"Tous admettront facilement que l'avarice, l'égoïsme sous toutes ses formes et le repli sur soi dont des obstacles à la création de liens amicaux." (p.217)
"Il sera bon de préciser, par ailleurs, que chacun, d'une façon ou d'une autre, éprouve naturellement un amour pour soi qui est désintéressé en ce sens que nul ne cherche à s'instrumentaliser lui-même : il y a toujours une partie de soi qui bénéficie de l'«intérêt» que l'on se porte. […]
Une conduite mauvaise détruit l'homme qui s'y livre, c'est une sorte de mutilation de soi. Or personne, s'il s'aime véritablement, ne peut le désirer pour lui-même. Ce serait se départir de ce qui le rend aimable et donc se couper de son affection pour soi. On en est alors réduit à se fuir soi-même. On aura alors perdu cet ami qui aurait dû être le plus cher : soi-même. Et tous les autres avec — du moins quant à l'amitié parfaite —, puisqu'on aura perdu à la fois le caractère aimable qui nous rend digne d'entrer dans l'intimité d'un ami véritable et la capacité de souhaiter à d'autres le bien véritable qu'on néglige soi-même. D'où, pour éviter cette situation déplorable, l'extrême importance de développer en soi la bonté morale en se comportant de façon appropriée." (p219)
-Louis Brunet, "L’amitié comme introduction à l’éthique", Laval théologique et philosophique, 44 (2), 1988, 205–220. https://doi.org/10.7202/400378ar
"Il sera bon de préciser, par ailleurs, que chacun, d'une façon ou d'une autre, éprouve naturellement un amour pour soi qui est désintéressé en ce sens que nul ne cherche à s'instrumentaliser lui-même : il y a toujours une partie de soi qui bénéficie de l'«intérêt» que l'on se porte. […]
Une conduite mauvaise détruit l'homme qui s'y livre, c'est une sorte de mutilation de soi. Or personne, s'il s'aime véritablement, ne peut le désirer pour lui-même. Ce serait se départir de ce qui le rend aimable et donc se couper de son affection pour soi. On en est alors réduit à se fuir soi-même. On aura alors perdu cet ami qui aurait dû être le plus cher : soi-même. Et tous les autres avec — du moins quant à l'amitié parfaite —, puisqu'on aura perdu à la fois le caractère aimable qui nous rend digne d'entrer dans l'intimité d'un ami véritable et la capacité de souhaiter à d'autres le bien véritable qu'on néglige soi-même. D'où, pour éviter cette situation déplorable, l'extrême importance de développer en soi la bonté morale en se comportant de façon appropriée." (p219)
-Louis Brunet, "L’amitié comme introduction à l’éthique", Laval théologique et philosophique, 44 (2), 1988, 205–220. https://doi.org/10.7202/400378ar