« Pour bien traiter une question aussi neuve et aussi importante, il faut abandonner le guide infidèle de l’histoire, secouer hardiment tous les préjugés, rentrer fièrement au fond de son cœur, ne voir partout que des hommes et des hommes égaux, lever les yeux vers la divinité, lui demander si nous sommes son ouvrage ; et si elle ne nous a pas créés pour porter les chaînes de la servitude, si nous sommes son ouvrage, si elle nous a faits égaux et libres, toute autre institution que le Républicanisme est un crime de lèse-nation, un crime qui offense directement le maître des nations : que m’importe à moi que les Chinois aient un Empereur, les Turcs un sultan, l’Espagne un monarque, tous les Peuples des maîtres, que la France eu des despotes pendant des siècles : je dis que la France n’aurait jamais dû en avoir ; qu’elle ne doit plus en avoir ; qu’elle n’en aura plus, et que les apôtres de la royauté sont ou des traîtres ou des hommes imbécilement égarés, que la société doit regarder comme ses ennemis.
(…) Mais le préjugé national s’y oppose ; les peuples veulent un roi ; et les Français aiment autant la personne de leur roi qu’ils aiment l’existence de la liberté. Chimère, les Français ne sont pas un peuple d’insensés, et il faut le supposer tel, pour dire qu’il aime la royauté au même degré que la liberté : il me paraît de toute évidence que l’une est incompatible avec l’autre. (…) Pour excuse, on dit que le peuple n’est pas encore mûr, qu’il le faut accoutumer aux grandes idées de la liberté. Quoi ! vous voulez qu’il mûrisse ; et vous, qui dispensez les rayons de chaleur qui doivent le vivifier, vous lui jetez un voile perfide, et ne lui présentez que les épaisses ténèbres d’un nouveau genre de despotisme ! Voici donc la première vérité que je me propose d’établir, c’est que l’opinion actuelle de la France n’est pas un obstacle à la destruction de la royauté. »
-François Robert (Avocat au Parlement, professeur de droit public. - Député de Paris à la Convention, membre de la Société des Amis de la constitution de Paris, secrétaire de Danton en 1792), Le républicanisme adapté à la France, 1790, 110 pages.
(…) Mais le préjugé national s’y oppose ; les peuples veulent un roi ; et les Français aiment autant la personne de leur roi qu’ils aiment l’existence de la liberté. Chimère, les Français ne sont pas un peuple d’insensés, et il faut le supposer tel, pour dire qu’il aime la royauté au même degré que la liberté : il me paraît de toute évidence que l’une est incompatible avec l’autre. (…) Pour excuse, on dit que le peuple n’est pas encore mûr, qu’il le faut accoutumer aux grandes idées de la liberté. Quoi ! vous voulez qu’il mûrisse ; et vous, qui dispensez les rayons de chaleur qui doivent le vivifier, vous lui jetez un voile perfide, et ne lui présentez que les épaisses ténèbres d’un nouveau genre de despotisme ! Voici donc la première vérité que je me propose d’établir, c’est que l’opinion actuelle de la France n’est pas un obstacle à la destruction de la royauté. »
-François Robert (Avocat au Parlement, professeur de droit public. - Député de Paris à la Convention, membre de la Société des Amis de la constitution de Paris, secrétaire de Danton en 1792), Le républicanisme adapté à la France, 1790, 110 pages.