjurateurs et des frondeurs. Le cardinal de Bouillon clôture cette galerie. En 1710, en pleine guerre de Succession d’Espagne, il quitta la France pour se joindre aux alliés.

    Les contemporains du connétable, et même les historiens du XVIe ou du XVIIe siècle, ne manquèrent pas tout à fait de compassion voire de compréhension pour le destin tragique de ce grand « malheureux », victorieux sur François Ier à Pavie mais mort en 1527 devant Rome. Critiqué, il fut pourtant considéré comme l’un des « hommes illustres » de son temps, un « grand capitaine » et donc traité non sans respect. Cette approche se justifiait : une
    damnatio memoriæ du connétable Bourbon n’était certainement pas très avisée sous le règne d’une maison royale du même nom. Mais il y avait bien plus que cela, et bien avant 1589 : le connétable en quittant la France avait, certes, bafoué une norme et une loi de la plus haute importance : la fidélité au roi et à la couronne. En même temps, il avait continué de respecter d’autres normes non moins éminentes : la loi de l’honneur et le désir d’autonomie nobiliaire. Toutefois, au cours de l’époque moderne, ces dernières furent reléguées derrière la première. La « désertion » du cardinal de Bouillon révèle clairement cette mutation, qui changea la donne entre couronne et noblesse. Dans l’opinion publique, le cardinal n’eut plus droit aux mêmes égards que le connétable."

    "Tandis que celui qui oppose les Bouillon aux Noailles reste « dans la norme » de l’époque, en dépit de sa virulence inhabituelle, celui opposant les Bouillon aux Bourbons se révèle « hors normes »."
    -Martin Wrede, « Autonomie nobiliaire, mémoire familiale et pouvoir du souverain sous Louis XIV », Revue historique, 2013/3 (n° 667), p. 575-600. DOI : 10.3917/rhis.133.0575. URL : https://www.cairn.info/revue-historique-2013-3-page-575.htm



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